17 septembre, 2010

RECRUDESCENCE DU BANDITISME AU BURKINA FASO L’ECHEC D’UNE POLITIQUE SECURITAIRE ?


Le gendarme Kabré Koudougou Ismaël
a frôlé la mort à Sebba Ces derniers temps l’actualité a été marquée par des attaques meurtrières de bandits, notamment dans la région de l’Est, du Centre-Nord et dans la ville de Ouagadougou. Des cars de voyageurs permanemment attaqués au cours de leur trajet, des délinquants opérant dans les villes et au passage, ôtant la vie aux gens, voilà planté un décor peu reluisant de la situation sécuritaire dans le pays. Et pour dire vrai, le gouvernement n’a pas trouvé la bonne formule pour faire face au banditisme. Ne parlons pas alors d’Al Qaeda qui frappe aux portes ! Au secours, l’Etat prend congé de nous sans crier gare !
L’allure que prend le banditisme au Burkina Faso devient de plus en plus inquiétante, surtout que les forces de l’ordre n’arrivent plus à y faire face. Les attaques-bandits, la semaine dernière montre si besoin en était, que de nos jours c’est dans la panique et la peur que la population vit.
En effet, le 26 août dernier vers 9 h, la Compagnie de Transport Singbéogo (CTS) a été victime d’une attaque à mains armées sur la Nationale N°4 entre Fada N’Gourma et Pama. Comme dans un film fiction, le car, qui a aperçu les bandits, dans sa tentative de faire un demi-tour, a été arrosé par les balles meurtrières de ces derniers. Bilan : 2 morts et 7 blessés. L’un des morts est un des deux policiers qui escortaient le car dans cette zone réputée être dangereuse. Il est mort parce que son arme était enrayée. Yéro Boly, ministre de la Défense et Emile Ouédraogo, ministre de la Sécurité, on dit quoi ? Autre attaque, c’est celle qui s’est déroulée à Ouagadougou dans le quartier Pissy dans l’arrondissement de Boulmiougou. A l’espace d’une nuit, ce sont trois personnes que des bandits ont tuées. Une cuisinière, un vigile et une veuve qui revenait de son commerce. La cuisinière et la veuve ont été assommées et ensuite violées. Les circonstances de la mort du vigile ne sont pas encore connues. Mais, selon les informations, ce sont les mêmes bandits qui ont tué la cuisinière, qui ont aussi rendu visite au vigile.

Voilà des événements qui viennent démontrer les limites d’une politique sécuritaire d’un pays que des statistiques classent dans le « Top100 des pays où il fait bon vivre ». Les statistiques sont devenues ce qu’elles sont, taillables et corvéables à merci selon l’épaisseur de la bourse mais elles restent quand même aux antipodes de la réalité, visible à l’œil nu.

Et visiblement, on assiste à une limite objective de la lutte contre le grand banditisme qui prend de l’ampleur de jour en jour. Limite et incapacité des Forces de l’ordre à y faire face.

Si on prend l’exemple de l’attaque de l’axe Fada-Pama, on se demande objectivement si la question du banditisme est prise au sérieux.

Comment peut-on prendre la décision d’escorter un car avec seulement deux policiers, de surcroît moins armés que leurs adversaires. Certes, l’escorte est faite en fonction de la demande de la compagnie de transport, mais il faut reconnaître que l’Etat s’il veut faire face au banditisme, doit mettre les moyens afin de doter les compagnies de voyage d’escorte conséquente.

La deuxième raison qui nous fait douter du sérieux de cette lutte contre le banditisme, est le manque de communication efficace dont disposent les forces de l’ordre. C’est impuissamment que les Forces de l’ordre ont observé les délinquants prendre la fuite. Venus pour la pourchasse des délinquants, les forces de l’ordre ont été stoppées dans leur course par les buissons. Tout de même, comment veut-on prétendre traquer des bandits qui ont pris la bourse, avec un véhicule à quatre roues. C’est la population qui est venue à leur aide en leur donnant des motos afin qu’ils puissent surmonter les obstacles naturels qui se présentaient à eux.

