30 décembre, 2010

PS et UMP nient avoir touché de l'argent d'Omar Bongo

AFP

Le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre et son porte-parole adjoint Dominique Paillé (D) s'expriment lors du point presse hebdomadaire le 26 avril 2010 à Paris.
Le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre et son porte-parole adjoint Dominique Paillé (D) s'expriment lors du point presse hebdomadaire le 26 avril 2010 à Paris. Emmanuel Glachant AFP/Archives

Sans surprise et dans une belle unanimité, les deux principaux partis politiques français, l'UMP et le PS, ont nié jeudi avoir touché des fonds de l'ex-président gabonais Omar Bongo, soupçons relayés par un nouveau câble de WikiLeaks.

Selon des notes diplomatiques américaines divulguées par le site internet et rendues publiques mercredi par le quotidien espagnol El Pais, près de 30 millions d'euros auraient été détournés de la Banque des Etats d'Afrique centrale (BEAC) par le défunt président gabonais Omar Bongo.

Si ces fonds étaient principalement destinés au dirigeant et à son entourage, ils auraient aussi servi à financer plusieurs partis politiques français des deux camps "surtout à droite, en particulier à (l'ancien président Jacques) Chirac mais aussi (Nicolas) Sarkozy", selon ces mêmes notes.

Interrogé par l'AFP, le trésorier du PS, Régis Juanico, a assuré que son mouvement "ne se sent en rien concerné par ces affirmations", notant au passage que "seuls des noms de droite sont cités".

De son côté, le porte-parole de l'UMP, Dominique Paillé, a affirmé que "tout cela est totalement fantaisiste", invitant "d'autant plus à la prudence que les notes citées utilisent le conditionnel, ce qui démontre la très grande fragilité de ces accusations".

L'Elysée n'a pas réagi, conformément à la règle qu'il s'est fixée de ne pas répondre aux allégations du site internet.

L'information relayée par WikiLeaks avait été donnée quatre jours après la mort de M. Bongo, en juin 2009, par un haut fonctionnaire de la BEAC à un diplomate de l'ambassade américaine au Cameroun.

Celle-ci n'a toutefois pas été "en mesure de vérifier la véracité de l'accusation" visant des responsables hexagonaux.

Des rumeurs de financement de la vie politique française par Omar Bongo ont très souvent circulé, en France comme sur le continent africain, sur fond de relations privilégiées entre l'ancien dirigeant gabonais, au pouvoir depuis 1967, et une grande partie de la classe politique de l'ex-puissance coloniale.

Après la mort de Bongo, l'ancien président Valéry Giscard d'Estaing avait spectaculairement rompu le silence entourant officiellement ce sujet en affirmant que le président gabonais avait financé en 1981 la campagne présidentielle de Jacques Chirac.

"Moi j'étais président de la République à l'époque", avait-il raconté sur Europe 1. "J'ai appelé Bongo et je lui ai dit : +vous soutenez actuellement la campagne de mon concurrent+ (Jacques Chirac), alors il y a eu un temps mort que j'entends encore et il m'a dit: +Ah, vous le savez+, ce qui était merveilleux".

Jacques Chirac avait plus tard dénoncé des propos "dénués de tout fondement" et ne relevant que "d'une médiocre polémique".

"Nous savons tous précisément qu'Omar Bongo a financé de nombreuses campagnes électorales à droite mais aussi à gauche, parfois, peut-être. On l'a entendu dire. Je crains hélas que cela soit un peu vrai, y compris concernant la gauche", avait reconnu pour sa part le député PS André Vallini.

Réagissant aux notes divulguées par WikiLeaks, Michel de Bonnecorse, ancien conseiller Afrique de Jacques Chirac à l'Elysée (2002-2007), y a vu "un écran de fumée livré aux diplomates américains".

"Si le président Bongo voulait distribuer de l'argent, il avait tous les moyens +gabonais+ pour le faire", a ajouté l'ancien diplomate interrogé par LePost.fr. "Pour quelle raison serait-il passé par la BEAC, un organisme qui n'est pas gabonais avec des contrôleurs étrangers, et notamment des inspecteurs des finances français?"

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