14 mai, 2011

Lille se refait une Coupe !

(EQ)

Grâce à un but tardif de Ludovic Obraniak (89e), Lille s'est adjugé la sixième Coupe de France de son histoire, 56 ans après la dernière, en battant en finale (1-0) un Paris-SG volontaire mais encore trop brouillon offensivement. Le Losc peut désormais viser un prestigieux doublé avec le Championnat. (Photo Presse-Sports)

Rudi Garcia avait donc vu juste. «Ça se jouera sur un détail», avait assuré vendredi l'entraîneur lillois. Le sort de cette 94e finale de la Coupe de France a effectivement basculé sur un coup de pied arrêté en toute fin de partie. Buteur sur un coup franc dont Coupet a très mal apprécié la trajectoire, Obraniak, entré en jeu neuf minutes plus tôt, a offert la sixième Coupe au Losc (1-0, 89e). La première depuis... 1955 et une victoire devant Bordeaux (5-2). Leader du Championnat à trois journées de la fin, Lille peut désormais envisager le deuxième doublé de son histoire après celui de 1946.

Coupet, héros malheureux

On espérait que l'enjeu ne prenne pas le pas sur le jeu, et que deux des équipes les plus séduisantes de France nous gratifient d'une prestation stimulante. Les spectateurs du Stade de France en ont été pour leurs frais en première période, hormis quinze premières minutes de bonne facture. Ils se sont davantage divertis au cours d'une seconde période qui aurait pu basculer d'un côté comme de l'autre. Paris a eu son temps fort, après la pause. Hoarau (56e) et surtout Chantôme (77e) se sont montrés dangereux mais se sont à chaque fois heurtés à un Landreau inspiré et encore aux aguets sur un corner direct de Nene (56e). Hoarau, servi sur un plateau par Erding, s'est ensuite complètement loupé (75e).

Un manque de réalisme qui ne pardonne pas à ce niveau. Complice en coulisses avec son homologue parisien, Landreau a alors vu Coupet réaliser une incroyable erreur d'appréciation sur un coup franc direct très excentré d'Obraniak (89e). Terrible pour l'ancien Lyonnais, qui a offert dans la foulée un penalty aux Nordistes pour une faute sur Gervinho. Heureusement pour lui, il s'est repris en repoussant la tentative de Debuchy (91e). Mais Paris devra encore attendre pour soulever une neuvième fois la Coupe et réduire l'écart avec Marseille, club le plus titré dans la compétition (10 succès). De leur côté, les Ch'tis, leaders de la Ligue 1 avec quatre longueurs d'avance sur l'OM, ont idéalement préparé leur rendez-vous à... Paris, samedi prochain.

Emmanuel Langellier, au Stade de France

Seedorf et l'AC Milan sur un nuage

(REUT)

L'AC Milan a dignement fêté son titre de champion d'Italie en faisant le spectacle samedi, à domicile, face à Cagliari (4-1), lors de la 37e journée de Serie A. Robinho a montré la voie à ses partenaires en ouvrant le score d'une belle frappe du droit dès la 22e minute. Deux minutes plus tard, Gatuso a doublé la mise de la tête. Très inspiré, Robinho a ensuite signé son 14e but de la saison (35e). Les Sardes ont toutefois offert une belle résistance, se créant plusieurs occasions franches et réduisant la marque à la 38e minute par Cossu.

Le mot de la fin est revenu à Clarence Seedorf qui a fêté comme il se devait son 400e match sous le maillot lombard. Le Batave a en effet inscrit un joli but à la 77e minute, donnant aux Milanais un avantage définitif. Les dernières minutes ont également été marquées par l'ovation réservée par le public de San Siro à Pipo Inzaghi, de retour de blessure après des mois d'absence. (Photo Presse-Sports)

Burkina: nouveaux tirs en l'air de militaires à Pô, dans le sud

OUAGADOUGOU - De nouveaux tirs de militaires étaient entendus samedi à Pô, ville du sud du Burkina Faso déjà touchée par des mutineries de soldats qui ont secoué le pays en avril, ont indiqué à l'AFP des témoins.

Les militaires sont sortis vers 15 heures (locales et GMT) et ont commencé à tirer en l'air. Ils ne sont pas aussi nombreux que la dernière fois et n'empêchent pas non plus les gens de circuler, a déclaré à l'AFP un habitant joint depuis Ouagadougou.

Il y a des tirs sporadiques dans la ville par des militaires qui circulent à moto, a dit un autre habitant.

On tire pour des raisons internes, ceux qui doivent nous entendre vont nous entendre, a dit un militaire de la garnison de Pô joint par l'AFP depuis Ouagadougou. Il n'a pas donné d'autres précisions.

Aucun responsable militaire n'était immédiatement joignable à Pô dans un contexte de perturbations des communications téléphoniques dans le pays dues en partie à une grève depuis mercredi des employés à l'Office national des télécommunications (Onatel), principal opérateur des télécommunications au Burkina Faso.

