01 décembre, 2011

Audrey Marnay et Sous les pavés s'engagent pour les enfants du Burkina Faso

"Sous les pavés" et Audrey Marnay s'engagent aux côtés de l'association "Les enfants de Bam" : deux pochettes spécialement dessinées par le mannequin sont mises en vente dès aujourd'hui.

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© SdP Sous les pavés Les deux pochettes imaginées par Audrey Marnay.

A l'approche des fêtes de fin d'année, les stars s'engagent de plus en plus pour la bonne cause. Cette fois, c'est au tour d'Audrey Marnay. Sophie Lagreula et Catherine Tisserant, créatrices de la marque "Sous les pavés" ont fait appel aux services du mannequin pour imaginer deux pochettes tendance. Rouge ou verte, chacune est surmontée d'estampes en bronze, clin d'œil à la culture africaine et objets phares de la marque. L'occasion de faire une bonne action puisque l'intégralité des bénéfices de la vente sera reversée à l'association "Les enfants de Bam" : une ONG qui s'occupe de scolariser des enfants des régions de Bam et de Kongoussi au Burkina Faso. Alors n'hésitez pas, ces pochettes sont en vente dès aujourd'hui dans la boutique parisienne. C'est l'occasion de faire une bonne action !


Les sites : http://www.lesenfantsdebam.org/ et http://www.souslespaves-paris.com/

SÉNÉGAL: Perspectives et écueils du projet de la Grande Muraille Verte

Kumba Ka, présidente de l’Association de jardinage, et Aissa Ka sur leur parcelle de terrain
MBAR TOUBAB, 1 décembre 2011 (IRIN) - L’ancien chevrier Samba Ba montre fièrement du doigt un rang d’acacias d’un mètre de hauteur émergeant des herbes fines qui sont la seule autre plante qui pousse dans cette savane aride du nord du Sénégal. « Les arbres sont une bénédiction – les arbres, c’est la vie. Nous appelons [cette rangée d’arbres] le Nil du Sahel ».

M. Ba espère qu’avec le temps, les arbres finiront par donner des fruits noirs qui pourront être utilisés pour nourrir les chèvres. Les habitants de son village et lui plantent aussi des acacias du Sahel, qui produisent une sorte de gomme dotée de propriétés médicinales, des tamariniers, qui donnent un fruit comestible aigre-doux, et des dattiers du désert, ou soump, qui produisent des petits fruits dont l’huile peut être utilisée pour faire la cuisine. Ce sont tous des arbres épineux dotés de petites feuilles, les seuls capables de survivre dans des conditions arides.

Dans le cadre du projet de la Grande Muraille Verte, un ambitieux programme environnemental panafricain, les gardiens de troupeaux sédentaires et semi-nomades fulani plantent cinq hectares de cultures fruitières et maraîchères et environ 1 000 arbres. L’objectif de l’initiative est de lutter contre la désertification le long de la limite sud du Sahara et de fournir aux populations nomades des moyens de subsistance supplémentaires tout en améliorant leur sécurité alimentaire.

Financé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), le projet s’inscrit dans le cadre de la Convention des Nations Unies contre la désertification, dont l’objectif est de réduire la pauvreté et d’améliorer les ressources alimentaires. Les bailleurs de fonds ont promis 3 milliards de dollars aux 11 pays participants : le Burkina Faso, Djibouti, l’Érythrée, l’Éthiopie, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, le Soudan et le Tchad.

Un projet ambitieux

Les gouvernements de ces 11 États sahéliens souhaitent qu’une haie géante – 15 kilomètres de large sur 7 000 kilomètres de long, soit deux millions d’hectares – soit érigée d’ici 20 ans. Cette bande forestière contribuerait à contenir l’avancée du désert et à bloquer les vents chauds qui accélèrent l’érosion.

« La muraille n’est que le résultat final. Ce que nous cherchons à faire, c’est protéger et restaurer les écosystèmes de ces régions du Sahel et [ainsi permettre] l’amélioration de l’alimentation, de la santé, du mode de vie et de l’environnement des populations de la savane », a dit Matar Cissé, directeur général de l’agence nationale responsable de la mise en œuvre du projet, dans la capitale sénégalaise, Dakar.

À cause de la sécheresse chronique, il est de plus en plus difficile pour les nomades fulani de gagner leur vie en tant qu’éleveurs comme ils le faisaient traditionnellement. M. Ba, un Fulani de 42 ans, habite le village de Mbar Toubab, à 100 kilomètres de la limite du désert du Sahara, en Mauritanie voisine. Selon lui, les gardiens de troupeaux envisageraient de s’installer dans ces villages s’ils pouvaient gagner leur vie en cultivant et en vendant des fruits et des légumes.

M. Cissé a ajouté : « Nous espérons être en train de développer un système permettant d’aider ces gens à demeurer au même endroit, à créer des emplois et à augmenter leur revenu. Il se pourrait que [ce système] entraîne des changements importants dans la façon de vivre des peuples nomades ».


Photo: Jane Labous/IRIN
Des chevriers fulani dans le nord du Sénégal
Production alimentaire et changement de mode de vie

On enseigne aux villageois à cultiver des jardins maraîchers et à utiliser l’irrigation au goutte-à-goutte en reliant un petit réservoir d’eau surélevé à des tuyaux perforés qui fournissent de l’eau en petites quantités à chacune des plantes. « Nous parcourons de longues distances pour trouver des pâturages et de l’eau. Si le projet réussit... [la situation de] cette région ne sera plus désespérée », a dit M. Ba à IRIN. « Il ne peut être que bénéfique d’avoir de l’eau et de la nourriture à proximité pour nourrir nos familles et nos animaux ».

Selon une étude réalisée par le gouvernement du Niger, les éleveurs qui avaient des petits troupeaux ont perdu en moyenne 90 pour cent de leur bétail à cause des sécheresses successives.

Jusqu’à présent, les 133 femmes qui participent au projet à Mbar Toubab ont produit de la laitue, des tomates, des oignons, des pommes de terre, des gombos, des aubergines, des pastèques, des carottes, des choux et des navets. Leurs manguiers et leurs orangers n’ont pas encore donné de fruits, a dit Kumba Ka, qui préside l’Association de jardinage et marche chaque jour six kilomètres pour aller travailler dans son jardin

De nombreux villageois ne croyaient pas à la faisabilité d’un tel projet. « Nous cultivons toutes sortes de légumes différents qui, en temps normal, poussent seulement là où il y a beaucoup d’eau », a dit Mme Ka à IRIN.

S’il doit servir à soutenir les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire, un tel projet doit être fondé sur une étude de marché permettant de savoir qui achètera les légumes, où et à quel prix, a dit Peter Gubbels, coordonnateur de l’organisation non gouvernementale (ONG) Groundswell International pour l’Afrique de l’Ouest et auteur du récent rapport du Groupe de travail sur le Sahel intituléÉchapper au cycle de la faim – Les chemins de la résilience au Sahel.

Si la Grande Muraille Verte peut jouer un rôle important dans la gestion environnementale et le soutien des moyens de subsistance des populations nomades, elle ne doit cependant pas être considérée comme « la solution » à l’insécurité alimentaire, a dit M. Gubbels. Le projet risque d’être trop ambitieux s’il s’attaque à la fois à la désertification et à la sécurité alimentaire. Ce sont en effet deux phénomènes distincts qui exigent des solutions différentes.


Photo: Jane Labous/IRIN
Le village a obtenu un tracteur
Insécurité alimentaire et désertification

L’insécurité alimentaire dans la région du Sahel est due, en grande partie, à l’élargissement du fossé entre riches et pauvres et à l’existence d’une « sous-classe de 30 pour cent d’exclus » qui vivent dans la pauvreté chronique, a-t-il ajouté. Parmi les nombreuses solutions possibles, on peut notamment citer les mécanismes de prix subventionnés, les dispositifs de protection sociale et les mesures de prévention des catastrophes.

Le phénomène de la désertification contraint quant à lui les gens à se déplacer. « Dans l’imaginaire populaire, la désertification, c’est l’avancée des dunes de sable à un rythme de deux kilomètres par an, mais en réalité, c’est la surexploitation des ressources naturelles, le surpâturage, l’agriculture intensive et l’érosion subséquente de zones qui deviennent complètement dénudées et finissent par se rejoindre », a dit M. Gubbels.

Les projets de plantation d’arbres pour lutter contre la désertification donnent de meilleurs résultats lorsque les arbres appartiennent aux fermiers eux-mêmes, a dit Chris Reij, coordonnateur de l’African Regreening Initiative [Initiative pour le reverdissement de l’Afrique].

Selon M. Gubbels, « seulement 20 pour cent des arbres nouvellement plantés survivent… les projets de plantation d’arbres comportent donc un risque élevé [d’échec]… Ainsi, à moins de mobiliser des millions [de fermiers] pour investir et s’occuper des arbres, la lutte contre la désertification est vouée à l’échec ».

Les solutions des éleveurs

Les projets les plus innovateurs pour améliorer la vie et les moyens de subsistance des éleveurs sont développés par les éleveurs eux-mêmes avec l’aide des ONG, a dit M. Reij. Au Niger par exemple, ils ont créé des établissements informels où ils plantent des arbres, cultivent des jardins maraîchers et mettent en place des services de santé et d’éducation. Ils se déplacent ensuite à partir de ces sites.

Il est préférable de privilégier une stratégie de survie combinant mobilité et agriculture plutôt que d’utiliser ces programmes pour encourager les nomades à se sédentariser, car cela entraîne souvent des tensions avec les communautés locales. « La mobilité [partielle]… constitue une bien meilleure stratégie. C’est bien moins risqué que de demeurer au même endroit… [ce qui peut] entraîner un problème de surpâturage » et, si la région ne reçoit pas beaucoup de précipitations cette année-là, « vous êtes beaucoup plus vulnérable », a fait remarquer M. Gubbels.

Dans le pire des cas, « si le projet [de la Grande Muraille Verte] ne reçoit pas suffisamment de soutien et d’assistance technique, vous verrez, dans quelques années, un tracteur en panne, quelques petits arbres dispersés dans la plantation du village, quelques familles bénéficiant des cultures maraîchères et, dans l’ensemble, peu de changements positifs ; les familles les plus pauvres seront aussi chroniquement vulnérables qu’avant », a ajouté M. Gubbels.

Toutefois, si ce projet ambitieux est considéré comme un cadre de financement et comme une plate-forme pour faciliter le partage d’informations entre les 11 États sahéliens, il pourrait avoir un impact positif sur la vie et les moyens de subsistance des éleveurs, a conclu M. Gubbels.

jl/aj/he –gd/amz

Charles Konan Banny, pdt de la Cdvr, hier, à Ouaga : « Les uns et les autres doivent participer à la réconciliation»

Le président de la Commission de réconciliation en Côte d’Ivoire, Charles Konan Banny, a déclaré que tous les Ivoiriens doivent œuvrer à la réconciliation nationale. M. Banny qui s’exprimait, hier soir, au palais de Kossyam à l’issue d’un entretien d’une heure et quart avec le président burkinabé Blaise Compaoré, a jugé «important» le transfèrement de l’ancien président Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale de La Haye.

Vous venez de vous entretenir avec le président burkinabé Blaise Compaoré et on s’imagine que ce n’est pas seulement de réconciliation qu’il s’est agi ?

Je suis venu à Ouaga pour participer aux cérémonies d'au revoir du président sortant de
l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), Soumaïla Cissé et d'accueil du nouveau président Cheikh Adjibou Soumaré. Evidemment, c'était un bon prétexte pour moi, une bonne occasion pour venir saluer le président Blaise Compaoré parce que chaque fois que je viens à Ouaga, je me fais un devoir de venir le saluer. Nous avons discuté non seulement des questions qui concernent la zone mais également la Côte d'Ivoire et le Burkina car, je n'ai pas besoin de vous dire le rôle important que le président Compaoré a joué dans la recherche des voies et moyens pour sortir de la crise et aller jusqu'aux élections. Je suis aussi venu lui dire ma reconnaissance à ce niveau-là et peut-être aussi à travers mes propos, la reconnaissance du peuple de Côte d'Ivoire pour les efforts qu'il a déployés pour que le pays puisse aller aux élections. La suite on l'a connaît, il y a eu une guerre malheureusement avec beaucoup de dégâts. Aujourd'hui avec les efforts de tous, le gouvernement du président Alassane Ouattara cherche à consolider la paix mais il ne peut pas avoir de paix dans un pays qui a connu la guerre si les cœurs ne sont pas apaisés, en d'autres termes, s'il n'y a pas de réconciliation. Le président Ouattara m'a confié cette mission et cela a fait partie des questions que j'ai discutées avec le président Compaoré en réalité pour entendre son expérience, l'expérience de ce pays, ce qu'il n'a pas manqué de me communiquer. Je connais l'histoire du Burkina Faso, je sais que le pays a traversé des périodes difficiles, je sais aussi que grâce à la sagesse du président, à la volonté de mettre tout le monde ensemble, de rassembler, le président Compaoré a pu, dans une très grande mesure, apaiser les cœurs. Cette expérience est importante et il m'en a parlé.

