leblogdanicetdjehoury.blogs.nouvelobs.com    Dans l'essai Mitterrandien de 1964, il s'est agit de dénoncer une forme de pouvoir personnel। Celui du général de Gaulle.
 Quarante-six ans après, il s'agit de dénoncer une succession de coups  de force en Côte d'Ivoire. Derrière les querelles entre Ivoiriens, les  uns voient des mains externes, obscures et manipulatrices; les autres,  une pure vue de l'esprit.
Venons-en à la matérialité des faits! Rétrospective...
Tout commence en 1993, à la mort d'Houphouët, et le refus d'appliquer la Constitution ivoirienne (art. 11) qui désigne Bédié, président de l'Assemblée nationale, comme étant le successeur du vieux. En guise de rétorsion, le nouveau président lance le concept d'ivoirité.
Un  cap est franchi six ans plus tard avec le premier coup d'Etat de  l'histoire de la Côte d'Ivoire qui ouvre une ère d'instabilité  politique.
Le général Guéï à qui le pouvoir est prêté, refuse de le  rendre. Il essuie, en septembre 2000, une tentative de putsch; c'est le  complot du cheval blanc (1).
Un mois plus tard, malgré une tentative de hold-up électoral du général, Gbagbo est élu président.
 Deux mois après son élection, Gbagbo subit, à son tour, une tentative  de putsch. C'est le complot dit de la Mercedes noire (2). Bilan: 15  morts.
Le 19 septembre 2002, partis du Burkina Faso voisin, des rebelles attaquent la Côte d'Ivoire. Echouant dans leur tentative de putsch, ils forment un kyste au Nord du pays. La Côte d'Ivoire est depuis lors coupée en deux. Nombreux sont ceux qui voient déjà, derrière cette rébellion sans visage, la main invisible de la françafrique.
A partir de 2002, la France se saisit du dossier ivoirien, elle ne le lâchera plus.
Marcoussis,  janvier 2003. Deux rapports accablants se trouvent sur le bureau des  autorités françaises. Le premier émane des services de renseignement  français. Ce rapport de sept pages intitulé "Côte d'Ivoire, au sujet des  escadrons de la mort", met en cause des proches du président Gbagbo et  de son épouse.
Le second, effroyable, provient d'Amnesty  International (3). Il évoque, dans une prison aux mains des rebelles à  Bouaké, le massacre d'une centaine de détenus: des gendarmes, une  cinquantaine de leurs enfants, et des civils.
La menace d'une  saisine de la Cour Pénale Internationale est pour la première fois  invoquée en Côte d'Ivoire. Et contre toute attente, cette menace n'est  proférée qu’à l'égard de Gbagbo.
Mamadou Koulibaly, président de  l'Assemblée nationale, claque la porte des négociations en accusant les  autorités françaises d'ourdir un coup d'Etat constitutionnel.
 L'accord de Marcoussis voit tout de même le jour. Il transforme Gbagbo  en reine d'Angleterre en le déshabillant de toutes ses prérogatives.  Dans le même temps, des ministères régaliens sont attribués aux  rebelles.
La France tombe le masque en 2004 puis en 2005 sous le couvert des Nations-Unies.
Novembre 2004, l'armée régulière lance une offensive en vue de réunifier le pays.
 Une source militaire française intoxique les stratèges militaires  ivoiriens sur une prétendue réunion des cerveaux militaires rebelles à  proximité du camp français à Bouaké (4). Une manipulation qui tourne  mal. Neuf soldats français meurent dans le bombardement.
La France  intervient militairement dans le conflit. Elle détruit toute la flotte  aérienne ivoirienne, bombarde les palais présidentiels de Yamoussoukro  et d'Abidjan puis s'empare de l'aéroport. Le lundi 8 novembre 2004, une  cinquantaine de chars français se présente nuitamment chez Gbagbo. Le  coup de force du général Poncet tourne court. 63 civils ivoiriens sont  abattus et plus d'un millier de blessés.
Octobre 2005,  la France revient dans le jeu, cette fois sous le couvert du Conseil de  sécurité, en lançant le débat sur le vide constitutionnel après le  report des élections.
Faute de désarmement des rebelles, les  élections n'ont pu se tenir à la date prévue. La Constitution ivoirienne  prévoit pourtant le maintien du président sortant jusqu'à la prestation  de serment du nouveau président de la République.
