31 décembre, 2010

Paris dément les accusations d'espionnage des taliban afghans

PARIS (Reuters) - Les autorités françaises ont démenti samedi les accusations des taliban selon qui elles auraient ignoré leurs exigences pour libérer les deux journalistes de France 3, retenus en otages en Afghanistan depuis plus d'un an.

Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière et leurs trois accompagnateurs afghans ont été enlevés fin décembre 2009 alors qu'ils réalisaient un reportage pour le magazine "Pièces à conviction".

Selon un taliban interrogé par l'AFP en Afghanistan, Paris ne prête "pas beaucoup d'attention" aux conditions qu'ils ont fixées pour libérer les deux Français, qu'il accuse d'être des espions et d'avoir collecté des informations pour les services de renseignement dans la vallée de la Kapisa, au nord-est de Kaboul.

Si la France avait accepté ces conditions, les journalistes auraient déjà été libérés, estime Zabihullah Mujahid, qui se présente comme un porte-parole du mouvement taliban.

Ces propos contrastent avec les déclarations optimistes de plusieurs ministres français qui, depuis l'été, ont jugé à maintes reprises la libération des deux otages comme acquise voire imminente, en septembre, puis pour les fêtes de Noël.

Dans ses voeux du Nouvel An, Nicolas Sarkozy a promis vendredi soir de mobiliser "toutes nos forces" pour obtenir la libération des huit Français actuellement retenus en otage à l'étranger, dont les deux journalistes de France 3.

Pour le père de Stéphane Taponier, ce "jeu de déclarations" est "terrible".

"Tout ce que je sais, c'est que l'étau se resserre sur eux et qu'il faut tout faire pour obtenir leur libération", a-t-il déclaré au quotidien La Provence, qui publie ses propos sur son site internet samedi.

Dans un communiqué, le Quai d'Orsay a démenti "catégoriquement" les accusations d'espionnage venant "d'un soi-disant porte-parole taliban".

"MAUVAIS SIGNAL", DIT LE SNJ

"Depuis un an, les discussions se poursuivent sans relâche pour permettre à nos compatriotes de retrouver leurs familles sains et saufs (...) La détermination des autorités françaises reste aujourd'hui entière", ajoute le ministère.

Même démenti véhément à France Télévisions.

"Ces accusations sont infondées et ridicules. Hervé et Stéphane, deux journalistes aguerris, ont à leur actif de nombreuses années de reportages en France et à l'étranger", insiste un communiqué de la direction du groupe.

"On est inquiet", a dit sur RTL Thierry Thuillier, directeur de l'information de France Télévisions. "On aurait préféré un autre type de communiqué, annonçant leur libération".

"En même temps, on a un peu le sentiment que, en mettant la pression sur les autorités françaises, ils veulent se défausser de la longueur de la détention de nos confrères (...) C'est peut-être un message qui dit: 'accélérons les choses'. Moi, c'est ce que je veux croire", a ajouté Thierry Thuillier.

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) de France Télévisions a estimé que ces propos "résonn(ai)ent comme un mauvais signal" et le comité de soutien aux deux journalistes a fait part de son "malaise" devant cette surenchère.

Plusieurs manifestations ont été organisées mercredi à travers la France pour marquer la première année de détention en Afghanistan des deux journalistes et les familles de Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière sont sorties de leur silence à cette occasion.

Lors d'un rassemblement devant l'Hôtel de ville de Paris, la mère de Stéphane Taponier a réclamé "des signes forts d'une véritable mobilisation nationale".

"Les promesses passent, les semaines et les mois aussi. Nous ne voulons plus que le gouvernement ou l'état-major nous bercent avec des propos optimistes (...). Nous voulons du concret", a dit Arlette Taponier.

Selon certains médias et des membres du comité de soutien aux deux journalistes, les négociations buteraient depuis plusieurs semaines sur la libération de prisonniers taliban réclamée par les ravisseurs.

"On essaie chaque jour, centimètre par centimètre, de progresser", a souligné mercredi le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, sur France Inter, tout en faisant état d'une situation "difficile" sur le terrain.

Laure Bretton et Jean-François Rosnoblet

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire