Le maire de l’arrondissement 4 de Ouagadougou, Anatole Bonkoungou, a révélé à l’opinion un contrat portant sur un marché de bornage de près de 200 millions,
passé par son prédécesseur Zakaria Sawadogo, dont il dit ne pas
retrouver les justificatifs. Il a également évoqué le cas de factures
impayées. Un ancien conseiller municipal, membre de l’équipe sortante de
l’arrondissement 4 (mandat 2006-2012), alors Arrondissement de
Nongr-maasom, a voulu donner des éclaircissements sur cette affaire. Il
s’agit de Hamadé Maïga. Il dit avoir été chef d’équipe n°4 dans l’équipe
ayant conduit les recensements dudit lotissement. Pour lui, le maire
Bonkoungou n’a pas été « sincère » avec l’opinion
publique. La mairie n’avait pas l’argent (les 200 millions de F CFA) à
l’époque pour payer l’entreprise qui a fait le bornage, et, de son avis,
Anatole Bonkoungou était « bel et bien informé ».
Hamadé Maïga, ancien conseiller municipal de l’ex-arrondissement de Nongr-massom (Ph : B24)
Burkina 24 (B24) : Vous dites que la
mairie de Nongr-massom n’avait pas d’argent à l’époque pour payer
l’entreprise qui devrait faire le bornage ?
Hamadé Maïga (H.M): Les clauses du
contrat étaient très claires. C’est à la fin des attributions, quand on
aura collecté l’argent, qu’on règlera l’entreprise, L’œil du Géomètre.
Ils (l’entreprise, NDLR) ont commencé le travail. Ils ont fait le
bornage de la zone marteau. Après, ils sont venus nous faire le point en
conseil. Ils nous avaient alors demandé de l’argent pour continuer.
Nous leur avons rappelé les clauses du contrat.
Ils ont alors dit qu’ils vont
confectionner les bornes et continuer le bornage. Avant de partir, ils
ont tenu à dire lors d’une session du conseil d’arrondissement qu’ils
ont pu dégager 15 000 parcelles. C’était en fin 2012, tout juste avant
les élections. Ils ont fait la facture à hauteur de 195 millions de F
CFA et ils l’ont déposée à la mairie.
L’équipe qui devrait nous remplacer
devrait donc, non seulement s’occuper des attributions, mais aussi du
règlement de la facture. Ce n’est pas un acte du maire (sortant, Zakaria
Sawadogo, NDLR), mais celui du conseil municipal. Nous sommes tous
responsables, Anatole Bonkoungou (l’actuel maire, NDLR), moi-même et le
maire sortant, parce que nous étions tous conseillers municipaux à
l’époque. C’est ensemble que nous avons décidé.
B24 : Vous voulez dire que le maire Anatole Bonkoungou était au courant de la facture ?
A.H : Oui. Le maire Anatole
Bonkoungou était bel et bien au courant de cette facture. C’est une
décision qu’on a prise en conseil d’arrondissement. Il était là. Il est
informé. Il connaît les tenants et les aboutissants. Aux recensements,
il était chef d’équipe n°3 et moi j’étais chef d’équipe n°4. On a tous
fait le recensement ensemble. On n’a pas pris un rond. On a décidé que
c’est quand l’intéressé va connaître sa parcelle qu’il va payer sa
parcelle et c’est avec cet argent qu’on allait payer l’entreprise.
Mais pourquoi le maire Anatole Bonkoungou a indiqué qu’il n’était pas au courant ?
C’est un manque de sincérité. Le mandat
passé, il était déjà à son deuxième mandat. Le premier mandat, il était
premier adjoint au maire. Le second passé, il était membre du conseil
municipal et participait à toutes les sessions.
Aujourd’hui, il n’y a pas de dossier à la
mairie qu’il peut dire qu’il ne connaît pas. Mais il doit être sincère
et reconnaître que l’acte que nous avions posé en son temps était
réfléchi et que nous l’avions tous salué à sa juste valeur.
Aujourd’hui, nous devons être
responsables des actes que nous avons posés pendant notre mandat. Ce
n’est pas parce qu’il y a une nouvelle équipe qu’on doit incriminer ceux
qui ne sont plus là. Aucun rond d’un contribuable n’a été pris. Quand
tu hérites du patrimoine de quelqu’un, il faut aussi hériter de son
passif et de son actif.
C’était la seule facture impayée ?
Il y a encore une deuxième facture. Elle
est relative à la construction de l’école de Nioko II. Notre
arrondissement avait un partenariat avec une ville. Et nous leur avons
demandé de nous aider à construire une école à Nioko II. Ils ont
accepté.
Hamadé Maïga : « Le maire Anatole Bonkoungou manque de sincérité » (Ph : B24)
Le montant de la construction devait
s’élever à 45 millions de F CFA. La commune de Ouagadougou devrait
verser 17 millions de F CFA. En son temps, le maire Simon Compaoré était
souffrant. Le maire (sortant, NDLR) est allé le voir pour lui expliquer
le problème. Le maire (Simon Compaoré, NDLR) a donné son quitus et a
instruit son premier adjoint, Jean Christophe Ilboudo, d’inclure cela
dans le budget supplémentaire pour qu’on puise construire l’école.
C’est ainsi qu’une entreprise a été
attributaire du marché. Ils sont venus déposer la facture.
Naturellement, l’argent est là. C’est disponible. Si toutefois, les
travaux étaient finis, ils pourront payer l’entreprise. Ce n’est pas une
somme en divagation.
En plus de ça, la même école dont nous
parlons relève maintenant de l’arrondissement 10. En temps normal, le
maire de l’arrondissement 10 doit rentrer en contact avec la commune
pour qu’on puisse régler l’entreprise. Ça, ce n’est pas un problème.
La facture ne relève donc plus de l’arrondissement 4 ?
Non. Ce n’est plus une facture qui relève de l’arrondissement 4.
Un dernier commentaire ?
Je pense sincèrement qu’on a passé un
mandat en de bons termes. On a fait de notre mieux. Aujourd’hui, la
meilleure façon de nous remercier, c’est de dire réellement à la
population ce que nous avons pu réaliser (…). C’est une manière de salir
le nom des gens, mais ce n’est pas bien.
Même s’il (le maire Anatole Bonkoungou,
NDLR) a un problème politique, il doit gérer son problème politique avec
son parti. Ce n’est pas un problème avec les autres. Il ne dit pas à
l’opinion publique qu’il a 15 000 parcelles disponibles, mais il
reconnaît que le maire Zakaria Sawadogo a une facture qu’il devrait
payer. Mais si tu as 15 000 parcelles de disponible, tu dois être prêt à
accepter aussi sa facture. Il doit assumer ses responsabilités.
Propos recueillis par Abdou ZOURE
Pour Burkina 24