29 décembre, 2010

Pour un meilleur accès aux soins au Burkina Faso

hns-info.net Julien Potet, responsable de plaidoyer « Services essentiels » (éducation et santé) pour Oxfam France revient d’un voyage de 15 jours au Burkina Faso où il a étudié le système de santé local. Ses conclusions vont alimenter un rapport d’Oxfam à paraitre mi-2011 sur les systèmes de santé dans les pays en voie de développement.

QUEle est la situation du système de santé au Burkina Faso ?

Le Burkina Faso, comme beaucoup de pays de la sous région ouest-africaine, pratique une politique de tarification de la plupart des actes médicaux. En conséquence, les populations les plus pauvres consultent rarement et souvent très tardivement. On constate que la mise en place de mécanismes d’exemption pour les catégories les plus vulnérables amène de vraies améliorations. Ce devrait être le cas par exemple des enfants de moins de 5 ans : on le voit dans les quelque districts sanitaires qui proposent à titre pilote des soins gratuitement aux enfants : le nombre de consultations a été multiplié jusqu’à 6 ! Et de nombreux cas de malnutrition modérée ont été dépistés à un stade précoce, avant qu’il ne soit trop tard !

Si le nombre de personnels de santé qualifiés formés a nettement augmenté, il reste encore mal réparti au plan géographique. Les zones rurales ont de grandes difficultés à garder leur personnel soignant. On assiste peu à peu à l’émergence d’un système de santé à double vitesse : des cliniques privées se développent dans les grandes villes pour une clientèle aisée, tandis que les populations les plus pauvres, en particulier dans les villages, n’ont, au mieux, accès qu’à des soins de santé de base.

Quelles sont les politiques de santé mises en place pour améliorer la situation et avec quels effets ?

Le Burkina Faso a conscience qu’une partie de sa population a un accès aux soins très limité. Pour remédier au déséquilibre géographique, le gouvernement a commencé à régionaliser le recrutement de ses agents de santé : les régions sous dotées en personnel deviennent alors plus attractives pour les jeunes diplômés à la recherche d’un poste stable dans la fonction publique. Des primes vont aussi être distribuées aux personnels en fonction des résultats affichés par leur établissement. Ce mécanisme est un premier pas intéressant vers une revalorisation indispensable des salaires dans le public, afin de freiner la migration des professionnels de santé vers le secteur privé.

Le Burkina Faso va enfin élargir ses politiques d’exemption de paiement aux femmes enceintes, qui pourront bientôt bénéficier de soins totalement gratuits. En revanche, rien n’est encore prévu pour rendre plus abordables les soins pour les enfants. Les donateurs ont ici un rôle majeur à jouer pour aider le Burkina Faso à aller de l’avant dans ce domaine et atteindre l’Objectif du millénaire pour le développement (OMD) n°4 : la réduction des 2/3 de la mortalité infantile entre 1990 et 2015.

A quoi va servir le rapport réalisé par Oxfam ?

Notre travail sera d’abord utile pour les partenaires que nous avons rencontrés au Burkina Faso. Sur la base des nombreuses informations collectées, nous contribuerons au débat qui a lieu actuellement dans le pays sur les orientations à prendre en matière de santé. Le Burkina est l’un des rares pays à tenir l’objectif d’Abuja de consacrer 15% de son budget à la santé, c’est le signe d’un engagement politique fort. Le pays est maintenant à un tournant et doit promouvoir des politiques qui bénéficient au plus grand nombre.

Enfin, certains éléments que nous avons recueillis au Burkina seront intégrés dans un rapport global d’Oxfam sur la santé dans les pays du Sud, prévu pour la mi-2011 et, basé sur des études de cas réalisées aussi au Malawi, au Ghana, au Népal, etc. C’est en confrontant les expériences que chaque pays trouvera le meilleur chemin vers l’accès aux soins de qualité pour tous.

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