14 janvier, 2011

CULTURE : Avec Erica Pomerance, vidéaste canadienne

Enrica Pomerance est une vidéaste canadienne qui produit des documentaires sur l’Afrique. Une collaboratrice de notre compatriote Mamoudou Condé, Président de World Music production Inc (WMPI), qui ont ensemble un projet de réalisation d’un documentaire sur le groupe de percussion “NIMBAYA’’ GCI l'a rencontrée...

GuineeConakry.info : Peu de Guinéens connaissent Erica Pomerance. Présentez-vous donc à nos internautes...

Erica Pomrance : Je m’appelle Erica Pomerance, vidéaste documentariste d’origine canadienne. je suis très fréquente dans les pays de l’Afrique de l’ouest, mais si j’ai bonne mémoire, c’est ma cinquième fois de venir en Guinée.

Cette fois-ci, je suis venu dans le cadre d’un projet. La réalisation d’un documentaire sur le groupe de percussion “NIMBAYA’’, encadré par Mamoudou Condé, président d’une compagnie dénommée ‘’ World music Productions Inc’’ basée aux Etats-Unis.

Ce projet aura pour objectif principal, l’implication sociale pour aider la cause des femmes africaines à travers la danse et la musique. Mais en dehors de ce projet spécifique, je coordonne une association qui s’appelle “ Initiative Taline Yallo’’, qui signifie dans le malinké de la Casamance, “le griot du conte ou la toile d’araignée’’.

Nous esseyons de tisser à travers les nouveaux médias, des liens de communication et d’apporter des techniques de maitrise dans les nouvelles technologies. Donc, ma spécialité est la vidéo. J’organise aussi avec des partenaires, des ateliers de formation d’initiation à la vidéo, qui s’appelle “ Center Chrono’’. Et on aimerait beaucoup en faire en Guinée.

GCI : Quels sont vos critères de recrutement ?

EP: Il faut tout d’abord que les jeunes soient intéressés, qu’ils aient le goût d’aller vers l’audiovisuel, et qu’ils aient une certaine expérience soit en Animation culturelle, Radio, Spectacle… En tout cas quelque chose qui fait qu’ils aient la capacité de raisonner logiquement et de créer ensemble, avoir le goût du travail d’équipe, qui est très important.

GCI : Expliquez-nous, comment vous vous-y prenez ?

EP : Nous recrutons des jeunes âgés entre de 15 à 35 ans, et le plus souvent qui n’ont pas eu la chance de travailler avec une caméra vidéo légère et simple. Nous leur donnons une initiation à la caméra, et aussi aux différents métiers de production : réalisateur, scénariste, directeur de production, assistant technique, prise de son et montage vidéo.

Tout cela se passe très rapidement, et ensuite, ils travaillent en équipe pour faire un scénario. Pour ce faire, on leur impose un thème. Par exemple, après la formation, on leur dit de travailler cette année sur un thème portant sur la jeunesse et avenir ; jeunesse et sport, etc.

Donc une fois le thème retenu, ils scénarisent très vite leur projet, le lendemain, ils sont en tournage, et chaque équipe à un formateur avec eux pour les aider. Après le tournage, ils peuvent aussi faire des fictions, des documentaires, des films expérimentaux ou simple du genre hip-hop. L’année dernière à Montréal, nous avons fait pareille, mais à la différence, il fallait que ça soit en forme de clip, de slam. Après le centre de formation, il faut que le film ou documentaire soit monté.

Et pour cela, nous organisons une soirée avec des équipements de projection. On projette les films de chaque groupe, devant des jurys le plus souvent des professionnels de l’image ou de la radio. Qui au finish, choisissent les meilleurs films, et l’équipe gagnante reçoit un prix entre autres : une formation par la télévision locale, ou on les amène dans une entreprise pour des séances de formation avec un producteur ou un réalisateur, pour qu’ils puisent aller de l’avant avec le métier. Et aujourd’hui, à partir de ce projet de formation, plusieurs jeunes ont pu voir le bout du tunnel, et ont fait carrière soit dans le cinéma ou la télévision.

GCI : Dans quels avez-vous fait vos preuves ?

EP : Nous avons fait nos preuves au Mali, au Sénégal (Thiès et Saint-Louis), au Togo, au Bénin, au Burkina Faso (trois fois), et la semaine prochaine, je serai à Bobo-Dioulasso. Aussi, l’année prochaine, avec M. Justin Morel Junior, qui est aussi un réalisateur, j’ai proposé de faire le même projet en Guinée. Sans compter que l’ONG CONAG-DCF a aussi proposé de faire un festival de films des femmes au mois de novembre prochain. Je leur ai proposé de faire un concours de “Center Chrono’’ axé sur un thème qui touche particulièrement la couche féminine.

L’année dernière, c’était à Montréal et le thème était axé sur le tremblement de terre : “ Haïti Noula’’ qui signifie dans langue du territoire Haïti nous sommes avec vous.

GCI : Quel est le sort réservé à ces jeunes ?

EP : On les oriente vers des programmes appropriés pour leur promotion. Par exemple, s’il y a une structure ou une école de cinéma dans le pays, on essaie de les impliquer ou de leur donner les informations pour qu’ils puissent y appliquer.

Aussi, il y a un programme très intéressant pour toute l’Afrique francophone et lusophone, qui s’appelle “ Africa Doc’’. Et plusieurs de nos candidats ont présenté des scénarios à Africa Doc, et ce dernier prend les meilleurs scénarios pour les soumettre à des formations en scénario.

Ensuite, ils les amènent à Saint-Louis au Sénégal à une organisation où seront invités des professionnels en la matière (africains et européens). Ceux-ci viennent voir les projets proposés, et les meilleurs sont sélectionnés pour être ensuite projetés à l’écran avec financement.

GCI : Vous avez certainement un mot pour les jeunes Guinéens ?

EP : L’Afrique a vraiment besoin de documentariste, pour regarder avec des yeux africains, les vraies réalités du continent. Beaucoup d’Européens, d’Occidentaux en général sont venus filmer vos réalités, ici en Afrique, mais leurs perspectives ne sont pas les mêmes que si c’est unAafricain qui l’avait fait.

En ce me concerne, je suis mariée à un Malien, c’est pourquoi, je commence à ressentir sincèrement le goût de de la culture africaine. Mon souhait est de consacrer le reste de ma carrière à l’aide du cinéma africain, pour l’émergence de l’Afrique sur le plan documentaire. Parce que je pense que vous avez beaucoup à dire avec votre façon de le dire !

Propos recueillis par Lamine Camara, Guinee Conakry.info

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