06 septembre, 2012

Mauritanie: 7 adolescentes sur 10 subissent l'excision


Des femmes mobilisées pour l'abandon de l'excision au Sénégal AFP/Archives Georges Gobet Plus de sept adolescentes ou pré-adolescentes sur 10 subissent des mutilations génitales en Mauritanie, a affirmé mercredi une sociologue de ce pays, lors du Congrès international sur la violence contre les femmes à Casablanca, au Maroc.
"En Mauritanie, plus de 72% des jeunes filles subissent la pratique de l'excision, qui est l'une des formes de violence les plus graves contre les femmes", a déclaré la sociologue Aïcha Bah Bah devant les représentants d'une vingtaine de pays arabes dont le Mali, le Yémen, la Jordanie ou la Tunisie.
L'excision consiste à ôter, par des moyens chirurgicaux parfois rudimentaires, tout ou partie des organes génitaux externes féminins. Selon l'OMS, quelque 100 à 130 millions de jeunes filles vivent avec les séquelles de ces mutilations sexuelles interdites dans la plupart des pays du monde.
L'engraissement forcé des jeunes filles, dans un pays où le surpoids est considéré comme un critère de beauté, et les violences physiques sont d'autres formes de violence infligées aux Mauritaniennes, a poursuivi Mme Bah Bah.
"La jeune fille est forcée de se gaver, de manger de grandes quantités de lait et de produits gras, pour qu'elle puisse se marier dès l'âge de 10 ou 11 ans", a-t-elle déclaré.
"Les femmes sont régulièrement battues en Mauritanie. Battre sa femme est même perçu comme un acte de protection. Dans certaines régions, les nouveaux mariés reçoivent des fouets comme cadeaux de mariage", a souligné la chercheuse.
Les femmes et le thème de l'immigration ont également dominé les débats du congrès, qui s'est ouvert mercredi pour deux jours dans la plus grande ville du Maroc.
"Ces dernières années ont été marquées par une forte migration des femmes africaines, souvent enceintes ou avec enfants, à l'intérieur du continent et en Europe. Elles sont souvent victimes de violences de toutes sortes", a déclaré une participante malienne.
"Elle sont fragiles car étrangères, fragilisées car pauvres, démunies. Certaines sont obligées de se prostituer pour survivre", a-t-elle ajouté.

Crise de l’emploi au Burkina : Quand le chômage devient la règle

Environ 51% des jeunes de 15 à 29 ans sont sans emploi au Burkina Faso. 45% des demandeurs d’emploi ont un niveau secondaire et 20% un niveau supérieur. Ces chiffres de l’observatoire national pour l’emploi et la formation professionnelle (ONEF) donnent l’impression que les écoles ‘’créent’’ des sans-emplois à la charge de la société. Diplômés d’un système éducatif fondé sur le ‘’boilo’’ (l’apprentissage par le par-cœur), beaucoup de jeunes ont du mal à intégrer la vie professionnelle. Le chômage devient de facto, un passage obligatoire. Si l’auto-emploi peut être la panacée, il reste que son financement est un problème. D’où l’engouement pour la fonction publique.


Crise de l’emploi au Burkina : Quand le chômage devient la règle « Cela fait deux (2) ans que je suis à la maison à ne rien faire ». Cette confession de Madame Ouédraogo rencontrée le 18 juillet à l’ANPE (agence nationale pour l’emploi) illustre bien la problématique de l’emploi et du chômage au Burkina Faso. Cette mère de trois enfants, est venue à l’agence pour s’imprégner des nouvelles sur l’emploi. « Je suis venue lire le tableau pour voir s’il y a une offre d’emploi qui m’intéresse pour ainsi postuler » Avez-vous trouvé une offre qui répond à votre profil ? « Malheureusement, il n’y a pas d’offre qui m’intéresse. Puisque mon âge est dépassé. (Ndlr : l’offre répondant à son profil limitait l’âge à 25 ans) »
Une deuxième malchance pour cette diplômée, le BEP en poche. Ironisant sur son propre sort, elle lance : « le lundi dernier (le 9 juillet 2012), j’ai tiré un non » Il s’agit d’un principe de tir au sort, où les candidats tirent entre un oui et un non. Et ce sont ceux qui tirent le oui qui compétissent pour le poste demandé. Arouna Ouédraogo, environ 30 ans, a pris part à ce concours.
