08 janvier, 2011

Le chef sudiste plaide pour la paix à la veille du référendum d'indépendance

JUBA (Soudan) (AFP)

UNMIS/AFP

Photo publiée par les Nations unies et montrant une femme du sud-Soudan tenant un bulletin de vote, le 7 janvier 2011, à Juba

Le leader sudiste Salva Kiir a appelé samedi à la "coexistence pacifique" entre le nord et le sud du Soudan à la veille d'un référendum qui pourrait aboutir à la partition du plus grand d'Afrique, dont les préparatifs ont été assombris par des combats meurtriers.

"Aujourd'hui, il n'y a pas de retour à la guerre. Le référendum n'est pas la fin du parcours, mais le début d'un nouveau. Il n'y a pas d'alternative à la coexistence pacifique" entre nordistes et sudistes, a déclaré M. Kiir.

"Mes compatriotes, dans quelques heures nous serons appelés à prendre la décision la plus capitale et la plus (...) importante de notre vie. Je vous demande de faire ce choix de façon pacifique", a-t-il ajouté devant la presse à Juba, la capitale sudiste.

Les Sud-Soudanais se prononcent à partir de dimanche et pendant une semaine sur le maintien de l'unité avec le reste du Soudan ou la sécession. Les analystes, et même les responsables nordistes, pronostiquent une victoire de l'option sécessionniste.

Mais à quelques heures du début d'un vote placé sous haute surveillance, des attaques contre des soldats sudistes dans une zone pétrolifère limitrophe du Nord ont jeté une ombre sur l'excitation palpable dans le Sud-Soudan.

"Au moins six rebelles ont été tués vendredi et samedi dans le comté de Mayom, situé dans l'Etat d'Unité", a déclaré à l'AFP Philip Aguer, porte-parole de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), ex-rebelles sudistes à la tête de l'armée de la région semi-autonome du Sud-Soudan.

Selon des responsables humanitaires, des attaques se seraient produites dans d'autres comtés du même Etat. L'ONU a commencé à enquêter sur les violences.

La SPLA a accusé les hommes de Gatluak Gai, un chef de milice hostile au pouvoir sudiste, d'être à l'origine des violences. Ces derniers avaient lancé au printemps dernier des attaques contre la SPLA dans l'Etat d'Unité, l'un des plus sensibles du Sud-Soudan.

AFP/archives

Un soldat sud-soudanais près d'installation pétrolières dans l'état d'Unity, en novembre 2010

La SPLA avait accusé Khartoum de soutenir M. Gai afin de déstabiliser le Sud-Soudan à l'approche du référendum.

Ces heurts ravivent les craintes d'un regain de violences pendant le référendum, prévu par l'accord de paix conclu en 2005 entre le Nord et le Sud, et qui avait mis fin à une guerre civile de plus de vingt ans au cours de laquelle deux millions de personnes ont péri.

Le Sud-Soudan restait malgré tout en effervescence à la veille du jour J.

"Il ne reste qu'un jour avant de voter", s'impatiente Santos, un jeune sudiste. "Ici, on peut boire de la bière, pas à Khartoum. On va dire bye-bye aux Arabes".

Vendredi soir, un grand concert pour l'indépendance a réuni des milliers de jeunes à Juba, qui vit au rythme du référendum avec ses voitures coiffées de drapeaux sudistes appelant la population à voter, la visite de politiciens occidentaux et celle de la vedette américaine George Clooney.

M. Clooney a dit à l'AFP se considérer comme un "rabat-joie", car il met en garde contre un retour à la guerre civile Nord-Sud au moment où le sentiment de jubilation domine au Sud-Soudan.

Les Etats-Unis, qui mettent tout leur poids pour la réussite du référendum, ont envoyé le sénateur John Kerry et l'émissaire spécial de la Maison Blanche Scott Gration.

Les seules inconnues du vote restent la participation et le respect des normes démocratiques. Selon la loi référendaire, au moins 60% des quelque quatre millions d'électeurs doivent voter pour que le résultat soit valide.

Les autorités sudistes ont déployé 60.000 policiers à la veille du scrutin, a indiqué la commission électorale, précisant que les bulletins avaient été distribués dans tous les centres.

Khartoum s'est engagé à reconnaître le résultat de ce scrutin, mais le président soudanais Omar el-Béchir a estimé que le Sud n'avait "pas la capacité de créer un Etat ou une autorité", dans une interview à la chaîne arabe Al-Jazira.

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