Ce n’est pas une première révolte dans ce pays, et le
président Blaise Compraoré n’a pas vraiment mérité la prolongation de
son mandat. Il est arrivé au pouvoir après un coup d'Etat, lors duquel
son prédécesseur a été assassiné. C’était « l’ami et l’allié » Thomas
Sankara, connu comme « le Che Guevara africain ». Contrairement à
Sankara, en 27 ans de gouvernement, l’ancien communiste Compraoré n’a
rien fait de bon pour son pays. Le Burkina reste l’un des pays les plus
pauvres d’Afrique. Rien d’étonnant donc que les tentatives de s’opposer à
son régime furent nombreuses. Depuis 1999, six tentatives de renverser
son régime ont été entreprises, et la dernière a eu lieu en 2011.
Mais
il y a d’autres aspects qui faisaient de Compraoré un leader populaire.
Il est l’un des alliés principaux de la France dans cette région
d’Afrique. Il a affirmé à un moment que l’une des raisons de la chute de
Sankara fut le fait qu’il « remettait en question les relations internationales avec la France ». Et il soutenait non seulement des initiatives officielles de Paris.
Outre
le fait que le pays a toujours été considéré comme le centre de
collecte d’informations dans la région, le Burkina Faso accueillait
aussi des forces de l’ordre spécifiques de l’ancienne métropole. Les
journalistes locaux affirment que depuis 2007, l’Etat-major des forces
spéciales Sabre, le Commandement des Opérations Spéciales (COS) se base à
Ouagadougou. Officiellement, « l’opération Sabre » qui avait pour
mission de libérer les otages français, a été annoncée en 2012. Mais
avant le début des opérations, le groupe GFS effectuait des opérations
actives en Mauritanie, au Niger et sans aucun doute, au Mali. En outre,
les journalistes du quotidien Le Figaro ont pu découvrir que la France augmentait constamment en cachette depuis 2010 son arsenal militaire dans cette région.
A
partir du 1er août dernier, l’opération Barkhane a remplacé les quatre
opérations militaires de la France dans la région : Licorne (2002),
Épervier (au Tchad depuis 1986), Sabre (au Burkina Faso depuis 2012) et
Serval (au Mali depuis 2013). La consolidation des forces de Paris dans
la région est liée, outre la garantie de sécurité pour les livraisons
d’hydrocarbures et la lutte contre les groupes terroristes, aux efforts
de contenir la menace venant du Sud de la Libye et la lutte contre «
l’imposition » financière et commerciale de la Chine sur le continent
africain. Jean-Pierre Palasset, un général expérimenté, est aux
commandes de cette nouvelle organisation. Sous sa direction se trouvent
jusqu’à 3000 soldats dispersés dans la région qui s’étale de Djibouti à
l’Est aux navires au large de la côte du golfe de Guinée à l'Ouest.
Des
maillons importants du nouveau réseau se situent respectivement dans
les capitales du Tchad, du Niger et du Burkina Faso, où est resté le
groupe de forces armées spéciales, comme cela était le cas auparavant.
En outre, en juin 2012, le quotidien Washington Post
parlait du fait qu’un important « nœud du réseau d’espions américains
en Afrique » se trouve à Ougadougou. Des avions et des drones américains
se trouvent à l’aéroport de la capitale du Burkina pour réaliser le
programme d’observation Creek Sand. Leur mission est l'exploration de
vastes zones dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres.
A
première vue, avec de tels alliés, le projet du président français
François Hollande n’est pas si difficile à réaliser. Hollande en a parlé
en été, affirmant que la réorganisation permettrait de « réagir rapidement à la crise… Au lieu des
bases « anticrise » encombrantes et difficiles à utiliser, nous
préférons d’avoir des structures qu’il est difficile d’utiliser pour des
interventions rapides et efficaces ».
Mais
trois mois plus tard, la crise est survenue dans cette zone clé du
système de réaction rapide. Difficile de comprendre pourquoi « une intervention rapide et efficace n’a pas suivi ».
La révolution, l'insurrection et la rébellion, c’est une affaire
intérieure de chaque pays. Ce qui étonne cependant, c’est la raison pour
laquelle « le nid d’espions » n’a pas vu venir la crise qui se
déroulait sous son nez.
Toutefois les experts n’excluent
pas l’organisation d’une « opération de couverture » pour éliminer un
représentant odieux. Cela expliquerait indirectement pourquoi
l’information sur les évènements au Burkina Faso est dosée. Les
frontières de ce pays sont fermées même aux journalistes occidentaux «
fidèles ».
Les pays occidentaux préféraient changer les
dirigeants des pays pauvres pour donner aux habitants de ces pays des
promesses de vie meilleure à la place d’une aide réelle. Compraoré est
très habile pour donner des promesses vides à ses compatriotes. Le
Burkina, dont le nom se traduit littéralement «le pays des hommes
intègres », pourra-t-il sortir du cercle vicieux des espoirs qui ne se
réalisent pas ? Difficile à dire, mais d’autres pays d’Afrique n’y sont
pas encore parvenus.
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