Il s’agit d’une offre de la Sonabel qui voulait 25 candidats pour 5 postes. Selon M. Ouédraogo, il y avait environ 950 postulants. Certains n’avaient pas leurs diplômes conformes (minimum le BAC ou le BEP étaient exigés). De ce fait, environ 650 candidats ont tiré entre le oui et le non. « J’ai été là-bas (à l’ANPE) de 7h à 14 h et j’ai tiré non » a dit ce titulaire d’une maîtrise en économie. Il semble ne pas être surpris de son résultat. « En fait, j’avais beaucoup de chance de tirer un non, parce qu’il n’y avait que seulement 25 oui à tirer pour 650 candidats » Pour ces chercheurs d’emploi, « il faut un lendemain meilleur » pour citer madame Ouédraogo. Chaque jour, ils font la navette entre la maison et l’agence pour l’emploi. Pacôme Zongo est un jeune homme de 26 ans.
Il est venu pour prendre « la carte de demandeur d’emploi » de l’ANPE pour pouvoir postuler à des offres de son profil. Niveau terminale, il n’a que son BEPC en poche. Sa motivation, « c’est le manque d’emploi » dit-il. Pendant ce temps, Awa Traoré nourrit un petit espoir. Etudiante en 1re année de Sciences Economiques et de Gestion (SEG) à l’Université de Ouagadougou, elle a été retenue parmi 15 autres pour un (1) poste à pourvoir au sein d’une société privée de la place. « Nous étions 65 postulants. On voulait 15 pour un poste de comptable niveau BEP. J’ai été retenue » Mais elle se réserve de jubiler compte tenu du nombre de retenus et le poste à pourvoir. « 15 candidats pour un poste, ce n’est pas encourageant »
De potentiels candidats aux concours de la fonction publique
Ces demandeurs d’emploi semblent avoir beaucoup de points en commun. On retient qu’ils sont tous des candidats aux concours de la fonction publique. « On n’a pas le choix » se désole madame Ouédraogo. Tout comme Awa Traoré, elle a déposé trois (3) dossiers de concours de la fonction publique. Pacôme Zongo, lui en a déposé cinq (5). Le ministère en charge de la fonction publique n’en dira pas le contraire. Chaque année, il évalue entre 150.000 et 200.000 candidats pour environ 500.000 candidatures. Cela est dû au fait que chaque postulant dépose au moins deux (2) dossiers de concours pour environ 6000 postes à pourvoir. En 2010, l’Etat burkinabè a pourvu la fonction publique de 7 653 postes au concours directs. Tout compte établi, 103 de ces postes n’ont pas pu être comblés. Autrement dit, ce sont au total 7 550 nouveaux fonctionnaires (1 875 femmes et 5 675 hommes) qui ont été recrutés lors de ces concours directs. Le nombre de candidats ayant postulé aux offres d’emplois de la fonction publique en 2010 s’est élevé à 390 518 dont 135 999 femmes et 254 519 hommes. « Toute chose qui atteste que ces offres d’emplois semblent se noyer dans la vaste marée des demandes d’emplois qui augmentent d’année en année » selon l’ONEF.
Une mobilisation exponentielle
La quête de l’emploi connait une mobilisation forte de la part des demandeurs. A quelques encablures de l’ANPE, se trouve Human Project. Il s’agit d’un cabinet de Conseil en Ressources Humaines. Cette structure intervient également dans le domaine de l’emploi. Elle recrute au compte des sociétés ou entreprises qui expriment le besoin, des candidats répondant aux profils demandés. Selon la directrice, Euloge Alida Koudougou, la mobilisation des demandeurs est forte, tant du côté féminin que masculin, pour postuler aux différentes annonces. Le niveau d’études exigé est en général le supérieur, c’est à dire Bac + 2 ans minimum. « Beaucoup de jeunes sont au chômage » s’est désolée Madame Koudougou. Ainsi, certains n’attendent pas les appels à candidature. De leur propre chef, ils introduisent au sein de Human Project des candidatures spontanées dans lesquelles sont inclus leurs CV.
