PRETORIA (© 2013 AFP) - A Pretoria, une école s'est
spécialisée dans l'accueil des jeunes filles enceintes, souvent rejetées
par les autres établissements, afin de leur garantir une formation et
un avenir.
La Pretoria Hospital School, école publique ouverte dans les années
1950 et à l'origine dédiée aux enfants malades, est le seul
établissement scolaire de ce type en Afrique du Sud.
Située dans le centre de la capitale sud-africaine, elle compte
actuellement 108 élèves, adolescentes ou jeunes filles enceintes,
parfois à peine âgées de 13 ans.
"L'objectif de notre structure est de faire en sorte que ces jeunes ne
ratent pas leur éducation uniquement parce qu'elles attendent un
enfant", explique la principale Rina Van Niekerk, qui ne souhaite pas
que ses élèves parlent aux journalistes.
L'établissement, qui suit le même programme d'enseignement que les
autres écoles publiques, autorise les élèves à interrompre leur
scolarité pour accoucher avant de les réintégrer.
Une flexibilité peu répandue dans le pays où, en l'absence de règles
claires sur le sujet, chaque établissement adopte sa propre politique,
beaucoup choisissant l'exclusion des adolescentes.
Cette pratique pourrait toutefois changer puisque la Cour
constitutionnelle a, le mois dernier, obligé deux établissements à
revoir leur règlement intérieur prévoyant l'exclusion en cas de
grossesse.
Le sujet fait débat en Afrique du Sud, confrontée à un fort taux de
grossesses précoces, avec 94.000 adolescentes dans ce cas en 2011 selon
le ministère de l'Education.
Une étude sur les comportements à risques chez les jeunes, publiée en
2002 par le Conseil de la recherche médicale, avait montré qu'une
adolescente sur trois dans le pays était enceinte avant l'âge de 19 ans.
L'idée d'un établissement spécialisé ne séduit cependant pas tous les
spécialistes du problème: "Avec ce système, on gère la grossesse mais on
ne fait pas de prévention", estime la directrice de l'organisation de
jeunesse LoveLife, Andile Dube.
"Si nous multiplions ce type d'initiative dans le pays, cela revient à
dire que la grossesse est un état à part, ce n'est pas comme cela qu'il
faut procéder", ajoute-t-elle.
"Nous offrons à ces jeunes filles un cadre dans lequel elles peuvent
continuer à étudier malgré leur état, cela ne veut pas dire que nous
encourageons les grossesses précoces", se défend Rina Van Niekerk.
Cette dernière reconnaît d'ailleurs les difficultés d'enseigner dans
ces conditions, mettant en avant la nécessaire patience des professeurs
face aux problèmes de concentration ou de santé des adolescentes.
La Pretoria Hospital School a commencé à accueillir des jeunes filles
enceintes dans les années 1980 alors que les grossesses hors mariage
étaient un tabou.
Ces dix dernières années, le nombre d'élèves inscrites a fluctué, avec un pic de 134 étudiantes en 2011.
L'une d'entre elles, Naledi Vuma, âgée de 18 ans et ayant accouché l'an
passé, se félicite d'avoir pu poursuivre sa scolarité malgré l'arrivée
de son enfant.
Elle explique aussi s'être sentie plus à l'aise que dans une école
classique car entourée d'autres jeunes filles vivant la même chose
qu'elle.
Le nombre de grossesses précoces continue d'augmenter en Afrique du
Sud, pays de 53 millions d'habitants, en dépit des campagnes de
sensibilisation sur les rapports sexuels non protégés et les risques de
contamination par le sida.
Les difficultés socio-économiques de la population, avec un taux de
chômage dépassant les 25%, sont mises en avant pour expliquer l'absence
de progrès dans ce domaine.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 95% des grossesses
précoces chez les adolescentes de 15 à 19 ans interviennent dans des
pays en voie de développement.
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