15 janvier, 2011

Pluies à Rio : les survivants manquent d'eau, de vivres et de médicaments

AFP
Des employés de mairie attendent l'arrivée des cercueils de victimes des coulées de boue, le 15 janvier 2011 à Teresopolis
Des employés de mairie attendent l'arrivée des cercueils de victimes des coulées de boue, le 15 janvier 2011 à Teresopolis Vanderlei Almeida AFP

Les habitants désespérés des villes dévastées par les fleuves de boue dans la montagne, près de Rio, faisaient face samedi au chaos et aux pénuries, trois jours après les pluies qui ont fait au moins 555 morts.

Selon le dernier bilan de la Défense civile samedi, près de 14.000 personnes sont également sans abri dans cette région agricole et de villégiature, à une centaine de kilomètres de Rio où des pics culminent à 2.200 mètres.

Le gouverneur de Rio, Sergio Cabral, a décrété sept jours de deuil officiel à partir de lundi et les médias lancent des appels aux dons de sang, d'eau potable, d'aliments et de médicaments.

Une bonne nouvelle, selon les pompiers, la pluie fine a cessé, mais le sol reste saturé d'eau et les risques de nouveaux éboulements de terrain demeurent élevés. Une dizaine de zones agricoles sont encore isolées et à mesure que les secours les atteignent le bilan des morts s'alourdira, ont-ils précisé.

A Nova Friburgo, à 140 km Rio, la plus meurtrie avec 252 personnes tuées par les torrents de boue qui ont dévalé des montagnes, 35% des habitants étaient toujours sans eau ni électricité. Ils manquent en outre de vivres, d'essence et de médicaments.

Les rues de cette ville paisible fondée par des émigrants suisses au début du XIXe siècle et appréciée par les Cariocas pour la douceur de son climat, renvoient des images de ruines et de chaos.

"Les gens désorientés arpentent les rues. On dirait qu'il y a eu une guerre. Des voitures ont été ensevelies par les torrents de boue avec des gens dedans", a raconté samedi Alan Amaral, à la chaîne de télévision Globo news.

Les habitants tentent de quitter la cité, mais l'essence est rationnée et de longues files se sont formées devant les pompes.

A Teresopolis, à 100 km de Rio, où 240 morts ont été dénombrés, les magasins du centre-ville ont rouvert samedi et les hommes de la garde nationale patrouillent dans les rues de peur de pillages, a dit un photographe de l'AFP.

La population enterrait ses morts : dans le cimetière municipal où 161 corps ont déjà été enterrés, 90 autres devaient être inhumés samedi, cependant que la morgue de la ville était totalement débordée.

"Il y a un chien, Leao, qui ne quitte pas la tombe de sa maîtresse, Cristina Maria de Santana, enterrée il y a deux jours", a raconté le photographe.

La plupart des victimes ont été surprises dans leur sommeil par des fleuves de boue qui ont tout emporté sur leur passage, arbres, maisons, voitures.

Dans la petite commune de Sao José do Vale do Rio Preto, la maison de campagne du père de la Bossa Nova, Tom Jobim (1927-94), où il avait composé la célèbre chanson "Les eaux de mars" interprétée en français par Georges Moustaki dans les années 1970, n'a pas résisté à la tempête.

Cette tragédie, l'une des pires dans l'histoire du Brésil, a provoqué un élan de solidarité dans tout le pays. Plusieurs tonnes d'aliments ont été recueillis par la Défense civile. A Rio, mille personnes ont donné leur sang vendredi et, samedi le centre de transfusion sanguine était plein, a constaté l'AFP.

Les conséquences économiques s'annoncent importantes : il était déjà très difficile de trouver à Rio des légumes frais, la région serrana (montagneuse) étant la principale en matière de production maraîchère de l'Etat de Rio.

Le secteur touristique a d'ores et déjà perdu 30 millions de dollars, a estimé le vice-président de l'Association brésilienne hôtelière, Michel Chertouh.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire