01 février, 2011

Crise postélectorale : L’économie de la sous région en danger bceao.jpg

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In Le Nouveau Courrier N°192 du 31 Janvier 2011 Par Emmanuel Akani

La situation de crise qui prévaut en Côte d’Ivoire pourrait avoir des conséquences dramatiques pour la zone Uemoa toute entière. Ses effets sont déjà ressentis très durement dans les pays de la sous région.


Les effets de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire qui dure déjà deux mois sont durement ressentis dans les pays de la sous région ouest-africaine. Particulièrement dans les pays sahéliens de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) dont l’économie dépend, pour la plupart, des échanges avec Abidjan. En l’occurrence, le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Ces pays qui n’ont pas accès à la mer sont en effet très attachés aux ports ivoiriens d’Abidjan et de San Pedro pour leurs échanges. Des tonnes de marchandises destinées à l’exportation sont bloquées dans ces pays. Si le trafic n’est pas totalement interrompu entre la Côte d’Ivoire et ces pays, il a subi un net ralentissement dû à l’insécurité et aux tracasseries. Les perturbations économiques sont beaucoup plus ressenties au Burkina Faso, du fait de l’arrêt du trafic ferroviaire entre Abidjan et Ouaga. Selon des estimations, les prix des matières premières importées de Côte d'Ivoire ont enregistrés une flambée de près de 30% dans les pays concernés.

Pour remédier à la situation, des entreprises basées dans ces pays sahéliens se tournent vers les sur les ports de Lomé au Togo et Téma au Ghana. Mais cela n’est pas sans conséquence. En effet, avec ces nouveaux accès à la mer, le trajet est plus long et cela accroit les frais d’exportation qui passent parfois du simple au double. Aussi les exportateurs ne bénéficient-ils pas des mêmes avantages qu’au port d’Abidjan qui mobilise en temps de paix l’essentiel des échanges de ces pays avec l’extérieur.

Inflation et dévaluation à l’horizon

Leader de l’Uemoa, la Côte d’Ivoire pèse 40% du produit intérieur brut (Pib) de la région, cumule les deux tiers de ses bons du Trésor, et représente 22% de la population. Selon des experts, la réquisition des agences nationales de la Bceao par le président Laurent Gbagbo, en réaction à la décision de l’Uemoa de lui interdire l’accès aux comptes de l’État ivoirien, fait courir de graves risques à la sous région. La politisation de l’Uemoa et de la Bceao par les chefs d’État membres conduits par le Sénégalais Abdoulaye Wade et le Burkinabé Blaise Compaoré pourrait compliquer davantage les choses les mois à venir, si la crise n’est vite résolue. L'équilibre de la zone est en danger, avec un risque de dévaluation du franc CFA et d'envolée généralisée de l'inflation. De 2,4% fin novembre 2010, le taux d'inflation est passé à 4% en Côte d’Ivoire. Et il pourrait s’envoler les mois prochains. Le prix du sucre a augmenté de 15% en deux mois, et celui de l'huile de 35%. Outre la Côte d’Ivoire, explique Paul Derreumaux, président de Bank Of Africa France, l'économie et les marchés financiers des autres pays de l'UEMOA seront totalement déstabilisés si la situation perdure. Abidjan pourrait prendre des mesures, selon des analystes économiques, pour éviter la sortie de capitaux en franc Cfa en direction des pays de l’Uemoa et cela n’est pas fait pour rassurer.

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