22 février, 2011

Editorial / Un monde imprévisible

Que va-t-il se passer en Libye? C’est la grande inconnue et bien malin celui qui peut aujourd’hui dire quelles sont les évolutions qui vont être enregistrées du Maghreb au Moyen-Orient dans tous ces pays aux régimes autoritaires, bousculés par une insurrection de masse. Chasser des dictateurs ne suffit pas à éradiquer la misère et à mettre en œuvre des institutions respectueuses du pluralisme de la pensée. Si la Libye est désormais touchée par une révolte réprimée dans le sang c’est que le pays est riche mais le peuple très pauvre. Cette incapacité à redistribuer les richesses considérables accumulées par le biais des exportations de pétrole et de gaz, aboutit au rejet brutal d’un raïs, monarque absolu depuis plus de quarante ans. Ce mouvement est encouragé par les exemples régionaux largement relayés par les réseaux sociaux. Internet propage la rébellion contre les dictateurs autistes. Si Ben Ali et Moubarak ont été chassés, pourquoi pas l’arrogant Muammar Kadhafi? L’avenir dépend beaucoup du comportement des oligarchies militaires et des indications de dignitaires musulmans coalisés. À Tripoli comme ailleurs. La France des vacances de février et des sports d’hiver ne mesure pas l’ampleur et l’importance pour les grands équilibres intercontinentaux des événements qui se succèdent à une vitesse impressionnante. C’est ce qu’il y a de plus saisissant depuis les attentats du 11 septembre 2001. Le succès de l’émancipation de ces peuples n’est pas garanti. La conquête du pouvoir par des groupes radicaux et ultras très structurés est un scénario qui ne peut pas être écarté. S’il est politiquement incorrect de le signifier, cette menace est patente tandis que les tensions politiques se répercutent sur le prix des matières premières, en premier lieu sur celui du baril de brut. Avec à terme l’ombre menaçante d’une nouvelle crise économique.

Hervé Chabaud

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