18 avril, 2012

Ligue des Champions Barcelone, Chelsea s'est imposé 1-0

Archi-dominé et privé du ballon par Barcelone, Chelsea s'est imposé 1-0 en demi-finale aller de la Ligue des Champions. Un but signé Didier Drogba, qui a converti le seul tir cadré des Blues. Roberto Di Matteo et ses joueurs ont réussi leur coup. Reste à conclure la semaine prochaine au Camp Nou.
Chelsea's Ivorian forward Didier Drogba celebrates after scoring a goal during the UEFA Champions League semi-final first leg football match between Chelsea and Barcelona at Stamford Bridge in London on April 18, 2012 - 0

Chelsea ne pouvait pas espérer un meilleur scénario. Dominés, comme prévu, par le FC Barcelone, les Blues ont fait mouche sur leur seule véritable occasion du match grâce à Didier Drogba (45e+2) pour s'imposer devant le Barça à Stamford Bridge, en demi-finale aller de la Ligue des Champions. Les Londoniens étaient revanchards après avoir été éliminés par le club catalan à ce stade de l'épreuve en 2009. Mardi prochain, au Camp Nou, ils partiront avec un court avantage pour tenter d'effacer ce douloureux souvenir. L'équipe de Guardiola, elle, va quasiment jouer sa saison en une semaine, avec le Clasico face au leader madrilène en championnat samedi, puis le match retour face à Chelsea, où elle devra s'imposer par deux buts d'écart pour garder l'espoir de conserver son titre.
A Stamford Bridge, Chelsea n'a jamais pris le jeu à son compte. Dans un 4-1-4-1 avec Didier Drogba seul à la pointe de l'attaque, les Blues ont fait le dos rond pendant tout le match, au prix d'une remarquable discipline tactique et d'un engagement de tous les instants, symbolisé par un John Terry des grands soirs, et un Ashley Cole retrouvé, auteur d'un sauvetage décisif sur une pichenette de Cesc Fabregas (43e). Mais personne n'a mieux symbolisé le courage des Londoniens que Drogba, livré à lui-même face à la défense catalane, et buteur sur son unique occasion du match. Sur un ballon perdu par Lionel Messi au milieu du terrain, Frank Lampard a réalisé une transversale parfaite pour Ramires, dont le centre impeccable a été repris victorieusement par le buteur ivoirien.
Le scénario est forcément cruel pour un Barça ultra-dominateur durant la totalité de la rencontre, mais incapable de trouver une seule fois le chemin des filets. Ce n'est vraiment pas faute d'avoir essayé. Alexis Sanchez a ouvert le bal des occasions manquées avec un ballon piqué sur la barre de Petr Cech (9e), tout heureux de voir ensuite Fabregas manquer le cadre après avoir repoussé un tir d'Andres Iniesta (17e). Impérial, le portier tchèque a ensuite repoussé les tentatives de Fabregas (26e), Messi (28e), Adriano (51e) ou Carles Puyol (87e). Il fallait forcément un grand match de l'ancien Rennais, sauvé par son poteau sur une ultime tentative d'Adriano (90e+3), pour que Chelsea s'impose à Londres face au tenant du titre. Il en faudra un autre la semaine prochaine au Camp Nou si les Blues veulent transformer le rêve de voir Munich, désormais permis, en réalité.
Vincent BREGEVIN / Eurosport

Comment 2Pac est revenu d'entre les morts

HIGH-TECH - Ses créateurs livrent quelques indices. Le plus important: ce n'est pas un hologramme...

De notre correspondant à Los Angeles

«C'est qui sur scène?» Dimanche soir, au festival Coachella, en Californie, certains ont bien cru que le rappeur sans chemise était un invité de plus de Snoop Dogg et Dr Dre, après 50 Cent et Eminem. A un détail près: Tupac Shakur est mort il y a plus de 15 ans. Dérangeant pour certains, fantastique pour d'autres, la performance a surtout fait beaucoup de curieux. Retour sur ce tour de magie.

Hologramme ou pas?
«Hologram Tupac» a déjà plus de 20.000 followers sur Twitter. Malgré tout, la recréation de l'artiste n'était pas un hologramme au sens strict du terme (une projection en 3D «flottant» dans l'air). Son créateur, AV Concepts, parle «d'illusion holographique». En fait, elle utilise une version adaptée du système de projection Eyeliner, de Musion Systems, comme le montre la vidéo ci-dessous.

Comment ça marche? Un projecteur vertical envoie l'image sur un écran au sol (en 2D, donc), qui la réfléchit sur une structure drapée 3D transparente inclinée à 45°, ce qui donne l'illusion du volume pour les spectateurs. Malgré quelques bugs, comme un «moonwalking» involontaire, le rendu sur place était bluffant, avec une illusion de gravité particulièrement réussie (la chaîne en or qui bouge autour du cou, notamment). Surtout, la performance transpirait l'authenticité avec des légendes du hip-hop «West Coast» réunis sur scène.
Un vieux principe
Le principe a émergé dès le XVIIe siècle. John Pepper en a fait la démonstration plus tard, en 1860, avec un système de miroirs et des acteurs cachés dans une pièce située à côté de la scène. Al Gore, Céline Dion avec Elvis ou encore Madonna avec Gorillaz l'ont utilisé plus récemment.

Image source
Là, AV Concepts est moins bavard. L'entreprise affirme qu'il ne s'agit pas «d'images d'archive». Elle a eu recours aux services de Digital Domain, le studio d'effets spéciaux qui a fait vieillir Brad Pitt dans le film Benjamin Button.«C'est un travail fantastique d'images de synthèse», confie Michael Bove, du MIT, à Ars Technica. Selon lui, le vrai tour de force de la performance est dans le rendu de Tupac plutôt que dans la projection.
Le mystère de la voix
«What the fucking up, Coachella», a commencé 2Pac. Problème, le rappeur est mort en 1996, soit trois ans avant la première édition du festival. On ne sait pas pour l'instant si la voix –au moins en partie– a été recréée numériquement ou si un imitateur était caché sous la scène.
La comparaison avec le vrai
Ci-dessous, un extrait d'un live de 1996:

Une tournée envisagée
Selon le Wall Street Journal, une série de concerts Snoop+Dre+Tupac est à l'étude.

À Marseille, la police cambriolée par deux fois

La préfécture de Police, à Marseille.
La préfécture de Police, à Marseille. Crédits photo : ANNE-CHRISTINE POUJOULAT/AFP
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Des voitures, des motos, des scooters, des fourgons, des gilets pare-balles ont été dérobés dans des garages de la police. Une plainte a été déposée et une enquête confiée à la sûreté départementale.

Décidemment à Marseille, «les malfrats craignent dégun (personne)», comme on dit avec l'accent dans la Cité phocéenne! De fait, ils n'ont pas hésité à aller cambrioler la police elle-même…Et cela, à deux reprises.
Ils se sont introduits la nuit dans un garage à ciel ouvert du Secrétariat général pour l'administration de la police (Sgap). Il faut dire que les lieux se situent à Sainte-Marthe, entre deux cités réputées difficiles des quartiers nord de la ville. La première fois, les voleurs se sont introduits dans les lieux dans la nuit de vendredi à samedi dernier, en sectionnant le grillage servant de clôture au garage du Sgap, qui assure l'entretien ou les réparations des voitures de la police. Ils ne sont pas repartis les mains vides, mais au volant de plusieurs voitures, dont une Alpha Romeo banalisée, sur deux motos de laBRI et de la Direction du renseignement intérieur, dont une Yamaha 850, et sur un scooter Peugeot. Ils sont également repartis avec six jeux de plaques d'immatriculation qui se trouvaient dans l'un des véhicules dérobés.
Deux nuits plus tard, ils ont réinvesti les lieux, avec toujours autant de facilité. Après avoir fracturé un local, ils ont volé des gilets pare-balles et sont repartis également avec un fourgon, qui a été retrouvé par la police, incendié à Saint-Antoine, dans les quartiers nord. L'Alpha Romeo a également été retrouvée, mais en bon état, non loin de là, dans la cité de la Savine.
Aucune arme, en revanche, n'a été dérobée, a précisé le parquet de Marseille. Le forfait pour lequel une liste des objets volés a été dressée dans une note confidentielle par la direction départementale de la sécurité publique (DDSP) aurait dû rester secret, mais la répétition a entraîné des fuites…
Une plainte a été déposée et une enquête confiée à la sûreté départementale a été ouverte, afin de tenter de savoir l'usage que comptaient faire les auteurs du vol.
«Tout le monde semble découvrir le problème, s'insurge un syndicaliste de la police, qui ne veut pas être nommé. Je suis étonné que ça ne soit pas arrivé plus tôt! Il y n'avait, le plus souvent, personne pour garder les locaux. On n'a pas assez de monde à mettre sur le terrain. Alors, on ne peut pas garder nos propres locaux. On est dans un quartier chaud. À force de tourner, ils se sont rendu compte qu'ils pourraient entrer facilement…» Depuis, les autorités ont renforcé la sécurité aux abords du Sgap et du garage.

