16 janvier, 2011

Grèce: crainte d'un drame en mer avec 21 migrants portés disparus

CORFOU (Grèce) (AFP)

AFP

Des équipes de secours aident un migrant à débarquer d'un cargo à Corfu, le 16 janvier 2011

La crainte d'un drame en mer, ayant coûté la vie à 21 migrants en route vers l'Italie, augmentait dimanche en Grèce sur la base des témoignages de leurs co-passagers, 230 au total, sauvés et conduits à bon port sur l'île de Corfou.

"J'ai peur qu'ils se soient noyés", a lancé un des rescapés, à sa descente dimanche sur le port de Corfou (nord-ouest) du cargo néerlandais Momentum Scan qui s'est porté au secours du bateau-passeur en détresse.

Menées depuis l'aube par deux hélicoptères Super Puma et cinq patrouilleurs côtiers, les recherches, à 30 milles nautiques à l'ouest de l'île, n'avaient débouché sur aucune découverte en fin d'après-midi.

Selon les témoignages des rescapés, s'affirmant afghans, les disparus sont tombés à l'eau pendant l'opération de transbordement menée par le Momentum, alors que des vents violents soufflaient dans la zone.

Le bateau-passeur, Hasan Reis, un vieux chalutier battant pavillon turc d'une trentaine de mètres de long, a ensuite sombré, coupé en deux, selon la police portuaire.

Parmi les immigrés, conduits dans un hôtel réquisitionné de Corfou, figurent onze enfants et cinq femmes, la plupart étant des hommes jeunes. La police a identifié deux passeurs présumés, des Turcs, qui ont été débarqués menottés, tandis que quinze blessés légers ont été hospitalisés.

"Ils étaient choqués, effrayés", a affirmé le chef des services sanitaires locaux, Kyriakos Katsouris.

Selon une source policière, l'enquête s'oriente vers l'hypothèse d'un transfert organisé au départ d'une côte du Péloponnèse, plus au sud dans le pays. Des migrants, dont plusieurs parlant bien le grec, ont affirmé avoir payé 3.000 euros pour être conduits en Italie.

L'opération de sauvetage, entravée pendant plusieurs heures par le mauvais temps, a été lancée dans la nuit après un appel téléphonique à la police de Corfou faisant état d'un bateau en détresse au large de l'île, a indiqué le ministère de la Marine marchande dans un communiqué.

Face aux verrouillages croissants des frontières européennes, qui retiennent notamment en Grèce des dizaines de milliers de candidats à l'émigration passés par la Turquie voisine, les trafiquants d'immigrés ne cessent de mettre au point de nouveaux itinéraires et modes de transport.

Après Patras, le principal port grec vers l'Italie, et Igoumenitsa, plus au nord, Corfou attire ainsi à son tour des centaines de migrants, tentant de trouver un moyen de poursuivre leur route vers l'Ouest, au prix de tensions croissantes avec les habitants.

Devenue la première porte d'entrée en Europe des migrants irréguliers, la Grèce projette d'ériger une barrière grillagée pour bloquer le principal point de passage, un tronçon de 12,5 km sur sa frontière terrestre avec la Turquie. Les réseaux de passeurs y ont dirigé leurs clients ces derniers mois face à une surveillance renforcée des frontières maritimes en Egée.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire