Dans l'affaire de la reconnaissance du génocide arménien, Erdogan s'en prend personnellement à Nicolas Sarkozy, qu'il soupçonne d'instrumentaliser le génocide arménien et de jouer sur «la haine du musulman et du Turc» à des fins purement électorales : «S'il ne sait pas qu'il y a eu un génocide, il peut demander à son père Pal Sarkozy (...) qui a été légionnaire en Algérie dans les années 1940» | (LP/DELPHINE GOLDSZTEJN)
Rien ne va plus entre Ankara et Paris. Au lendemain du vote à l'Assemblée nationale de la loi pénalisant notamment la négation du génocide arménien, les relations franco-turques s'enlisent d'heure en heure.Erdogan s'en prend aussi personnellement à Nicolas Sarkozy, qu'il soupçonne d'instrumentaliser le génocide arménien et de jouer sur «la haine du musulman et du Turc» à des fins purement électorales : «S'il ne sait pas qu'il y a eu un génocide, il peut demander à son père Pal Sarkozy (...) qui a été légionnaire en Algérie dans les années 1940», a-t-il lancé. «Je suis sûr que Pal Sarkozy a beaucoup de choses à dire à son fils sur les massacres commis par les Français en Algérie».
Pal Sarkozy : «Je n'ai pas dépassé Marseille»
Pal Sarkozy a assuré aussitôt n'avoir «jamais été» en Algérie. «Je n'ai pas dépassé Marseille. Et j'étais pendant quatre mois à la légion, a déclaré Pal Sarkozy sur BFMTV. Il suffit d'acheter mon livre, Tant de vie, (...) il y a là-dedans tous les documents, alors c'est totalement ridicule».
La Turquie a détaillé ses mesures de représailles contre la France, en citant par exemple, le rejet de toute demande de visite des bâtiments de guerre français dans les ports turcs, ou bien encore, la fin de toutes relations politiques et diplomatiques avec Paris. En revanche, le Premier ministre truc s'est abstenu d'annoncer des sanctions commerciales contre la France, qui reste une partenaire économique importante en Turquie.
Juppé : une loi «pas opportune»
Vendredi matin, le président français Nicolas Sarkozy, qui assistait à Prague aux obsèques de l'ancien président tchèque Vaclav Havek, s'est contenté de demander à la Turquie de respecter les «convictions» de chacun. «Je respecte les convictions de nos amis turcs, c'est un grand pays, une grande civilisation, ils doivent respecter les nôtres», a brièvement répondu Sarkozy en marge de la cérémonie.
De son côté, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a appelé la Turquie «à la retenue» : «J'avais appelé les autorités turques à ne pas sur-réagir au vote du Parlement. Je constate qu'il y a eu des déclarations sans doute excessives», a commenté le chef de la diplomatie. Dans le même temps, il a pris ses distances avec la loi votée jeudi : «je pense que cette initiative n'était pas opportune, mais le Parlement a voté. (...) Essayons maintenant de reprendre des relations apaisées. Ce sera difficile, j'en ai conscience, mais le temps fera son oeuvre», a-t-il poursuivi.
Malgré les nombreux avertissements d'Ankara, les députés français ont voté jeudi cette proposition de loi pénalisant d'un an de prison et de 45 000 euros d'amende, toute négation d'un génocide reconnu par la loi. La France, elle, a déjà reconnu en 2001 le génocide arménien commis en 1915 par la Turquie. Cent plus tard, les Turcs, eux, continuent toujours de le nier.
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