IRIB- le président syrien Bachar al-Assad a accordé une interview au
journal français Le Figaro, au cours de laquelle il a affirmé que la
stabilité dans la région dépend de la situation en Syrie. Avec la
mauvaise foi qui sied aux médias français, ces derniers disent qu’il
menace la France de représailles terroristes. Ces gens, amis des
terroristes, marchent sur la tête.
- LE FIGARO : LES AMERICAINS ET LES
FRANÇAIS VOUS ONT ACCUSE D’AVOIR DECLENCHE UNE ATTAQUE A L’ARME CHIMIQUE
LE 21 AOUT DANS LA REGION DE GHOUTA CE QUI A FAIT DES CENTAINES DE
MORTS. POUVEZ-VOUS NOUS FOURNIR UNE PREUVE QUE VOTRE ARMEE N’A PAS
COMMIS CETTE ATTAQUE.
Bachar al-Assad : premièrement,
quiconque accuse doit donner la preuve. Nous les avons défiés d’avancer
une seule preuve ; ils en ont été incapables. Nous les avons défiés de
donner une seule preuve à leurs peuples. Puisque les politiques
extérieures se décident au nom des peuples et de leurs intérêts. Mais,
ils n’ont pas pu le faire.
Deuxièmement, parlons de la
logique de cette accusation, si elle est raisonnable ou pas. A présent,
je vous pose la question suivante : nous combattons depuis deux ans, et
je peux dire que notre situation sur le terrain est aujourd’hui bien
meilleure qu’elle ne l’était l’année dernière par exemple. Comment une
armée, dans n’importe quel Etat, peut-elle utiliser des armes de
destruction massives, au moment même où elle réalise un progrès
moyennant des armes conventionnelles ? Soyons très précis : Je ne dis
nullement que l’armée syrienne possède ou non de telles armes. C’est une
question qu’on ne discute pas. Mais supposons que cette armée souhaite
utiliser des armes de destruction massive, si elle en possède; est-il
possible qu’elle le fasse dans une zone où elle se trouve elle-même ?!!
Où en est la logique ?
En plus, est-il possible
d’utiliser des armes de destruction massive dans la banlieue de la
capitale sans tuer des dizaines de milliers de personnes, car ces
matières se transportent par le vent ?
- DES ELEMENTS DE L’ARMEE SYRIENNE ONT-ILS ETE ATTEINTS PAR DE TELLES ARMES ?
Bachar al-Assad : Oui dans la
région d’al Baharieh dans la banlieue de Damas. Le comité d’enquête a
rencontré les soldats hospitalisés.
- CERTAINS DISENT QUE L’ARMEE A SANS
DOUTE REALISE CERTAINS PROGRES. MAIS VOUS VOULIEZ AUSSI, EN FIN DE
COMPTE, EN FINIR DEFINITIVEMENT AVEC CETTE OPPOSITION, QUI PROGRESSE
DANS D’AUTRES ENDROITS.
Bachar al-Assad : Encore une
fois, les zones dont on parle sont des zones peuplées. Y utiliser des
armes de destruction massive signifie des dizaines de milliers de morts.
Toutes les accusations se fondent sur les allégations des terroristes
et sur des images vidéo arbitraires diffusées sur internet.
- LES AMERICAINS DISENT AVOIR CAPTE UN
ENTRETIEN TELEPHONIQUE ENTRE UN DE VOS RESPONSABLES ET UN ELEMENT DE
L’ARMEE, LUI DONNANT L’ORDRE D’UTILISER CES ARMES…
Bachar al-Assad : si les
américains, les français ou les britanniques disposaient d’une seule
preuve, ils l’auraient annoncée dès le premier jour. Nous ne discutons
pas des rumeurs, ni des allégations. Nous ne discutons que les faits. Si
ce qu’ils disent est vrai, qu’ils en donnent la preuve.
- SERAIT-IL POSSIBLE QUE CERTAINS
RESPONSABLES, OU CERTAINS ELEMENTS DE L’ARMEE SYRIENNE, AIENT PRIS CETTE
DECISION SANS VOTRE AVAL.
Bachar al-Assad : Encore une
fois… j’affirme que nous n’avons jamais dit posséder de telles armes.
