17 janvier, 2011

Les pays arabes redoutent une contagion de la révolte tunisienne

Les gouvernements des pays de la région se disent inquiets pour la "sécurité et la stabilité". De leur côté, les opposants appellent les peuples arabes à se soulever contre leurs dirigeants.

"Nous sommes inquiets de la situation en Tunisie", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Ramin Mehmanparast. (AFP) "Nous sommes inquiets de la situation en Tunisie", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Ramin Mehmanparast. (AFP)

Après la chute du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali sous la pression de la rue, l'inquiétude s'installait dimanche 16 janvier dans les pays du Moyen-Orient. Les gouvernements de la région redoutent le chaos dans leurs pays. Les opposants appellent à s'inspirer de ce soulèvement populaire.

Nous sommes inquiets de la situation en Tunisie", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Ramin Mehmanparast. "Nous espérons que les demandes de la nation musulmane tunisienne seront satisfaites grâce à des moyens pacifiques et non violents", a-t-il ajouté.
A Abou Dhabi, le gouvernement des Emirats arabes unis a exhorté les Tunisiens à faire preuve de "cohésion, à préserver (leur) unité et à éviter tout ce qui pouvait nuire à la sécurité et à la stabilité" de leur pays.
L'Organisation de la conférence islamique (OCI) a fait part de sa solidarité et exhorté la Tunisie à "préserver la sécurité et la stabilité". Et le gouvernement koweïtien a appelé à "un consensus national afin de faire prévaloir les intérêts nationaux et éviter le chaos".


"Nous souffrons des mêmes maux"

Pour Israël, ce chaos en Tunisie profiterait aux islamistes. "Il y a aujourd'hui une grande crainte que les mouvements islamistes, qui jusqu'à maintenant étaient hors-la-loi, ne reviennent" en force, a déclaré le ministre israélien du Développement régional, Sylvan Shalom.
"La région où nous vivons est instable", a insisté le Premier ministre Benjamin Netanyahou, alors que de nombreuses populations arabes sont confrontées, comme les Tunisiens, à des difficultés économiques et à un régime autoritaire.
Mais les oppositions à ces régimes ont appelé de leurs vœux une éventuelle contagion.
En Jordanie, près de 3.000 syndicalistes, islamistes et membres de partis de gauche ont participé à un sit-in devant le Parlement à Amman pour protester contre l'inflation et la politique économique du gouvernement.
"Nous souffrons des mêmes maux qui ont affecté la Tunisie, et nous devons mettre fin à l'oppression, ainsi qu'aux entraves aux libertés et à la volonté du peuple", a affirmé le chef des Frères musulmans, Hammam Said.


"Courage du peuple tunisien"

Au Koweït, des députés de l'opposition ont salué "le courage du peuple tunisien". "Tous les régimes qui oppriment leurs peuple et luttent contre l'identité arabo-islamique connaîtront le même sort", a déclaré le député islamiste Walid al-Tabtabaï.
A Khartoum, Moubarak al-Fadil, l'un des ténors de l'opposition soudanaise, a estimé que le pays était "prêt pour un soulèvement populaire".
Un groupe d'ONG arabes, "Forum de la Société Civile du Golfe", a par ailleurs appelé l'Arabie saoudite à ne pas laisser le président déchu, réfugié à Jeddah, s'installer sur "une terre du Golfe".
Au Yémen, un millier d'étudiants ont manifesté à Sanaa, appelant les peuples arabes à se soulever contre leurs dirigeants et scandant: "Tunis de la liberté, Sanaa te salue mille fois".
Pour la Syrie et l'Iran, les déboires de Zine El Abidine Ben Ali sonnaient cependant aussi comme un avertissement contre l'Occident.
"C'est une leçon qu'aucun régime arabe ne devrait ignorer, en particulier ceux qui mènent la même politique que celle de la Tunisie et qui comptent sur "les amis" pour les protéger", écrivait le quotidien syrien al-Watan, proche du pouvoir.
Le président du Parlement iranien, Ali Larijani, a ironisé sur les déclarations occidentales de solidarité: "Les pays qui étaient la principale raison de la tyrannie et de la pression sur les Tunisiens se montrent maintenant compatissants. Beaucoup de pays devraient maintenant retenir la leçon que les super-puissances ne les soutiendront pas en cas de difficultés".

(Nouvelobs.com avec AFP)

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