Et au cas où il y a une demande répondant au profil de l’intéressé, le cabinet lui fait appel. Il s’agit de candidats dont l’âge des auteurs est compris entre 23 et 35 ans. Un intervalle qui signifie que le problème concerne majoritairement les jeunes. Dans cette cuvée, les femmes semblent être les plus touchées par la question de l’emploi. Selon la directrice, leur taux est estimé à environ 51% des demandeurs au sein de son cabinet. Le moins qu’on puisse dire déclare t-elle, c’est que « la demande est forte mais pas assez d’offre. Les entreprises ne prennent en moyenne par an que 10 personnes en CDI (contrat à durée indéterminée) » L’ANPE ne peut dire le contraire. De 2007 à 2011 elle a enregistré 46 232 demandeurs d’emploi pour 4533 postes d’emploi pourvus à travers les offres d’emploi traitées. Soit un taux de 9,80%.
Cette réalité est loin de satisfaire les seuls diplômés de l’Université de Ouagadougou : environ 1600 diplômés de la maîtrise en droit et en économie par an. Face à cette situation, les jeunes sont prompts à sauter sur l’occasion qui s’offre à eux. L’exemple patent est l’enrôlement biométrique. Selon Hermann Bado, responsable marketing de Softnet, (cette structure était chargée du recrutement des opérateurs pour le compte de la CENI) « pour 12000 opérateurs demandés, il y a eu environ 20.000 postulants ». Le niveau requis était le Bac au minimum. Cependant sur le terrain, la grande partie des opérateurs ont un diplôme supérieur au Bac (licence ou maîtrise).
Selon l’Annuaire statistique du marché de l’emploi : Document d’analyse ; édition 2010 de l’ONEF, 21 % (20% édition 2011) de l’ensemble des demandeurs d’emploi ont un diplôme supérieur avec 36% de femmes contre 64% d’hommes. La région du centre bat le record avec une proportion des demandeurs d’emplois estimée à 65% par rapport aux autres régions. La région des Hauts-Bassins vient en deuxième position en termes d’effectif important de demandeurs d’emplois. Cette région a enregistré en 2010 au total 1 682 demandeurs d’emplois. La répartition des demandeurs d’emplois selon le sexe montre une supériorité numérique des Hommes par rapport aux femmes. En effet, les hommes représentent 71% (7 166) de l’effectif global des demandeurs d’emplois contre une proportion de 29% (2 915) femmes.
Un système éducatif fauché ?
La situation de l’emploi au Burkina Faso est marquée par un taux de chômage relativement faible de 2,4%, selon le Recensement Général de la Population et de l’Habitation de 2006. Ce taux est de l’ordre de 0,6% en milieu rural et de 9,3% en milieu urbain. Au regard de ces chiffres, l’on pourrait dire que le chômage est un phénomène essentiellement urbain et touche principalement les jeunes. Ainsi, selon Frédéric Kaboré, directeur général pour la promotion de l’emploi, « en milieu urbain où le phénomène de chômage sévit le plus, près du tiers des jeunes de 15 à 24 ans n’ont pas d’emplois (29,4%). Le taux de chômage passe à 21,4% pour la tranche de 25 à 29 ans. » Et pourquoi ce constat ? Les différents acteurs intervenant dans le domaine mettent en cause le système éducatif burkinabè.
Selon M. Kaboré, le problème est lié au manque d’expérience professionnelle dû à l’organisation du système éducatif qui ne combine pas enseignement théorique et formation dans l’entreprise (pour l’acquisition d’une expérience professionnelle) ; de l’inadéquation entre la formation et les besoins du marché du travail ; de l’insuffisance de la culture entrepreneuriale chez les jeunes diplômés ; l’insuffisance de financement en faveur de la création d’entreprise (auto-emploi). « Le système éducatif forme des demandeurs d’emplois et non des créateurs d’emplois » dit-il.
