14 septembre, 2012

Tunisie : épaisse fumée noire au-dessus de l'ambassade américaine


a police a procédé à des tirs de sommation et de gaz lacrymogènes sur des manifestants.

Des manifestants salafistes s'attaquent aux symboles américains à Tunis, le 12 octobre. Des manifestants salafistes s'attaquent aux symboles américains à Tunis, le 12 octobre. © Chedly Ben Ibrahim / Citizenside / AFP


de sommation et de lacrymogènes pour disperser, vendredi, plus d'un millier de manifestants qui attaquaient avec des pierres et des cocktails Molotov l'ambassade des États-Unis à Tunis, au-dessus de laquelle s'élevait une épaisse fumée noire. La fumée, qui noircit le ciel sur des centaines de mètres, provient du parking à ciel ouvert de l'ambassade, a constaté une journaliste de l'AFP. Selon un policier, des manifestants y ont jeté des cocktails Molotov.
Plusieurs centaines d'entre eux continuaient de lancer des pierres sur les forces de l'ordre vers 15 heures GMT et tentaient d'atteindre le bâtiment. Un manifestant a réussi pendant quelques minutes à hisser sur l'un des murs d'enceinte le drapeau noir de la mouvance salafiste. D'importants renforts de la police, de l'armée et de la garde nationale ont été déployés pour tenter de repousser les manifestants venus dénoncer, comme dans d'autres pays du monde musulman, un film dénigrant l'islam. Les forces de l'ordre ont cherché en début d'après-midi à disperser les manifestants à l'aide de gaz lacrymogènes et de tirs de sommation.

EN DIRECT. Ban Ki-moon : "Un film haineux et répugnant"


 Les violences se multiplient dans le monde musulman. L'ambassade américaine à Tunis pourrait avoir été incendiée.

Au Cachemire, en Inde, un manifestant face aux forces de l'ordre. Au Cachemire, en Inde, un manifestant face aux forces de l'ordre. © Rouf Bhat / AFP
Des dizaines de milliers de musulmans ont manifesté vendredi à travers le monde arabe et l'Asie pour dénoncer un film produit aux États-Unis dénigrant l'islam, déclenchant de nouvelles violences.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a condamné le film tout en lançant un appel "au calme et à la raison : "Rien ne justifiait les meurtres et la brutalité" a déclaré le secrétaire général. "Il semble qu'un film haineux, répugnant, a suscité cette violence. Il est honteux de profiter du droit fondamental de libre expression pour provoquer délibérément le sectarisme et une effusion de sang".
Par mesure de précaution, les États-Unis ont dépêché une équipe de marines pour protéger l'ambassade américaine au Yémen alors que des manifestations et violences antiaméricaines menacent le bâtiment, a annoncé le Pentagone vendredi soir.
À Khartoum, quelque 5 000 islamistes ont attaqué les ambassades britannique et allemande, mettant le feu à cette dernière et y arrachant le drapeau national pour le remplacer par un étendard islamiste, selon un correspondant de l'AFP. Un manifestant a été tué lors de la dispersion de la manifestation. La victime a été écrasée par un véhicule policier qui a foncé sur un groupe de manifestants lançant des pierres sur les forces de l'ordre, selon le correspondant de l'AFP sur place.
Une épaisse fumée noire s'élevait vendredi après-midi au-dessus de l'ambassade américaine dans la banlieue de Tunis, a constaté une journaliste de l'AFP après que la police a procédé à des tirs de sommation et de lacrymogènes contre des manifestants. La fumée s'élève depuis le parking de l'ambassade. Selon un policier interrogé par l'AFP, des manifestants y ont jeté des cocktails Molotov.
Au Liban, 300 islamistes ont incendié un fast-food américain à Tripoli (nord), d'après un journaliste de l'AFP. Un manifestant a été tué et 25 autres ont été blessés.
Au Maroc, quelque deux cents salafistes ont manifesté à Salé, près de Rabat, après la prière du vendredi, contre le film anti-islam produit aux États-Unis, déchirant et brûlant des drapeaux américains.
À Sanaa, la police a tiré en l'air pour repousser quelques centaines de manifestants qui s'approchaient de l'ambassade américaine, selon un correspondant de l'AFP. Elle a également fait usage de canons à eau pour disperser les protestataires qui s'étaient rassemblés à quelque 500 mètres de l'ambassade, brûlant le drapeau américain et réclamant l'expulsion de l'ambassadeur. Jeudi, quatre personnes avaient trouvé la mort lors d'attaques contre cette même ambassade.
Au Bangladesh, environ 10 000 manifestants ont brûlé à Dacca des drapeaux américains et israéliens, et tenté de s'approcher de l'ambassade des États-Unis. À l'issue de la prière du vendredi, les manifestants se sont rassemblés devant la mosquée Baitul Mokarram, la plus importante du pays, en affirmant notamment : "Nous ne tolérerons pas d'insultes envers notre grand prophète."
En Indonésie, environ 350 islamistes radicaux ont également manifesté à Jakarta contre la "déclaration de guerre" que représente, selon eux, le film. Dans la capitale iranienne, des milliers de personnes se sont rassemblées aux cris de "Mort à l'Amérique" et "Mort à Israël", selon des images de la télévision d'État.
Au Caire, où l'ambassade américaine est visée par des manifestations depuis mardi, des heurts sporadiques se sont poursuivis dans la matinée avec les forces de l'ordre déployées aux abords de la mission diplomatique. Le puissant mouvement des Frères musulmans, dont est issu le président Mohamed Morsi, a retiré son appel à manifester à travers tout le pays, affirmant qu'il n'organiserait qu'un rassemblement "symbolique" au Caire, sur la place Tahrir.

