07 février, 2011

Incendie à la Cité de la samba à Rio : "je défilerai pieds nus s'il le faut !"

RIO DE JANEIRO (AFP)

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Les pompiers tentent d'éteindre l'incendie qui ravage une école de samba, le 7 février 2011 à Rio

"Je défilerai pieds nus s'il le faut !", jure en larmes Cris Viana, la reine de l'école de samba de Grande Rio devant l'atelier calciné où ont brûlé les chars allégoriques et les costumes de son école à un mois du carnaval.

Cette belle métisse dont le rôle est de danser en mini-bikini à plumes et paillettes et talons hauts devant les 400 percussionnistes qui rythment le défilé, sanglote dans les bras de l'un des directeurs de l'école.

"J'adore mon école. Mon rôle est d'être ici pour apporter ma solidarité", ajoute Cris.

Grande Rio a été l'école la plus touchée par l'incendie qui a ravagé lundi une partie de la Cité de la samba, dans la zone portuaire de Rio près du centre-ville. Elle a perdu 90% de son travail évalué à sept millions de reais (3,2 millions d'euros). Le toit et des pans entiers des murs se sont écroulés.

Elle fait partie des douze plus grandes écoles de samba qui devaient défiler les 6 et 7 mars, apogée du carnaval. Ce spectacle attire plusieurs centaines de milliers de personnes tous les ans.

Plus à l'écart, Elisangela, 36 ans, une petite serviette à la main, essuie régulièrement ses larmes. Les pompiers ne l'ont pas laissée entrer et elle les regarde, désolée, lutter contre la fumée âcre qui pique le nez et sort encore des fenêtres du quatrième et dernier étage de l'un des ateliers.

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Des membres de l'école de samba de Grande Rio devant leur atelier calciné et des éléments de chars du carnaval sauvés des flammes, le 7 février 2011 à Rio

"Tous nos costumes ont brûlé. Quand j'ai entendu la nouvelle à la radio, j'ai accouru", dit-elle, traumatisée comme des milliers de danseurs de sa communauté qui avaient encore répété dimanche soir.

A l'instar de toutes les écoles nées dans les quartiers pauvres, Grande Rio a été fondée, à Duque de Caxias, dans la banlieue nord de Rio. Elles font partie de la culture populaire de Rio comme les clubs de football.

Les ateliers de deux autres écoles, Portela et Uniao da Ilha, ont également brûlé, mais, presque "miraculeusement", selon des responsables, les chars allégoriques ont pu être sauvés, le feu s'étant concentré dans les deux derniers étages où sont fabriqués les sculptures et les costumes.

Certains chars sortis dans la cour à la hâte sont inachevés et laissent voir d'énormes dinosaures en plâtre, d'autres sont recouverts de dorures et de petites glaces qui brillent sous le soleil.

"Quand j'ai vu les images à la TV, j'ai eu la même sensation que pour le 11 septembre. Je n'ai pas cru ce que je voyais", a déclaré à l'AFP Paulinho "Barbicha" (barbichette), 61 ans, directeur des chars allégoriques d'Uniao da Ilha.

Chemisette blanche et panama assorti dans la pure tradition de la samba, il explique que "seul l'un des sept chars de l'école a été endommagé" et que la moitié des costumes ont brûlé.

Le "carnavalesco" (metteur en scène de l'école) Alex de Souza dit ne pas être "en état de parler".

"Je dois continuer à évaluer les dégâts", s'excuse-t-il au bord des larmes.

A Portela, les membres de l'école sont également venus aux nouvelles.

"C'est une sensation de douleur, de désespoir, de déception. C'est le travail d'un an qui s'écroule. Je suis là pour aider à récupérer ce que l'on peut récupérer", déclare Denise Garcia, l'une des directrices de Portela qui arbore fièrement le tee-shirt aux couleurs de son école.

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