L'ancien président Laurent Gbagbo a passé sa première nuit de prisonnier à la Cour pénale internationale (Cpi) où il a été transféré, mardi, quel est votre sentiment d'abord, ensuite est-ce que ce transfèrement permettra une réconciliation véritable des Ivoiriens?

Je suis président d'une commission pour réconcilier les Ivoiriens; j'ai l'habitude de dire que cette réconciliation par définition est inclusive c'est-à-dire qu'elle doit concerner, inclure tout le monde, par construction elle est consultative et je ne veux donc pas commenter cet événement qui est important évidemment. Mais la troisième chose que je veux dire à mes compatriotes, c'est que la réconciliation dans laquelle je souhaite que tous les Ivoiriens s'engagent c'est pour éviter la vengeance, mais ce n'est pas pour établir l'impunité. J'ai coutume de dire ni vengeance, ni impunité et c'est ça la difficulté mais aussi la noblesse de la tâche, réconcilier sans vengeance mais dans la justice. Mais nous ne sommes pas juge, la commission n'est pas juge. Pour le reste, permettez que je rentre au pays, que je consulte les autres membres de la Commission, que j'entende leurs avis avant de pouvoir faire une philosophie sur l'événement que vous avez indiqué.


Vous avez annoncé votre volonté de rencontrer l'ancien président Laurent Gbagbo pour lui dire ce que vous pensez faire pour la réconciliation nationale, est-ce que vous maintenez cette volonté et comment allez-vous vous organiser pour le rencontrer maintenant qu'il est à la Cpi?

Comme vous avez dit, il faut s'organiser. Ce que je sais c'est que quel que soit là où les uns et les autres sont, les uns et les autres doivent participer à la réconciliation de leur pays.


Y compris le président Gbagbo depuis La Haye?
Tous les vivants doivent participer à la réconciliation de leur pays où qu'ils soient.

Redoutez-vous de nouvelles violences lors des élections législatives qui sont prévues le 11 décembre?

J'espère que non. Je souhaite qu'il n'y ait pas de violences. Je ne pense pas qu'il y en aura, en tout cas il faut tout faire pour que ces consultations soient apaisées. Nous avons connu la violence extrême par la guerre, les Ivoiriens ont compris et je ne pense pas qu'on puisse craindre un regain de violences à l'occasion de ces consultations. En tout cas, je souhaite qu'il n’y en ait pas et on fera tout pour qu'il n’y en ait pas.

Propos recueillis par Andy Traoré à Ouagadougou
http://news.abidjan.net/

Lu Shaye : "Les Africains sont contre l'ingérence, les Chinois aussi"

lors de l'entretien au ministère des Affaires étrangères, à Pékin, le 18 octobre. lors de l'entretien au ministère des Affaires étrangères, à Pékin, le 18 octobre. © DR

Le "Monsieur Afrique" de Pékin accorde sa première longue interview à la presse internationale. L’occasion de présenter la stratégie de son pays, mais surtout de répondre aux critiques des Occidentaux, qui dénoncent une "Chine prédatrice" et peu soucieuse des libertés sur le continent.

Imposante bâtisse située sur l’une des principales artères de Pékin, l’immeuble du ministère chinois des Affaires étrangères fait face au siège, presque aussi imposant, de Sinopec, l’une des deux grandes compagnies pétrolières et gazières de Chine. Faut-il y voir un signe ? La politique étrangère de l’empire du Milieu n’est-elle pas principalement guidée par la nécessité d’assurer les approvisionnements énergétiques ?

De fait, au terme d’une inexorable poussée, la Chine est devenue en vingt ans le premier partenaire commercial de l’Afrique, devant les États-Unis et la France. De quelques centaines de millions en 1990, les échanges ont atteint 129 milliards de dollars (97 milliards d’euros) l’année dernière. Pékin a troqué ses habits d’idéologue pour revêtir ceux de commerçant. Le Palais des congrès de Yaoundé, le nouvel hôpital de Bangui, le Sénat à Libreville, le gazoduc du Mozambique, le barrage d’Imboulou, au Congo-Brazzaville, le grand théâtre de Dakar… Les raisons du succès sont manifestes. Non-ingérence, réciprocité des intérêts, aide sans conditionnalité, projets fournis clés en main… La recette fait des merveilles. Mais elle agace et inquiète, aussi.

Cette féroce compétitivité est surtout guidée par un appétit insatiable en pétrole et s’accompagne d’une diplomatie peu regardante, dénoncent en cœur les Occidentaux, adeptes depuis peu de la bonne gouvernance et qui constatent, amers, une perte d’influence indexée sur les parts de marché.

Mardi 18 octobre, nous avons rendez-vous avec l’un des principaux décideurs de cette politique chinoise sur le continent. Lu Shaye, 47 ans, est à la fois directeur général du département Afrique du ministère et secrétaire général du Forum de coopération Afrique-Chine (Focac, conférence ministérielle qui se tient tous les trois ans et dont la dernière édition a eu lieu au Caire en 2009).

Un jeune diplomate nous attend à la porte principale du ministère, gardée par des militaires figés dans un impeccable garde-à-vous. Il nous fait pénétrer dans un monumental hall d’entrée décoré d’un relief représentant quelques œuvres emblématiques de la culture chinoise, avant de nous installer dans une élégante salle de réunion – le salon no A 0218 – située au rez-de-chaussée.

À 14 heures précises, Lu Shaye nous y rejoint escorté de deux de ses collaborateurs, qui ne desserreront pas les dents mais prendront beaucoup de notes au cours de l’entretien. Bien que parfaitement francophone, le haut diplomate préfère – par souci, dit-il, de précision – s’exprimer en chinois, quitte à reprendre, à deux ou trois reprises, son interprète.

Lu Shaye [lire son portrait ici] se plie à l’exercice avec bonne volonté, précisant d’emblée qu’il acceptera de répondre à toutes les questions, y compris les plus gênantes ou les plus personnelles, et acceptant d’être enregistré – fait qui mérite d’être souligné. Plus surprenant encore de la part d’un haut dirigeant, il ne demande pas à relire l’entretien avant publication. Entre deux gorgées de thé vert, il s’offre à nos questions.

Jeune Afrique : Avec quels pays d’Afrique la Chine n’entretient-elle pas de relations ?

Lu Shaye : Aujourd’hui, cinquante pays, y compris le Soudan du Sud, entretiennent des relations avec la République populaire de Chine. Seuls quatre pays n’en ont pas : le Swaziland, la Gambie, São Tomé e Príncipe et le Burkina.

En refusant d’avoir des relations avec ces quatre pays qui ont reconnu Taiwan, la Chine ne remet-elle pas en question le principe de non-ingérence ?

En ayant des relations avec Taiwan, ce sont ces pays qui s’ingèrent dans les affaires intérieures de la Chine. Selon le principe d’une seule Chine, nous ne pouvons pas avoir de rapports avec eux.

Peut-on encore parler de non-ingérence lorsque les relations avec la Chine deviennent un enjeu électoral majeur dans certains pays ? La Chine a par exemple menacé de se retirer de Zambie si le candidat Michael Sata était élu en 2006…

En effet, j’ai lu des reportages réalisés par des médias occidentaux. Ils ont vu une menace de retrait du pays sans en voir la cause. En 2006, le candidat Sata menaçait de renouer des relations avec Taiwan, la Chine a donc répondu que dans ce cas elle serait obligée de se retirer de Zambie. Ajoutons que Michael Sata est à présent le nouveau chef de l’État, après sa victoire en septembre dernier, et qu’il a renoncé lui-même à cette idée de relations avec Taiwan.

Laissez-moi vous rappeler ce que nous appelons « non-ingérence ». Tous les pays sont en principe souverains et égaux. En réalité, il est facile pour les grandes puissances de s’ingérer dans les affaires des pays pauvres, faibles, petits, et de les malmener. Voilà pourquoi elles fustigent le principe de non-ingérence.

On a accusé la Chine de maintenir des liens avec des autocraties africaines en fermant les yeux sur les droits de l’homme et la démocratie. Mais cette année on a vu des pays occidentaux disqualifier des régimes, ceux de Moubarak et de Ben Ali, par exemple, dont ils étaient pourtant les alliés. Ainsi en est-il de Kaddafi : il n’était pas l’allié de la Chine, en revanche il était l’ami de beaucoup de dirigeants occidentaux.

À propos de la Libye, lorsque les troubles ont éclaté, le principe de non-ingérence a empêché la Chine de prendre une position claire. Lors du vote de la résolution de l’ONU, en mars, elle n’a ni approuvé ni mis son veto. Qu’attendait-elle pour se déterminer ?

La Chine prend position selon sa propre appréciation des choses : nous considérons que c’est le peuple libyen qui doit décider de son avenir. La Chine n’a pas approuvé la résolution de l’ONU, car elle craignait qu’elle soit source d’abus de la part d’autres puissances qui auraient cherché à s’imposer en Libye. Ce genre de scénario était d’ailleurs sous-jacent dans le texte proposé. Nous n’avons pas mis notre veto pour autant, car cette résolution était parrainée par la Ligue arabe. Mais la Chine s’oppose toujours à l’ingérence dont font preuve certains pays, notamment au moyen de la force.

Ne devient-on pas finalement complice de gouvernements ayant des agissements criminels ? Certaines populations africaines attendent peut-être de la Chine qu’elle intervienne davantage face à leurs dirigeants.

Je pense que les pays africains ne souhaitent pas que l’on intervienne dans leurs affaires, que cela soit la Chine ou n’importe qui d’autre. Certes, et on l’a vu cette année lors des événements dans le monde arabe, il existe dans chaque pays des factions qui demandent une aide occidentale pour renverser des gouvernements. Mais une fois au pouvoir, ces factions-là ne souhaitent plus du tout que le monde extérieur s’ingère dans leurs affaires. Cette année, les Occidentaux ont subitement soutenu certaines d’entre elles alors qu’elles demandaient le changement depuis bien longtemps déjà. Aujourd’hui, les Occidentaux se targuent de soutenir les revendications des peuples d’Afrique du Nord, mais où étaient-ils avant ?

La Chine a-t-elle renoncé à apporter au monde un modèle de société ? Ses motivations sont-elles devenues exclusivement commerciales ?

Les relations entre la Chine et l’Afrique ne sont pas exclusivement commerciales, elles englobent des questions politiques, économiques, sociales et même culturelles. Il faut reconnaître cependant que notre diplomatie a beaucoup évolué ces cinquante dernières années. Dans les années 1950-1960, la Chine pensait que son modèle pouvait s’exporter en Afrique. Elle a donc accordé un soutien aux pays du continent dans leur quête d’indépendance ainsi qu’une aide économique unilatérale afin qu’ils réalisent des projets productifs tels que des sucreries, des usines de textile, des brasseries, et qu’ils mettent sur pied un système d’économie nationale.

Avec le lancement de la politique de réforme et d’ouverture, en 1979, le développement rapide de notre économie et le besoin en ressources naturelles, le commerce s’est accru rapidement. La Chine a mis en place un nouveau système où elle tient compte des besoins de ses partenaires et réalise des projets d’infrastructures en échange d’un accès aux matières premières. Les deux parties sont gagnantes dans cet échange. En dépit de l’attrait qu’exerce aujourd’hui le modèle chinois, nous ne pensons plus qu’il soit universel. Nous pensons désormais que chaque pays doit choisir son modèle de développement en suivant les conditions nationales et la tendance de l’époque.

Les investissements chinois en Afrique sont très concentrés sur quelques pays et secteurs. Contribuent-ils vraiment au développement du continent ?

Seuls les Occidentaux font ces remarques. Quand je rencontre des Africains, dirigeants, chercheurs, gens ordinaires, ils se montrent plutôt favorables à la coopération sino-africaine. Ils savent que les bénéfices apportés sont plus nombreux que les inconvénients. Vous évoquez notamment la concentration des investissements dans les pays riches en matières premières. Certes, mais tous les pays vont là où il y a des ressources naturelles.

Et la Chine n’a pas oublié pour autant les pays pauvres. Il n’existe pas un endroit en Afrique où la Chine n’ait pas investi et réalisé des projets. Nous avons même des projets aux Seychelles. Prenons aussi l’exemple du Sénégal, qui a peu de ressources naturelles. Après le rétablissement des relations diplomatiques entre Pékin et Dakar en 2005, nous y avons bâti le plus beau théâtre du continent africain, rénové le réseau électrique de la capitale, réaffecté onze stades régionaux. Nous avons aussi envoyé deux groupes d’agronomes pour aider à cultiver du riz et des légumes, ainsi qu’une équipe médicale. Voilà ce que nous avons fait en cinq ans ! Aucun autre partenaire n’en a fait autant. On peut aussi prendre le cas de la Centrafrique, qui n’a pas de ressources connues à part la forêt. Ces dernières années, nous y avons construit un stade et le plus gros hôpital de Bangui, entre autres.

