Des manifestants ont incendié jeudi à Ouagadougou le parlement burkinabé, où devait se tenir dans la matinée le vote d’une révision de la Constitution très controversée permettant le maintien au pouvoir du chef de l’Etat Blaise Compaoré.
Plusieurs bureaux, dont celui du président du Parlement, ont été ravagés par les flammes, mais l’hémicycle, mis à sac, semblait encore épargné par l’incendie. D’épaisses fumées noires sortaient par les fenêtres brisées du Parlement.

Au moins trois voitures garées dans la cour et à l’extérieur du bâtiment ont été brûlées, tandis que du matériel informatique a été pillé et des documents en papier incendiés. Les forces de l’ordre, qui avaient commencé par tirer au gaz lacrymogène sur les manifestants, ont ensuite battu en retraite.
Les manifestants ont ensuite pris d’assaut la télévision nationale, dont le bâtiment se trouve à proximité de l’Assemblée nationale. Plusieurs centaines de personnes sont entrées dans les locaux de la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB), où ils ont pillé le matériel, caméras incluses, cassé des voitures mais n’ont pas touché au personnel. Les manifestants sont repartis sans avoir pu pénétrer dans les studios de la RTB.
Selon un journaliste de l’AFP présent sur place, un manifestant aurait été tué.

La journée de tous les dangers

Le Burkina Faso se prépare ce jeudi à une journée à haut risque, l’examen par ses députés d’un projet de révision constitutionnelle, qui permettrait le maintien au pouvoir du président Blaise Compaoré, pouvant engendrer des violences dans sa jeune population.
Majorité et opposition s’empoignent régulièrement depuis de longs mois au sujet de cet article limitant à deux les mandats présidentiels, qui empêche pour l’instant Blaise Compaoré, âgé de 63 ans, de se représenter en 2015.
L’examen jeudi par l’Assemblée nationale d’un projet de modification de la Constitution, pour porter à trois le nombre maximum de quinquennats, mettra fin à un long suspense. Mais il peut aussi embraser le pays, selon plusieurs observateurs.

Blaise Compaoré, un président contesté


Arrivé aux affaires il y a 27 ans par un putsch, le chef de l’État burkinabé, qui devait achever l’an prochain son dernier mandat, après deux septennats (1992-2005) et deux quinquennats (2005-2015), se verrait offrir un futur à la tête du pays.
Lui qui a déjà modifié deux fois l’article 37, en 1997 puis en 2000, pour se maintenir au pouvoir, invoque le respect strict de la loi pour justifier cette troisième retouche.
Mais l’opposition craint que ce nouveau changement, qui ne devrait pas être rétroactif, conduise le chef de l’État, déjà élu quatre fois avec des scores soviétiques, à accomplir non pas un mais trois mandats supplémentaires, lui garantissant 15 années de plus au pouvoir.
Les ténors de l’opposition, depuis quelques jours, appellent donc le peuple à « marcher sur l’Assemblée » afin d’empêcher le vote.