L’expulsion d’un sans-papiers en jet privé a fait débat au Luxembourg. Mardi, le ministre de l’Immigration a révélé le coût de la location de l’avion: 17’800 euros.
L’histoire de Youssef, un immigré
illégal du Maroc arrivé au Grand-Duché en 2007 et expulsé en jet privé
en mai n’est pas passée inaperçue dans les médias. Mais le Marocain de
29 ans avoue lui-même avoir défié la loi à plusieurs reprises. Il y a
quelques années, lorsque son expulsion au Maroc était imminente, Youssef
a réussi à se soustraire à la surveillance des autorités.
Ensuite, alors qu’il devait être expulsé
pour la deuxième fois, il a créé l’émoi lors de l’embarquement dans
l’avion: «J’ai crié à la bombe», avoue le Marocain contacté par nos
confrère de L’essentiel Online à Tanger. «Je ne voyais plus d’autre
issue. Les policiers étaient montés dans l’avion de ligne avec moi et
l’embarquement des passagers n’avait pas encore commencé. Par sécurité,
ils ont quand même dû m’évacuer. En descendant de l’avion, les policiers
ont grincé des dents ‘c’est bon, t’as gagné’». Ensuite, les
interrogatoires au commissariat se sont enchainés.
Prix fort
Prix fort
Était-ce pour autant nécessaire
d’affréter un jet privé? «Parfois nous n’avons pas d’autre moyen. C’est
notamment le cas lorsque les personnes refusent de monter dans un avion
de ligne ou échappent aux policiers qui les escortent», a expliqué le
ministre de l’Immigration, Nicolas Schmit(LSAP) à L’essentiel Online à
la veille de l’expulsion forcée. Le ministre a par ailleurs confié qu’un
tel mode opératoire était relativement rare.
Ce mardi, le ministère a finalement
publié le coût du jet privé pour Montpellier dans le cadre d’une réponse
parlementaire: 17’800 euros. Un prix auquel il faut rajouter le ticket
du bateau Montpellier-Tanger ainsi qu’une nuit d’hébergement pour 11
personnes (le réfugié, sept policiers, un représentant de la direction
de l’immigration, un médecin et une personne de la Croix-Rouge).
Des menaces à l’égard du Grand-Duc?
Une mesure d’envergure jugée «nécessaire»
par le ministère de l’Immigration devant les troubles causés à l’ordre
public par le ressortissant marocain. «J’étais très surpris que le
Luxembourg prenne ces mesures, mais je l’ai compris. Après tout, ils
pensaient que j’étais un terroriste», explique le jeune homme. «C’est
une personne qui a proféré des menaces à l’égard du Grand-Duc», indique
encore Nicolas Schmit.
Youssef tente de relativiser ces derniers
faits. «J’ai effectivement eu des embrouilles avec la police alors que
je me baladais devant le palais grand-ducal, concède-t-il. Je ne sais
pas ce qui m’a pris à ce moment-là mais j’ai soudain commencé à crier.
J’étais déprimé et fâché. Mais jamais je n’ai exprimé de menaces. En
plus, je parlais en arabe, comment les policiers l’auraient-ils su?».
Une expérience amère pour Youssef
Une expérience amère pour Youssef
Mais Youssef n’était pas inconnu aux
policiers. Quand il est arrivé au Luxembourg en 2007, il a tout d’abord
prétendu être irakien pour obtenir l’asile. Une pratique courante, étant
donné que le permis de séjour est en premier lieu accordé aux
ressortissants de pays instables. Puis, en 2011, il a purgé une peine de
six mois pour vol de vêtements. En tout, sept procès verbaux ont été
dressés à son encontre au Grand-Duché.
De retour à Tanger, Youssef regrette
cette expérience amère pour lui, mais qui était aussi aux frais du
contribuable luxembourgeois. «Je ne voulais vraiment pas retourner au
Maroc. Là-bas il n’y a pas d’emplois, pas de perspectives. Au Luxembourg
je m’en suis sorti comme je pouvais, je ne voulais faire de mal à
personne.»
(Laurence Bervard/20 minutes.ch)