05 janvier, 2011

Côte d'Ivoire: la médiation africaine propose l'amnistie à Gbagbo

ABIDJAN (AFP)

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Un soldat des Forces Nouvelles devant l'hôtel du Golf le 3 janvier 2011 à Abidjan

Laurent Gbagbo s'est vu offrir l'amnistie par les émissaires africains qui tentent de le convaincre de céder la présidence ivoirienne, mais il maintenait mercredi le blocus routier du QG de son rival Alassane Ouattara, malgré son engagement de le lever.

"Il y aura une amnistie pour lui (Gbagbo) dans le sens où il ne sera pas poursuivi ou persécuté", a déclaré l'un des quatre médiateurs, le Premier ministre kényan Raila Odinga, à son retour à Nairobi après une mission menée mardi à Abidjan avec les présidents du Bénin, de Sierra-Leone et du Cap-Vert.

"Dans le cas où il déciderait de rester dans le pays, il serait autorisé à vaquer à ses occupations normalement", et "s'il décidait de partir en exil, il ne sera pas traîné devant la Cour pénale internationale (CPI), à condition qu'il accepte de rendre le pouvoir", a-t-il ajouté.

Le 16 décembre, le procureur de la CPI Luis Moreno-Ocampo avait prévenu qu'il engagerait des poursuites contre quiconque serait responsable de violences meurtrières en Côte d'Ivoire.

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Le médiateur de l'Union africaine, Raila Odinga, à Abidjan le 3 janvier 2011

L'ONU a mis en cause les forces loyales à M. Gbagbo dans les violences qui ont éclaté depuis la mi-décembre, faisant selon elle 179 morts. Le camp Gbagbo a évoqué 53 morts depuis fin novembre, dont 14 membres des forces de l'ordre qui lui sont fidèles.

Mardi, au siège de la coalition pro-Ouattara à Abidjan, un militant a été tué à la suite d'un raid de policiers et gendarmes pro-Gbagbo.

M. Odinga, envoyé de l'Union africaine (UA), a écarté tout partage du pouvoir en Côte d'Ivoire, mais, estimant qu'il ne fallait pas laisser de "vide", il a souhaité qu'une nouvelle mission y revienne "dès que possible".

M. Gbagbo est menacé d'être renversé militairement par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), s'il ne cède pas de lui-même le pouvoir à M. Ouattara, reconnu comme le président ivoirien légitime par la communauté internationale.

"Si la force est utilisée en Côte d'Ivoire, ce sera pour enlever Laurent Gbagbo", a déclaré M. Ouattara à la télévision française France 24, écartant "les risques de guerre civile" évoqués par le camp adverse.

Les médiateurs avaient annoncé que M. Gbagbo s'était engagé à lever "immédiatement" le blocus du Golf hôtel d'Abidjan, servant de quartier général à M. Ouattara et son gouvernement.

Mais mercredi matin, les barrages des Forces de défense et de sécurité (FDS) fidèles à M. Gbagbo, installés sur la route menant à l'hôtel, étaient toujours en place, a constaté une journaliste de l'AFP.

AFP/archives

Le président ivoirien proclamé Laurent Gbagbo le 28 décembre 2010 à Abidjan

Sous protection de 800 Casques bleus et d'éléments de l'ex-rébellion alliée à M. Ouattara, il est soumis à un blocus routier depuis le 16 décembre, quand une marche du camp Ouattara sur la télévision d'Etat avait été réprimée, faisant de 11 à 30 morts selon les sources.

Son ravitaillement est en partie assuré par des hélicoptères de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci).

L'Onuci, accusée de soutenir militairement le camp Ouattara et dont M. Gbagbo a exigé le départ, a réclamé mercredi "l'arrêt immédiat" de la campagne médiatique menée contre elle à la télévision d'Etat RTI, pilier du régime.

Outre sa promesse de lever le blocus, M. Gbagbo s'est dit prêt à négocier "sans préconditions" une "issue pacifique" à la crise née de la présidentielle du 28 novembre.

La Côte d'Ivoire est depuis déchirée entre deux chefs d'Etat: M. Gbagbo, proclamé élu par le Conseil constitutionnel et M. Ouattara, déclaré vainqueur par la Commission électorale indépendante (CEI) et les Nations unies.

Pour le camp Ouattara, la seule issue possible est le départ dans les plus brefs délais du président sortant, accusé de vouloir "gagner du temps".

La crise et la peur d'affrontements dans le pays poussent les Ivoiriens à le quitter chaque jour plus nombreux: quelque 22.000 ont fui au Liberia, en majorité des femmes et des enfants, selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

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