On a beaucoup dénoncé les salaires et les conditions de travail sur vos chantiers en Afrique, ainsi que la concurrence déloyale faite aux entreprises africaines et occidentales.

La Chine est compétitive car elle propose des projets à bas prix. Ces conditions sont avantageuses pour les gouvernements africains. Cela peut-il porter préjudice aux entreprises locales ? Cette question commence à nous préoccuper, même si nous pensons que la concurrence chinoise peut, à moyen terme, aider les entreprises locales à devenir plus compétitives. Quant aux accusations à l’encontre des conditions de travail, elles sont injustes. Nul doute que les ouvriers chinois sont traités de façon plus dure que les occidentaux, car ils n’ont pas peur de travailler sans relâche pour nourrir leur famille. Ils travaillent en relais, afin que les projets avancent très vite.

C’est à ce prix que nos entreprises sont compétitives. Elles dépensent très peu d’argent pour la main-d’œuvre : 95 % des budgets sont affectés aux travaux, tandis que les sociétés occidentales en dépensent 80 % pour le confort de leurs équipes.

Malgré tout, les groupes chinois respectent le droit du travail et les minima salariaux dans les pays où ils sont implantés. Il se peut que certaines petites entités dérogent à la réglementation du travail, mais cela n’est pas le résultat d’une volonté politique. Ce sont des dérives individuelles que nous ne pouvons contrôler.

Par ailleurs, nos entreprises rémunèrent moins que celles des pays développés car leurs réalités nationales diffèrent. La Chine est encore un pays en développement. Reprenons le cas de la Zambie, où les employés des mines réclamaient une hausse de salaire. Ils gagnent près de 800 dollars par mois si l’on compte les primes, soit l’équivalent de 5 000 yuans. Ils demandaient à être augmentés de 400 dollars. En Chine, 5 000 yuans, c’est le salaire moyen à Shanghai, la ville la plus développée du pays, ou encore le salaire d’un col blanc. Pour un ouvrier du bâtiment à Shanghai, le salaire est plutôt de 2 000 yuans. Et si on ajoutait les 400 dollars revendiqués, on arrivait à mon salaire de diplomate ! Vous pensez vraiment que c’était réaliste ? Il est naturel d’améliorer les conditions des travailleurs dans le monde, mais tous les gouvernements doivent le faire en prenant en compte leurs conditions nationales.

Autre accusation, on dit que des Chinois seraient à la tête de réseaux de prostitution, que le gouvernement envoie des détenus pour travailler sur les chantiers en Afrique…

Ces inquiétudes attirent toute mon attention mais sont infondées. Prenons la question de la prostitution : il y a peut-être des cas, mais ils ne reflètent pas la coopération sino-africaine. Ce sont des activités délictueuses dont des ressortissants de nombreux pays sont coupables. Quant aux détenus qui seraient envoyés en Afrique en cours de peine, c’est un mythe !

On reproche aussi au « made in China » d’être bon marché mais de mauvaise qualité…

Chacun sait que certains produits chinois exportés sont jolis mais pas durables. Il ne faut pas en conclure de façon simpliste que tous les produits chinois sont de mauvaise qualité, mais plutôt se demander pourquoi nous en sommes arrivés là. Les Africains ont un pouvoir d’achat encore très bas, et ils aiment les produits bon marché. Or le prix reflète bien la qualité… Les marchands africains veulent les produits les moins chers pour leurs clients, au détriment parfois de la qualité.

Le gouvernement chinois, qui accorde une grande importance à ces questions, a lancé une vaste campagne d’inspection de la qualité pour les produits d’exportation. Nous avons cependant besoin du soutien des États où ces produits sont exportés. Or les douanes africaines et autres autorités gouvernementales ne sont pas assez efficaces et ne font pas toujours leur travail.

L’agriculture est en train de devenir une priorité pour la Chine en Afrique. Certains s’inquiètent de l’impact de vos investissements sur les structures agricoles locales, et donc sur la sécurité alimentaire.

L’objectif de la Chine est de contribuer à l’amélioration des rendements et de la sécurité alimentaire. La Chine n’a jamais pris un seul grain de céréale à l’Afrique ! Au Malawi, nous avons par exemple développé un projet cotonnier qui a permis d’assurer la survie de 50 000 familles. Au Sénégal, au Burkina, au Mali, nous avons des entreprises spécialisées dans les céréales.

Certains médias accusent les fermes chinoises d’occuper le marché local. Certes, elles sont très compétitives, mais elles répondent aux besoins alimentaires de la population locale. Les Occidentaux accusent aussi la Chine d’accaparer des terrains sur le continent ; c’est faux. Les pays occidentaux, eux, ont obtenu trente millions d’hectares, soit l’équivalent de la moitié de la superficie de la France. Ils ne se servent pas de ces terrains pour l’alimentation des Africains, mais pour produire des biocarburants. C’est le cas du Royaume-Uni, par exemple. La Chine ne fait pas de biocarburant. Notre coopération agricole repose sur trois points : la construction d’infrastructures, la formation du personnel et le renforcement technique, accompagné d’un transfert de technologie.

Les ventes chinoises d’armement demeurent opaques et on accuse Pékin d’inonder le marché africain d’armes légères. Le cas du cargo An Yue Jiang * accrédite ces accusations…

Le commerce d’armes entre la Chine et l’Afrique obéit à des logiques très transparentes et répond à trois critères : il doit favoriser l’augmentation des capacités d’autodéfense du pays bénéficiaire, ne pas porter atteinte à ce pays et répondre au principe de non-ingérence. Nous œuvrons donc avec une grande prudence. Toutes les exportations d’armes se font en conformité avec les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, la loi chinoise et les règlements internationaux. Nous demandons aux pays acheteurs de s’engager à nous fournir des certificats d’utilisation finale.

Le cas An Yue Jiang est simple : une vente normale d’armes est devenue un sujet de tapage à cause des Occidentaux. Ils cherchent à désorienter l’opinion publique. La Chine n’est pas responsable de la quantité importante d’armes légères que l’on trouve en Afrique. La plupart d’entre elles sont de fabrication occidentale. Les jeeps conduites par les rebelles libyens sont de marque Toyota ; avez-vous vu un seul véhicule chinois ?