Top 10 des footballeurs africains à suivre en 2012

La saison 2011-2012 approche de la fin. Bientôt, il sera temps de spéculer lors du mercato estival: partira? Partira pas? En attendant, Slate Afrique vous livre une liste de dix footballeurs africains qui vont marquer l'année 2012.

Didier Drogba, le 15 avril 2012. REUTERS/Eddie Keogh
l'auteur

10 - Mourad Meghni (Al Khor, Algérie)

Depuis bientôt deux ans, l'international algérien enchaîne les galères. Si l'ancien Sochalien, un temps présenté comme le nouveau Zidane, fait la Une des journaux, c'est pour cette litanie de blessures qui l'empêche de prouver son talent. Parti retrouver du temps de jeu au Qatar, le meneur de jeu a surtout connu l'infirmerie d'Umm Salal. Prêté à Al Khor, le club d'Alain Perrin, Meghni a la chance de pouvoir montrer de quoi il est capable. L’occasion pour le milieu de terrain de 27 ans de relancer une carrière qui commence à prendre des allures de mauvais film.

9 - Trésor Mputu (TP Mazembe, RDC)

Il est régulièrement présenté comme l'un des meilleurs joueurs du continent. Mais, à 26 ans, Trésor Mputu se plaît au TP Mazembequi en a fait un roi. De nombreux clubs européens suivent de près l'attaquant congolais, capitaine des Corbeaux champions d'Afrique 2009 et 2010. Privé de compétition après une suspension d'un an pour violence envers un arbitre, le natif de Kinshasa est de retour sur les terrains africains. Comme le TP Mazembe, également suspendu pour tentative de corruption. La Ligue des Champions africaine s'annonce tonitruante.

Mourad Meghni avec la Lazio de Rome, 1er octobre 2009. REUTERS/Oleg Popov

8 - Marouane Chamakh (Arsenal, Maroc)

Après des débuts probants à Arsenal, l'attaquant marocain vit une année compliqué. Son temps de jeu (neuf apparitions pour une titularisation et 137 minutes en Premier League) a fondu alors que Robin van Persie enchaînait les buts. Résultat, l'ancien Bordelais ronge son frein... avec la réserve des Gunners. Candidat au départ, Chamakh devra profiter du mercato estival pour filer ailleurs et prouver qu'il a ce qu'il faut pour réussir ailleurs qu'en Gironde.

7 - Souleymane Bamba (Leicester, Côte d'Ivoire)

Parce qu'il a le physique pour jouer en Premier League, parce que, à moins d'une promotion miraculeuse, Leicester ne pourra pas le conserver parce de grosses cylindrées en France et en Angleterre le suivent de près, Souleymane Bamba pourrait bien -enfin- découvrir le plus haut niveau. Il était temps pour ce colosse d'1m 90, titulaire au coeur de la défense des Eléphants lors de la CAN 2012. A 27 ans, ce joueur formé au PSG a ce qu'il faut pour réussir à l'échelon supérieur. 2012 pourrait bien être son année.

6 - Emmanuel Mayuka (Zambie, Young Boys Berne)

Brillant lors de la CAN 2012, où il a porté la Zambie jusqu'à la victoire finale, l'attaquant de 21 ans a explosé sur le devant de la scène. De quoi attirer l'attention des recruteurs qui se pressent au Stade de Suisse, l'antre des Young Boys Berne, pour observer le Chipolopolo in situ. Vitesse, technique et sens du but sont les forces d'un joueur qui compte déjà près de 40 sélections et devrait bientôt rejoindre un club plus huppé.

5 - Seydou Doumbia (CSKA Moscou, Côte d'Ivoire)

La génération dorée de la Côte d'Ivoire a échoué. Elle ne remportera pas sans doute pas de titre en sélection. La dernière chance de sacre pour les Eléphants aura lieu en Afrique du Sud, lors de la CAN 2013. Mais une grande partie de cette équipe légendaire aura sans doute déjà raccroché les crampons. Didier Zokora, Didier Drogba, Kolo Touré... partis ou sur le départ, la suite de l'histoire reste à écrire. Mais la Selefanto peut compter sur un nouveau grand buteur: Seydou Doumbia, un joueur capable de terminer meilleur buteur du championnat suisse avec 20 buts en débutant seulement huit rencontres. Adresse face au but, rapidité, spontanéité, instinct... Le joueur de 24 ans a tout. Le CSKA Moscou l'a remarqué (30 buts inscrits en 43 matches de championnat, 7 buts en 7 matches de Ligue Europa et 5 buts en 6 matches de Ligue des Champions), à lui de s'affirmer sous le maillot orange.

Emmanuel Mayuka, 25 mars 2012, Bern, Suisse. REUTERS/Thomas Hodel

4 - Didier Drogba (Chelsea, Côte d'Ivoire)

Ce sera, à n'en pas douter, le feuilleton de l'été. Si le départ de Drogba () est quasiment acquis, l'attaquant ivoirien n'a pas encore tranché. Shanghai? L'AC Milan? L'OM? Tottenham? Le Real Madrid? Autant de destinations probables pour le capitaine des Eléphants qui prouve, à 34 ans, qu'il peut encore apporter quelque chose à son club. L'Espagnol Fernando Torres, transféré contre 58 M€, à Chelsea, l'a appris à ses dépens.

3 - André Ayew (OM, Ghana)

Rare joueur à surnage dans une équipe de l'OM à la dérive, le Ghanéen sera l'un des seuls joueurs « bankable » du mercato olympien. A 22 ans, le cadet des fils d'Abedi Pelé pourrait bien quitter la Canebière. Le Bayern Munich fait les yeux doux à l'attaquant des Black Stars depuis un moment. Il ne serait pas étonnant de le voir franchir le Rhin cet été. A moins qu'une nouvelle grosse écurie ne vienne débaucher le numéro 10 de la sélection ghanéenne.

2 - Youssef Msakni (Espérance Tunis, Tunisie)

Youssef Msakni a surfé sur 2011. Tout en haut. Aussi bien en club qu'en sélection. Auteur d'un triplé avec l'Espérance de Tunis (championnat de Tunisie, Coupe de Tunisie et Ligue des Champions africaine), cet ailier de 21 aégalement brillé avec la sélection tunisienne à la CAN 2012: deux buts et des prestations de haute volée qui n'ont pas manqué d'attirer l'attention de grandes formations européennes (PSG, Lyon, Lille, Olympiakos, Arsenal, Monaco, Atlético de Madrid...). Le grand saut est prévu pour cet été.

1 - Nicolas Nkoulou (OM, Cameroun)

A 22 ans, Nicolas Nkoulou a déjà tout d'un grand.Vice-capitaine des Lions Indomptables du Cameroun, le défenseur est déjà une pierre angulaire de la défense de l'OM. Après cette saison compliquée, c'est sans aucun doute sur l'ancien Monégasque que le club phocéen va s'appuyer pour reconstruire une équipe compétitive. Sauf si le Barça, intéressé par le joueur également suivi par Naples, l'AS Roma et Udinese, parvient à le subtiliser à Didier Deschamps. Une offre de 10 M€ serait déjà à l'étude.

Nicolas Nkoulou face au Portugal, 1er juin 2010. REUTERS/Rafael Marchante
Nicholas Mc Anally

Le chaos au Mali: la faute aux Occidentaux

Les causes de l’instabilité au Mali sont à trouver dans l’intervention occidentale en Libye.

Un Malien se repose devant le stade de Bamako, après l'annonce de la prise du Nord-Mali par les Touaregs, mars 2012. © REUTERS

Je sais que la plupart des Européens et des Américains ne sont pas capables de localiser le Mali sur une carte. Mais le peu d’attention qu’ont provoqué les récents événements est quand même honteux. Jusqu’à présent, le Mali constituait une des plus beaux succès de l’Afrique de l’Ouest. Et maintenant, le pays vacille.
La situation est particulièrement ironique si l’on considère que ce sont les décisions politiques occidentales —des politiques bien intentionnées, qui avaient pour objectif de débarrasser le monde d’une incarnation du Mal— qui ont contribué aux problèmes du Mali.
Le Mali était vraiment un pays à part, sur un continent qui n’a pas une grande réputation de gouvernance libérale. Durant les vingt dernières années, ce pays de douze millions d’habitants s’en est tenu, avec ténacité, aux principes démocratiques. En 1991, les Maliens ont renversé une dictature militaire et tenu une Conférence nationale qui a élaboré une Constitution garantissant la liberté de la presse, une décentralisation poussée, et la tenue d’une élection présidentielle tous les cinq ans. Depuis, les habitants de ce pays majoritairement musulman ont toujours réussi à adhérer à ces principes.

