04 novembre, 2014

Où sont-ils donc passés les dignitaires du régime Compaoré ?

 S’il est avéré que Blaise et l’ex-président de l’Assemblée nationale, Soungalo Ouattara, sont respectivement à Yamoussoukro et à Abidjan, on ne sait pas avec certitude où se cachent les anciens maîtres du pays. Mais si l’on en croit le secrétaire exécutif national du CDP, Assimi Kouanda, que nous avons pu joindre hier au téléphone, beaucoup sont au Burkina. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, le patron de l’ex-parti au pouvoir déplore les violences perpétrées contre leurs familles et dit pardonner aux commanditaires et aux exécutants.


Je me porte bien. En tant que croyant pratiquant, je rends grâce à Dieu en toutes circonstances. J’ai le moral parce que j’accepte la volonté de Dieu. Mes camarades et moi de la Majorité et du Front républicain (FR) avons subi les destructions massives de nos biens, de nos maisons, des maisons de nos proches et des attentats à notre intégrité physique. Nos familles et les familles de nos militants ont subi le même sort. Au moment où je vous parle, tous les responsables de formations politiques de la majorité sont en errance, ils n’ont plus de maison à dormir et sont contraints de trouver des logis de fortune pour protéger leur intégrité et celle de leur famille. On les contraints à la clandestinité.
Des phénomènes qui n’ont jamais été connus au Burkina ont fait leur apparition à l’occasion de la violence perpétrée contre les responsables de la majorité et du FR.
Votre famille est-elle en sécurité ?
Ma famille et celles de mes autres camarades ne sont pas en sécurité. Des bandes organisées les recherchent alors que ces familles ne sont pas mêlées à nos choix politiques. Elles n’ont aucun problème avec personne. La violence gratuite organisée contre elles résulte d’un montage de bandes instrumentalisées.
Où est-ce que vous êtes exactement ?
Nous sommes tous au Burkina Faso, responsables de la Majorité et du Front républicain.

Les choses sont allées très vite jeudi, comment n’avez-vous pas vu venir cette déferlante ?
Les choses ne sont pas allées très vite. Nous étions dans un débat politique. Nous avions foi en la démocratie, en la liberté des opinions, au débat d’idées et non à l’orchestration de la violence inouïe, au respect de la différence, des institutions démocratiques et de la Constitution. Nous pensions que ce débat trouverait sa solution conformément à la Constitution et aux lois. Nous avons cru aussi que tout le monde avait ces mêmes convictions.

Presque tout le monde avait prévenu le président qu’il allait droit dans le mur. Pourquoi un tel entêtement ?
Je crois que cette forme de synthétisation de la question ne prend pas en compte la complexité de la réalité.

Avec le recul est-ce que vous avez quelques regrets pour avoir voulu braver le peuple ?
Nous pardonnons à tous ceux qui ont organisé, appelé, orienté la violence, la destruction, l’incendie de nos domiciles, de nos moyens de déplacement, de nos bibliothèques et de tout le reste. Nous leur pardonnons ainsi qu’aux commanditaires parce qu’au-delà nous sommes tous des frères. Il appartiendra à Dieu et aux autorités burkinabè de réparer et de rendre justice. L’histoire de notre pays fournit quelques exemples approximatifs.
Les concertations se déroulent en ce moment entre les militaires et les forces vives de la nation. Pensez-vous que la Majorité pourrait avoir un rôle à jouer ?
Nous souhaitons que ces concertations soient inclusives, prenant en compte l’ensemble des composantes politiques (dont la Majorité et le Front républicain), sociales et religieuses de notre pays. Ces concertations restent dans l’esprit de notre Constitution.
Depuis son départ, avez-vous eu les nouvelles du président ? Lui avez-vous parlé ? Quel est son état d’esprit ?
Au nom des partis de la Majorité et du Front républicain et de l’ensemble de leurs militants, je salue l’œuvre immense de construction de la démocratie du président Blaise Compaoré, de renforcement des libertés, du rôle et de la place de notre pays dans le monde et dans la recherche du bien-être des Burkinabè.
Lorsque les passions et les émotions seront passées, l’histoire reconnaîtra l’œuvre de ce grand bâtisseur. Le président Compaoré, qui a signé sa propre démission pour éviter un bain de sang, est toujours soucieux de l’intérêt supérieur de la nation.
Je saisis l’opportunité de cet entretien pour lancer un appel aux nouvelles autorités à prendre des mesures pour assurer la protection de l’ensemble des militants de la Majorité et du Front républicain, de toutes leurs familles respectives et de l’ensemble des citoyens burkinabè. Je remercie tous les camarades, les frères burkinabè et tous les citoyens qui nous ont exprimé leur compassion et leur solidarité face à cette violence organisée par des citoyens contre des concitoyens. Mes remerciements s’adressent également à nos parents, amis et connaissances qui, spontanément, se sont parfois interposés, se sont agenouillés pour supplier certains manifestants d’épargner nos biens ainsi que nos militants qui n’ont pas réagi à la violence.

Entretien réalisé par Adama Ouédraogo Damiss
soure: L'Observateur Paalga

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