Changer la donne
Le gouvernement ne saurait rester indifférent face à cette problématique de l’emploi. De ce fait, il a adopté en 2008, la Politique Nationale de l’Emploi (PNE). Il s’agit d’une politique pour répondre à la nécessité de forger des instruments d’analyse et des outils de décision susceptibles d’inscrire dans le temps les actions à mener afin de réduire de façon substantielle le chômage, le sous-emploi et la pauvreté. Pour sa mise en œuvre quatre objectifs stratégiques ont été dégagés, à savoir : créer un lien entre la politique de l’emploi et les autres politiques nationales afin de clarifier leur interdépendance et de montrer les contributions potentielles des politiques macroéconomiques et sectorielles à la création d’emplois et à l’amélioration de leur qualité.
Renforcer également la dynamique de la création d’emplois en utilisant des moyens d’actions spécifiques qui stimulent l’emploi et en améliorant la qualité. Ou encore, améliorer l’employabilité, c’est-à-dire d’une part améliorer l’accès à l’emploi grâce à la formation professionnelle, et d’autre part, améliorer l’adéquation entre la formation professionnelle et la réalité du marché du travail. C’est pour ces raisons que le Centre de Formation Professionnelle de Référence de Ziniaré et le Centre d’Evaluation et de formation Professionnelle de Ouagadougou ont été créés. Dans le même cadre de la PNE, le 24 Février 2012, a été lancé officiellement le Programme spécial de création d’emplois pour les jeunes et les femmes (PSCE/JF) pour la période 2012-2014. Selon M. Kaboré, ce programme « constitue une solution au chômage et au sous-emploi et devra contribuer à la mise en œuvre de la Politique Nationale de l’Emploi. » Le PSCE/JF vise un objectif à savoir la réduction du chômage et du sous-emploi des jeunes et des femmes : générer en moyenne 54 000 emplois, créer 10 000 occupations et former 45 100 jeunes diplômés et ruraux jusqu’en 2014. Tout un programme !
Par Basidou KINDA
L’Evénement

Crise de l’emploi au Burkina : Quand le chômage devient la règle

Environ 51% des jeunes de 15 à 29 ans sont sans emploi au Burkina Faso. 45% des demandeurs d’emploi ont un niveau secondaire et 20% un niveau supérieur. Ces chiffres de l’observatoire national pour l’emploi et la formation professionnelle (ONEF) donnent l’impression que les écoles ‘’créent’’ des sans-emplois à la charge de la société. Diplômés d’un système éducatif fondé sur le ‘’boilo’’ (l’apprentissage par le par-cœur), beaucoup de jeunes ont du mal à intégrer la vie professionnelle. Le chômage devient de facto, un passage obligatoire. Si l’auto-emploi peut être la panacée, il reste que son financement est un problème. D’où l’engouement pour la fonction publique.


Crise de l’emploi au Burkina : Quand le chômage devient la règle « Cela fait deux (2) ans que je suis à la maison à ne rien faire ». Cette confession de Madame Ouédraogo rencontrée le 18 juillet à l’ANPE (agence nationale pour l’emploi) illustre bien la problématique de l’emploi et du chômage au Burkina Faso. Cette mère de trois enfants, est venue à l’agence pour s’imprégner des nouvelles sur l’emploi. « Je suis venue lire le tableau pour voir s’il y a une offre d’emploi qui m’intéresse pour ainsi postuler » Avez-vous trouvé une offre qui répond à votre profil ? « Malheureusement, il n’y a pas d’offre qui m’intéresse. Puisque mon âge est dépassé. (Ndlr : l’offre répondant à son profil limitait l’âge à 25 ans) »
Une deuxième malchance pour cette diplômée, le BEP en poche. Ironisant sur son propre sort, elle lance : « le lundi dernier (le 9 juillet 2012), j’ai tiré un non » Il s’agit d’un principe de tir au sort, où les candidats tirent entre un oui et un non. Et ce sont ceux qui tirent le oui qui compétissent pour le poste demandé. Arouna Ouédraogo, environ 30 ans, a pris part à ce concours.
Il s’agit d’une offre de la Sonabel qui voulait 25 candidats pour 5 postes. Selon M. Ouédraogo, il y avait environ 950 postulants. Certains n’avaient pas leurs diplômes conformes (minimum le BAC ou le BEP étaient exigés). De ce fait, environ 650 candidats ont tiré entre le oui et le non. « J’ai été là-bas (à l’ANPE) de 7h à 14 h et j’ai tiré non » a dit ce titulaire d’une maîtrise en économie. Il semble ne pas être surpris de son résultat. « En fait, j’avais beaucoup de chance de tirer un non, parce qu’il n’y avait que seulement 25 oui à tirer pour 650 candidats » Pour ces chercheurs d’emploi, « il faut un lendemain meilleur » pour citer madame Ouédraogo. Chaque jour, ils font la navette entre la maison et l’agence pour l’emploi. Pacôme Zongo est un jeune homme de 26 ans.
Il est venu pour prendre « la carte de demandeur d’emploi » de l’ANPE pour pouvoir postuler à des offres de son profil. Niveau terminale, il n’a que son BEPC en poche. Sa motivation, « c’est le manque d’emploi » dit-il. Pendant ce temps, Awa Traoré nourrit un petit espoir. Etudiante en 1re année de Sciences Economiques et de Gestion (SEG) à l’Université de Ouagadougou, elle a été retenue parmi 15 autres pour un (1) poste à pourvoir au sein d’une société privée de la place. « Nous étions 65 postulants. On voulait 15 pour un poste de comptable niveau BEP. J’ai été retenue » Mais elle se réserve de jubiler compte tenu du nombre de retenus et le poste à pourvoir. « 15 candidats pour un poste, ce n’est pas encourageant »
De potentiels candidats aux concours de la fonction publique
Ces demandeurs d’emploi semblent avoir beaucoup de points en commun. On retient qu’ils sont tous des candidats aux concours de la fonction publique. « On n’a pas le choix » se désole madame Ouédraogo. Tout comme Awa Traoré, elle a déposé trois (3) dossiers de concours de la fonction publique. Pacôme Zongo, lui en a déposé cinq (5). Le ministère en charge de la fonction publique n’en dira pas le contraire. Chaque année, il évalue entre 150.000 et 200.000 candidats pour environ 500.000 candidatures. Cela est dû au fait que chaque postulant dépose au moins deux (2) dossiers de concours pour environ 6000 postes à pourvoir. En 2010, l’Etat burkinabè a pourvu la fonction publique de 7 653 postes au concours directs. Tout compte établi, 103 de ces postes n’ont pas pu être comblés. Autrement dit, ce sont au total 7 550 nouveaux fonctionnaires (1 875 femmes et 5 675 hommes) qui ont été recrutés lors de ces concours directs. Le nombre de candidats ayant postulé aux offres d’emplois de la fonction publique en 2010 s’est élevé à 390 518 dont 135 999 femmes et 254 519 hommes. « Toute chose qui atteste que ces offres d’emplois semblent se noyer dans la vaste marée des demandes d’emplois qui augmentent d’année en année » selon l’ONEF.
Une mobilisation exponentielle
La quête de l’emploi connait une mobilisation forte de la part des demandeurs. A quelques encablures de l’ANPE, se trouve Human Project. Il s’agit d’un cabinet de Conseil en Ressources Humaines. Cette structure intervient également dans le domaine de l’emploi. Elle recrute au compte des sociétés ou entreprises qui expriment le besoin, des candidats répondant aux profils demandés. Selon la directrice, Euloge Alida Koudougou, la mobilisation des demandeurs est forte, tant du côté féminin que masculin, pour postuler aux différentes annonces. Le niveau d’études exigé est en général le supérieur, c’est à dire Bac + 2 ans minimum. « Beaucoup de jeunes sont au chômage » s’est désolée Madame Koudougou. Ainsi, certains n’attendent pas les appels à candidature. De leur propre chef, ils introduisent au sein de Human Project des candidatures spontanées dans lesquelles sont inclus leurs CV.
