31 janvier, 2011

SN-SOSUCO : Le D.G. persona non grata

Sur promesse ferme, les travailleurs de la SN-SOSUCO ont obtenu le départ de leur directeur général, Didier Vandenbon, de la tête de la société, second employeur après l’Etat burkinabè. C’est l’accord clé de la médiation qui a abouti à la reprise des activités de l’usine le 27 janvier dernier dans la soirée après des mises en garde à 4 autres cadres de l’entreprise. Toutefois, les négociations sur la plateforme des travailleurs devront être diligentées par les autorités.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la médiation des différents leaders religieux et coutumiers de Banfora, soutenue par l’appel des organisations syndicales, a porté ses fruits avec la levée du mot d’ordre de sit-in. Les travailleurs manifestaient leur ras-le-bol au sujet des mesures qualifiées de liberticides. C’est après plusieurs concessions des manifestants, mais aussi, suite à l’acceptation de leurs exigences que ces derniers vont reprendre le travail.

« C’est sur insistance des organisations syndicales à travers leurs structures provinciales et suite aux conseils des sages que nous avons été reçus ici », a soutenu Abdoulaye Tiala, secrétaire général de la CGTB/Comoé, à propos de cette reprise qui a été effective dans la nuit du 27 au 28 janvier 2011. Concernant les sages, il s’agit du chef de canton de Banfora, représentant toutes les autorités coutumières de la Comoé, de la communauté chrétienne, représentée par l’abbé Luc Héma, et le grand imam de Banfora, représentant la communauté musulmane. Avant la médiation de ces derniers, les autorités administratives avaient aussi appelé à la reprise du travail.

Pour cette reprise, les travailleurs, dans leurs revendications, avaient identifié cinq dirigeants qu’ils ne voulaient plus voir dans l’entreprise. Ce sont : le directeur général, son adjoint, la directrice des ressources humaines, le responsable des achats et des approvisionnements et le directeur de la maintenance. « Les raisons qui ont poussé les travailleurs à ces choix, c’est que ces personnes seraient plus ou moins anti-travailleurs », précise le porte-parole des ouvriers. En clair, les travailleurs auraient l’impression que ce sont des gens qui sont prêts à sacrifier leurs camarades pour leur carrière à eux. « C’est pourquoi les travailleurs ne voulaient plus les voir », poursuit Abdoulaye Tiala.

Finalement, après les négociations, ils ont dû mettre de l’eau dans leur vin. « Nous les avons amenés à accepter seulement le départ du DG, mais pour les quatre autres, ils ont accepté un principe de mise en garde », a expliqué M. Tiala. C’est dire que ces derniers ne devront désormais jouer que leur rôle de managers et devront éviter de faire dans la délation et la diffamation.

Autre point de mise en garde, pendant le sit-in, un huissier de justice serait parti pour remettre une convocation à 9 travailleurs identifiés comme étant les meneurs et qui devraient êtres entendus par le Tribunal du travail. « Les travailleurs ont également posé comme condition que ces camarades ne reçoivent pas de convocation.

Car, si un seul d’entre eux recevait une convocation, ils vont prévenir les autres afin que l’usine soit encore fermée », poursuit toujours M. Tiala. Ce qui est reproché à ces 9 travailleurs, c’est qu’ils auraient procédé à une occupation illégale des lieux et séquestré des collègues qui n’étaient pas partants pour le mouvement.

Sur ce point qui a suscité la colère des manifestants et qui a failli coûter cher au huissier, les travailleurs ont tenu à lever toute équivoque en soutenant qu’ils ont passé la nuit à l’usine de leur propre gré, et beaucoup sont venus par leurs propres moyens.

Pour eux, c’est au contraire la direction, voulant casser la mobilisation, qui a pris la décision de ne pas mettre les cars à la disposition des travailleurs pour se rendre à l’usine. Enfin, les travailleurs ont demandé que, dans les meilleurs délais, des négociations puissent êtres entamées par rapport aux autres points de la plateforme qui devra être remise aux autorités.

C’est un ultimatum de 72 heures qui a été donné, et au plus tard le lundi 31 janvier 2011, les autorités devront réagir. On le voit bien, c’est sur des promesses que la reprise des activités a été effective à la SN-SOSUCO. C’est dire que la suite reste fortement dépendante non seulement du départ du DG, mais aussi de la poursuite du dialogue sur la réforme à l’origine du mécontentement. Les travailleurs pourront-ils facilement s’offrir la tête de leur DG ?

C’est là toute la question et les travailleurs sont formels : le travail s’arrêterait s’ils voyaient ce dernier mettre les pieds à l’usine. Pour ce faire, une liste de numéros téléphoniques a été communiquée aux travailleurs pour les besoins de la cause : avertir au cas où l’un d’eux serait convoqué au tribunal, ou si le DG est aperçu à l’usine.

En 1998, un directeur général contesté, comme c’est le cas actuellement, avait simplement renforcé sa sécurité par des gendarmes pour se rendre à son service.

Luc Ouattara

L’Observateur Paalga

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