14 février, 2011

Incidents à Téhéran pour la première manifestation d'opposition depuis un an

TEHERAN (AFP)

AFP/STR

Un poubelle en feu dans une rue de Téhéran le 14 février 2011, lors de manifestation anti-gouvernementales

L'opposition réformatrice en Iran est parvenue lundi à organiser sa première manifestation anti-gouvernementale depuis un an à Téhéran, malgré les avertissements des autorités qui avaient interdit tout rassemblement et massivement déployé les forces de l'ordre.

La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a appelé l'Iran à "ouvrir" son système politique. Elle a affirmé que les Etats-Unis soutenaient les revendications des manifestants et mis en garde contre l'usage de la violence.

Des incidents ont éclaté en plusieurs endroits de Téhéran entre des milliers de manifestants et les forces de l'ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogènes, selon les témoignages rapportés par des sites d'opposition ou recueillis par l'AFP.

"Plusieurs centaines de personnes" auraient été arrêtées, selon le site Kaleme.com du leader réformateur Mir Hossein Moussavi citant des "témoignages non confirmés".

En début de soirée, des incidents sporadiques semblaient se poursuivre dans la capitale, alors que des unités des Gardiens de la révolution prenaient position en certains endroits, selon des témoignages obtenus par l'AFP.

A Londres, Amnesty International a condamné les autorités "pour avoir dispersé une marche apparemment pacifique". "Les Iraniens ont le droit de se rassembler pour exprimer pacifiquement leur soutien aux peuples d'Egypte et de Tunisie".

AFP

Des partisans de Mir Hossein Moussavi et de l'opposition au régime iranien manifestent devant le consulat iranien d'Hyderabad, en Inde, le 14 février 2011

Les autorités ont interdit aux médias étrangers à Téhéran de se rendre sur place pour couvrir ces rassemblements.

La police a fait usage de gaz lacrymogènes et de billes de "paintball" pour disperser des milliers de manifestants rassemblés près de la grande place Azadi (Liberté) dans l'ouest de Téhéran, selon les témoignages.

Alors que ces rassemblements étaient silencieux au départ, certains manifestants ont commencé à crier des slogans anti-gouvernementaux, comme "mort au dictateur" ou "Ya Hossein, Mir Hossein" (dans une allusion au leader d'opposition), selon les mêmes sources. Ils ont également incendié des poubelles.

Le site d'opposition Rahesabz a mentionné des incidents similaires près de l'université de Téhéran, plusieurs kilomètres à l'est de la place Azadi.

Selon Kaleme.com, les forces anti-émeutes et des miliciens islamistes auraient battu des manifestants et tiré en l'air pour disperser des rassemblements sur l'avenue Enghelab, qui traverse Téhéran d'est en ouest pour aboutir à la place Azadi.

Les incidents ont éclaté alors que plusieurs milliers de personnes étaient parvenues, au cours de l'après-midi, à se rassembler pacifiquement par petits groupes le long de cette avenue en dépit d'une présence policière massive.

AFP

Carte de localisation des heurts entre manifestants et police à Téhéran le 14 février

Selon Kaleme.com, qui fait état de "centaines de milliers de manifestants", des rassemblements similaires ont eu lieu à Ispahan (centre de l'Iran), Chiraz (sud) et Machhad (nord-est).

La télévision a affirmé en début de soirée que l'intervention des forces de l'ordre avait permis de mettre fin aux "rassemblements illégaux des séditieux".

Il s'agit des premières manifestations publiques significatives de l'opposition depuis un an.

Les autorités étaient parvenues en février 2010, au prix d'une répression sévère qui avait fait des dizaines de morts, des centaines de blessés et des milliers d'arrestations, à mettre fin à huit mois de manifestations ayant suivi la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009.

Les rassemblements de lundi visaient officiellement à soutenir les mouvements populaires en Egypte et Tunisie.

Parallèlement, la police a bloqué et isolé lundi à leurs domiciles les trois principales figures de l'opposition réformatrice, l'ancien Premier ministre Mir Hossein Moussavi, l'ancien président du Parlement Mehdi Karoubi et l'ancien président Mohamad Khatami, selon les sites de l'opposition.

Les autorités ont par ailleurs arrêté depuis jeudi une vingtaine de personnalités réformatrices, selon les mêmes sites.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire