04 janvier, 2011

L'association calaisienne poursuit son action contre la malnutrition dans les pays du Sahel Misola, la solidarité durable dans le Sahel

nordlittoral.frLe président de Misola, Lionel Sockeel, et le responsable Misola en Rhône-Alpes ont effectué le tour des unités de production du Mali. Le président de Misola, Lionel Sockeel, et le responsable Misola en Rhône-Alpes ont effectué le tour des unités de production du Mali.

Deux ans. En juin 2008, Misola a perdu son président fondateur, François Lebas. Pédiatre au CH Calais, il s'était entouré
de bénévoles pour mener à bien l'implantation d'unités de production de farine pour lutter contre la malnutrition infantile dans les pays de l'Afrique de l'Ouest.






Deux ans plus tard, Misola a survécu à cette tragique perte grâce à deux hommes, le Boulonnais Lionel Sockeel et le Calaisien Fernand Rolet.

Mi pour mils, So pour soja et La pour l'arachide, c'est sur ces trois mots que l'association calaisienne a basé son action. Ces trois céréales sont cultivables sur le sol du Sahel. L'idée de créer une farine alimentaire pour lutter contre la malnutrition infantile à base de produits locaux n'est pas nouvelle. Le projet a germé en 1983 au Burkina-Faso au sein de l'équipe "Frères des Hommes" à Fada N'Gourma. François Lebas en était déjà à la base, mais il voulait aller plus loin dans le concept et surtout l'étendre à tous les pays du Sahel.

La philosophie de ce projet est simple. Les Africains ne doivent pas compter sur les importations de farine pour combattre la malnutrition infantile. Ils doivent la produire.

Misola est présent pour lancer le processus. La composition de la farine est aujourd'hui établie, même si elle est sans cesse améliorée par l'apport de vitamines ou autres éléments proposés par des scientifiques. L'équipe Misola, avec l'aide de partenaires locaux, souvent des associations de femmes, trouve et finance le local et les installations dans des villages choisis selon un maillage. 20 000 euros sont nécessaires pour lancer une unité de production.

Ce budget permet la location d'un local, l'achat du matériel et des premières tonnes de céréales. Une unité de production n'atteint pas son autonomie dès les premiers mois de fonctionnement. Misola reste à ses côtés jusqu'à ce que cette autonomie soit atteinte. Au Mali, les 18 unités de production sont rassemblées en fédération permettant une solidarité entre elles.

La production et la commercialisation de la farine Misola crée une économie. Les associations de femmes des villages et villes concernés par une implantation d'une unité de production de farine deviennent plus que des partenaires. Elles jouent un rôle essentiel dans le bon fonctionnement de l'unité.

En 2009, au Mali, pour produire près de 400 tonnes de farine Misola, ce sont 400 femmes qui ont travaillé et reçu un revenu, parfois supérieur à celui d'un fonctionnaire. Les associations ne sont pas les seules à profiter de la bonne santé du réseau Misola. Toujours au Mali, ce sont les artisans maliens qui fabriquent les machines nécessaires à la production de la farine. Un matériel qui se modernise au fil du temps... Ce sont aussi des producteurs locaux qui cultivent les céréales.

La recette fonctionne. Elle a fait ses preuves au Mali. Demain elle les fera au Niger, au Burkina Faso où le réseau sera relancé. L'association calaisienne reçoit de multiples demandes de pays voisins du Mali pour implanter ou développer un réseau Misola. La Côte d'Ivoire, le Cameroun, le Sénégal en font partie. Chaque demande est analysée en conseil d'administration. Et pour passer à la vitesse supérieure, Misola cherche des partenariats avec d'autres associations, comme Afrique Verte ou France Bénin. Un partenaire qui s'engage à signer et suivre point par point la charte de qualité mise en place par les scientifiques de Misola, la pharmacienne du CH Calais, Emmeline Janvier, et Magloire Gnansounou, pédiatre à Valenciennes.

L'objectif étant d'avoir un réel contrôle et un point de vue scientifique sur la production de la farine Misola.

Si François Lebas a laissé un grand vide au sein de l'association, le nouveau président Lionel Sockeel et son vice-président, le Calaisien Fernand Rolet, ont pris les choses en main pour que cela ne se ressente pas sur le terrain. Le président revient d'ailleurs d'une mission au Mali avec le responsable de Misola Rhône-Alpes, Georges Linossier.



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Misola au Niger

Les différentes vagues de famine ont incité les responsables de Misola à regarder à l'est du Mali, au Niger. Une première unité de production est installée dans la capitale nigérienne à Niamey sur les fonds propres de l'association. Faty Alphonse, infirmière à la retraite, coordinatrice de Misola Niger et un membre de Misola France, Gwen Marque forment une équipe pour gérer l'implantation de plusieurs sites Misola dans le Niger.
Un maillage est constitué. Des fonds sont recherchés.
Avec l'appui de l'UNICEF, trois unités de production autonome sont ouvertes : Niamey, Doutchi et Tessaoua.
Par ailleurs, le Rotarien calaisien Jean-Paul Narcisse, devenu trésorier de l'association, confirme que, grâce au financement croisé du Rotary de Calais et du Rotary international, le projet d'implantation de quatre autres UPA a débuté avec une première unité à Niamey et se poursuivra avec trois autres implantations à Zinder, Tahoua et Diffa sur une période de deux ans.
Gwen Marque remarque que les associations de femmes nigériennes font déjà un travail remarquable : « De janvier à août, 22 tonnes de farine Misola ont été produites par les deux UPA opérationnelles dont 12 tonnes à Doutchi. »


Objectif: 500 tonnes de farine

310 tonnes de farine Misola sont produites dans les 18 unités implantées dans le Mali au cours de l'année 2010. C'est un peu moins qu'en 2009, « nous avions sorti de nos unités 390 tonnes. Mais nous avons perdu un contrat important en 2010 », analyse le président de Misola France, Lionel Sockeel qui ne désespère pas, au contraire : « Nous avons un objectif de 500 tonnes pour l'année prochaine. Et de 1 000 tonnes pour les prochaines années. » La réussite du réseau de production de farine au Mali, Misola le doit à Abdoulaye Sangho. Ses qualités sont reconnues, sans ce Malien, Misola n'aurait pas pu aller aussi loin dans sa démarche. Aujourd'hui, le conseil d'administration de l'association calaisienne l'a nommé coordinateur général Misola pour l'Afrique de l'Ouest. Une chargée de programme a été embauchée pour le seconder sur le Mali.
L'action de l'association calaisienne ne s'arrête pas à la production et à la commercialisation de la farine. Plusieurs autres actions sont menées pour améliorer son utilisation.
Toutes les unités de production sont rassemblées dans une fédération. Le but est de rendre ce réseau autonome. Misola France ne jouerait plus qu'un rôle d'accompagnant. Cette fédération permet aussi de mutualiser les efforts et les actions. Une unité de production qui serait un peu moins bien pourrait se voir renforcer par les autres unités.
Misola Mali est de loin le projet le plus abouti. Un exemple pour les autres pays


Misola reconnue par les instances

L'action de Misola est connue et reconnue dans le monde. Plusieurs collectivités, et non des moindres, lui font confiance. L'Unicef, le programme alimentaire mondial (PAM), le programme facilité alimentaire de l'Union européenne, Helen Keller international n'hésitent pas à lui confier des missions ou à l'épauler dans ses projets dans les pays du Sahel. Le Rotary International, à la demande des Rotariens calaisiens, finance une action lourde au Niger.
Des régions, comme le Nord-Pas-de-Calais, le Rhône-Alpes et le Centre subventionnent depuis de longues années des implantations d'unités de production. Des villes viennent aussi aider à boucler le budget serré de l'association : Calais depuis deux ans, Bron, Weingarten et Guînes.
Elle reçoit par ailleurs de plus en plus de dons et d'aides diverses comme celles provenant des associations ou écoles calaisiennes Toques d'Opale, Opale Tour, Saint-Pierre et récemment l'association Zonta (Paris) qui a organisé une soirée au profit de Misola et récolté 4 000 euros. Le Festival de la Côte d'Opale est aussi un partenaire historique de Misola.
Ce ne sont que des exemples, la liste comporte encore plusieurs généreux donateurs et partenaires... Même si ceux-ci ne sont jamais assez nombreux pour mener ce genre de combat.


Un nouveau partenaire

Misola s'est associée à l'Apis pour implanter et suivre les unités de fabrication au Sénégal. Son président André Desaunay a assisté à la dernière assemblée générale de Misola France à Calais. L'unité de Bakel, dans le Sénégal oriental, près de la frontière du Mali, est en route depuis 2008. la production locale de soja est en route. Le bâtiment est assez mal adapté, des solutions devront être trouvées pour passer à la vitesse supérieure. Cette vitesse supérieure, le Sénégal devrait la trouver assez vite, si certaines associations vont au bout de leur démarche de financement. L'association médicale de développement dont le siège est à Grenoble à l'intention d'implanter deux unités de fabrication à Matam et à Tambacounda, financés par la Région Rhône-Alpes et le conseil général de l'Isère. Le recrutement d'une formatrice pour les UPA susceptible de reformuler les conditions d'hygiène et de qualité de la farine est également à l'étude.


Avec France-Benin pour avancer L'association France-Bénin est partenaire et maître d'ouvrage Misola pour ce pays : « 500 kilogrammes de farine ont été produits en deux mois à Gouandé, seule unité existante pour l'instant. Celle-ci se trouve au nord-ouest du pays, dans une région difficile d'accès, très éloignée des centres urbains », explique Martine Frasnetti, représentante de France-Benin et membre de Misola.
Un projet d'implantation d'une unité de production est envisagé à Lokossa, soit à 30 kilomètres de Cotonou. Le conseil d'administration de Misola considère que, comme dans les autres pays d'Afrique, il serait important d'implanter une Upa dans la capitale, en l'occurrence à Cotonou : « En termes d'image et d'efficacité, car c'est une vitrine géographiquement facile d'accès et c'est une zone de chalandise et donc une source de production considérable », souligne Lionel Sockeel, le président de Misola France. Mais pour s'étendre, France Benion doit devenir un interlocuteur fort dans ce pays africain afin de porter tous les projets Misola et d'être candidat aux subventions qui facilitent les implantations.

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