Votre question insinue des choses que je n’ai pas dites, et que nous
n’avons ni confirmées ni niées en tant qu’Etat… mais normalement, dans
les pays qui possèdent une telle arme, la décision est centrale.
De toute manière, vous évoquez
une question que nous ne discutons avec personne en tant qu’Etat, car
c’est une question purement militaire.
- MAIS JIHAD MAKDISSI L’A BIEN DIT ?
Bachar al-Assad : Non… à
l’époque, Jihad a dit : « si nous possédons une telle arme, nous ne
l’utiliserons pas ». Le faite de la posséder ou non est une affaire
purement syrienne et ne concerne que nous.
- LE PRESIDENT OBAMA A REPORTE LES FRAPPES MILITAIRES SUR VOTRE PAYS. COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS CETTE DECISION ?
Bachar al-Assad : Certains
estiment que le président Obama a fait preuve de faiblesse en
temporisant l’agression, ou en la reportant pour quelques jours ou
quelques semaines… Certains ont vu en lui le chef fort d’une grande
puissance, parce ce qu’il a menacé de déclencher la guerre contre la
Syrie. Quant à nous, nous estimons que l’homme fort est celui qui
empêche la guerre, et non celui qui l’enflamme…
L’homme puissant est celui qui
reconnait ses erreurs. Si Obama était fort, il aurait dit publiquement :
« Nous ne disposons pas de preuves sur l’usage de l’arme chimique par
l’Etat syrien ». Il aurait dit publiquement: « La seule voie est celle
des enquêtes onusiennes. Par conséquent, revenons tous au conseil de
sécurité ». Mais à mon avis, il était faible parce qu’il a subi les
pressions intérieures et a menacé de déclencher la guerre. C’est notre
opinion. Je vous ai dit que par la force des choses le fort est celui
qui empêche la guerre et non celui qui la déclenche et l’attise.
- QUE DIRIEZ-VOUS AUX MEMBRES DU CONGRES AMERICAIN QUI DOIVENT VOTER POUR OU CONTRE CETTE FRAPPE ?
Bachar al-Assad : Quiconque
souhaite prendre cette décision doit, avant de voter, se poser la
question évidente suivante : les guerres qu’ont-elles apportées aux
Etats-Unis ou même à l’Europe ? Le monde qu’a-t-il gagné de la guerre
contre la Libye ? Qu’a-t-il gagné du support apporté au terrorisme en
Libye ? Qu’a-t-il gagné de la guerre en Irak et ailleurs ? Que
gagnera-t-il du renforcement du terrorisme en Syrie ?
La tache de tout membre du
congrès consiste à servir l’intérêt de son pays. Avant de voter, il doit
agir en fonction de l’intérêt de son pays… Quel serait l’intérêt des
États-Unis dans la croissance de la perturbation et de l’extrémisme au
Moyen Orient ? Quel serait leur intérêt à poursuivre ce que Georges Bush
avait commencé, à savoir répandre les guerres dans le monde…
S’ils raisonnent logiquement et
en fonction de l’intérêt de leur propre pays, ils ne verront aucun
intérêt dans de telles guerres. Mais vous savez que, dans beaucoup de
cas, leurs positions politiques n’émanent pas toujours du bon sens.
- COMMENT ENTENDEZ-VOUS RIPOSTER A CETTE ATTAQUE, AU CAS OU ELLE AURA LIEU ?
Bachar al-Assad : Aujourd’hui, vous parlez d’un tonneau de poudre qui est le Moyen Orient.
Le feu s’approche énormément de
ce tonneau. Il ne s’agit pas seulement de la riposte syrienne, mais bien
de ce qui pourrait se produire après la première frappe…
Celui qui élabore aujourd’hui le
plan de la guerre peut vous répondre en ce qui concerne le premier pas
seulement, c’est-à-dire sur ce qu’il va faire lui-même. Mais après…
Personne ne peut savoir ce qui se passera. Tout le monde perdra le
contrôle lorsque le baril de poudre explosera… Personne ne dispose d’une
réponse sur ce qui se passera en fin de compte. Ce qui est certain
c’est qu’il y aura partout le chao, la guerre, l’extrémisme et ses
répercussions.
- LE DANGER D’UNE GUERRE REGIONALE SE POSE T-IL ?
Bachar al-Assad : Bien sûr. Ce
risque vient même au premier plan. La question ne relève pas seulement
de la Syrie, mais de toute une région intégrée, étroitement liée sur le
plan social, politique et militaire. Il est dons normal que les défis
soient régionaux et non seulement syriens.
- PAR EXEMPLE, ISRAËL SERAIT-IL UN DE VOS OBJECTIFS ?
Bachar al-Assad : Vous ne vous
attendez quand même pas que je révèle quelle sera notre riposte ?!! Il
n’est pas logique d’annoncer notre plan, mais comme je viens de le dire,
puisque les acteurs sont nombreux, parler d’un seul acteur minimise
l’importance de ce qui se produira.
- QUE DIRIEZ-VOUS A LA JORDANIE OU DES
HOMMES ARMES SE SONT ENTRAINES. AU CAS OU LES EXTREMISTES REALISENT UNE
AVANCEE, QUEL SERA, A VOTRE AVIS, LE DANGER QUI MENACE LA JORDANIE ?
Bachar al-Assad : Notre
politique consiste à ne pas exporter nos problèmes aux pays voisins.
Nous traitions donc avec des milliers de terroristes déjà venus de la
Jordanie, et nous les frappions à l’intérieur même de la Syrie … La
Jordanie, par ailleurs, a déjà annoncé qu’elle ne servira de base à
aucune opération militaire contre la Syrie.
Mais si nous ne parvenons pas à
frapper le terrorisme en Syrie, il passera tout naturellement dans
d’autres pays. L’extrémisme et le chao se répandront davantage.
- VOUS METTEZ DONC EN GARDE LA JORDANIE ET LA TURQUIE ?
Bachar al-Assad : Nous l’avons
dit à plusieurs reprises, et nous leur avons envoyé des messages directs
et indirects. Je pense que la Jordanie en est consciente, malgré les
pressions qui s’y exercent pour qu’elle devienne un lieu de passage pour
le terrorisme. Quant à Erdogan, je ne pense pas du tout qu’il est
conscient de ce qu’il fait…
L’important aujourd’hui pour la Syrie est de frapper le terrorisme sur son territoire.
- QUELLE SERA LA REACTION DE VOS ALLIES…
HEZBOLLAH ET L’IRAN, AU CAS OU UNE ATTAQUE EST PERPETREE CONTRE LA
SYRIE ? COMPTEZ-VOUS LE CAS ECHEANT SUR LEUR SOUTIEN ?
Bachar al-Assad : Je ne veux pas
parler à leur place. Cependant, leurs déclarations étaient claires.
Puisque nous avons dit que la question était régionale, personne ne
saurait dissocier les intérêts de la Syrie de ceux de l’Iran ; ni les
intérêts de la Syrie, de l’Iran et du Hezbollah de ceux d’autres pays
qui nous soutiennent.
Aujourd’hui la stabilité de la
région dépend de la situation en Syrie. La Russie en est consciente,
aussi ne défend-elle pas le président ni l’Etat syrien mais bien la
stabilité dans la région… car cela aura aussi des effets sur la Russie.
Voir les choses sou l’angle d’une coalition entre la Syrie et l’Iran
serait superficiel et limité.La question en est beaucoup plus grande.
- LES RUSSES VOUS ONT-ILS RASSURE QU’ILS MAINTIENNENT DES CONTACTS AVEC LES AMERICAINS POUR ATTENUER LA FRAPPE ?
Bachar al-Assad : Je ne pense
pas qu’on fasse confiance aux américains. Aucun Etat au monde ne peut
garantir à quiconque que les américains engageront ou non une action
contre tel ou tel pays. Aussi nous ne cherchons pas de telles
rassurances…Les américains disent une chose le matin, et le contredisent
complètement le soir … Tant que les Etats-Unis ne suivent pas et
n’écoutent pas les Nations Unies, nous ne devons pas être rassurés.
- COMMENT PEUT-ON ARRETER LA GUERRE ET
LA CRISE QUI DURE DEPUIS DEUX ANS ET DEMI EN SYRIE ? VOUS AVEZ PROPOSE
UN GOUVERNEMENT D’UNION NATIONALE, LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE A
PROPOSE GENEVE2… COMMENT PEUT-ON ARRETER LE BAIN DE SANG ?
Bachar al-Assad : Lorsque la
crise est à ces débuts et que vous parlez de solution, c’est totalement
différent que lorsque vous parlez de solution à l’heure actuelle… J’ai
dit dès le début que la solution devait avoir lieu par le dialogue… Le
dialogue entraine des solutions et engendre des idées qui s’appliqueront
à travers des mesures politiques.
Aujourd’hui la situation est
différente. Nous combattons des terroristes. 80 – 90 % de ceux que nous
combattons appartiennent à al Qaeda. Ceux là ne s’intéressent pas à la
réforme, ni à la politique, ni aux lois. Ceux là, le seul moyen de leur
faire face est de les liquider. C’est alors que nous pourrions parler de
mesures politiques. Pour répondre donc à votre question, la solution
aujourd’hui consiste à arrêter de faire venir les terroristes en Syrie,
de leur fournir des armes, et de leur apporter un soutien financier et
autre…..
- QUI LEUR APPORTE CE SOUTIEN ?
Bachar al-Assad : L’Arabie
Saoudite en premier lieu, la Turquie, la Jordanie (à travers
l’infiltration des personnes armées), la France, le Royaume Uni et les
Etats-Unis.
- AVEZ-VOUS DES PREUVES QUE LA FRANCE A LIVRE DES ARMES AUX TERRORISTES ?
Bachar al-Assad : Les positions
politiques de la France, sa provocation qui met en exécution les
politiques d’autres pays comme le Qatar et autres, en est la preuve pour
nous.
- ETES-VOUS PRET, M. LE PRESIDENT, A
INVITER LES RESPONSABLES DE L’OPPOSITION A VENIR EN SYRIE, A SE REUNIR
AVEC EUX, A LEUR PRESENTER DES GARANTIES SECURITAIRES, ET A LEUR DIRE
ASSEYONS- NOUS ENSEMBLE POUR TROUVER UNE SOLUTION ?
Bachar al-Assad : En janvier
dernier, nous avons lancé une initiative qui comprenait tout ce que vous
venez de dire, et même plus. Cependant, l’opposition dont vous parlez a
été fabriquée à l’étranger. Elle est made in France, Qatar… mais
certainement pas made in Syria. Elle suit donc forcement les ordres de
ceux qui l’ont fabriquée. Il n’était pas permis aux membres de cette
opposition de répondre favorablement à cet appel, ni donc aux solutions
politiques. Par ailleurs, ils ne disposent d’aucune base populaire.
Malgré tout, nous les avons invités mais ils n’ont pas répondu à cette
invitation.
- MAIS CERTAINS N’ONT PAS REPONDU PARCE
QU’ILS CRAIGNAIENT POUR LEURS VIES. ILS CRAIGNENT QU’ILS NE SOIENT
EMPRISONNES COMME CE FUT LE CAS AVEC ABDELAZIZ AL KHAYER. POUVEZ-VOUS
LEUR DONNER DES GARANTIES ?
Bachar al-Assad : Nous leur
avons donné ses garanties, et moi-même j’ai évoqué ces points politiques
y compris des garanties sécuritaires à toute personne qui vient en
Syrie pour le dialogue. Mais ils ne sont pas venus, ou on ne leur a pas
permis de venir. Dire qu’ils craignent être tués ou arrêtés, nous
n’avons ni tué ni arrêté personne de l’opposition. Ils se trouvent en
Syrie, les amis et les collègues d Abdelaziz Al Khayer … Vous pouvez les
rencontrer ici même, en Syrie. Pourquoi agresser ou arrêter quelqu’un
et laisser les autres ?! Où en est la logique ? Cela est insensé.
- COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS LA POSITION DE LA FRANCE AUJOURD’HUI A VOTRE EGARD ? VOUS ETES VENU PLUSIEURS FOIS EN FRANCE …
Bachar al-Assad : Ce n’était pas
une relation d’amitié… C’était une tentative de la part de la France de
changer l’orientation de la politique syrienne, et ce à la demande des
Etats-Unis. C’était une chose tout à fait claire pour nous. Même le
virement positif vis à vis de la Syrie en 2008, s’est fait sous
l’influence du Qatar… pour être clair, la politique de la France
vis-à-vis de la Syrie dépendait totalement du Qatar et des Etats-Unis.
- LES PARLEMENTAIRES FRANÇAIS SE
REUNIRONT MERCREDI. AUJOURD’HUI, IL Y A UN GRAND DEBAT EN FRANCE.
CERTAINS PENSENT QUE HOLLANDE EST ALLE TROP LOIN DANS CETTE AFFAIRE.
QUEL DISCOURS ADRESSEZ-VOUS AUJOURD’HUI AUX PARLEMENTAIRES FRANÇAIS
AVANT QU’ILS SE REUNISSENT ET VOTENT ?
Bachar al-Assad : Il y a
quelques jours, le Ministre français des affaires étrangères aurait
déclaré : la participation de la France attend le congrès américain. Il
n’a pas dit qu’il attendait la décision du parlement français. Je vous
demande donc de qui dépend le Gouvernement français dans ses prises de
décisions, du parlement français ou du congrès ?!!
Depuis 2003, suite à l’invasion
de l’Irak, la France a décidé de renoncer à son indépendance et est
devenue la subalterne de la politique américaine. C’était vrai pour
Chirac après la guerre, mais aussi pour Sarkozy, et aujourd’hui pour
Hollande.
La question est de savoir si la
réunion du parlement français signifiera que les français retrouveront
l’indépendance de la décision de la France. Nous souhaitons que la
réponse soit positive. Je dirais à ce moment-là aux parlementaires
français : que chacun décide en fonction de l’intérêt de la France. Les
représentants du peuple français soutiendront-ils l’extrémisme et le
terrorisme ? Se mettront-ils du côté de ceux qui ont perpétré les
attaques du 11 septembre à New York, ou l’attentat du métro en Espagne ?
Les députés du peuple français se mettront-ils du côté de ceux qui ont
tué les innocents en France ??? Comment pourront-ils s’opposer à des
gens comme Mohammad Marah en France, et les soutenir en Syrie !!!
Comment la France peut-elle combattre le terrorisme au Mali et le
renforcer en Syrie ? La France deviendra-t-elle un exemple de la
politique des deux poids deux mesures promues par les Etats-Unis ? !!
Comment les parlementaires
français pourront-ils convaincre leurs concitoyens que la France est un
état laïc, et en même temps appuyer ailleurs l’extrémisme et le
confessionnalisme ; un Etat qui appelle à la démocratie mais dont
l’allier principal c’est des Etats qui appartiennent au moyen âge comme
l’Arabie Saoudite. Je dis aux parlementaires français : revenez aux
principes de la révolution française dont le monde entier s’en est
orgueilli : liberté, égalité, fraternité.
- SI LA FRANCE INTERVIENT MILITAIREMENT, LES INTERETS NATIONAUX DE LA FRANCE SERONT-ILS AFFECTES EN SYRIE OU DANS LA REGION ?
Bachar al-Assad : Cela dépend
des répercussions de la guerre. Mais la France perdra certainement ses
intérêts. Il y a une sorte de mépris vis-à-vis la politique de la
France, cela est devenu clair et se reflète directement sur les
intérêts. Il aura des répercussions, négatives bien entendu, sur les
intérêts de la France. Surtout que des pays importants dans la région
commencent à s’orienter vers l’Est, et non plus vers l’Europe comme
auparavant. Les alternatives sont disponibles, ainsi que le respect
mutuel entre nous et ces pays.
- DONC VOUS APPELEZ A LA RAISON ET A LA SAGESSE.
Bachar al-Assad : A la raison et à la morale.
- ENTENDEZ-VOUS PRESENTER VOTRE CANDIDATURE L’ANNEE PROCHAINE AUX ELECTIONS PRESIDENTIELLES.
Bachar al-Assad : Ca dépend, à
ce moment là de la volonté du peuple syrien. Si je sens que le peuple le
souhaite, je n’hésiterai pas à le faire, bien au contraire. A présent,
nous n’avons pas de statistiques à ce sujet, mais nous avons des
indices. L’indice principal c’est que lorsque vous combattez des
terroristes qui viennent de plus de 80 pays et qui sont appuyés par
l’Occident et par certains Etats Arabes, et que le peuple ne veut pas de
vous, vous ne pouvez pas continuer. Puisque la Syrie a résisté pendant 2
ans et demi, c’est là un indice important quant à l’existence d’un
soutien populaire.
- DANS CETTE CRISE, M. LE PRESIDENT, JUSQU’OU VOUS ETES PRET A COMBATTRE ?
Bachar al-Assad : Ce n’est pas
nous qui a choisi de combattre. Nous avons deux choix : nous battre et
défendre notre pays contre le terrorisme, ou capituler. L’histoire de
notre région ne nous indique pas que nous ayons capitulé auparavant.
Cette région a toujours vécu des guerres. Elle n’a jamais capitulé, et
ne capitulera jamais.
- DONC VOUS ALLEZ VOUS BATTRE JUSQU’A SACRIFIER VOTRE VIE POUR LA SYRIE ?
Bachar al-Assad : Lorsqu’il
s’agit d’une question patriotique tout le monde se bat, et tout le monde
se sacrifie pour sa patrie…. Aucune différence entre président et
citoyen… ce n’est pas une affaire personnelle. En quoi c’est utile si
vous vous restez en vie alors que votre patrie est mourante ?
- EST-CE QUE VOUS ASSUMEZ, M. LE
PRESIDENT ; TOUTES LES ERREURS COMMISES ET TOUT CE QU’A FAIT VOTRE ARMEE
ET LES FORCES DE SECURITE ? PENSEZ-VOUS QU’IL Y A EU DES ERREURS
COMMISES ?
Bachar al-Assad : Tout être
humain risque de se tromper. Si vous ne vous trompez pas c’est que soit
vous n’êtes pas humain, soit vous ne travaillez pas. Moi, je suis humain
et je travaille… Mais lorsque vous voulez évaluez une erreur
quelconque, vous devez prendre du recul. L’évaluation doit se faire
après et non pendant la production de l’événement. Il faut bien attendre
les conséquences de l’action. A présent, nous sommes au cœur de la
bataille. Lorsqu’elle prendra fin, nous seront en mesure d’évaluer les
résultats et nous dirons qu’on avait raison ici, ou qu’on s’est trompé
là.
- ETES-VOUS SUR QUE VOUS ALLEZ GAGNER LA BATAILLE ?
Bachar al-Assad : L’histoire de
notre région nous dit que lorsque les peuples se défendent, ils
vaincront. Cette guerre n’est pas celle du président, ni celle de
l’Etat. C’est la guerre de toute la patrie, et nous remporterons la
victoire.
- MALGRE TOUT, VOTRE ARMEE A PERDU
CERTAINES REGIONS AU NORD, A L’EST, AU SUD… PENSEZ-VOUS QUE VOUS ALLEZ
RECUPERER CES ZONES MILITAIRES ?
Bachar al-Assad. : Notre
problème n’est pas d’avoir la terre sous notre contrôle ou sous celui
des groupes armés. Il n’y a pas un endroit où l’armée a voulu entrer
sans pouvoir y pénétrer. Le vrai problème réside dans la poursuite du
pompage des terroristes à travers les frontières. Il réside aussi dans
le changement que les terroristes ont pu introduire sur le plan social
dans les zones où ils ont pénétré.
- VOTRE ANCIEN AMI MORATINOS M’A DIT IL Y
A QUELQUES JOURS : QU’EST CE QUI SE PASSE DANS LA TETE DE BACHAR
EL-ASSAD ? COMMENT PEUT-IL COMMETTRE DE TELS ACTES DE VIOLENCE DANS SON
PROPRE PAYS ?
Bachar al-Assad : Il faut plutôt
se poser la question de savoir comment la France a permis de tuer des
terroristes qui ont terrorisé les citoyens français chez eux ? Comment
a-t-on fait face au désordre au Royaume Uni l’année dernière ? Pourquoi
l’armée américaine est-elle descendue à Los Angeles dans les années 90 ?
Pourquoi est-il permis aux autres pays de lutter contre le terrorisme,
alors que cela n’est permis en Syrie ? Pourquoi n’est-il pas permis que
Mohamad Marah se trouve en France pour tuer, alors qu’il est permis aux
terroristes de se trouver en Syrie pour tuer ?