Combien de Chinois résident en Afrique aujourd’hui ?

Nous n’avons pas de statistiques précises  : il est très difficile de recenser les Chinois, car beaucoup ne se déclarent pas auprès de nos ambassades. Nous savons seulement qu’il y en avait 30 000 en Libye : en effet, nous avons dû tous les rapatrier cette année, avec l’aide de l’armée ! En dehors de ce cas, nous ne disposons d’aucun chiffre fiable.

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* En avril 2008, les dockers sud-africains du port de Durban refusent de décharger la cargaison du cargo An Yue Jiang, transportant des armes chinoises à destination du Zimbabwe. On craint en effet que celles-ci ne soient utilisées par Mugabe pour réprimer ses opposants à la suite d'élections contestées.

Propos recueillis à Pékin par Jean-Louis Gouraud avec Clara Arnaud


Jeuneafrique.com :

Zoom sur le Burkina Faso

Des étudiantes préparent un événement instructif et festif, destiné à sensibiliser les Pessacais au jumelage avec Banfora au Burkina Faso. Rendez-vous samedi.

 Le groupe d'étudiantes avec Françoise Bourdeau.  PHOTO W. D.

Le groupe d'étudiantes avec Françoise Bourdeau. PHOTO W. D.

La solidarité se professionnalise si l'on en croit la licence proposée par Bordeaux 3 et destinée aux projets en solidarité internationale et développement durable. Six étudiantes de cette licence ont ainsi décidé de faire des travaux pratiques grandeur nature, dans le cadre de la coopération décentralisée qui se met en place entre Banfora, au Burkina Faso, et Pessac.

« Si on s'engage dans cette filière, cela veut dire que l'on a la fibre solidaire », souligne Mathie Seck. Le « projet tutoré » des six jeunes filles va consister à organiser deux événements destinés à sensibiliser les Pessacais à cette forme de jumelage toute nouvelle et à faire connaître le Burkina Faso.

Gratuit

Première étape, samedi, avec une après-midi de manifestations, à la médiathèque et salle Jacques-Ellul, au Jean-Eustache : expo photos, contes, film et débat, cours de danse, cours de cuisine, marché artisanal, activités ludiques pour les enfants et concert le soir. Le cinéaste Dragoss Ouedraogo participera au « bissap débat » qui pourrait se traduire par café débat - le bissap étant une boisson burkinabé à base de feuilles d'hibiscus.

Tout sera gratuit, mais il est prudent de s'inscrire pour la danse et la cuisine (1).

« On a recherché les éléments les plus intéressants disponibles sur le Burkina Faso », poursuit Mathie. Cette démarche abolit les frontières. Ainsi « Banfora en 30 visages » a été réalisée par une photographe et journaliste québécoise, Léa Clermont-Dion.

Certains viendront de moins loin : Sang Mêlé est un groupe de danseurs burkinabés installé en Charente. Le concert du soir sera animé par une famille de musiciens originaire du Burkina Faso, mais vivant à Bordeaux. Quant à Dragoss Ouedraogo, il se partage entre le Burkina et Bordeaux.

« On aurait pu choisir un autre projet, mais lors de la présentation, celui-ci nous a vraiment séduites », s'enthousiasme Myriam Claeys. « À tel point qu'on a dû rajouter deux personnes, car il était prévu à l'origine pour quatre étudiants », précise Françoise Bourdeau, conseillère municipale, élue référente avec Ibrahim N'Diaye.

Banfora en février

La coopération décentralisée se veut une formule « gagnant gagnant » entre deux collectivités. Elle est au programme de la licence : « Pour nous, c'est intéressant de voir comment ça fonctionne réellement », note Myriam.

À quelques jours de l'événement, les étudiantes s'activent autour de leurs ordinateurs : ce sera du temps plein jusqu'à samedi. Leur budget de 2 500 euros a été financé à 80 % par la ville et 20 % par Bordeaux 3. Cela inclut le deuxième événement en février : « Il sera plus centré sur Banfora », explique Myriam. « Beaucoup de choses restent à définir et on tiendra compte de l'expérience de samedi. »

(1) Tél। 05 57 93 63 53 et secretariat- cabinet@mairie-pessac.fr (2) Les autres étudiantes sont Sarah Doyat, Audrey Orcel, Julie Pequin et Natacha Carbonel.

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Belgique : un accord de gouvernement après 535 jours de crise

Bruxelles (Belgique), mercredi. Le socialiste francophone Erio di Rupo va être chargé de former un gouvernement de coalition avec les chrétiens démocrates et les libéraux

Bruxelles (Belgique), mercredi. Le socialiste francophone Erio di Rupo va être chargé de former un gouvernement de coalition avec les chrétiens démocrates et les libéraux | AFP PHOTO/ BELGA/CHRISTOPHE LEGASSE

Enfin ! Au terme d'une politique de 535 jours - un record mondial - la Belgique va pouvoir se doter d'un . A la suite d'un accord de principe trouvé mercredi soir, celui-ci sera appelé à être dirigé par un francophone, Elio Di Rupo. Concluant les négociations engagées depuis août, les six partis flamands et francophones ont scellé un compromis sur le programme du futur cabinet.

Une source proche des discussions confirme «un accord global» portant «sur la réforme de l'Etat, le socio-économique et le programme du gouvernement». Avant de sceller l'accord, les négociateurs doivent procéder ce jeudi à une ultime relecture du lourd document (185 pages). Il restera à le faire approuver ce week-end par les congrès des partis et à répartir les portefeuilles. Le gouvernement devrait alors pouvoir prêter serment en début de semaine prochaine, refermant ce chapitre difficile de l'histoire de la Belgique.

Elio Di Rupo : «C'est le bout du tunnel»

Depuis avril 2010, le royaume est dirigé par un gouvernement en affaires courantes, avec le Flamand Yves Leterme à sa tête. Le président du parti socialiste wallon et futur Premier ministre, Elio Di Rupo, a quitté les négociations dans la soirée de mercredi, tout sourire. «C'est le bout du tunnel», avait déjà prophétisé en arrivant la vice-première ministre et négociatrice PS, Laurette Onkelinx. Le nouveau gouvernement devra toutefois encore obtenir l'investiture de la chambre des députés.