Alors, pendant que nous y sommes, où sont passés les fameux gyrocoptères payés à coup de millions pour faire face aux bandits en pareille circonstance ? Voilà qui vient réconforter les défenseurs de la thèse selon laquelle ce joyau n’est ni plus ni moins qu’une inutilité dans le cadre de lutte contre le banditisme.

Il faut que l’Etat assure le premier de ses devoirs aux citoyens : la sécurité. Que ce soit la Brigade Anti-Criminalité (BAC), que ce soit la police de proximité, toutes autant qu’elles sont et malgré les campagnes de communication de grande envergure pour montrer leur compétence, aucune n’a pas pu véritablement freiner la recrudescence du banditisme. En ville, en campagne, sur les axes, les bandits continuent leur sale boulot au grand malheur des populations, qui souvent face à l’impossibilité des forces de l’ordre se font eux même justice avec bien sûr ce que cela a comme conséquence.

Que dire aussi de ces délinquants de grand chemin, arrêtés et condamnés pour aux moins 6 ans et qui ne font que quelques mois dans les Maisons d’arrêt et de correction. Face à cela, un responsable de la police aux cours d’un point de presse a laissé entendre que « la MACO est une passoire pour les délinquants ». Le même responsable, lors d’un autre point presse auquel on devait présenter des délinquants, était étonné de constater que le chef de gang, qui avait été condamné à 6 ans, n’avait purgé que quelques 3 mois avant d’être libéré. Dépassé par cet état de fait, le commissaire a demandé au délinquant libéré et à nouveau arrêté comment il a pu être libéré. Ce dernier sans gêne a tout simplement répondu qu’il a été libéré. Ca veut dire ce que ça veut dire.

Comment alors, pendant que les dons et autres cadeaux prodigués dans le domaine de la Sécurité se multiplient sans effet sur la sécurisation des populations, être en mesure de faire face à al Qaeda au Sahel ?

Pénurie de gaz: le casse-tête des gérants de kiosques et restaurants


La pénurie de gaz qui sévit depuis plusieurs semaines maintenant dans la capitale burkinabè n’a pas affecté que les ménages. Des grands restaurateurs, des gérants des kiosques, cafés, restaurants et maquis, ressentent sévèrement ce manque de gaz butane et le renchérissement du charbon et du bois de chauffe. Certains sont même contraints de changer leurs menus classiques. Constat d’une équipe de Fasozine, ce mercredi 16 septembre 2010.

Tantie Eveline est gérante d’un kiosque restaurant au secteur N°9, de Ouagadougou. Avec le manque de gaz, elle a dû revoir la composition de certains de ces plats dont raffolaient, pourtant, ses clients. «Maintenant qu’il faut que je fasse la cuisine avec du charbon de bois, je ne fais plus de sandwich à la viande hachée. Je l’ai remplacé par du poisson, parce que, déjà fumé, il cuit plus vite», révèle-t-elle, dépitée. De même, cette dame qui déplore un manque à gagner important , a recomposé sa carte. Désormais, presque tous ces repas sont faits à base de poisson. «Avant, le riz gras, je le proposais avec soit de la viande, soit du poisson, maintenant ce n’est plus possible », affirme-t-elle, d’un air morose.
Bénédicte Ouédraogo, elle ne rencontre pas les mêmes difficultés que sa consoeur. Dans son kiosque, elle ne sert que du thé et du café. «Je n’utilise pas de gaz, le charbon de bois me suffit amplement. Il est vrai que son prix est élevé actuellement mais pour chauffer de l’eau, je ne dépense pas plus de 200 francs CFA de charbon par jour». Non loin du kiosque de Mlle Bénédicte, Jean-Marie, un grilleur de viande, nous confie que son voisin, propriétaire d’un kiosque aurait mis la clé sous la porte, ses clients l’ayant abandonné parce que l’eau qu’il servait pour le thé n’était plus bien chaude. «Ses clients, las de prendre leur café avec de l’eau tiède, se sont rabattus sur un autre kiosque, dont le gérant dispose encore de gaz, et propose de l’eau bouillante aux amateurs de thé et de café», a signifié le grilleur de viande. Chez Diallo, un kiosque situé au quartier Kamsaoghin de Ouagadougou, réputé pour ses spaghettis et son plat de foi sauté, il n’y avait que des omelettes à se mettre sous la dent, le mardi 14 septembre dernier. «Nous n’avons plus qu’une bouteille de gaz qui est presqu’épuisée elle aussi, donc nous ne pouvons plus cuisiner d’autres plats, en dehors des œufs», se désole un des employés de Diallo. Cependant, dans la plupart des kiosques et café restaurants, les propriétaires ou gérants se sont adaptés à la pénurie de gaz, pour ne pas perdre leurs clients. En désespoir de cause, ils ont jeté leur dévolu sur le charbon de bois ou le bois de chauffe.

Cours de vertu pour 200 policiers municipaux



Du 16 au 17 septembre 2010, deux groupes de 100 agents de la Police municipale seront formés à Ouagadougou, sur les méfaits de la corruption au Burkina. A l’issue de cette formation une cinquantaine de jeunes volontaires seront recrutés pour étoffer les policiers municipaux dans leurs tâches quotidiennes.

Les différents rapports périodiques d’organisations internationales de lutte pour l’intégrité et la transparence citent régulièrement la police parmi les institutions dont les agents sont particulièrement associés aux faits et pratiques de corruption, (cf. les rapports de Transparency international). Ici au Burkina, le rapport du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) sur l’état de la corruption classe annuellement la police dans les trois (3) premières institutions nationales où le nombre d’agents fortement perçus comme participant à la corruption est élevé. Ces préjugés sur la Police municipale préoccupent les premiers responsables de la structure de Ouagadougou, notamment son directeur général, Clément Ouongo.

Dans une recherche de solutions, ces responsables ont demandé au REN-LAC, un appui en formation de leurs agents. L’objectif est de former les policiers municipaux à « résister et à s’opposer à la corruption ». Cette formation leur permettra de distinguer les principales formes de corruption en cours dans la Police au Burkina, d’exposer les conséquences de la pratique de la corruption pour l’institution de la Police et de la communauté municipale.

Ils discuteront également des mesures individuelles et collectives de la police contre la corruption à Ouagadougou, et résumeront les mesures législatives et règlementaires de lutte contre la corruption ici au Faso. Au regard du nombre élevé, les 200 agents seront divisés en deux groupes, et la formation va se dérouler en deux jours. Un premier groupe de 100 sera concerné par la formation le 16 septembre et le 17 ; le second subira la même formation sur les mêmes modules.

Ces flics seront enseignés sur le concept de corruption, la petite et la grande corruption et leurs formes de manifestation. Ils seront également sensibilisés sur les conséquences de la corruption sur le développement économique, social de l’Administration publique et de la bonne gouvernance. Par ailleurs, les policiers seront soumis à des exercices. Ils mettront en pratique les problèmes ou les mauvais comportements observables dans leur lieu de travail (où à l’occasion de l’exécution de leur travail) qui peuvent être sources de corruption ou qui favorisent la corruption.

A l’issue de cette formation, la Police municipale devrait « s’inscrire dans la politique de la bonne gouvernance de notre pays. Car leurs contacts avec la population ne doivent pas être uniquement des conflits permanents », comme l’a souligné Clément Ouongo. Il a par ailleurs ajouté que son institution recrutera une cinquantaine de jeunes chômeurs pour réguler la circulation et sensibiliser la population sur la sécurité publique.

L’engagement de ces jeunes volontaires permettra de libérer les policiers pour d’autres tâches. Cette formation a été assurée en partie par le REN-LAC. Il s’agit de la partie prise en charge des formateurs, le matériel pédagogique du formateur (documents, microordinateur et vidéoprojecteur) et l’autre volet (frais de location de la salle de formation, les matériels des apprenants (blocs-notes, stylos), pause santé et déjeuner par la Direction de la Police municipale.

