23 décembre, 2010

Homosexuels dans l'armée: peu d'interdictions, mais discrétion obligatoire

PARIS (AFP)

AFP/Archives

Un soldat américain en Afghanistan le 20 décembre 2010

Les militaires homosexuels vivent une situation assez confuse dans les armées occidentales, où ils ne sont pas proscrits mais souvent priés de rester "au placard", alors que Barack Obama vient d'abroger la loi sur le tabou gay dans l'armée américaine.

La Grande-Bretagne, qui n'autorise que depuis dix ans les homosexuels à servir ouvertement sous les drapeaux, fait désormais figure de précurseur: en mars, James Wharton, un soldat de 23 ans, a célébré son mariage avec son compagnon dans la caserne du prestigieux régiment de cavalerie de la Garde royale, à Londres.

James Wharton s'était déjà illustré en étant le premier soldat ouvertement gay à faire la couverture, en juillet 2009, du mensuel Soldier, magazine des forces armées britanniques. "Quand on part en mission en Irak, on peut difficilement être qualifié de +tapette+, les clichés habituels sur les gays ne s'appliquent pas vraiment", expliquait-il quand on l'interrogeait sur les réactions de ses camarades.

Au Danemark, premier pays au monde à autoriser en 1989 l'union civile entre homosexuels, la présence de soldats homosexuels ne pose aucun problème, pas plus qu'aux Pays-Bas ou en Suède, où une association des militaires gays, bisexuels et transgenres existe depuis 2001.

En France, l'armée ne prévoit aucune réglementation particulière en ce qui concerne les préférences sexuelles. Les homosexuels peuvent depuis 2000 occuper des fonctions d'officiers en Allemagne, ce qui n'était pas possible auparavant.

Dans la plupart des pays d'Amérique latine et du Sud, s'il n'y a plus de discrimination légale depuis la fin des dictatures, la tradition militaire et catholique reste hostile à leur présence des homosexuels dans l'armée.

AFP/Archives

Un militaire américain aux environs de Kandahar le 20 décembre 2010

Le chef de l'armée de terre brésilienne avait ainsi déclenché une polémique au début de l'année en estimant que les "troupes n'obéissaient pas normalement" à un homosexuel.

En Argentine, premier pays à autoriser le mariage gay du continent, le Congrès a récemment adopté un nouveau code de justice militaire qui dépénalise les pratiques homosexuelles.

Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a rappelé il y a quelques semaines qu'il n'y avait "aucune restriction" visant les homosexuels dans l'armée russe, mais leur situation reste difficile selon des associations.

"En Occident, les homosexuels se battent pour servir dans l'armée. En Russie, ils se battent pour ne pas y servir" en cherchant à échapper au service militaire obligatoire, juge cependant le militant gay Nikolai Alekseyev. "Etre homo dans l'armée russe, c'est mettre en danger sa vie".

En Grèce, les homosexuels sont contraints de cacher leur préférence sexuelle, s'ils ne veulent pas être bannis, selon une association d'homosexuels grecs et en Italie, l'orientation sexuelle doit rester une affaire privée.

Cette politique ressemble à celle officialisée aux Etats-Unis sous le nom "don't ask, don't tell" (ne rien demander, ne rien dire) et à laquelle Barack Obama, conformément à une promesse électorale, vient de mettre fin.

Lorsqu'elle avait été adoptée sous l'administration de Bill Clinton en 1993, elle était pourtant considéré comme un progrès, car si elle obligeait les gays à dissimuler leur homosexualité, elle interdisait aussi aux autorités de leur demander leur préférence sexuelle.

"Votre pays a besoin de vous, votre pays vous appelle et nous serons honorés de vous accueillir dans les rangs de la meilleure armée que le monde ait jamais connu", a déclaré mercredi M. Obama à l'adresse de ses compatriotes homosexuels, avant de parapher la loi autorisant les homosexuels à servir ouvertement dans l'armée américaine.

Au cours de la cérémonie, le président a cité un soldat américain, qui a selon lui résumé la situation: "Il y a un homosexuel dans notre unité. Il est fort. Il est méchant. Il tue plein de sales types. Toute le monde s'en fout qu'il soit gay".

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