OUAGADOUGOU — Le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur de
l'Afrique de l'Ouest dans la crise malienne, a estimé mardi que la
guerre n'était "pas nécessairement" un choix "utile" pour le Mali, alors
que se prépare une force ouest-africaine contre les islamistes armés du
nord du pays.
"Les Nations unies ont encouragé ce processus de
dialogue qui doit se mettre en place et nous sommes en contact avec les
parties, les mouvements (armés, ndlr) comme le gouvernement (malien),
pour, dans les jours à venir, entamer cette phase qui est capitale pour
la stabilité du Mali", a-t-il déclaré.
"Car la guerre n'est pas
nécessairement le choix premier utile, ni pour le Mali ni pour la
région", a poursuivi M. Compaoré, interrogé par la presse en marge d'un
forum national des personnes âgées à Ouagadougou.
"Si par le dialogue on a une solution, les militaires" vont "rester chez eux", a-t-il insisté.
Le
Conseil de sécurité de l'ONU a adopté le 12 octobre une résolution qui
donne 45 jours au pays ouest-africains pour préciser leurs plans en vue
d'une intervention militaire destinée à reconquérir le nord du Mali,
contrôlé par des islamistes extrémistes depuis près de sept mois, tout
en invitant le gouvernement malien et les rebelles touareg à négocier.
Médiateur
de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao)
dans la crise malienne, M. Compaoré a reçu le Mouvement national de
libération de l'Azawad, la rébellion touareg évincée du nord du Mali par
les islamistes, et Ansar Dine, l'un de ces groupes extrémistes
contrôlant la zone avec Al-Qaïda au Maghreb islamique.
Alors que
se précise l'envoi d'une force régionale, le Burkina Faso pousse de plus
en plus à la négociation, mais sans résultat concret pour l'heure, et
tout en promettant de fournir des troupes à une opération armée.
Le président Dioncounda Traoré est en déplacement à
Doha pour obtenir le soutien du Qatar dans la résolution de la crise
nord-malienne
Le président de la République par intérim
du Mali, le Professeur Dioncounda Traoré est en visite de travail au
Qatar. Dans ce riche émirat gazier du Golfe arabo-persique, le président
Traoré va tenter de convaincre l’émir Cheick Hamad Bin Khalifa Al Thani
de jouer un rôle actif dans la résolution du conflit qui sévit au
Nord-Mali.
(De notre correspondant)
C’est une visite symbolique et pleine de signification que le
Président malien par interim, Dioncounda Traoré a entamé au Qatar.
Arrivé à Doha dimanche, le chef de l’Etat malien accompagné d’une
importante délégation dont le ministre des Affaires étrangères et de la
Coopération internationale, Tiéman Coulibaly, son collègue de la Défense
et des Anciens combattants, Yamoussa Camara, a rencontré l’émir Cheick
Hamad Bin Khalifa Al Thani. Au centre des discussions : la résolution de
la situation de crise au Nord-Mali.
Selon la télévision nationale malienne qui cite le président
Dioncounda Traoré, « le Qatar est disposé à aider notre pays pour le
retour de la paix au Nord ». Une assurance donnée par l’émir Cheick
Hamad Bin Khalifa Al Thani en personne. Le Qatar était pourtant jusque
là soupçonné de soutenir les insurgés au Nord-Mali par une partie de la
presse malienne et française. Ainsi, à en croire le Canard Enchaîné,
hebdomadaire satirique français, l’émirat du Qatar serait un soutien
financier de poids pour les différents groupes islamistes qui ont pris
le contrôle de l’Azawad au mois de mars dernier.
Citant des sources de la Direction du renseignement militaire (DRM,
qui dépend du chef d’état-major des armées françaises), les insurgés du
Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ; les islamistes
d’Ansar Dine ; les terroristes d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et
le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao)
ont reçu une aide financière de l’émirat du Qatar. Mais le montant de
cette aide financière n’est toutefois pas précisé.
Amener les autorités de Doha à mettre fin à ce soutien financier
qu’ils accordent aux groupes armés qui règnent en maître dans le
Nord-Mali, tel est l’objectif des autorités malienne, qui en se rendant à
Doha veulent insuffler une nouvelle dynamique dans la coopération entre
les deux pays.