1 204 agents de sécurité au service de la Nation


La sortie officielle des promotions 2007-2010 et 2008-2010 de l’Ecole nationale de la police s’est tenue, le jeudi 16 septembre 2010 à Ouagadougou sous le thème "La formation à l’école nationale de la police à l’heure de la sécurité nationale intérieure". 1 204 élèves-policiers, dont 821 de la police nationale, 332 de la garde de sécurité pénitentiaire et 51 agents des polices municipales de plusieurs collectivités territoriales, ont reçu leurs parchemins de fin de formation lors d’une cérémonie pleine de couleur.

La famille de la sécurité s’est agrandie en ce jeudi 16 septembre 2010. 1 204 "flics" de toutes grades confondues de la police nationale, de la garde de sécurité pénitentiaire et de la police municipale ont reçu leurs diplômes à l’Ecole nationale de la police (ENP) lors d’une cérémonie qui a pris l’allure "d’un 11-Décembre" en présence du Premier ministre, Tertius Zongo. Exécution de l’hymne national, revue de troupes, allocution, défilé, ont été les grands moments de cette sortie des promotions 2007-2010 et 2008-2010.

Pour le délégué des lauréats, l’élève commissaire, Mahama Ouattara, cette journée marque un tournant décisif dans leur vie en ce qu’elle marque le début de carrière pour les uns, et une nouvelle aventure pour les autres. Au nom de ses camarades de la promotion "Dévouement-discipline-professionnalisme", Mahama Ouattara a remercié le patron de la cérémonie, Tertius Zongo et son gouvernement pour tous les moyens mis en œuvre pour la réussite de leur formation.

Selon le directeur de l’école, le commissaire Paul Sondo, la mise à disposition de ces effectifs en fin de formation a été possible grâce aux efforts du gouvernement à travers des investissements divers. Il s’agit de l’accroissement des capacités d’accueil, l’amélioration des conditions d’internement des élèves issus du concours direct, la couverture sanitaire des élèves et l’introduction d’un voyage d’études.

Cette bonne volonté de l’Etat explique, à entendre le commissaire Sondo, le bon résultat enregistré par l’école en 2010. Sur un total de 1 248 élèves, 1 204 ont été déclarés dignes de recevoir leurs parchemins, 31 ont repris leurs classes, neuf exclus pour atteinte au règlement intérieur de l’école et quatre élèves ont perdu la vie au cours de leur formation. Toutefois, a relevé le directeur de l’ENP, Paul Sondo, beaucoup reste à faire pour insuffler plus de dynamisme à la formation.

La nécessité de l’adoption des textes régissant la direction générale de l’école pour permettre le fonctionnement du cycle supérieur en voie d’ouverture, l’amélioration de l’assainissement des bâtiments de l’internat, le renforcement des capacités de la composante "Police auto-école", sont entre autres défis à relever.

Une police exemplaire et disciplinée

Le parrain de la promotion, Jean Christophe Ilboudo, secrétaire permanent des Engagements nationaux, tout en reconnaissant que l’ENP reste un maillon important de la stratégie sécuritaire du pays, a félicité ses filleuls pour leur palmarès. Il leur a prodigué des conseils et les a invités à être des agents exemplaires dans l’exercice de leur métier. "Il s’agira à cet effet, dans votre comportement et dans vos actes quotidiens, de vous plier volontiers aux exigences de l’Etat de droit et de la démocratie, pour mieux vous hissez au service exclusif du bien-être de nos populations et du bien commun", a soutenu le parrain.

Il les a exhortés à être des vecteurs d’une police plus présente, plus respectable et plus efficace, à cultiver la discipline et le don de soi, à affronter les outrages avec calme, équité, justice, largeur d’esprit et rectitude. Le ministre de la Sécurité, Emile Ouédraogo, a indiqué la volonté de son département à faire de la police un corps discipliné et vivant en harmonie avec la population. "Notre vision de la police au sein d’un Etat démocratique appelle forcément un changement de mentalités.