Et au cas où il y a une demande répondant au profil de l’intéressé, le cabinet lui fait appel. Il s’agit de candidats dont l’âge des auteurs est compris entre 23 et 35 ans. Un intervalle qui signifie que le problème concerne majoritairement les jeunes. Dans cette cuvée, les femmes semblent être les plus touchées par la question de l’emploi. Selon la directrice, leur taux est estimé à environ 51% des demandeurs au sein de son cabinet. Le moins qu’on puisse dire déclare t-elle, c’est que « la demande est forte mais pas assez d’offre. Les entreprises ne prennent en moyenne par an que 10 personnes en CDI (contrat à durée indéterminée) » L’ANPE ne peut dire le contraire. De 2007 à 2011 elle a enregistré 46 232 demandeurs d’emploi pour 4533 postes d’emploi pourvus à travers les offres d’emploi traitées. Soit un taux de 9,80%.
Cette réalité est loin de satisfaire les seuls diplômés de l’Université de Ouagadougou : environ 1600 diplômés de la maîtrise en droit et en économie par an. Face à cette situation, les jeunes sont prompts à sauter sur l’occasion qui s’offre à eux. L’exemple patent est l’enrôlement biométrique. Selon Hermann Bado, responsable marketing de Softnet, (cette structure était chargée du recrutement des opérateurs pour le compte de la CENI) « pour 12000 opérateurs demandés, il y a eu environ 20.000 postulants ». Le niveau requis était le Bac au minimum. Cependant sur le terrain, la grande partie des opérateurs ont un diplôme supérieur au Bac (licence ou maîtrise).
Selon l’Annuaire statistique du marché de l’emploi : Document d’analyse ; édition 2010 de l’ONEF, 21 % (20% édition 2011) de l’ensemble des demandeurs d’emploi ont un diplôme supérieur avec 36% de femmes contre 64% d’hommes. La région du centre bat le record avec une proportion des demandeurs d’emplois estimée à 65% par rapport aux autres régions. La région des Hauts-Bassins vient en deuxième position en termes d’effectif important de demandeurs d’emplois. Cette région a enregistré en 2010 au total 1 682 demandeurs d’emplois. La répartition des demandeurs d’emplois selon le sexe montre une supériorité numérique des Hommes par rapport aux femmes. En effet, les hommes représentent 71% (7 166) de l’effectif global des demandeurs d’emplois contre une proportion de 29% (2 915) femmes.
Un système éducatif fauché ?
La situation de l’emploi au Burkina Faso est marquée par un taux de chômage relativement faible de 2,4%, selon le Recensement Général de la Population et de l’Habitation de 2006. Ce taux est de l’ordre de 0,6% en milieu rural et de 9,3% en milieu urbain. Au regard de ces chiffres, l’on pourrait dire que le chômage est un phénomène essentiellement urbain et touche principalement les jeunes. Ainsi, selon Frédéric Kaboré, directeur général pour la promotion de l’emploi, « en milieu urbain où le phénomène de chômage sévit le plus, près du tiers des jeunes de 15 à 24 ans n’ont pas d’emplois (29,4%). Le taux de chômage passe à 21,4% pour la tranche de 25 à 29 ans. » Et pourquoi ce constat ? Les différents acteurs intervenant dans le domaine mettent en cause le système éducatif burkinabè.
Selon M. Kaboré, le problème est lié au manque d’expérience professionnelle dû à l’organisation du système éducatif qui ne combine pas enseignement théorique et formation dans l’entreprise (pour l’acquisition d’une expérience professionnelle) ; de l’inadéquation entre la formation et les besoins du marché du travail ; de l’insuffisance de la culture entrepreneuriale chez les jeunes diplômés ; l’insuffisance de financement en faveur de la création d’entreprise (auto-emploi). « Le système éducatif forme des demandeurs d’emplois et non des créateurs d’emplois » dit-il.
