c’est aussi une universitaire qui s’est lancée dans l’action politique dans son pays, les Etats Unis.
Elle
fait partie de l’équipe des fidèles de Barack Obama qui vient de la
désigner pour succéder à Susan Rice comme ambassadrice des USA auprès de
l’ONU, un poste pour lequel le choix présidentiel doit recevoir l’aval
du Sénat. Pour arriver à ce que beaucoup considéreraient comme le point
culminant d’une carrière, où à tout le moins une étape décisive,
Samantha Power a dû cependant compter sur d’autres atouts que ses
compétences et la confiance de l’exécutif. En effet, nous apprend le New
York Times, la confirmation par le Sénat de Mlle Power n’a été garantie
que tout récemment, grâce à l’approbation explicite et publique de sa
nomination par Michael B. Oren, ambassadeur de l’entité sioniste à
Washington. Une telle démarche de la part d’un diplomate étranger est
non seulement incongrue mais tout simplement contraire aux usages
diplomatiques et donnerait lieu à une manifestation de mécontentement
dans tout Etat qui se respecte, c’est-à-dire dans tout pays qui n’est
pas une république bananière.
L’approbation formulée par M. Oren intervient après une période
pendant laquelle Mlle Power a été mise à l’épreuve et a dû renier en
pleurnichant,
au
sens propre du terme, devant le gratin du lobby sioniste certaines
prises de position qu’Abraham Foxman H. Foxman, le patron de l’Anti
Defamation league [ADL, équivalent de la LICRA aux Etats Unis] qualifie
en quelque sorte d’erreurs de jeunesse.
Le choix pour le poste à l’ONU reçoit le vote de confiance d’Israël
Par Mark Landler, The New York Times (USA) 7 juin 2013 traduit de l’anglais par Djazaïri
WASHINGTON — Samantha Power, choisie par le président Obama pour être
la prochaine ambassadrice aux Nations Unies, se heurte à la résistance
de groupes pro-israéliens pour des propos qu’elle avait tenus à une
époque sur Israël et les Palestiniens. Mais vendredi, elle a obtenu un
vote de confiance inattendu de la part du représentant de l’Etat
d’Israël aux Etats-Unis.
Michael B. Oren , l’ambassadeur d’Israël à Washington, a déclaré dans
une interview que Mme Power, journaliste et universitaire qui a
beaucoup écrit et traité des violations des droits de l’homme, avait une
profonde compréhension des questions de
sécurité d’Israël et de la sympathie pour ses préoccupations.
Normalement, a expliqué M. Oren, un officiel du gouvernement
israélien ne devrait pas faire de commentaires sur une nomination
présidentielle qui requiert une confirmation du Sénat. Il a indiqué
qu’il avait décidé de faire une exception dans son cas pour dissiper
l’impression que le gouvernement israélien avait des réserves par
rapport à elle.
Mercredi, M. Oren a posté des messages sur Twitter pour saluer la
nomination de Susan E. Rice comme conseillère à la sécurité nationale –
une fonction qui ne nécessite pas de confirmation du Sénat – et pour
louer son prédécesseur, Tom Donilon. Il avait gardé le silence sur Mme
Power.
Vendredi, M. Oren a déclaré qu’Israël "fera bon accueil à quiconque
sera désigné par le président et confirmé par le Sénat comme ambassadeur
auprès des Nations Unies." Mais il ajoutait: "Samantha Power et moi
avons travaillé en étroite collaboration au cours des quatre dernières
années sur des questions vitales pour la sécurité d’Israël. Elle connaît
à fond ces questions et leur porte un intérêt extrême ".
Les
commentaires de M. Oren pourraient apaiser les effets persistants de
propos que Mme Power avait tenus avant d’entrer au gouvernement au sujet
de la politique américaine envers Israël.
Entre autres choses, elle avait déclaré que les Etats-Unis auraient
besoin de prendre un engagement "mammouth" pour obtenir (la création)
d’un Etat palestinien – une démarche qui pouvait signifier s’aliéner
les juifs américains, un groupe qu’elle présentait comme ayant un «poids
politique et financier énorme.»
La
Republican Jewish Coalition et la Zionist Organization of America
avaient exprimé leur opposition à Mlle Power. Dans un communiqué, Morton
A. Klein, le président au niveau national de la Zionist Organization
[of America], avait dit, «Le bilan de Mlle Power montre avec clarté
qu’elle est viscéralement hostile à Israël.»
Chuck Hagel, choisi par M. Obama pour le poste de Secrétaire à la
Défense, avait également été accusé d’être anti-Israël. Il avait défendu
son bilan et avait été confirmé par le Sénat avec une majorité
relativement serrée.
Les officiels de la Maison Blanche disent ne pas avoir d’inquiétudes
sur les perspectives [de confirmation au Sénat] de Mme Power, observant
qu’elle n’a pas été mêlée à la dispute sur l’attaque contre la mission
diplomatique américaine à Benghazi en Libye et que son plaidoyer pour
une intervention militaire en Libye lui vaudrait les faveurs des faucons
comme le sénateur de l’Arizona, John McCain.
De fait, M. McCain a déclaré dans un communiqué publié mercredi, "je
crois qu’elle est bien qualifiée pour ce poste important." Et le
vendredi, un autre faucon républicain, le sénateur Lindsay Graham de
Caroline du Sud, a déclaré que Mme Power était un «choix solide » [sic]
pour représenter les Etats-Unis dans "une institution de plus en plus
hostile".
Mlle
Power bénéficie de plusieurs soutiens juifs de premier plan, dont Alan
Dershowitz, le professeur à la faculté de droit d’Harvard, et Joseph I.
Lieberman, l’ancien sénateur du Connecticut.
Certains leaders pro-israéliens disent comprendre les propos de Mlle
Power comme des indiscrétions d’une jeune femme dans un milieu
universitaire. Ils disent que son travail dans l’administration Obama,
où elle était dans l’équipe de direction du national Security Council, a
été marqué par un soutien constant à Israël et à l’alliance
israélo-américaine.
Mlle
Power a aussi cultivé les relations avec les organisations juives
américaines, et a rencontré en 2011, 40 dirigeants de ces organisations
devant lesquels elle a exprimé ses regrets pour certains de ses
[anciens] propos et s’est défendue avec des mots chargés d’émotion
contre les accusations de parti pris anti-Israël.
«Ses opinions découlaient de l’environnement politique et culturel
dans lequel elle se trouvait à l’époque,” explique Abraham H. Foxman, le
directeur national de l’ Anti-Defamation League . Elle a mûri et a
évolué, et j’ai hâte de travailler avec elle aux Nations Unies.»
Source: Mounadil Djazaïri