05 août, 2011

A la Une : la nouvelle armée ivoirienne selon Alassane Ouattara

La presse ouest-africaine revient sur la nomination de responsables militaires par le président ivoirien. Alassane Ouattara a intégré dans la nouvelle armée des figures majeures de la rébellion des Forces nouvelles, qui l'ont soutenu pendant la crise postélectorale. Cela fait grincer des dents car il s'agit d'anciens commandants de zone, appelés « com’zone » dans la presse, « des personnages très controversés », écrit Fasozine, au Burkina Faso. « Le commandant Fofié [par exemple] est, depuis 2006, sous sanction de l`ONU, pendant qu’Ousmane Chérif et [Issiaka Ouattara] sont accusés par Human Rights Watch d`être impliqués dans des exactions contre des pro-Gbagbo, pendant la crise ». Alors « pourquoi Alassane Ouattara ne s'est pas débarrassé des chefs de guerre ? », annonce Soir Info en titre. Réponse du journal d'Abidjan: cela « tient essentiellement à la réalité sécuritaire sur le terrain ». « Ces anciens chefs de guerre constituent, pour le chef de l'Etat, la base rassurante de son pouvoir encore fragile ». Seuls eux sont capables, selon le journal, de « canaliser leurs éléments qui ont pris part aux combats pour la conquête du pouvoir ». Dans l'Inter, le porte-parole du gouvernement Bruno Koné défend ces nominations: « Il ne fallait pas laisser ces gens en marge, dit-il. Ayant été intégrés, [ils] devront se comporter en militaires et devront être jugés en militaires ». Pour le Nouveau Réveil, cette controverse est un faux problème. « Tous les commandants rentrent [maintenant] dans les rangs de l'Armée régulière. (...) Il n'y a plus de « forces pro-Ouattara » ou de « forces pro-je ne sais qui », pense le journal. En gros, tout le monde est « coulé dans le même moule de la réunification ».


Ballet de grosses cylindrées à Abidjan

La presse ivoirienne s'inquiète en revanche du train de vie des nouveaux dirigeants ivoiriens. Pas seulement la presse d'opposition : l'Intelligent, qui a soutenu l'arrivée au pouvoir d'Alassane Ouattara pendant la crise ivoirienne, estime aujourd'hui que « l'image véhiculée par les tenants du pouvoir risque de prendre un sérieux coup ». Le journal abidjanais dénonce, en Une, « des zones d'ombre dans les critères de gel et de dégel des avoirs des personnalités proches de Gbagbo », des arrestations douteuses « qui puent à mille lieues le règlement de comptes ». Sans oublier « la floraison de grosses cylindrées à Abidjan », notamment autour des cabinets ministériels. Pointe alors le soupçon d'un enrichissement un peu trop rapide et potentiellement illicite... « Des erreurs, qui ont fini par perdre le régime Gbagbo », mais « qui semblent avoir la tête dure », s'inquiète l'Intelligent.

Le journal d'opposition Notre Voie évoque de son côté « les villas luxueuses [qui] continuent de pousser dans les grandes villes du pays », ce « nouvel avion pour le chef de l’État (...) qui voyage tous les 10 jours en moyenne ». « Et pourtant les « Refondateurs », dont on disait qu’ils étaient les seuls propriétaires de tous ces biens, ne sont plus au pouvoir », lance le quotidien. Il estime qu'avec ce train de vie de l’État sous Ouattara, « l'argent des Ivoiriens est gaspillé ». Pour l'Intelligent, c'est finalement moins le président qui est accusé que son entourage. « Le Président (...) doit jeter un coup d'œil (...) pour ne pas se faire complice de ceux qui abusent de leur posture actuelle ».

AQMI au Nigeria ?

Autre sujet de cette revue de presse: AQMI aurait-il conquis le Nigeria ? C'est la question posée par GuinéeConakry.info aujourd'hui. Nous vous en parlions dans nos éditions, les ravisseurs des deux otages anglais et italiens enlevés en mai dernier dans le Nord-Ouest du pays revendiquent leur appartenance à la mouvance islamique al-Qaïda. « Si ces allégations se vérifiaient, ce serait une première inquiétante ! », note le journal en ligne. Il relève des indices qui pourraient confirmer la véracité de l'information. « Il est tout à fait possible qu’entre terroristes, une certaine affinité puisse exister (...), entre AQMI et les djihadistes de Boko Haram, la connexion est d’autant plus pertinente que les [otages] ont été enlevés dans l'extrême nord-ouest du Nigeria, à la frontière avec le Niger ». Autre élément inquiétant pour GuinéeConakry.info: « aucune demande de rançon n’a été enregistrée », ce qui élimine l’idée d’un enlèvement crapuleux. L'inquiétude, conclut le journal en ligne, c'est finalement qu'AQMI puisse gagner encore du terrain et mettre en péril le tâtonnant « processus de négociation du président nigérian avec les mécontents radicaux du nord du pays ».

Funèbres cortèges de mariages

Un mot du Niger, pour finir, où les cortèges de mariage à Niamey inquiètent ! En ce moment, dans la capitale, c'est la période des mariages célébrés « avec faste et démesure ». C'est ce qu'écrit Nigerdiaspora, dans un article repris du journal la Griffe. Mais ce qui inquiète ces journalistes nigériens, ce sont surtout les cortèges de mariage. La Griffe plaide en faveur de leur interdiction car ces « véhicules (...) qui transportent la jeune mariée et ses parents, roulent à tombeau ouvert [et] sont parfois à la base de nombreux accidents mortels, endeuillant du coup plusieurs foyers ». « Les arrêtés pris pour interdire les cortèges de mariage » n'ont rien donné jusqu'ici, explique le journal satirique, qui demande l'intervention du maire, mais aussi et surtout, des « agents de la circulation ». La Griffe leur demande de condamner les jeunes mariés au nom de qui ce cortège est organisé à passer leur nuit de noces dans un commissariat de police. Seule sanction, pense-t-il, à même de les dissuader...

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