Changer la donne
Le gouvernement ne saurait rester indifférent face à cette problématique de l’emploi. De ce fait, il a adopté en 2008, la Politique Nationale de l’Emploi (PNE). Il s’agit d’une politique pour répondre à la nécessité de forger des instruments d’analyse et des outils de décision susceptibles d’inscrire dans le temps les actions à mener afin de réduire de façon substantielle le chômage, le sous-emploi et la pauvreté. Pour sa mise en œuvre quatre objectifs stratégiques ont été dégagés, à savoir : créer un lien entre la politique de l’emploi et les autres politiques nationales afin de clarifier leur interdépendance et de montrer les contributions potentielles des politiques macroéconomiques et sectorielles à la création d’emplois et à l’amélioration de leur qualité.
Renforcer également la dynamique de la création d’emplois en utilisant des moyens d’actions spécifiques qui stimulent l’emploi et en améliorant la qualité. Ou encore, améliorer l’employabilité, c’est-à-dire d’une part améliorer l’accès à l’emploi grâce à la formation professionnelle, et d’autre part, améliorer l’adéquation entre la formation professionnelle et la réalité du marché du travail. C’est pour ces raisons que le Centre de Formation Professionnelle de Référence de Ziniaré et le Centre d’Evaluation et de formation Professionnelle de Ouagadougou ont été créés. Dans le même cadre de la PNE, le 24 Février 2012, a été lancé officiellement le Programme spécial de création d’emplois pour les jeunes et les femmes (PSCE/JF) pour la période 2012-2014. Selon M. Kaboré, ce programme « constitue une solution au chômage et au sous-emploi et devra contribuer à la mise en œuvre de la Politique Nationale de l’Emploi. » Le PSCE/JF vise un objectif à savoir la réduction du chômage et du sous-emploi des jeunes et des femmes : générer en moyenne 54 000 emplois, créer 10 000 occupations et former 45 100 jeunes diplômés et ruraux jusqu’en 2014. Tout un programme !
Par Basidou KINDA
L’Evénement

Burkina Faso - François Compaoré, le «petit président» qui veut devenir grand

Au Burkina Faso, la préparation des élections législatives couplées avec les municipales, qui auront lieu le 2 décembre prochain, se poursuit par la divulgation progressive des candidatures. Selon toute vraisemblance, François Compaoré, 58 ans, frère et conseiller de l’actuel président Blaise Compaoré, devrait faire son entrée dans la course, comme l’indique Jeune Afrique.
Dans la circonscription de Kadiogo, qui dépend de la capitale Ouagadougou, François Compaoré se classe en effet en première position de la liste électorale du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), parti majoritaire du pays.
Le site Internet précise que sa candidature à la députation devra néanmoins être confirmée par le bureau politique national du parti, mais, toujours selon Jeune Afrique, cela ne devrait représenter pour lui qu’une pure formalité.
Alors pour quelles raisons l’homme, si longtemps dans l’ombre de son frère, choisit-il à présent de briguer une place à l’Assemblée Nationale? Selon LeFaso.net, il n’est pas interdit d’envisager que «le petit président», comme le surnomme la presse du pays, puisse vouloir se poser en recours pour les présidentielles de 2015.
Nul ne sait en effet si Blaise Compaoré, 61 ans, parviendra in fine à faire modifier l’article 37 de la Constitution, qui lui interdit pour l’instant de se représenter.
Le site Internet indique cependant que, selon les proches de François Compaoré, l’investiture suprême ne «serait pas dans ses projets». Mais il rapporte également des bruits de couloirs entendus dans le milieu politique, qui suggèreraient que le grand frère pourrait progressivement préparer le petit à sa succession.
Preuve en est selon LeFaso.net, l’accession, en mars dernier, de François Compaoré au bureau du parti, qui scelle son entrée officielle au cœur du jeu politique.
Celui que certains désignent comme «l’homme le plus puissant du pays après Blaise Compaoré » —pour sa mainmise sur de nombreux domaines allant des affaires à la franc-maçonnerie en passant par les chefferies traditionnelles— serait, pour le site, en train de devenir l’homme fort du CDP.
Lu sur Jeune Afrique, LeFaso.net