25 septembre, 2011

KARACHI. Gaubert à sa femme : "Tu vas partir à l'asile"

L'épouse de Thierry Gaubert, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, confirme que son mari faisait "des voyages, surtout à l'étranger" et revenait "avec des sacoches" dans lesquelles "il y avait de l'argent".

Hélène de Yougoslavie et Thierry Gaubert (Sipa) Hélène de Yougoslavie et Thierry Gaubert (Sipa)

La princesse Hélène de Yougoslavie, l'épouse de Thierry Gaubert, confirme samedi 24 septembre sur Europe 1 que son mari, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, faisait "des voyages, surtout à l'étranger" et revenait "avec des sacoches" dans lesquelles "il y avait de l'argent".

"Je confirme ce que j'ai dit, les voyages de mon mari, surtout à l'étranger", a déclaré Hélène de Yougoslavie, Hélène Gaubert dans le civil, qui vit séparée de son mari mis en examen dans le dossier Karachi. Elle explique qu'il revenait "avec des sacoches. Il y avait de l'argent, mais je ne sais pas d'où l'argent venait".

Dans une interview au journal "Le Monde", Hélène de Yougoslavie avait déjà assuré que son époux s'est rendu à plusieurs reprises au début des années 1990 chercher de l'argent à Genève pour le remettre ensuite à Nicolas Bazire, alors directeur du cabinet et de la campagne présidentielle du premier ministre Edouard Balladur.

Thierry Gaubert et Nicolas Bazire ont été mis en examen dans l'enquête sur le volet financier du dossier Karachi. Un autre proche de Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, est visé par une enquête préliminaire pour "violation du secret professionnel et "recel".

"Je vais en Suisse chercher de l'argent "

Interrogée par Raphaëlle Bacqué, Gérard Davet et Fabrice Lhommen, Hélène de Yougoslavie explique notamment que son mari lui disait régulièrement :

"Je vais en Suisse chercher de l'argent ". Et de préciser qu'"il passait systématiquement, à l'aller comme au retour, par Londres, afin me disait-il d'éviter des contrôles douaniers à la frontière franco-suisse."

"Il m'a dit un jour qu'il allait chercher ces espèces en Suisse pour les remettre à Nicolas Bazire", ajoute-t-elle.

Concernant Ziad Takieddine, un homme d'affaire franco-libanais, intermédiaire présumé dans le contrat des sous-marins vendus par la France au Pakistan, Hélène de Yougoslavie assure que son mari "allait chercher l'argent seul, d'autres fois accompagné de M. Takieddine. (…)." "Je ne l'ai pas vu venir chez moi mais c'est ce que mon mari me disait", ajoute-t-elle.

En garde à vue le 20 septembre, Thierry Gaubert a reconnu qu'il possède des comptes à l'étranger, mais a nié être allé chercher des fonds en Suisse avec Ziad Takieddine qu'il aurait rencontré en 1995, mais après la présidentielle. "Je n'ai jamais remis d'argent à M. Bazire", a-t-il affirmé.

Sous pression

Quand on lui demande si elle a subi des pressions, Hélène de Yougoslavie répond :

"Oui, beaucoup de pressions, et des menaces, émanant de mon mari, précisant que cela a commencé après que sa maison a été perquisitionnée, au mois de juillet. Il s'attendait à ce que je sois convoquée par la police. Alors il m'a dit : 'Si tu parles, tu ne verras plus les enfants. Si je coule, tu coules avec moi, car nous ne sommes pas divorcés. ' (...) Et puis, le 14 septembre, il m'appelle et me dit : 'J'ai quelque chose à te donner, descends, je suis garé dans la rue.' Une fois dans la voiture, il m'a incendiée, il était furieux. 'Qu'est-ce que tu as été raconter aux flics, il paraît que tu m'as balancé ? Tu es complètement folle, tu vas partir à l'asile'. J'ai compris qu'il avait eu des informations très précises sur ma déposition", conclut-elle.

Des informations peut-être fournies par Brice Hortefeux, fidèle du président Sarkozy, via un appel du 14 septembre révélé vendredi par "Le Monde". L'ex-ministre de l'Intérieur avait alors prévenu son ami Thierry Gaubert que sa femme "balance beaucoup" au juge.

Le Nouvel Observateur