Vieux démons

D’une certaine façon, cette dernière crise n’est pas une nouveauté. Depuis des décennies, le gouvernement du Mali est en prise avec la rébellion dans le nord aride du Sahel, habité par les Touaregs, un peuple du désert dispersé à travers le Sahara et le Sahel. Les Touaregs ont bien peu en commun avec les habitants du sud du Mali qui sont plus proches, en termes de culture et de mentalité, des Africains de la côte qui dominent les pays au sud. Mais, à leur grande déception, les séparatistes touareg n’avaient jamais réussi, jusqu’ici, à effectuer de réelles avancées. Et même l’armée malienne, sous-équipée, arrivait encore à contenir leur insurrection.
La situation a complétement changé en janvier, lorsqu’un groupe séparatiste touareg, surgissant du néant, a remporté une série de victoires éclatantes dans le nord. L’armée malienne a été forcée de se retirer. Des officiers démoralisés et mécontents ont alors fait un coup d’Etat dans la capitale Bamako, accusant le président Amadou Toumani Touré de ne pas être capable d’offrir un soutien approprié à l’effort de guerre. Après une longue période d’incertitude, Amadou Amani Touré a démissionné dans le cadre d’un compromis conclu avec les meneurs du coup d’Etat, qui ont maintenant rendu le pouvoir àDioncounda Traoré, l’ancien président de l’Assemblée nationale. L’accord, d’ailleurs remarquable, a été négocié par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
La démission d’Amadou Toumani Touré devrait entraîner une nouvelle élection présidentielle, mais reste à voir si les institutions démocratiques du Mali pourront se relever des dommages qu’elles ont subies. Le 6 avril, les rebelles ont déclaré que le territoire sous leur contrôle —une zone plus grande que la France— devenait un Etat indépendant, qu’ils ont nommé Azawad. Le reprendre pourrait être bien au-delà des capacités de l’armée malienne, et un échec pourrait porter atteinte à la crédibilité du gouvernement durant une période de transition qui sera délicate.

De Charybde en Scylla

Mais comment les rebelles —qui avaient déjà mené des rebellions dans les années 90 et à nouveau entre 2007 et 2009— ont-ils soudainement réussi à remporter cette victoire époustouflante? Les explications sont probablement complexes, mais un facteur saute aux yeux: la chute du régime de Mouammar Kadhafi en Libye, un pays proche du Mali.
Le soulèvement contre Kadhafi a commencé en février 2011. Quelques semaines plus tard, l’OTAN a décidé d’intervenir et a commencé à fournir un soutien aérien à l’opposition armée. Je pense que peu d’experts contesteraient que l’aide de l’Occident à été cruciale pour la victoire finale. Après tout, Kadhafi avait à sa disposition des arsenaux énormes d’artillerie et de véhicules blindés, des moyens que ne possédaient pas ses opposants. Difficile d’imaginer la victoire des rebelles sans l’aide de l’OTAN…
Kadhafi a finalement été capturé et tué le 20 octobre. Trois jours plus tard, le Conseil National de Transition, gouvernement par intérim de la Libye, a déclaré la «libération» du pays —même si le Conseil n’était pas capable de maintenir un contrôle centralisé sur un pays inondé par un flot d’armes. Et quelques semaines après la chute de Kadhafi, les rebelles ont lancé leur offensive dans le nord du Mali.
La façon dont les forces touareg ont pu se matérialiser reste un peu mystérieuse, mais ce qui est indiscutable, c’est que la plupart de ses combattants viennent de Libye. Profondément méfiant vis-à-vis de l’armée libyenne, Kadhafi était connu pour recruter des mercenaires dans d’autres pays africains pour se protéger et protéger les membres du gouvernement. Les Touareg faisaient certainement partie de ces mercenaires. Kadhafi a aussi soutenu différents mouvements d’insurgés en Afrique afin d’étendre son influence. Mais les experts s’accordent pour dire qu’il les contrôlait étroitement. Alex Thurston, auteur du Sahel blog, a souligné que c’est Kadhafi, et personne d’autre, qui a négocié le cessez-le-feu lors de la rébellion touarègue de 2009.
Avec leur soutien et protecteur disparu, les séparatistes basés en Libye n’avaient plus aucune raison de rester là-bas. Et ils ont dû voir la soudaine disponibilité de ces armes lourdes, dans des arsenaux qui n’étaient plus gardés, comme une opportunité qu’il ne fallait pas laisser passer.
Il est donc clair que la guerre civile en Libye a été une cause immédiate du succès de la rébellion touarèg. Mais jusqu’à quel point peut-on accuser les actions occidentales? Est-ce que les interventions, bien intentionnées, contre Kadhafi, ont libéré des forces qui ont conduit à la chute de la démocratie malienne?

