22 février, 2011

Italie: réunion de crise autour de Silvio Berlusconi sur la Libye

ROME (Italie) (AFP)

AFP/Archives

Silvio Berlusconi le 18 février 2011 à Rome

Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a convoqué mardi ses ministres pour faire face à la crise libyenne, craignant tant un afflux d'immigrés clandestins qu'une menace pour les intérêts de la péninsule dans son ancienne colonie.

La rencontre, prévue en fin d'après-midi, doit réunir autour du chef du gouvernement six ministres - Défense, Affaires étrangères, Intérieur, Développement économique, Travail et Emploi, Transport et Infrastructures -, ainsi que le secrétaire d'Etat en charge des services secrets.

"C'est une réunion qui doit examiner à fond tous les aspects de la crise libyenne", a indiqué à l'AFP une source gouvernementale. "En dehors de l'alarme lancée hier par le président du Conseil Berlusconi sur l'utilisation inacceptable de la violence" par le régime du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, la réunion devrait aussi "mettre en garde contre le risque que la situation dégénère, avec de graves conséquences sur la stabilité politique et l'intégrité territoriale" du pays, selon la même source.

"Le chef du gouvernement et ses ministres examineront bien entendu les aspects économiques de la crise mais aussi les aspects sécuritaires liés aux flux migratoires", selon la même source. "L'éventuelle immigration clandestine en provenance de la Libye n'est pas seulement un problème italien mais c'est un problème européen que l'Europe doit affronter", a conclu cette source en rappelant la position officielle de Rome sur les questions d'immigration.

Pour affronter une éventuelle vague d'immigrés, l'Italie a ordonné dès lundi soir un rehaussement de l'état d'alerte de ses bases militaires aériennes et a décidé le déploiement de deux frégates dans le canal de Sicile qui sépare le pays des côtes de la Libye, distante d'à peine 340 km.

L'Italie, principal partenaire commercial de la Libye, est déjà touchée par les violences qui ravagent ce pays par le biais de ses entreprises qui ont vu chuter leur cours en Bourse et ont dû rapatrier de nombreux employés.

Les autorités italiennes ont ainsi annoncé mardi matin le rapatriement par avion militaire d'une centaine d'Italiens, sans qu'il soit possible de savoir dans l'immédiat de quelle région du pays.

Le ministre de la Défense Ignazio La Russa avait évoqué dans un premier temps l'aéroport de Benghazi, dans la zone la plus touchée par les violences, mais celui-ci a été rendu impraticable à la suite des combats.

"Un avion militaire va partir dans quelques heures mais nous ne savons pas encore où il se posera car cela dépendra de la situation", a indiqué à l'AFP le ministère italien des Affaires étrangères, précisant qu'il y aurait également "un vol Alitalia supplémentaire".

Parallèlement, le ministère envoie un autre avion avec une unité de crise qui doit aider à organiser, en coopération avec l'ambassade, le retour des Italiens encore présents en Libye.

Dès lundi, le pétrolier italien ENI a entamé l'évacuation de son personnel ainsi que des familles des salariés, de même que le groupe d'aéronautique et de défense Finmeccanica ou le groupe de BTP Impregilo.

Mardi, une vingtaine d'employés de l'entreprise Ravanelli, spécialisée dans les infrastructures urbanistiques, ont quitté Tobrouk pour se rendre par la route en Egypte.

Les liens économiques entre l'Italie et la Libye se sont resserrés en 2008 avec la signature d'un accord historique dans le cadre duquel Rome s'est engagé à verser cinq milliards de dollars sur 25 ans à Tripoli au titre de dédommagements pour la colonisation. Les entreprises italiennes ont depuis obtenu de nombreux contrats en Libye tandis que Tripoli, déjà présente dans le capital d'entreprises italiennes, s'est renforcée grâce à ses "pétrodollars".

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