Il ne s’agit plus pour la police d’appliquer la même méthode coloniale ou néocoloniale qui consistait à terroriser les populations pour les rendre serviles, dociles et disciplinées", a prévenu le ministre de la Sécurité. Selon le colonel Emile Ouédraogo, ses hommes doivent constituer un véritable appareil de protection des populations, des libertés publiques et des institutions. Pour être à la hauteur de la tâche, les agents de sécurité doivent être toujours attachés à la formation continue et à l’auto-formation, a soutenu le ministre Ouédraogo.

L’un des moments forts de cette cérémonie a été le défilé qui a permis à l’Ecole nationale de la police d’exposer son savoir-faire et savoir-être aux membres du gouvernement et aux invités. Police nationale, Garde de sécurité pénitentiaire (GSP), Compagnie républicaine de sécurité (CRS) conduites par la fanfare nationale ont offert un spectacle plaisant. Le dernier acte de la sortie a été la plantation de l’arbre des promotions par, Tertius Zongo.

Calvaire des populations, bataille juridique entre anciens partenaires


Depuis près d’un an, l’unique station d’essence de la ville de Toma a définitivement cessé ses services. Dans cette localité située à 200 kilomètres de Ouagadougou, dans la Boucle du Mouhoun, un véritable marché de vente de carburant en détail, parfois frelaté, s’est développé, accompagné d’une augmentation incontrôlée du prix de ce produit de grande consommation. Face à cette situation, la commune a pris certaines mesures, qui permettront de faire redémarrer les activités de la station avant la fin septembre 2010, et soulager ainsi les consommateurs.

A partir de 2005, les populations de Toma et des villages environnants constates avec amertume, les arrêts intempestifs de fonctionnement de leur unique station d’essence TOTAL. Cette situation perdure jusqu’en fin d’année 2009, date à laquelle la station met définitivement la clé sous le paillasson. Si le 1er adjoint au maire de Toma, Richard Ki, parle d’une mauvaise gestion qui a conduit à cette malheureuse situation, le gérant de la station lui-même, Dramane Zerbo (joint par téléphone) évoque pour sa part, une défaillance du matériel de travail.

A l’entendre, pendant les 20 ans qu’il a géré la station, ce n’est seulement qu’en 2004 que les pièces des équipements de la station ont commencé à se détériorer. « Cela fait 30 ans que je travaille dans la gestion des stations d’essence, dont 20 ans d’exploitation de la station de Toma. Au début, c’était TEXACO, ensuite ELF et après TOTAL.

La fermeture de la station de Toma est due à une défaillance de la tuyauterie, des appareils et des cuves percées. Les fûts sont des installations de 5 à 15 ans », a-t-il expliqué. Selon M. Zerbo, c’est suite à cette détérioration du matériel, qu’il a enregistré de grandes pertes financières dans la gestion et par conséquent, des ruptures dans le service.

« Pour éviter la faillite, j’ai vendu mes maisons qui étaient à Bobo-Dioulasso et j’ai même mis les recettes de mon hôtel, mais rien n’y fit », a-t-il ajouté. Pour lui donc, la fermeture de la station de Toma et des quatre autres qu’il gérait à Gassan (dans le Nayala), Tougan, Niassan et Kiembara (dans le Sourou), relève d’« une négligence de Total » plutôt que d’une quelconque mauvaise volonté. Le directeur général de TOTAL Burkina, Thibault Flichy, que nous avons eu au téléphone a infirmé ces accusations. En effet, a-t-il dit, la résiliation des 5 contrats de location/gestion des stations dont celle de Toma, découle uniquement des multiples plaintes des autorités communales et des consommateurs, suite aux ruptures intempestives des services.

« Des recherches que nous avons menées, il s’est avéré que les plaintes étaient fondées et comme TOTAL a une mission de service public, nous étions obligés de résilier les 5 contrats dans le premier semestre de l’année 2010 et confier la location de la station à un autre particulier », a-t-il expliqué. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le manque de station d’essence à Toma a causé beaucoup de désagréments, tant aux populations qu’aux services déconcentrés et décentralisés de la province (6 communes/départements et 13 services déconcentrés).

