Avec la décision du président de l'UMP prise ce mercredi matin, le parti plonge encore un peu plus dans la crise.
Copé fait un pas en arrière Crédit Reuters
A l’UMP il en va comme de la météo, les éclaircies sont de courte durée. Après la fragile perspective de sortie de crise via une consultation des militants sur la question de savoir s’il faut ou non revoter, c’est à nouveau l’impasse
, le retour à la case départ , puisque Jean-François Copé a annoncé sur
Europe 1 que "les conditions ne sont pas réunies pour l’organisation
d’un tel scrutin".
La
raison invoquée de cette volte face est le passage à l’acte de François
Fillon qui a constitué son groupe parlementaire dissident, le
"Rassemblement UMP", ainsi que la poursuite de l’action judiciaire
intentée par François Fillon et ses amis à propos d’éventuelles
irrégularités qui auraient faussé les résultats du scrutin du 18
novembre. Cette décision avait été prise mardi matin - le Groupe R-UMP
compte quelque 70 membres - sa composition est publiée au Journal
Officiel. C’est une démarche obligatoire pour que le groupe soit
reconnu. Mais pour la plupart des membres du R-UMP, il doit s’agir d’une
situation provisoire. "On fait chambre à part", expliquaient-ils mardi
matin, laissant entendre qu’ils pourraient réintégrer le lit conjugal,
autrement dit le groupe UMP dès que le conflit pour la présidence du
Parti serait réglé. En fait ce groupe, c’est l’arme de dissuasion pour
que Jean-François Copé réponde aux exigences de François Fillon pour
l’organisation de ce référendum interne, à savoir que cette consultation
sur un éventuel re-vote du Président de l’UMP devait être organisée par un organisme extérieur indépendant.
Et François Fillon réclamait surtout la mise en place d’une direction
collégiale au Parti, en attendant que la situation soit tirée au clair.
Conditions jugées inacceptables par le président proclamé de l’UMP, qui
se pose en victime de l’intransigeance de son adversaire.
Ce
nouveau rebondissement met à mal l’autorité de Nicolas Sarkozy, car
c’est sous son égide que le compromis avait été laborieusement élaboré.
En suggérant un référendum sur un nouveau vote, Nicolas Sarkozy, qui se
disait excédé par les agissement des deux candidats, offrait une porte
de sortie honorable à Jean-François Copé : il avait sans doute eu
connaissance du succès remporté par la pétition pour un nouveau vote
lancée sur internet par Nathalie Kosciusko-Morizet. Mais son éloignement
de la scène politique érode forcément le poids de sa parole. De doctes
juristes ont d’ailleurs déjà fait observer qu’il ne pouvait pas en tant
que membre du Conseil Constitutionnel, s’impliquer dans la vie politique
et que s’il en décidait autrement, il devrait se mettre en retrait de
l’Institution suprême de la République .
A cette heure l’UMP est dans l’imbroglio.
Chez les copéistes, on ne cache plus sa détermination : Jean François
Copé restera le président du parti quel qu'en soit le prix et la
"scission est inéluctable".
Après Alain
Juppé et Nicolas Sarkozy le dernier recours pour sauver le parti se
trouve peut être du côté des militants. De très mauvais sondages sur
l'avenir de la formation et l'avenir personnel de Jean-François Copé
sont peut être la seule chose qui puisse encore faire pencher la
balance.