Dans ce pays tiraillé entre ses deux communautés flamande (néerlandophone) et wallonne (francophone), les négociations duraient depuis les élections du 13 juin 2010, soit 535 jours. Elio Di Rupo, 60 ans, a été désigné par le roi pour former le gouvernement. Premier chef de gouvernement francophone de Belgique depuis trente-deux ans, il sera le premier socialiste à ce poste depuis 1974, à un moment où partout en Europe la gauche est en recul. Il sera aussi un des seuls Premiers ministres ouvertement homosexuel dans le monde.

C'est finalement la crise de la dette qui a contraint les deux grandes communautés à s'entendre. Vendredi, l'agence de notation Standard & Poor's a dégradé la Belgique, poussant les partis, qui se querellaient des questions budgétaires, à sceller un compromis. Ils se sont ainsi entendus dimanche sur un budget de rigueur pour réduire le déficit du pays à 2,8% du PIB en 2012 et atteindre l'équilibre en 2015, conformément aux demandes de la Commission européenne.

Une coalition hétéroclite

Elio Di Rupo dirigera une coalition politiquement hétéroclite regroupant socialistes, démocrates-chrétiens et libéraux francophones et flamands. Ni les Verts, ni surtout les nationalistes flamands de la N-VA, pourtant première formation politique de Flandre, n'y participeront. Ce qui fait peser une hypothèque sur la suite car la N-VA compte mener une campagne de sape. «Ce sera un gouvernement de minorité du côté flamand qui imposera des économies qu'une majorité de Flamands devra payer», tempête déjà le bouillant leader de la N-VA, Bart De Wever.

La crise politique a révélé la profondeur du fossé qui sépare les Flamands au Nord (60% de la population) et les francophones de Bruxelles et de la Wallonie au Sud. Les premiers ont fini par obtenir une autonomie régionale renforcée qu'ils réclamaient. Mais la question de la survie unitaire du pays risque de se reposer, tant les forces centrifuges qui le travaillent restent à l'oeuvre.

LeParisien.fr

Blackberry Mobile Fusion : RIM prend acte de la concurrence dans les entreprises

Stratégie - En gérant mais surtout en accueillant les terminaux iOS et Android au sein de son infrastructure BES, RIM tente de retenir les entreprises dans son écosystème.

'Blackberry Mobile Fusion' est une fusée à deux étages. Une fusée stratégique pour RIM, le fabricant des Blackberry. En premier lieu, il s'agit d'abord de répondre à la consumérisation des usages en entreprises. En parallèle aux terminaux fournis par la direction, les salariés apportent leurs propres smartphones et entendent les utiliser professionnellement.

L'outil de RIM permet donc de gérer des flottes hétérogènes (iOS, Android, RIM) à partir d'une même console centralisée. Cette application de gestion de terminaux n'est en soi pas nouvelle. La vraie nouveauté, le second étage de la fusée, est l'accueil de ces terminaux dans le BES, l'infrastructure ultra-sécurisée de gestion des mails proposée par RIM aux grandes entreprises.

Traduction, les terminaux Android et iOS pourront profiter des mêmes fonctions et options de sécurité que les Blackberry hier exclusivement associés au BES (Blackberry Entreprise Server). C'est un changement important de philosophie pour le canadien.

Ne pas s'arcbouter

Pour la première fois, des terminaux concurrents sont acceptés et gérés dans l'écosystème BlackBerry. Le fabricant se rend à l'évidence : les Blackberry ne règnent plus en maître dans les entreprises, surtout, ils perdent de l'influence auprès des DSI.

Selon une étude de Enterprise Management Associates (EMA) portant sur les grands comptes de 10 000 salariés ou plus, 30% des utilisateurs de Blackberry envisagent de passer à une autre plate-forme dès l'année prochaine. Ce taux grimpe à 60% pour les PME !

Selon l'institut d'études, cette tendance forte devrait impacter sensiblement et rapidement la part du marché du canadien dans les grandes entreprises, part qui s'établit aujourd'hui à 52% selon lui. Et les récentes pannes qui ont touché le groupe n'ont pas amélioré la situation.

Longtemps, RIM a cru que son infrastructure sécurisée suffirait à faire taire la concurrence. Mais ce n'est plus le cas. Au lieu de s'arcbouter, le fabricant a donc décidé de jouer l'ouverture en accueillant la concurrence quitte à voir les ventes de ses terminaux baisser.

"Ce que notre clientèle professionnelle recherche, et l'occasion qui s'offre à nous, est de devenir la plate-forme de référence", a déclaré Alan Panezic, vice-président de RIM pour la gestion des produits professionnels.

"Ça les aidera à retenir le flot d'entreprises ayant envisagé de renoncer à leur BES mais ça ne les aidera pas à vendre davantage de combinés", tempère néanmoins Phillip Redman, analyste chez Gartner. "C'est ce qu'ils ont vraiment besoin de faire."

Bref, le fabricant risque peut-être de voir les ventes de ses terminaux baisser en entreprises (même si la nouvelle génération sous BBX pourrait redonner de l'air face à la concurrence). Mais avec cette annonce, il permet de maintenir ses positions en tant que fournisseur de plate-forme hautement sécurisée et désormais ouverte.

Il s'agira de vérifier si ce calcul est le bon.

Côte d'Ivoire/législatives : "un moment important pour l'instauration d'un Etat de droit"

ABIDJAN (Xinhua) - Le président du Conseil constitutionnel ivoirien Francis Wodié a déclaré jeudi à Abidjan que les élections législatives ivoiriennes constituent un moment important pour l'instauration d'un Etat de droit.

M. Wodié qui répondait à des questions des journalistes a rappelé que le vote se présente comme une expression démocratique qui contribue à l'édification du pays.


"Le processus en cours en Côte d'Ivoire doit aboutir à des élections apaisées, transparentes et ouvertes", a-t-il recommandé.


Pour lui, des rencontres sont prévues dans les prochains jours, dans le souci de garder le contact afin d'aboutir au même but.


Le scrutin législatif prévu pour le 11 décembre en Côte d'Ivoire apparait comme un maillon important pour le retour à la normalité après la grave crise qui a secoué le pays à l'issue de l'élection présidentielle de novembre 2010.


L'élection devrait permettre la mise en place du nouveau Parlement ivoirien qui comprend 255 postes de député.

Les Pays-Bas accorde au Burundi un don de 13 millions de dollars pour la stabilité des institutions

BUJUMBURA (Xinhua) - Un don de 13 millions de dollars vient d'être accordé au gouvernement du Burundi par les Pays-Bas pour appui à la stabilité des institutions, c’est ce qui ressort d'un communiqué de presse rendu public ce jeudi par l'ambassade hollandaise au Burundi.

