• CLEVELAND (Etats-Unis) (AFP)
Barack Obama a voté jeudi dans son fief de Chicago 12 jours avant
la date officielle des élections présidentielle et législatives
américaines, concluant par l'Ohio (nord) un marathon des Etats-clé où il
espère barrer la voie à Mitt Romney.
Son adversaire républicain, de son côté, a quadrillé jeudi l'Ohio,
le plus convoité de ces territoires potentiellement décisifs sur fond de
sondages très serrés, en s'appropriant l'antienne de M. Obama il y a
quatre ans, le "changement".
"Nous voulons un président qui peut vraiment apporter de gros
changements, je le ferai, pas lui", a assuré M. Romney devant 12.000
personnes dans un stade de Defiance (nord-ouest de l'Etat) en présence
de l'ancienne gloire du hard-rock "Meat Loaf". Pour M. Romney, la
campagne de M. Obama est "en train de se réduire de façon incroyable,
sous vos yeux".
Le bimensuel Rolling Stone a rapporté jeudi qu'à la fin d'un
entretien avec des journalistes de sa rédaction, M. Obama avait jugé que
son adversaire racontait des "conneries". La Maison blanche n'a pas
démenti.
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© AFP
Le président Barack Obama vote par anticipation, le 25 octobre 2012 à Chicago
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Le porte-parole de M. Romney, Kevin Madden, a jugé que de tels
propos démontraient que le président était "sur la défensive" et qu'il
"ne lui restait plus que les attaques et les insultes" à ce stade de la
campagne.
M. Obama a pour sa part terminé sur la piste de l'aéroport de
Cleveland, à 300 km à l'est de Defiance, une tournée qui l'a mené dans
huit Etats. La voix enrouée par six discours en moins de 40 heures, il a
affirmé, là aussi face à 12.000 partisans et devant son avion Air Force
One, que "nous pouvons écrire le prochain chapitre ensemble".
Quelques heures plus tôt, le président sortant avait voté dans son
fief de Chicago (Illinois, nord), devenant selon son équipe de campagne
le premier dirigeant des Etats-Unis en exercice à profiter du scrutin
anticipé autorisé dans de nombreux Etats, l'un des éléments sur lesquels
il compte pour triompher le 6 novembre. Il a encouragé ses compatriotes
à l'imiter.
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© AFP
Obama en meeting, le 25 octobre 2012 à Cleveland dans l'Ohio
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Sa tournée électorale de deux jours l'a fait passer jeudi par la
Floride (sud-est) et la Virginie (est), deux autres Etats-clé, après
l'Iowa (centre), le Colorado et le Nevada (ouest) la veille.
A chaque arrêt, il a insisté sur la question de la "confiance" que
les Américains doivent pouvoir accorder à leurs dirigeants,
sous-entendant que M. Romney n'en est pas digne car il tente selon lui
de cacher un programme ultra-conservateur sous des dehors modérés.
Silence de Romney sur un candidat controversé
Le président a aussi réagi aux propos d'un candidat républicain au
Sénat dans l'Indiana (centre), Richard Mourdock, soutenu par M. Romney,
qui avait affirmé mardi qu'une grossesse issue d'un viol était "une
volonté de Dieu".
L'avortement a été légalisé par la Cour suprême en 1973. M. Romney,
contre les interruptions volontaires de grossesse sauf en cas de viol,
d'inceste ou de danger pour la santé de la mère, souhaite que la Cour
revienne sur son arrêt et a promis de nommer des juges anti-avortement.
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© AFP
Mitt Romney en campagne dans une usine de
fabrication de blindage et d'équipements aéronautiques, le 25 octobre
2012 à Cincinatti dans l'Ohio
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Cette affaire, a affirmé M. Obama, montre "exactement pourquoi il
ne faut pas qu'un tas de politiciens, des hommes pour la plupart,
prennent des décisions sur la santé des femmes". En 2008, les électrices
- 53% du corps électoral - avaient choisi à 56% M. Obama.
Son comité de campagne a demandé à M. Romney de retirer son soutien
à M. Mourdock. Une porte-parole du républicain a expliqué que M. Romney
n'était "pas d'accord sur la conduite à adopter dans les cas
exceptionnels de viol ou d'inceste", mais a refusé de lâcher le
candidat, pour qui l'ancien gouverneur a récemment enregistré une
publicité télévisée.
"Nous restons perplexes de voir Mitt Romney être solidaire (...)
d'un candidat dont les déclarations sont révoltantes et choquantes pour
les femmes", a affirmé la porte-parole de l'équipe Obama, Jennifer
Psaki. Les démocrates ont diffusé jeudi une vidéo dans laquelle ils
accusent M. Romney de "donner une voix aux extrémistes".
M. Romney dépasse de peu M. Obama dans les intentions de vote au
plan national, mais les sondages dans les Etats décisifs montrent
toujours pour la plupart une égalité ou un léger avantage au sortant,
tout en restant dans la marge d'erreur.
M. Obama a reçu jeudi comme il y a quatre ans le soutien de
l'ancien secrétaire d'Etat du républicain George W. Bush, Colin Powell.
Le Washington Post a aussi appelé à voter pour lui.
Le président, qui était déjà mardi dans l'Ohio, y retournera lundi
prochain, ainsi qu'en Floride et en Virginie, avec son prédécesseur Bill
Clinton, le seul démocrate à avoir passé deux mandats pleins à la tête
des Etats-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale. M. Obama restera
vendredi à la Maison Blanche pendant que M. Romney continuera à labourer
l'Ohio.