Forces de sécurité sur le qui-vive

En Syrie, théâtre de violences depuis mars 2011, près de 200 manifestants ont organisé un sit-in de protestation devant l'ambassade des États-Unis à Damas, fermée depuis plusieurs mois, selon un journaliste de l'AFP. Silencieux, ils portaient des pancartes dénonçant le film. En Jordanie, des salafistes ont annoncé des manifestations devant la chancellerie américaine, qui a fait savoir qu'elle avait "relevé sa sécurité". Les Frères musulmans jordaniens appellent de leur côté à des "défilés pacifiques". En Tunisie, des imams de mosquée ont aussi appelé à un grand rassemblement dans l'après-midi devant l'ambassade des États-Unis.
À Benghazi, dans l'Est libyen, le trafic aérien a été suspendu dans la nuit pour des "raisons de sécurité", après l'attaque menée mardi soir qui avait coûté la vie à l'ambassadeur Chris Stevens et à trois autres Américains. Mais il a pu finalement reprendre vendredi. De nombreux pays ont renforcé la sécurité des ambassades américaines après cette attaque, comme le leur a demandé le président Barack Obama.
L'Inde, qui compte une importante minorité musulmane, a ainsi placé en alerte ses effectifs déployés autour des bâtiments américains. Le plus haut responsable religieux musulman de l'État indien du Cachemire a demandé aux citoyens américains de "quitter immédiatement" la région. En Afghanistan, les autorités sont sur le qui-vive et la plupart des ambassades ont pris des mesures de sécurité accrues pour leur personnel et appelé leurs ressortissants à éviter de sortir.
Alors que le département d'État américain a déconseillé à ses ressortissants de se rendre en Algérie en raison d'un risque accru d'attentats, les forces de sécurité ont très sensiblement renforcé leur présence autour de l'ambassade à Alger. Les forces de l'ordre israéliennes ont aussi annoncé le renforcement de leur dispositif de sécurité dans la Vieille Ville et à Jérusalem-Est en raison des "tensions régionales". Des appels à manifester ont été lancés dans l'enclave palestinienne de Gaza, contrôlée par le mouvement islamiste Hamas.

Un film considéré comme "une agression"

Les réactions parfois violentes déclenchées par Innocence of Muslims ("L'innocence des musulmans"), dont des extraits sont diffusés sur Internet, rappellent la colère qu'avait provoquée la publication de caricatures du prophète Mahomet en 2006 par un journal danois. Réalisé par un cinéaste qui s'est présenté comme Américano-Israélien et qui, selon les médias américains, serait de religion chrétienne copte, le film de piètre qualité cinématographique dénigre les musulmans, présentés comme immoraux et brutaux, ainsi que le prophète Mahomet. L'auteur du film aurait demandé la protection de la police californienne après avoir été identifié par les médias.
Les déclarations se sont multipliées pour fustiger ce film, tout en appelant au calme. Le président égyptien Mohamed Morsi a jugé vendredi que le film constituait une "agression" qui "détourne l'attention des vrais problèmes au Proche-Orient", tout en condamnant de nouveau les violences qu'il a entraînées dans la région. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a estimé que ce film était une "provocation" qui ne peut néanmoins justifier les attaques. La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a assuré que le gouvernement américain n'avait "absolument rien à voir" avec cette "vidéo écoeurante et condamnable", exhortant les dirigeants politiques et religieux à condamner les violences survenues. Le site de partage de vidéos YouTube en Inde a bloqué l'accès au film. YouTube avait déjà restreint cette semaine l'accès à ce film, "de manière temporaire", en Libye et en Égypte. Le Pakistan et l'Afghanistan ont de leur côté bloqué l'accès à la vidéo tandis que l'Indonésie, pays musulman le plus peuplé de la planète, a aussi demandé à YouTube un blocage du film.

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À Tripoli (Liban), à Sanaa (Yémen), à Dacca (Bangladesh), à Téhéran ©AFP

Violences antiaméricaines : une équipe de marines envoyée au Yémen


 Washington espère protéger son ambassade au Yémen avec une cinquantaine de ces soldats aguerris.

Les États-Unis ont dépêché une équipe de marines pour protéger l'ambassade américaine au Yémen alors que des manifestations et violences antiaméricaines menacent le bâtiment, a annoncé le Pentagone vendredi. Ce déploiement d'environ 50 soldats au Yémen est "une mesure de précaution", a précisé le porte-parole du département de la Défense, George Little. Des manifestations et violences antiaméricaines se répandent dans le Maghreb et au Moyen-Orient après la mise en ligne d'un film sur Internet qui dénigre l'islam.
Selon George Little, les États-Unis n'ont pas l'intention de faire évacuer l'ambassade dans l'immédiat, mais la sécurité va être renforcée. Les autorités yéménites ont effectué des tirs de sommation et ont utilisé des canons à eau pour disperser les manifestants qui tentaient d'atteindre l'ambassade américaine à Sanaa après la grande prière du vendredi. Les manifestants se sont rassemblés à environ 500 mètres du bâtiment et ont incendié un drapeau américain. Des rassemblements identiques se sont produits dans d'autres pays à majorité musulmane, au Caire, à Khartoum, à Tunis, à Lahore et à Bombay notamment.


AFP

Depuis quand brûle-t-on des drapeaux américains?


Depuis plus d'un siècle aux Etats-Unis, mais seulement 30 ans à l'étranger.