Pour le haut-commissaire de la province du Nayala, Mme Désirée Marie Chantal Boni, le manque de carburant constitue une grosse épine que la province traîne dans les pieds. A ce titre, le Centre médical avec antenne chirurgical (CMA) dit être touché de plein fouet par cette pénurie. Le Docteur Lazare Bénao, médecin-chef adjoint du district sanitaire de Toma, cite entre autres désagréments, le problème de carburant pour l’évacuation des malades dans le district et hors de la province, la supervision et le ravitaillement des Centres de santé et de promotion sanitaire (CSPS) en matériel et autres consommables.

« On est souvent obligé de consommer du carburant pour aller chercher du carburant jusqu’à Koudougou. Les engins des CSPS vont dans les districts des provinces voisines, pour chercher de l’essence », a-t-il indiqué. Cette situation est d’autant plus inquiétante pour lui, qu’avec les fréquentes coupures d’électricité, le manque de carburant serait « un désastre rien qu’à imaginer l’arrêt du groupe électrogène qui relaye l’alimentation du service afin d’éviter la détérioration des vaccins ».

Vient s’ajouter le bloc opératoire pour les urgences comme les césariennes. « Nous avons des vies humaines à sauver et rien ne peut faire mal à un agent de santé que de ne pouvoir rentrer avec une femme au bloc pour lui sauver la vie », souligne le Dr. Bénao. Outre les services déconcentrés de la province, s’ajoutent les sociétés de transport en commun, étant donné que Toma est une ville-carrefour entre Koudougou, Dédougou, Yako et Tougan.

Les véhicules sont donc obligés de prendre dans ces villes, le carburant nécessaire pour faire l’aller et le retour de Toma, afin d’éviter des pannes sèches. Le problème du carburant à Toma touche également l’économie et partant, le développement de la province. En effet, aussi bien les services de la fiscalité que les autorités communales et provinciales, tous admettent que les recettes de la province ont pris un coup sérieux dû à la fermeture de la station et à l’absence de nombreux projets et activités dont la mise en œuvre est compromise par cette situation.

Le malheur des uns…

Les ruptures intempestives du carburant et par la suite, la fermeture de la station ont constitué pour certains, une opportunité de bonnes affaires à travers la vente du carburant en détail. Cette activité s’est vite développée dans la ville aux fins de satisfaire la demande des consommateurs. « Nous achetons notre carburant à la SONABHY à Bobo-Dioulasso qui le fait sortir dans des citernes et nous, nous le mettons dans des barriques pour les amener à Toma. Nous vendons en détail par litre ou demi-litre mais aussi par barrique pour ceux qui veulent eux aussi, le vendre en détail ailleurs », confie Denis Sya, qui dit avoir commencé la vente bien avant la fermeture de la station.

A l’entendre, les affaires prospéraient au début parce qu’il pouvait vendre plusieurs barriques par jour. Avec la multiplication des détaillants, a-t-il soutenu, le chiffre d’affaires a beaucoup baissé. Il précise cependant que malgré tout, il arrive que le carburant manque dans la ville. Relwendé Louis Genguiéré, un autre détaillant et l’un des clients en gros de Denis Sya dit également prendre son carburant à Dédougou pour le revendre. Même si aucun d’entre eux ne dispose d’autorisation de vente, chacun déclare payer régulièrement ses taxes.

« J’ai payé la patente et chaque fois que les agents de la perception passent, je paie mes taxes », a déclaré M. Genguiéré. Pour cette source d’approvisionnement autre que la station d’essence, le carburant coûte aux consommateurs la peau des fesses. En effet, si le carburant est vendu au plan national à 675 F CFA le litre du super 91 et 680 F celui du mélange, le premier coûte entre 725 et 800 F CFA le litre et le second entre 775 et 800 F soit une différence de 75 à 125 F CFA.

« Maintenant même ça va. Par moment, on payait le litre à 900 F CFA », disent les uns et les autres. Qu’à cela ne tienne, la qualité de ce produit de grande consommation est sérieusement contestée dans la commune. Au-delà de ces prix exorbitants, Prosper Ramdé, un instituteur en poste à Toma, pose le problème en d’autres termes. « On a toujours des problèmes avec nos engins.