Il s'appelle El Hadj Ould H'moudi. Il a 28
ans et est lieutenant de l’armée de l’air mauritanienne. Dans une
interview à la télévision nationale, le 21 octobre, il a précisé les
circonstances qui l'ont amené à tirer "par erreur" sur le président
mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz. Voici sa version.
Il s’est enfin dévoilé. Pendant 17 minutes, dans la soirée du 21
octobre, le lieutenant de l’armée de l’air El Hadj Ould H'moudi a
raconté à la télévision nationale comment il a tiré « par erreur » sur le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz, toujours hospitalisé en France.
Le visage grêle, mal rasé, il est intervenu en tenue militaire aux
côtés du porte-parole de l’état-major, le colonel Teyib, lors d'une
interview qui n’était pas en direct, comme en attestent les nombreuses
coupes.
D’emblée, Teyib a précisé que le lieutenant a commis plusieurs
infractions, en patrouillant en tenue civile et en roulant dans sa
voiture personnelle, immatriculée à l’étranger. Il est alors normal,
selon lui, que le président Aziz ne se soit pas arrêté. « Personne ne
l’aurait fait. »
El Hadj Ould H'moudi, 28 ans, a expliqué en hassaniya - l’arabe dialectal de Mauritanie
- que le soir du 13 octobre, son unité était en entraînement au Nord de
Nouakchott. Aussi, il était « en situation de quasi-repos », simplement
vêtu d’un treillis et d’une chemise. « Il était un peu plus de 20
heures lorsque j’ai aperçu deux voitures qui roulaient très vite sur la
piste, à quelques mètres de notre base, a-t-il raconté, visiblement mal à
l’aise. Les passagers étaient enturbannés, je me suis inquiété. J’ai
alors demandé à un sergent de monter avec moi dans ma voiture
personnelle, immatriculée à l’étranger, afin de les poursuivre. » Là,
ils parviennent à couper la route au premier véhicule, un Toyota V8.
Afin de leur faire signe de s’arrêter, il dégaine son arme et tire
plusieurs fois en l’air, en vain. La voiture fait mine de s’arrêter mais
contre toute attente, redémarre très vite et commence à s’éloigner. Ni
une ni deux, Ould H'moudi mitraille le V8 « en visant les pneus. » "C'est peut-être une attaque"
Soudain, un autre Toyota arrive en trombe, manquant de peu, dit-il,
de l’écraser. Le jeune lieutenant tire à nouveau. Il revient alors
tranquillement à sa base, afin de rendre compte à son commandement de ce
qu’il vient de vivre. « Attention, c’est peut-être une attaque », les
prévient-il. Quelques instants après, un autre 4X4 arrive et s’arrête :
plusieurs hommes en descendent. Ils l’informent qu’ils appartiennent à
la garde présidentielle, mais aussi que le conducteur du premier
véhicule n’est autre que Mohamed Ould Abdelaziz et qu’il est «
légèrement » blessé.
"Je ne savais pas que j’avais affaire à un cortège présidentiel", a assuré Ould H'moudi, en pleurs.
Une équipe, mise sur pieds dans la foulée, est chargée de
reconstituer les faits avec Ould H'moudi. « Je ne savais pas que j’avais
affaire à un cortège présidentiel », leur assure-t-il, en pleurs.
Contre toute attente, le commandement de l’armée aurait fait preuve de
compréhension à son égard. « As-tu été interrogé ou arrêté ? » lui
demande alors le journaliste de la télévision nationale. « On m’a
simplement demandé de raconter ce qu’il s’est passé et je n’ai été ni
arrêté, ni inquiété », lui répond Ould H'moudi.
Le colonel Teyib confirme alors qu’il avait de bonnes intentions,
mais qu’au vu de son jeune âge et de son inexpérience, il a manqué de
professionnalisme. Aussi, aucune sanction ne sera prise contre lui. Une
version qui ne convainc toujours pas les leaders de l’opposition
mauritanienne. En partie réunie au sein de la Coordination de
l’Opposition Démocratique (COD), elle demande toujours l’ouverture d’une
enquête.
Voir l'interview télévisée de El Hadj Ould H'moudi :