16 janvier, 2011

Français tués au Niger: marche silencieuse à Linselles pour Antoine et Vincent

AFP
Hommage le 10 janvier 2011 à la mairie de Linselles aux deux Français tués au Niger
Hommage le 10 janvier 2011 à la mairie de Linselles aux deux Français tués au Niger Denis Charlet AFP/Archives

"Je suis venu dire au revoir à Antoine. Avant son départ en Afrique, je jouais au foot avec lui" : comme des dizaines de proches ou d'anonymes, Laurent Vandeputte a rendu un hommage ému samedi à Linselles (Nord) aux deux jeunes Français tués au Niger.

Les Linsellois se réunissent ce dimanche à 13H30 pour une marche silencieuse dans les rues de la commune. Entre 2.000 et 3.000 personnes y sont attendues.

Les dépouilles de Vincent Delory et Antoine De Léocour, enlevés à Niamey le 7 janvier et retrouvés morts le lendemain dans le désert malien, ont été transférées par fourgon funéraire vendredi soir de Paris à Linselles, une petite commune de l'agglomération lilloise où ils avaient grandi ensemble.

Rehaussée de couronnes fleuries adossées à une pièce de brocart bleu, une chapelle ardente a été dressée dans la salle polyvalente Jacques Brel, à quelques centaines de mètres de l'église où les obsèques seront célébrées lundi en présence du président Nicolas Sarkozy.

Les portraits lumineux des deux jeunes hommes trônent près de leurs cercueils.

Filtrés par des policiers à l'entrée de la salle dont l'accès était interdit aux journalistes, amis, voisins ou anonymes sont venus nombreux se recueillir, prier ou laisser un message d'affection aux familles. "Je suis venu pour être auprès d'eux. C'étaient des amis d'enfance qui habitaient dans la même ville. Ils avaient mon âge, ç'aurait pu être moi", a témoigné Laurent Vandeputte, 25 ans. Dessinateur-projecteur, il travaille en Belgique.

Antoine avait pris un aller-simple pour l'Afrique après des études de coopération humanitaire. Il y avait rencontré Rakia, une Nigérienne qu'il devait épouser. Vincent l'avait rejoint à Niamey pour assister aux noces.

"Nos enfants sont allés dans les mêmes écoles et ont eu les mêmes professeurs. Tout le monde se connaît ici", confiait, en larmes, Dolorès Lachot, 67 ans, venue de la ville voisine de Bondues. Françoise Leroux, une Linselloise de 57 ans, a écrit quelques mots pour Antoine. "Ton souhait le plus cher était de vivre en Afrique, malheureusement on t'a ôté la vie".

Jeanne-Marie Baelen, elle, est venue "partager la douleur des mères". Depuis 2007, cette sexagénaire porte le deuil de ses jumelles, emportées à quelques mois d'intervalle par le même cancer. "Je pleure depuis huit jours. Pour une maman, perdre un enfant est inacceptable".

En attendant les obsèques, les Linsellois s'interrogent sur les circonstances de la mort des enfants du pays après l'assaut des forces spéciales françaises contre leurs ravisseurs. Mais ils refusent la polémique.

"On ne sait pas exactement ce qui s'est passé, mais si on n'était pas intervenus, ça aurait fait comme les deux journalistes de France 3", Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière -- originaire du Nord lui aussi --, retenus en otages depuis un an en Afghanistan, estimait Françoise Leroux.

Samedi soir, les supporteurs niçois et lillois ont rendu hommage, lors de Nice-Lille, match de la 20e journée de L1, à la mémoire d'Antoine de Leocour et Vincent Delory.

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