De toute façon, celui qui veut que son engin dure a intérêt à éviter de prendre le carburant de Toma », lâche-t-il. A cet effet, même si les vendeurs eux-mêmes trouvent « irréprochable », la qualité de leur produit, les mécaniciens par contre, émettent des réserves. « C’est normal qu’un engin se gâte, mais les pannes répétées des motos s’expliquent par le fait que le carburant a été mal conservé ou mal dosé pour le mélange », précise Hamado Paré, mécanicien d’engins à deux roues.

La fin du calvaire pour septembre ?

Vendu à ciel ouvert, souvent dans des barriques exposées au soleil, le commerce du carburant en détail se fait dans un cadre non structuré, informel, au vu et au su des autorités communales, malgré le danger que constitue ce produit inflammable. « Aucune autorité ne va donner une autorisation de vente de carburant en détail comme c’est le cas.

C’est vraiment très dangereux, mais comme nous ne pouvons pas les empêcher non plus, nous les regardons », se contente de dire le 1er adjoint, Richard Ki. Pas d’autorisation, mais parce qu’ils occupent la place publique, a-t-il poursuivi, les collecteurs prennent les taxes comme c’est le cas chez les petits commerçants. « A défaut de sa mère, on tête sa grand-mère », a-t-il ajouté, craignant naturellement la fougue des populations si la commune interdit ce commerce, quoique illégal.

En tous les cas, c’est le « système D » (dernier recours) pour ceux qui ont encore le choix en faisant venir leur carburant par les transporteurs. Mais la majorité des 174 189 habitants de la province (selon les statistiques 2009 de l’INSD) qui consomment pour des raisons diverses, les produits pétroliers, vit depuis près d’un an, la croix et la bannière, malgré les multiples plaintes.

A ce propos, Richard Ki confie que la commune a été maintes fois interpellée par les consommateurs, les syndicats mais aussi les ressortissants qui viennent pour des séjours relativement brefs. « On a ainsi initié des correspondances avec TOTAL afin qu’elle prenne des mesures pour remédier à la rupture. Nous avons aussi pris contact avec d’autres opérateurs comme PETROFA.

Cette dernière nous a demandé un terrain que nous lui avons trouvé mais nous ne l’avons malheureusement jamais revue », soutient M. Ki. TOTAL ayant résilié le contrat de l’ancien gérant de la station, Dramane Zerbo, elle a trouvé un nouveau, en la personne de Mohamed Kaboré, pour qui la station doit en principe commencer à fonctionner en septembre.

L’entrepreneur Adama Traoré que nous avons trouvé sur le site de la station en réhabilitation, le 20 août dernier, confie que tout a été remis à neuf puisque, explique-t-il, « le travail de génie civil que nous avons fait a consisté à nettoyer les cuves et à réhabiliter tout le bâtiment et les appareils de la station. Nous attendons de nouvelles pompes qui arrivent incessamment ».

De plus, la commune a octroyé un autre terrain à la société PETRODY dont le gérant, Adama Semdé (joint au téléphone) a promis débuter ses services avant la fin de l’année en cours, avec des travaux de construction déjà avancés.

Démission du Directeur général de TELECEL FASO : La mise au point du Président du Conseil d’Administration


Suite à notre publication du mercredi 15 septembre 2010 faisant état de la démission du Directeur général de TELECEL FASO Moussa Sanfo, nous avons reçu un rectificatif de ladite société signé par le Président du Conseil d’Administration. Dans cette correspondance, TELECEL FASO fait savoir que notre "déclaration est inexacte". Il s’agit plutôt selon le président du Conseil d’Administration, « d’ une rupture du contrat de travail de Monsieur Sanfo Moussa à l’initiative de l’employeur » ...

... avec pour conséquence, le payement des droits de l’intéressé que TELECEL FASO s’active à régler selon des sources provenant de cette société.

Dans tous les cas, TELECEL FASO entend se prononcer publiquement sur cette affaire dans les prochains jours.