13 février, 2014

BURKINA FASO : 105 000 cas d’avortement en 2012

Avortement

Ouagadougou – Environ 105 000 cas d’avortement sont survenus en 2012 au Burkina Faso, la grande majorité dans la clandestinité et dans des conditions à risques, révèle une étude rendue publique mercredi par l’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) de l’Université de Ouagadougou et le Guttmacher Institue (Etats-Unis).

Que les femmes habitent en ville ou en campagne, « 32% de toutes les grossesses au Burkina Faso (en 2012, ndlr) sont non intentionnelles […] et un tiers de ces grossesses se terminent par un avortement », renseigne l’étude, ‘’Grossesses non intentionnelles et avortements au Burkina Faso : causes et conséquences’’.

L’étude précise cependant, qu’en zone urbaine, 34 femmes sur 1000, âgées de 15 à 49 ans, ont subi un avortement contre 22 sur 1000 en campagne.

« Le recours à l’avortement est plus rependu parmi les femmes vivant en ville qui sont jeunes, non mariées et qui ont achevé le cycle scolaire secondaire », lit-on dans le dossier de presse.

Toutefois ce sont « les femmes pauvres vivant en milieu rural qui étaient (en 2012) les plus susceptibles d’être blessées, parfois gravement, suite à des avortements clandestins. Ces femmes sont également les moins susceptibles de recevoir les soins médicaux dont elles ont besoin pour prendre en charge leurs complications », a affirmé Dr Clémentine Rossier, co-auteur du rapport et chercheure à l’ISSP au moment où l’étude a été conduite.

Cela s’explique par le fait qu’en ville, 74 % des femmes font recours à du personnel médical qualifié, alors que 72% de leurs pairs en campagne vont chez un praticien traditionnel sans formation médicale ou utilisent des méthodes dangereuses, indique l’étude.

Les chercheurs ont établi que le statut socioéconomique d’une femme détermine largement le type de praticien auquel elle aura recours pour avorter, et par conséquent le niveau de sécurité de cet acte.

Le nombre de 105 000 cas d’avortement survenus en 2012 au Burkina Faso, à en croire les spécialistes, tire son origine du faible niveau d’utilisation des méthodes contraceptives.

Ils affirment que « seulement 15% des femmes mariées burkinabè utilisent une méthode moderne de contraception » et que 40% des jeunes femmes non mariées et sexuellement actives ont un besoin de contraception non-satisfait.

« Les programmes de planification familiale ont besoin d’être renforcés afin que toutes les femmes puissent plus facilement planifier la survenue et l’espacement de leurs grossesses. Cela réduira les grossesses non intentionnelles, et par conséquent le besoin d’avorter », note Dr Akinrinola Bankole du Guttmacher Institute.

Au Burkina, l’avortement est autorisé par la loi pour protéger la santé de la femme enceinte, ainsi que dans les cas de viol, d’inceste, ou de grave malformation fœtale.

Né en 2005 sur les cendres de l’Unité d’enseignement et de recherche en démographie, l’Institut supérieur des sciences de la population a bénéficié la même année, du label ‘’Centre d’excellence de l’UEMOA dans les domaines de la population et de la santé.’’

NDT/TAA