« Ce montant de 13 millions de dollars servira à soutenir la politique initiée par le gouvernement du Burundi depuis 2009 d' apurement des arriérés de salaires des fonctionnaires de l'Etat suite à la révision de reclassement des grades des fonctionnaires (..) en proie à des grèves répétitives, et contribuera ainsi à la stabilisation des institutions », explique le communiqué.


Ce montant va servir au payement des fonctionnaires qui étaient en activité au 31 décembre 2008 conformément à un audit qui a été effectué avant le payement de cet appui et qui a permis de constater que les bénéficiaires ne sont pas des fonctionnaires fantômes. « Ce qui constitue un progrès important dans la gestion de la masse salariale et une voie vers la transparence et l’intégrité dans la gestion des carrières des fonctionnaires », conclue le communiqué.


Le Royaume des Pays-Bas intervient dans les appuis budgétaires au Burundi depuis 2007 à côté d'autres interventions où il accompagne le Burundi dans les domaines de la défense et de la sécurité, notamment en réhabilitant les infrastructures détruites pendant la guerre et en assurant le renforcement des capacités auprès des corps de défense et de sécurité surtout en ce qui est des droits de la personne humaine.

Eto’o, sportif le plus recherché sur « Yahoo ! » par les Français en 2011

Samuel Eto’o Fils, la nouvelle star de l’Anzhi Makhachkala (club du Daguestan, dans le Caucase russe) est le sportif dont le nom a été le plus entré dans le moteur de recherche « Yahoo! » par les Français en 2011. L’information a été rendue publique par les gestionnaires du serveur de « Yahoo ! ».
Eto’o, sportif le plus recherché sur « Yahoo ! » par les Français en 2011

Samuel Eto´o


Parmi les noms d’Africains sur lesquels les internautes français (utilisateurs de « Yahoo! ») ont le plus cliqué en 2011, figure en tête le patronyme du footballeur camerounais, Samuel Eto’o Fils. L’attaquant de l’Anzhi Makhachkala a été le sportif dont le nom a été le plus recherché par les amoureux français du web. L’ancienne star du Fc Barcelone devance dans ce classement sportif des célébrités comme Lionel Messi et Cristiano Ronaldo. Toujours dans le même classement apparaît le nom de Didier Yves Tébily Drogba à la quatrième place.

Le rang qu’occupe Samuel Eto’o dans la catégorie des « sportifs » de « Yahoo! » constitue, d’une part, une petite victoire pour le Camerounais qui a été critiqué dans la presse sportive européenne pour avoir signé un bail de trois ans dans une équipe de seconde zone du Daguestan, contre un salaire annuel de 20 millions de dollars. D’autre part, le capitaine des Lions du Cameroun (Eto’o) devance dans sa catégorie l’un des sportifs les mieux payés au monde, le tennisman espagnol Rafael Nadal, qui n’est que dixième.


Les faits et gestes des Africains, dans d’autres domaines, au cours de l’année qui s’achève, figurent aussi dans le top des clics des Français sur le serveur de « Yahoo! ». « Le printemps arabe » lancé en janvier en Tunisie, « l’affaire Dsk - Nafissatou Diallo » de mai 2011 et la « crise ivoirienne » (qui s’est exacerbée entre novembre 2010 et le 11 avril 2011) sont les événements qui occupent les trois premières places dans le « classement général » de « Yahoo! » portant sur les centres d’intérêt des clics des Français.
(*) www.yahoo.fr


Afriquinfos

“La France noire”, un éclairage sur trois siècles de présences noires en France

PARIS (© 2011 Afriquinfos) - Qu'est ce que la France noire ? C'est la question à laquelle l'historien Pascal Blanchard, entouré de penseurs et chercheurs renommés tels le philosophe Achille Mbembé, l'historien Elikia M'Bokolo, le littéraire Romuald Fonkoa, la politologue Françoise Vergès, l'écrivain Alain Mabanckou, sans tous les citer, tente de répondre dans un magnifique ouvrage, riche de plus de 700 documents, paru début novembre à Paris. (Par Gina Bidjan)
“La France noire”, un éclairage sur trois siècles de présences noires en France

Des soldats africains creusant des tranchées pendant la première Guerre mondiale.

Qu'est ce que la France noire ? C'est la question à laquelle l'historien Pascal Blanchard, entouré de penseurs et chercheurs renommés tels le philosophe Achille Mbembé, l'historien Elikia M'Bokolo, le littéraire Romuald Fonkoa, la politologue Françoise Vergès, l'écrivain Alain Mabanckou, sans tous les citer, tente de répondre dans un magnifique ouvrage, riche de plus de 700 documents, paru début novembre à Paris.

Le livre commence au XVIIème siècle, avec les premières présences africaines et caribéennes sur le sol de la France hexagonale. Une belle et originale iconographie met en scène les moments difficiles, mais aussi de bonheur, de cette population noire qui donne, parfois, le sentiment d'appartenir à ce pays. Divisé en chapitres dont les noms représentent l'évolution de l'image du Noir dans la société française - sauvages,indigènes,tirailleurs, nègres, noirs,immigrés, blacks, français - et reposant sur les trois grands faits historiques qui lient la France à cette communauté– l'esclavage, la colonisation et l'immigration- l’album brosse le portrait d'un Etat pétri de paradoxes. Capable du racisme le plus vil et, en même temps, d'élire, dès 1914, un premier député noir, Blaise Diagne, d'intégrer, en 1931, le premier joueur noir de foot, Raoul Diagne, à une sélection française, de décerner dès 1921 un prix littéraire prestigieux, le Goncourt, à un écrivain noir, René Maran, et d'être à bien des égards le pays qui a inventé la société métissée.

Il fut un moment où Paris était la capitale de la culture, de la littérature, de la pensée noire - la négritude n'y est-elle pas née ? - et où la France était considérée par les Afro-Américains comme la “seconde nation des Noirs”. Dans ce pays où certains ont encore du mal à associer noir et français, la personnalité préférée est un métis: l’ancien tennisman Yannick Noah.

Ce livre devrait aider les uns et les autres à assumer leur histoire respective.

La “France noire” sera aussi l'objet en 2012 d'une exposition itinérante dans les principales capitales africaines et d'un documentaire diffusé en janvier sur la chaîne de télévision France 5.

La France Noire: Trois siècles de présences, La Découverte, 359 pages, 59 euros (38 701 F CFA).