29 décembre, 2010

Le savoir-faire français au service du pèlerinage à La Mecque

Le Point.fr Pour gérer ces flux complexes de millions de passagers, le royaume saoudien s'appuie sur la France.

Le savoir-faire français au service du pèlerinage à La Mecque

Les rassemblements dans les lieux saints de l'islam ont provoqué par le passé des milliers de morts lors de bousculades © Hassan Al Qarbi / Sipa

De notre envoyé spécial à Djeddah, Thierry Vigoureux

L'affluence dans les lieux saints de l'islam - La Mecque et Médine - à l'occasion du Hajj a provoqué par le passé des accidents avec des centaines, voire des milliers de morts lors des bousculades de 1990, 1994, 2004 et 2006. Les autorités saoudiennes ont pris des mesures draconiennes pour éviter que ces drames se reproduisent, en particulier en investissant massivement dans des moyens de transport et de surveillance.

Une première ligne de métro reliant les lieux saints va éviter à 50.000 voitures et bus de circuler. Ce monorail a été construit par un consortium mené par China Railways, où le groupe Thales a été chargé des automatismes. La ligne, longue de 18 kilomètres et d'un coût de 1,8 milliard de dollars, était réservée cette année, lors du rodage, aux pèlerins saoudiens et du Golfe.

Quatre cents kilomètres en TGV pour dix euros

Un appel d'offres a aussi été lancé pour un TGV La Mecque-Médine, une ligne longue de 444 kilomètres passant par Djeddah et son aéroport. Après le retrait de la Chine, seules la France (SNCF et Alstom) et l'Espagne (Talgo) restent en lice. Le contrat d'un montant de 10 milliards d'euros pourrait être attribué d'ici à la fin de l'année pour une première mise en service lors du Hajj de l'automne 2012. Le prix des billets pour chaque trajet a déjà été établi : deux euros pour le trajet de trente minutes de La Mecque à Djeddah et dix euros entre Djeddah et Médine pour une durée de deux heures et trente minutes. Les voyages seront donc fortement subventionnés par le royaume saoudien.

La firme française Thales, contrôlée par le groupe Dassault, a, par ailleurs, remporté le contrat de sécurisation des sites sacrés. La densité de la foule et sa vitesse de déplacement sont mesurées par des caméras qui génèrent différents niveaux d'alerte en cas d'incident. L'objectif vise à déceler les mouvements de foule qui pourraient conduire à des bousculades, à anticiper aussi des actions terroristes en détectant des comportements suspects.

ADP exploite le quatrième plus grand terminal au monde

La haute technologie intervient aussi dans les services aéroportuaires et aériens mis en oeuvre sur l'aéroport de Djeddah. Le terminal Hajj, conçu et exploité par Aéroports de Paris, est classé parmi les quatre plus grands au monde avec Pékin, Hong Kong et Dubaï. Ses dix hectares sont recouverts de chapiteaux sous lesquels des dizaines d'autocars peuvent débarquer les passagers à l'abri du soleil de plomb. Des brumisateurs et une ventilation naturelle générée par les auvents abaissent la température à moins de 30 °C. Comme de nombreux pèlerins ne savent pas lire ou n'utilisent pas de siège, l'aérogare a été aménagée en conséquence. Inutile de prévoir des banquettes que les pèlerins boudent, des espaces d'attente pour des groupes de 400 personnes ont été aménagés avec des coins pour la prière. Pour rejoindre le passage de l'immigration puis la porte d'embarquement, des itinéraires dessinés au sol font appel aux mêmes couleurs que les points de rendez-vous.

Côté piste, on ne trouve plus le musée de l'Air des appareils soviétiques vu il y a une décennie. L'aviation civile saoudienne y a mis de l'ordre, demandant des garanties et des cautions aux compagnies aériennes, un dispositif qui pourrait être imité par certaines autorités européennes laxistes vis-à-vis des charters. "Aujourd'hui, le Boeing 747-400 est le roi du ciel pour le Hajj", explique Mourad Majoul, P-DG de la société de courtage française Avico, "car cet avion, avec 500 à 580 sièges selon les versions, offre le meilleur coût au siège-kilomètre". Ce paquebot du ciel, un peu détrôné par l'Airbus A380 pour les lignes régulières, est largement disponible hors saison touristique. Il sert alors à acheminer les croisiéristes vers les paquebots qui naviguent aux Antilles. Le Boeing 747-400 de la compagnie espagnole Pullmantur, qui ramenait les pèlerins du Hajj de Djeddah vers l'Indonésie, n'est pas resté longtemps au sol. Ses rotations terminées, Avico l'a immédiatement réaffrété pour le compte de l'État français et pour rapatrier les enfants adoptés d'Haïti.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire