24 janvier, 2011

Les négociateurs palestiniens mis à nu par les révélations d'Al-Jazira

RAMALLAH (Territoires palestiniens) (AFP)

AFP

Le président palestinien Mahmoud Abbas le 24 janvier 2011 au Caire

Les Palestiniens accusaient lundi Al-Jazira de "créer la confusion" et de propager des "mensonges" en diffusant des documents révélant l'ampleur des concessions proposées en 2008 pour faire la paix avec Israël, qui les avait pourtant jugées insuffisantes.

La chaîne basée au Qatar a entamé dimanche soir la diffusion de "plus de 1.600" documents couvrant les pourparlers de paix depuis 1999, dont les premiers montrent que les négociateurs palestiniens étaient prêts en 2008 à des concessions considérables, en particulier sur Jérusalem-Est et les réfugiés.

"Le but de cela est de créer la confusion, j'ai vu moi-même ce que la chaîne a diffusé en disant que ce sont des documents palestiniens, alors qu'ils sont israéliens", a réagi le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

"Ce qui a été diffusé a été déformé et sorti de son contexte, et contient des mensonges", a déclaré à l'AFP Saëb Erakat, principal négociateur palestinien. "S'il est nécessaire de publier tous les documents du département des négociations, nous le ferons", a-t-il assuré.

"Bien que de nombreuses idées aient été discutées par les deux parties dans un processus normal de négociations, y compris certaines que nous ne pourrions jamais accepter, nous avons dit constamment que tout accord proposé devrait obtenir un soutien populaire via un référendum national", a souligné M. Erakat dans un communiqué.

AFP

Le négociateur palestinien Saëb Erakat le 23 novembre 2010 à Ramallah

Un autre négociateur palestinien, Yasser Abed Rabbo, a accusé l'émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, d'avoir donné son "feu vert" à une "campagne" contre l'Autorité palestinienne.

"Nous savons qui a sorti les documents, c'est un employé du département des négociations de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP)", a-t-il indiqué, coupant court aux spéculations dans les médias israéliens attribuant les fuites à l'ex-homme fort de la bande de Gaza, Mohammad Dahlane, en conflit avec M. Abbas.

"Ces documents secrets sont graves et montrent l'implication de l'Autorité du Fatah (parti de M. Abbas, ndlr) dans les tentatives de liquidation de la cause palestinienne", a commenté Sami Abou Zouhri, porte-parole du mouvement islamiste Hamas à Gaza.

Certains documents présentent les négociateurs palestiniens comme prêts à renoncer "au quartier juif et à une partie du quartier arménien" de la Vieille ville de Jérusalem, ainsi qu'à accepter l'annexion par Israël de la plupart des quartiers de colonisation juive.

Ils s'y montrent également disposés à se contenter du retour de 100.000 réfugiés sur un total d'environ 5 millions, à raison de 10.000 par an.

Le coordinateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au Proche-Orient, Robert Serry, a mis en garde dans un communiqué contre des "impressions inexactes" et attesté "de l'engagement de la direction palestinienne à sauvegarder les droits et intérêts légitimes du peuple palestinien".

M. Serry a "pressé les deux parties de montrer qu'elles étaient prêtes à négocier une paix s'appuyant sur une solution à deux Etats".

AFP/Archives

Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahu le 1er septembre 2010 à la Maison Blanche

Les Etats-Unis se sont engagés à continuer à oeuvrer en faveur d'une telle solution et "à travailler avec les parties pour aplanir les différends sur les problèmes fondamentaux".

En Israël, ces révélations ont été diversement interprétées. Le ministre ultranationaliste des Affaires étrangères Avigdor Lieberman a voulu y voir la validation de ses thèses sur l'impossibilité d'un accord de paix, tandis que des responsables du précédent gouvernement ont reproché au Premier ministre Benjamin Netanyahu d'avoir fait table rase de ces progrès.

Le gouvernement israélien "dispose d'un véritable partenaire pour la paix, encore faudrait-il qu'il la recherche" sincèrement, a estimé Haïm Ramon vice-Premier ministre dans le gouvernement Olmert.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire