23 janvier, 2011

Centrafrique: appels au calme pour les élections critiquées par l'opposition

BANGUI (AFP)

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Affiche électorale du président sortant François Bozizé, le 20 janvier 2011 à Bangui, en Centrafrique

Des appels au calme ont été lancés pour les élections présidentielle et législatives de dimanche en Centrafrique, pays miné par des années d'instabilité et dont le président sortant, François Bozizé, donné favori, est accusé d'intentions de fraudes par son opposition.

Au total, quelque 1.500 observateurs (1.300 nationaux, plus de 200 internationaux) superviseront ces élections pour lesquelles 1.889.000 électeurs sur 4,4 millions de Centrafricains sont appelés aux urnes dans plus de 4.600 bureaux de vote de 06H30 à 16H00 locales (05H30-15H00 GMT).

Samedi, le président de la Commission électorale indépendante (CEI), Joseph Binguimalé, a invité au calme: en cas de contestations, "que le règlement se fasse par la voie légale", a-t-il dit, au lendemain d'un appel du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, à des élections "crédibles" et au respect de leurs résultats "par tous les candidats" qui, pour la présidentielle, sont au total cinq en lice.

Des "contestations" post-électorales, si elles n'étaient "pas gérées en toute responsabilité, peuvent créer des conditions de déstabilisation du pays", a estimé Cephas Germain Ewangui, chef de la mission des observateurs de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC).

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Préparatif pour les élections de dimanche, le 21 janvier 2011 à Bangui en Centrafrique

La campagne électorale, qui s'est terminée dans la nuit de vendredi à samedi, s'est déroulée sans incident violent majeur, voire, selon plusieurs observateurs, "sans beaucoup de mobilisation".

Arrivé au pouvoir en 2003 par un coup d'Etat puis élu en 2005, M. Bozizé, qui a sillonné le pays, a conclu sa campagne à Bangui par un meeting dans un stade devant 4.000 à 5.000 personnes.

Se présentant comme "rassembleur", "bâtisseur" ou garant de la paix, il se montre confiant de l'emporter au premier tour, estimant que son bilan de sept ans de pouvoir est "positif" et connu du "peuple".

Ce scrutin, reporté d'avril 2010 à dimanche après de multiples négociations, doit être l'aboutissement du dialogue national amorcé en 2008 entre pouvoir, opposition et groupes rebelles après des années de violences et de multiples coups d'Etat. Mais les principaux adversaires de M. Bozizé ont mis en doute la régularité du scrutin.

L'ex-Premier ministre (2001-2003) Martin Ziguélé, seul candidat à avoir comme M. Bozizé fait campagne dans tout le pays, s'est offert un dernier meeting devant 1.000 à 2.000 personnes à Bangui.

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L'ancien président Ange-Félix Patassé, le 20 janvier 2011 à Bangui, en Centrafrique

"Depuis des mois, des fausses cartes d'électeurs circulent", accuse cet ancien assureur qui s'est forgé une réputation de bon gestionnaire.

"Si les élections sont claires, Bozizé sera battu au 1er tour. On n'acceptera pas le résultat si les élections ne sont pas claires", prévient-il.

Les listes électorales, que la commission électorale avait promis d'afficher 48 heures avant l'ouverture du scrutin, n'ont été affichées que samedi dans la matinée dans les bureaux de vote à Bangui, a constaté l'AFP.

L'ancien président Ange-Félix Patassé, renversé par M. Bozizé, a réalisé une campagne discrète mais reste selon certains observateurs son plus grand rival.

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Fiche-pays de la République centrafricaine où se déroulent dimanche des élections présidentielle et légisatives

"Bozizé va frauder 10% ou 20% des voix. Ce n'est pas grave, je le battrai quand même", clame-t-il. "Les Centrafricains sont derrière moi".

Jean-Jacques Demafouth, ex-ministre de la Défense et chef d'une des principales ex-rébellions ayant signé les accords de paix, craint lui aussi la fraude et souligne le manque d'observateurs.

Autant d'accusations que balaie François Bozizé: "L'opposition nous fait tourner en rond depuis un an et demi. (...) Mes adversaires ont été au pouvoir. Le pays a été saccagé, pillé. Aujourd'hui ils se présentent comme des anges. Ils ont fait couler le sang". Il affirme même craindre "que l'opposition en perte de vitesse puisse choisir la violence en dernier réflexe".

Les résultats provisoires devraient être annoncés dans les huit jours après le scrutin.

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