A l'initiative de  la France, la résolution 1633 crée un Groupe de Travail International  -GTI- pour la Côte d'Ivoire et impose un Premier ministre à Gbagbo. A la  tête du GTI, un fonctionnaire onusien, Pierre Schori. Sa mission est  simple: aider à la réunification le pays. Mais, Pierre Schori décide de  s'attaquer aux Institutions ivoiriennes. Il veut supprimer l''Assemblée  nationale. L'attitude de Choi, cinq ans plus tard, de passer outre la  décision de la cour suprême ivoirienne, n'est qu'un éternel  recommencement. Les fonctionnaires onusiens en Côte d'Ivoire se  considèrent au-dessus des Institutions et des autorités de ce pays.
En définitive, Gbagbo est contraint d'aller aux élections avec une partie du territoire occupée qui lui est complètement hostile. Avec une commission électorale loin d'être indépendante. Sur les vingt deux (22) commissaires de cette commission, seize (16) lui sont hostiles. Et avec une communauté internationale, censée surveiller le processus électoral mais qui fait du "tout sauf Gbagbo", sa seule ligne de conduite depuis 2002.
Il n'est donc pas surprenant que les fraudes massives au Nord aient été ignorées. Il n'est pas étonnant que ce soient les ambassadeurs français et américains qui aient, en personne, conduit le président de cette commission dans le Qg de campagne de l'adversaire de Gbagbo pour légitimer cette mascarade électorale. Mr Bakayoko peut jouir maintenant de cet exil doré qui lui est offert à Paris pour services rendus...
On n’est pas loin d’ un coup de  force électoral. Qu’il était illusoire de prétendre tenir des élections  libres et transparentes dans des zones contrôlées par des rebelles en  armes!
Mr Choi a failli à sa mission de réunir le pays avant les  élections. Et contrairement à ses allégations, la victoire qu'il valide  n'est pas incontestable. Si tel était le cas, nous aurions tous applaudi  l'alternance démocratique en Côte d'Ivoire.
Ceux-ci  représentent-ils toute la communauté internationale? A-t-on entendu Hu  Jintao ou Medvedev vociférer avec les loups? Les initiés le savent, au  conseil de sécurité, la France a le monopole des initiatives dans son  pré-carré.
La CEDEAO elle n'est pas en Côte d'Ivoire au  service des Ivoiriens. Son président Goodluck Jonathan, a  personnellement financé la campagne de Ouattara. Tout le monde sait le  rôle joué par Wade d'abord en étant le premier sur la scène  internationale à reconnaître la rébellion ivoirienne, ensuite en  s'ingérant, dans l'entre-deux tours, de manière grossière dans les  affaires ivoiriennes. Personne n'ignore l'implication de Compaoré, dont  le territoire sert de base arrière aux rebelles depuis 2002.  Espèrent-ils un retour sur investissement? Evoquer un complot  international en désignant tous ces pays est un minimum.
Ceux-là ne  représentent pas l'Afrique. Car l'Afrique digne des Mandela, Thabo  Mbeki, Rawlings, Kuffuor etc., reste silencieuse. Jusqu'à quand?
Le  conflit ivoirien était jusqu'à présent brouillé et illisible.  L'éclatement du contentieux électoral de 2010 a permis de dénouer ce  nœud alambiqué. Dans ce luxueux hôtel de la capitale économique  ivoirienne, se retrouvent confinés la rébellion et tous ses soutiens  internes et externes ; politiques, diplomates et militaires.
Depuis  Paris, "le parrain", lui, semble perdre patience. Il s'énerve, s'agite  et menace. Il encourage un coup de grâce, là où il faut réconcilier les  Ivoiriens.
Dix sept ans maintenant que le pays vit sous le rythme de  coups d'Etat militaire et constitutionnel, rébellion armée, de complots  (qu'ils soient du cheval blanc, de la Mercedes noire ou  internationaux).
La françafrique, écrivait, il y a douze ans,  François-Xavier Vershave, est le plus long scandale de la République.  S'il réussit, ce coup de force de la CEDEAO, téléguidé depuis Paris,  sera l'aboutissement du coup d'Etat le plus long de l'histoire. Le coup  d'Etat permanent.
1) La résidence de Guéï, où veille un cheval  blanc, est attaquée. Le cheval blanc est criblé de balles. La rumeur  publique prête au général des pouvoirs mystiques. Ce dernier prenant la  forme d'un cheval pour échapper à ses ennemis.
(2) Une limousine  noire, escortée d'un convoi de 4x4, qui venait du Nord fait route vers  Bouaké. Dans le même temps, des éléments armés à Abidjan, attaquent la  résidence du président Gbagbo.
(3) Rapport AFR 31/07/2003 rendu public le 27 février 2003, intitulé "une suite de crimes impunis"
(4) Témoignage de Jean-Jacques Fuentes, ancien pilote et instructeur français de l'armée ivoirienne jusqu' en novembre 2004
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