- DEPUIS LE DEBUT DE LA CRISE, QUELS
CHANGEMENTS Y-A-T-IL EU SUR VOTRE QUOTIDIEN EN TANT QUE DIRIGEANT DE
L’ETAT ? APRES 2 ANS ET DEMI DE LA CRISE, CERTAINS DISENT QUE BACHAR
EL-ASSAD DIRIGE SEUL LE PAYS.
Bachar al-Assad : C’est bien ce
que je vous ai répondu tout à l’heure. Si l’Occident était contre moi,
mon peuple aussi, et que j’étais seul, comment pourrai-je alors être en
mesure de diriger le pays ? C’est illogique. Je continue grâce à l’appui
du peuple et à la puissance de l’Etat. Malheureusement, lorsqu’on nous
regarde de l’occident, on ne voit pas les choses d’une manière réaliste.
- PLUSIEURS JOURNALISTES FRANÇAIS SONT RETENUS EN SYRIE. AVEZ-VOUS DE LEURS NOUVELLES ? EST-CE LE POUVOIR QUI LES DETIENT ?
Bachar al-Assad : Détenus chez nous ?
- Ils ont été pris en otages au Nord.
Bachar al-Assad : S’ils sont des
otages chez les terroristes, c’est aux terroristes qu’il faut demander
de leurs nouvelles. Si par contre l’Etat arrête quiconque pour être
entré dans le pays de manière irrégulière, il sera traduit en justice.
Il ne sera pas gardé en prison. Il sera jugé selon les lois syriennes,
et tout le monde le saura.
- SOUHAITEZ-VOUS ELABORER UNE COLLABORATION SECURITAIRE AVEC LA FRANCE, CE QUI SE PRODUISAIT D’AILLEURS DANS LE PASSE.
Bachar al-Assad : Toute sorte de
coopération, qu’elle soit sécuritaire, militaire ou même économique a
besoin d’un accord politique. Nous ne pouvons pas avoir une
collaboration sécuritaire avec n’importe quel Etat quand les intérêts
politiques sont en contradiction.
- LORSQUE VOTRE PERE EST DECEDE ET QUE
VOUS ETES ALLE EN FRANCE, LE PRESIDENT CHIRAC VOUS A REÇU… VOTRE IMAGE A
COMPLETEMENT CHANGE…
Bachar al-Assad : La question
est de savoir plutôt si la réalité de la personne a changée. L’image est
modifiée par les médias à leur manière. Ma réalité n’a pas changé. Je
suis quelqu’un qui appartient au peuple syrien. Je défends ses intérêts.
Je suis indépendant, non soumis aux pressions extérieures. Je coopère
avec les autres de manière à sauvegarder les intérêts de mon pays.
Ils ont mal compris ces choses
là. Ils ont pensé qu’un jeune président c’est quelqu’un à qui on peut
dicter ce qu’il doit faire et ce qu’il ne doit pas faire. Ils ont pensé
que si j’avais fait mes études en Occident, ça veut dire que j’ai perdu
ma culture authentique… C’est une manière naïve et superficielle de voir
les choses. Je n’ai pas changé. Mais dès le début ils m’ont vu
autrement. Ils doivent accepter l’image du syrien attaché à
l’indépendance de son pays.
- LA FRANCE EST-ELLE DEVENUE UN PAYS ENNEMI DE LA SYRIE ?
Bachar al-Assad : Quiconque
contribue au renforcement financier et militaire des terroristes est
l’ennemi du peuple syrien. Quiconque contribue à tuer un soldat arabe
syrien est l’ennemi de la Syrie. Quiconque œuvre contre les intérêts de
la Syrie et de ses citoyens est un ennemi.
Je ne parle pas du peuple, car
je vois que le gouvernement français va à l’encontre de l’intérêt e de
la volonté de son peuple. Il faut faire la distinction entre peuple
ennemi et Etat ennemi. Le peuple français n’est pas un ennemi, mais la
politique de son Etat est hostile au peuple syrien.
- DONC L’ETAT FRANÇAIS EST-IL AUJOURD’HUI UN ENNEMI DE LA SYRIE ?
Bachar al-Assad : Dans la mesure
où la politique de l’Etat français est hostile au peuple syrien, cet
Etat sera son ennemi. Cette hostilité prendra fin lorsque l’Etat
français changera de politique.