14 janvier, 2011

Pluies au Brésil: la tragédie dans les montagnes de Rio fait plus de 400 morts

TERESOPOLIS (Brésil) (AFP)

AFP

Vue aérienne de Nova Friburgo au nord de Rio le 13 janvier 2011

La région montagneuse près de Rio, dévastée par les pluies, tentait de faire face jeudi à la pire catastrophe naturelle du Brésil en plusieurs décennies, avec un bilan toujours plus lourd dépassant les 400 morts.

Chaque heure, des centaines de sauveteurs découvraient de nouvelles victimes sous les torrents de boue qui ont ravagé cette région connue pour la douceur de son climat, refuge préféré des habitants de Rio fuyant la chaleur de l'été austral.

Cette tragédie s'est produite dans le décor majestueux de montagnes couvertes de végétation tropicale à une centaine de kilomètres au nord de Rio.

Illustrant la lutte désespérée pour la vie d'habitants piégés par les eaux, les chaînes d'information en continu ont passé en boucle le sauvetage spectaculaire d'une femme de 53 ans, hissée hors des eaux en furie par une corde lancée par des voisins.

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Des survivants aux inondations réfugiés dans un gymnase de Teresopolis, à 100 km de Rio, le 13 janvier 2011

Mais beaucoup n'ont pas eu cette chance. En fin de journée, un bilan encore provisoire faisait état d'au moins 432 morts.

Nova Friburgo, à 140 km au nord de Rio, a été la ville la plus touchée avec 201 morts. Teresopolis, une ville de villégiature à 100 km de Rio, dénombre 175 décès et la ville voisine de Petropolis 39. Une petite ville de la même région, Sumidouro, déplorait 17 morts.

Au milieu des scènes de désespoir, apparaissait aussi quelques fois un signe d'espoir. Dans les décombres de Nova Friburgo, les pompiers ont célébré une renaissance : celle d'un bébé de six mois, sorti indemne après être resté quinze heures enseveli sous la boue, blotti dans les bras de son père.

"Je remercie Dieu, car c'est un miracle", a déclaré très ému le grand-père de l'enfant, Ademilson Guimaraes.

O Dia / AFP

Des sauveteurs cherchent des victimes après une coulée de boue à Nova Friburgo, à Rio, le 12 janvier 2011

La pluie, qui en quelques heures dans la nuit de mardi à mercredi, a provoqué des glissements de terrain ensevelissant des centaines de maisons, avait repris jeudi matin. "Il pleut beaucoup, le sol est saturé d'eau et il y a des risques de nouveaux éboulements", a expliqué un photographe de l'AFP à Teresopolis.

En fin de journée, il pleuvait très fort et les services météorologiques prévoient encore des précipitations pour les prochains jours. La Défense civile a demandé à la population d'évacuer les zones à risques.

Les experts expliquent l'ampleur du drame par la conjonction de rares phénomènes naturels et de l'urbanisation sauvage.

"Dans la nuit de mardi à mercredi, il a plu autant qu'en un mois, ce qui a provoqué des avalanches de pierres et de terre", a expliqué à l'AFP le responsable du Laboratoire d'hydrologie de l'Université fédérale de Rio, Paulo Canedo.

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Carte de localisation des pluies diluviennes dans la région montagneuse de Rio de Janeiro

Résidences secondaires, auberges et hôtels des quartiers aisés ont autant souffert que les habitations précaires des quartiers pauvres occupant illégalement des zones à risque.

"Cela a été une catastrophe naturelle, aggravée par l'urbanisation sauvage qui fragilise la nature. Cela a favorisé les glissements de terrains et les morts", a dit M. Canedo.

La nouvelle présidente du Brésil, Dilma Rousseff, confrontée à sa première épreuve, a survolé en hélicoptère la région sinistrée et a parcouru à pied des quartiers dévastés de Nova Friburgo.

"C'est un moment très dramatique. Les scènes sont très fortes. La souffrance des gens est très grande", a déclaré Dilma Rousseff assurant la population de sa "solidarité" et promettant d'aider à la reconstruction.

Le gouvernement a déjà débloqué 780 millions de reais (467 millions de dollars) pour les sinistrés.

Dans l'histoire brésilienne, il s'agit de la pire catastrophe de ces dernières décennies. Elle dépasse celle de Caraguatatuba (littoral septentrional de Sao Paulo) en 1967 quand près de 300 personnes avaient péri à la suite de pluies dilluviennes.

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