Flou artistique

Les réponses ne sont pas totalement claires –—surtout en considérant les difficultés à obtenir des informations fiables venant d’une des régions les plus isolées sur terre. Mais le timing est troublant. La Libye était en plein trouble durant les huit mois précédant la mort de Kadhafi, mais les touareg n’ont lancé leurs attaques que quelques semaines après cela.
«En janvier l’équilibre du pouvoir a changé, a déclaré Naunihal Singh, politologue à l’université Notre Dame (Indiana) Et l’une des raisons réside dans l’afflux d’hommes et d’armes (venant de Libye).»
Ce qui soulève cette question: Washington et ses alliés européens en ont-ils fait assez pour anticiper les éventuelles répercussions dans la région de cette intervention? Les décideurs politiques auraient dû être attentifs à ces risques, a dit M. Singh –—notamment à cause des craintes qu’une vacance du pouvoir dans le nord puisse créer un refuge pour les militants d’al-Qaïda au Maghreb islamique. (Pour mémoire, Foreign Policy avait déjà publié un article sur les dangers du retour des mercenaires touareg au Mali en février 2011). Mais les experts de l’OTAN se sont concentrés sur leurs premiers objectifs, empêcher Kadhafi de tuer plus de civils libyens et soutenir la résistance.
Auraient-ils pu en faire davantage pour empêcher un retour de flamme? Tom Malinowski de l’ONG de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch, souligne que son organisation a plusieurs fois exhorté l’OTAN à prendre des mesures pour prévenir le détournement des armes provenant de l’arsenal de Kadhafi:
«Notre point de vue est qu’on aurait pu en faire plus quand le territoire est tombé aux mains des forces rebelles en Libye pour sécuriser les stocks d’armes.»
Mais il reconnaît que cela n’était pas chose facile.

Mise en garde

Ne vous méprenez pas: je n’essaye pas ici de dire que nous aurions dû laisser le dictateur libyen en place. Comme l’a souligné Tom Malinowski, cela serait une erreur de désigner Kadhafi comme une source de stabilité régionale, vu son ingérence obsessionnelle dans les affaires de ses voisins.
«A long terme, ce n’était dans l’intérêt de personne d’avoir un dictateur brutal à Tripoli qui utilisait des groupes rebelles dans la région pour servir ses intérêts et ses caprices», a-t-il déclaré.
«Mais à court terme, la chute de son régime a pu contribuer à ce que nous voyons actuellement au Mali.»
Pour en être sûr, nous ne devons pas trop simplifier la situation. Les dirigeants du Mali portent certainement une responsabilité considérable quant à la situation dans laquelle se trouve le pays. Depuis des années, la démocratie malienne a été minée par la corruption, la pauvreté et la complaisance.
Cependant, les récents événements dans cette partie du monde nous offrent une sérieuse mise en garde. La leçon est la suivante: même dans des situations où il existe de multiples justifications à l’utilisation de la force contre des dictateurs ou des criminels de guerre, les décideurs doivent faire très attention à bien prendre en compte les éventuels effets secondaires négatifs de leurs actions. N’est-il pas temps pour ceux qui interviennent «pour des raisons humanitaires» d’écrire leur propre version du serment d’Hippocrate?

Christian Caryl, chercheur au Legatum Institute, collabore à Foreign Policy, il est aussi le rédacteur en chef de Democracy Lab
Traduit par Sandrine Kuhn