Des partisans de Awami Majlis-e-Amal Pakistan lors d'une manifestation anti-américaine à Quetta au Pakistan le 13 juillet 2012, REUTERS/Naseer Ahmed - Des partisans de Awami Majlis-e-Amal Pakistan lors d'une manifestation anti-américaine à Quetta au Pakistan le 13 juillet 2012, REUTERS/Naseer Ahmed -
Des manifestants qui protestaient contre un film qu’ils considèrent comme blasphématoire pour l’islam ont pris d’assaut l’ambassade américaine à Sanaa, la capitale du Yémen, jeudi 13 septembre, où ils ont notamment descendu et brûlé le drapeau américain. La veille, une attaque contre le consulat américain avait fait quatre morts, dont l'ambassadeur, et des heurts ont également eu lieu en Egypte. Depuis, la «bannière étoilée» a également été brûlée par des manifestants en colère contre le même film à Bagdad, Tunis et dans la bande de Gaza. Depuis quand brûle-t-on des drapeaux américains?
Depuis au moins un siècle aux Etats-Unis, mais moins que cela à l’étranger. S’il est impossible de déterminer avec certitude la date du premier drapeau américain brûlé, la première vague documentée de drapeaux brûlés a eu lieu lors des élections présidentielles de 1896, une des élections les plus tendues et complexes de l’histoire des Etats-Unis. Les Républicains avaient notamment organisé un «Flag Day» («jour du drapeau») le 31 octobre, où tous les partisans étaient appelés à «se rassembler dans leurs villes, villages et hameaux et à montrer leur patriotisme, leur dévotion à leur pays et au drapeau».
Un cas en particulier est resté célèbre. Un partisan du candidat démocrate William Jennings Bryan arracha un drapeau américain des mains d’une fillette, qui s’est révélée être la fille d’un membre de la campagne du républicain William McKinley, et le jeta au feu.
Le droit de profaner, et donc de brûler, le drapeau américain a fait l’objet de nombreuses batailles juridiques et politiques. Au début du XXe siècle, presque tous les Etats américains ont fait passer des lois contre la profanation du drapeau, menacé à leurs yeux par les couleurs des confédérés du sud et aussi par les nombreuses utilisations commerciales.
Le Congrès américain a voté une loi fédérale en interdisant la profanation après que des manifestants anti-Guerre du Vietnam ont brûlé des drapeaux américains à Central Park, en 1968. Mais une décision de la Cour suprême en 1989 selon laquelle la profanation du drapeau est une forme de liberté d’expression protège désormais les incendiaires. Depuis 1994, le Congrès, dominé par les Républicains, a tenté à six reprises d’amender la Constitution pour passer outre la décision de la Cour suprême et réautoriser la punition, mais sans succès.
A l’étranger, les premiers cas médiatisés de drapeaux américains brûlés remontent à 1979, au moment de la crise des otages américains en Iran. Des photos de presse de l’époque montrent des manifestants iraniens brûler le «Stars and Stripes» sur le mur de l’ambassade américaine à Téhéran le 4 novembre.
La prise d’otages est célébrée chaque année par des manifestations organisées par le gouvernement iranien au cours desquelles des drapeaux américains sont traditionnellement incendiés et des slogans anti-américains chantés. Aujourd’hui, la bannière étoilée est régulièrement enflammée dans des manifestations anti-américaines en Palestine, au Pakistan ou encore en Afghanistan, comme celles de 2010 pour protester contre l’appel du révérend Terry Jones à brûler des corans pour l’anniversaire du 11-Septembre.
Mais la pratique n'est pas l'apanage des pays du monde arabe. En avril, des Philippins brûlaient un drapeau américain pour protester contre des exercices militaires communs entre les deux pays, une scène qui s'est également jouée à Belgrade en 2008 lors de manifestations contre l’indépendance du Kosovo.

Explication bonus: Et en France?

Si la plupart des drapeaux américains brûlés le sont par des musulmans en colère, c’est souvent pour des raisons politiques que certains brûlent le drapeau français.
En 2008, des manifestants chinois qui protestaient contre les manifestations pro-tibétaines organisées à Paris à l'occasion du passage de la flamme olympique ont brûlé le drapeau français devant un magasin Carrefour de Quingdao. En 2011, des manifestants pro-Gbagbo ont mis feu au drapeau tricolore après l’élection d’Alassane Ouattara, soutenu par la France.
Sur le territoire national, un drapeau français accroché sur la façade de la mairie de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) a été brûlé et remplacé par un drapeau algérien en juin 2010. Plus récemment, c’est le drapeau qui ornait la mairie de Prunelli-di-Casacconi en Haute-Corse qui a été décroché et brûlé.
Depuis 2003, brûler le drapeau français «au cours d'une manifestation organisée ou réglementée par les autorités publiques» est puni d’une infraction punie de 7.500 euros d’amende. Un décret passé par l’ancienne garde des sceaux Michèle Alliot-Marie en juillet 2010 est venu élargir cette interdiction en punissant d’une amende de 1.500 euros le fait de «détruire, détériorer ou utiliser de manière dégradante» le drapeau «dans un lieu public ou ouvert au public».
Cette dernière décision faisait suite à la publication dans le métro d’une photo d'artiste représentant un homme s'essuyant le postérieur avec le drapeau français et primée dans la catégorie «politiquement incorrect» d'un concours organisé par la Fnac.
Grégoire Fleurot
L’explication remercie Woden Teachout, professeure d’histoire à l’Union Institute & University et auteure du livre Capture the Flag: A Political History of American Patriotism.
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Violentes manifestations contre le film anti-islam, un mort à Khartoum


Des dizaines de milliers de musulmans ont manifesté vendredi dans le monde musulman pour dénoncer un film réalisé aux Etats-Unis dénigrant l'islam, déclenchant de nouvelles violences, notamment au Soudan où un manifestant a été tué.
Ce film de piètre qualité cinématographique, dans lequel les musulmans et le prophète Mahomet sont présentés comme immoraux et brutaux, a enflammé la rue mardi en Egypte et en Libye, avant que les protestations, visant notamment les ambassades américaines, ne s'étendent à d'autres pays musulmans.
A Khartoum, les forces de l'ordre ont tiré vendredi des gaz lacrymogènes pour disperser quelque 10.000 manifestants qui s'approchaient de l'ambassade des Etats-Unis à Khartoum, après avoir attaqué celles de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne, que les protestataires ont incendiée, a constaté un correspondant de l'AFP.
Un manifestant est mort écrasé par un véhicule policier qui a foncé sur un groupe de manifestants lançant des pierres sur les forces de l'ordre, selon cette source.
Les gardes postés sur le toit de l'ambassade américaine à Khartoum ont tiré vendredi après-midi en l'air après que des centaines de manifestants se furent approchés de l'ambassade, une dizaine parvenant à pénétrer dans son enceinte, a constaté un correspondant de l'AFP.
A Tunis, la police a procédé à des tirs de sommation et de gaz lacrymogènes sur des centaines de personnes venues manifester devant l'ambassade. Une épaisse fumée noire pouvait être vue en fin d'après-midi au-dessus de ce bâtiment.
Au Yémen, les Etats-Unis ont dépêché une équipe de Marines pour protéger l'ambassade américaine alors que des manifestations et violences anti-américaines menacent le bâtiment, a annoncé le Pentagone vendredi.
Au Liban, un manifestant a été tué et 25 autres ont été blessés dans des heurts à Tripoli (nord) entre les forces de sécurité et des centaines d'islamistes qui avaient auparavant incendié un fast-food américain, selon un responsable des services de sécurité.
Cette mort, dont les circonstances demeurent floues, est survenue au moment où le pape arrivait à Beyrouth pour une visite de trois jours.
A Sanaa, où quatre personnes ont été tuées jeudi dans des heurts, la police a tiré en l'air et fait usage de canons à eau pour repousser quelques centaines de manifestants qui s'approchaient de l'ambassade américaine pour réclamer notamment l'expulsion de l'ambassadeur, selon un correspondant de l'AFP.
Au Bangladesh, quelque 10.000 manifestants ont brûlé à Dacca des drapeaux américains et israéliens, et tenté de s'approcher de l'ambassade des Etats-Unis. "Nous ne tolèrerons pas d'insultes envers notre grand prophète", ont-ils scandé.
Au Pakistan, des manifestations dans les grandes villes du pays ont demandé la mort du réalisateur du film et l'expulsion des diplomates américains en poste dans le deuxième pays musulman.
En Indonésie, environ 350 islamistes radicaux ont manifesté à Jakarta contre la "déclaration de guerre" que représente selon eux le film.
A Téhéran, des milliers de personnes se sont rassemblées aux cris de "Mort à l'Amérique" et "Mort à Israël", selon des images de la télévision d'Etat.
Au Caire, des heurts sporadiques se sont poursuivis dans la matinée avec les forces de l'ordre déployées aux abords de la mission diplomatique.
Le puissant mouvement des Frères musulmans, dont est issu le président Mohamed Morsi, a retiré son appel à manifester à travers tout le pays, affirmant qu'ils n'organiseraient qu'un rassemblement "symbolique" au Caire, sur la place Tahrir.
Des milliers de Palestiniens ont par ailleurs manifesté dans la bande de Gaza contrôlée par le Hamas et à Jérusalem-Est occupé et annexé par Israël.
Forces de sécurité sur le qui-vive
En Syrie, théâtre de violences depuis mars 2011, près de 200 manifestants ont organisé un sit-in de protestation devant l'ambassade des Etats-Unis à Damas, fermée depuis plusieurs mois.
Des milliers de personnes ont protesté dans tout l'Irak, notamment à Bassora (sud) où les protestataires ont scandé: "Il n'y a pas de liberté lorsqu'on offense un milliard de musulmans".
Dans la ville sainte chiite de Najaf, un religieux a appelé les Etats-Unis à déférer toute l'équipe du film devant un tribunal islamique spécial.
A Benghazi, dans l'Est libyen, le trafic aérien a été suspendu dans la nuit pour des "raisons de sécurité", après l'attaque menée mardi soir qui avait coûté la vie à l'ambassadeur Chris Stevens et à trois autres Américains. Mais il a pu finalement reprendre vendredi.
Une vidéo "écoeurante", selon Clinton
De nombreux pays ont renforcé la sécurité des ambassades américaines après cette attaque.
L'Inde, qui compte une importante minorité musulmane, a ainsi placé en alerte ses effectifs déployés autour des bâtiments américains. Le plus haut responsable religieux musulman de l'Etat indien du Cachemire a demandé aux citoyens américains de "quitter immédiatement" la région.
En Afghanistan, les autorités sont le qui-vive et la plupart des ambassades ont pris des mesures de sécurité accrues pour leur personnel et appelé leurs ressortissants à éviter de sortir.
Les réactions déclenchées par le film, dont des extraits sont diffusés sur internet, rappellent la colère qu'avait provoquée la publication de caricatures du prophète Mahomet en 2006 par un journal danois.
Selon les médias américains, le cinéaste, qui se présente comme Américano-israélien, serait de religion chrétienne copte.
Un homme affirmant être le producteur du film a déclaré à la radio américaine en arabe Radio Sawa n'avoir aucun regret.
A la question de savoir s'il se sentait coupable des violences anti-américaines déclenchées par le film, l'homme se présentant comme Nakoula Basseley Nakoula, un copte habitant en Californie, a déclaré: "Oui, je me sens coupable. L'Amérique (...) n'a rien à voir" avec ce film.
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a assuré que le gouvernement américain n'avait "absolument rien à voir" avec cette "vidéo écoeurante et condamnable".
Les déclarations se sont multipliées pour fustiger ce film, tout en appelant au calme.
Le président égyptien a jugé que le film constituait une "agression" qui "détourne l'attention des vrais problèmes au Proche-Orient", tout en condamnant à nouveau les violences qu'il a entraînées dans la région.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a estimé que ce film était une "provocation" qui ne peut néanmoins justifier les attaques.
Les monarchies arabes du Golfe ont condamné le film ainsi que les attaques anti-américaines qu'il a provoquées.