Pô, une ville située à 143 km de Ouagadougou, à la frontière ghanéenne est un symbole pour l'armée burkinabè. La localité abrite les camps de formation des officiers et des commandos burkinabè.

Ces nouveaux tirs surviennent un mois jour pour jour après le début d'une mutinerie de soldats de la garde présidentielle qui s'était ensuite étendue à plusieurs villes du pays et aux policiers. Les militaires comme les policiers avaient cessé leur mouvement après une satisfaction de leurs réclamations financières notamment.

Le régime du président Blaise Compaoré, qui dirige le pays depuis 1987, fait face depuis février à une vague de contestations, incluant des manifestations contre la vie chère, l'impunité et l'injustice sociale dont certaines ont été réprimées dans le sang.

Au total, une douzaine de personnes ont été tuées pendant la répression de ces manifestations, ou par des balles perdues de militaires et policiers mutins.


(©AFP /

Coupe de France Le spécialiste et l'ambitieux

C'est une finale de gala samedi (20h45) en Coupe de France entre un PSG prêt à tout pour garder son titre et un LOSC en quête d'un fabuleux doublé. Le spectacle est attendu dans un Stade de France bien connu des deux équipes. Mais "il n'y a pas beaucoup de buts dans les finales", rappelle Makelele.

"PARIS A L'EXPERIENCE, LILLE A TOUT"

C'est toujours la même chose quand une équipe affronte le PSG en finale de la Coupe de France. Elle se retrouve face à un club considéré comme "le spécialiste" d'une épreuve qu'il a remporté à huit reprises et dont il est le tenant du titre. "Quand les joueurs arrivent ici, ils connaissent le palmarès en Coupe et se sentent imprégnés d'une mission. Ils ont peut-être une attitude différente", avance Antoine Kombouaré dans une analyse du phénomène qui diffère de celle de Mickaël Landreau. "Paris a une telle pression qu'il a encore moins le droit de passer à la trappe. Ce n'est pas une question de tirage. Paris fait de bons parcours parce qu'ils ont cette pression de devoir passer des tours", estime l'ancien Parisien, aujourd'hui à Lille. A la limite, cette réussite du PSG en Coupe de France ressemble à un piège pour le club de la capitale face au leader du championnat en quête de doublé, comme le souligne Antoine Kombouaré. "On a l'expérience, mais Lille est devant nous en championnat, ils ont la meilleure attaque, ils sont sur une série de six matches sans défaite. Les chiffres parlent. Ils ont tout", insiste l'entraineur parisien.

QUI VA S'APPROPRIER LE STADE DE FRANCE ?

Entre le PSG et le Stade de France, c'est une histoire d'amour qui dure depuis longtemps. En 1998, le club de la capitale avait remporté les deux premières finales disputées dans l'enceinte de Saint-Denis, celle de la Coupe de la Ligue face à Bordeaux (2-2, 4-2 t.a.b.) puis celle de la Coupe de France face à Lens (2-1). Au total, Paris a disputé huit finales au Stade de France. Il en a remporté cinq, dont la finale de la Coupe France l'an passé face à Monaco (1-0 a.p.). L'équipe francilienne y est très à l'aise, et sait comment aborder les matches dans ce cadre exceptionnel. "Il faut prendre ses repères, c'est très important. Il faut se sentir chez soi, c'est déjà un grand pas pour se concentrer juste sur le jeu", explique Antoine Kombouaré. Mais le Stade de France n'est pas non plus étranger aux Lillois, qui y avaient notamment disputé leurs matches de Ligue des Champions en 2005/2006 et y avaient battu Manchester United (1-0). C'est en tout cas l'avis de Rudi Garcia. "On connait bien le Stade de France, presque plus que le PSG", a lancé l'entraineur lillois. Si Paris a l'habitude de ce contexte, Lille parait aussi avoir les moyens de s'en accommoder.

DU SPECTACLE, VRAIMENT ?

De l'avis de nombreux observateurs, la finale mettra aux prises deux des plus belles équipes du championnat. Deux des meilleures attaques de Ligue 1 (la première avec 62 buts contre la cinquième avec 55), deux des meilleures défenses (la deuxième avec 32 buts contre la cinquième ex-aequo avec 37), des joueurs de talents (Hazard et Nenê notamment)... Tout semble réuni pour assurer le spectacle. Sauf que les acteurs du match ne semblent pas forcement de cet avis. "Espérons que ce soit un beau match. Ça se jouera sur un détail", prédit Rudi Garcia. Mais ce sont les Parisiens qui se sont montrés les plus réservés. "Il n'y a pas beaucoup de buts dans les finales", a d'abord rappelé Claude Makelele. Pour le capitaine du PSG, les statistiques du championnat ne voudront d'ailleurs plus rien dire sur la pelouse du Stade de France. "C'est différent du championnat, rappelle-t-il. Une finale, c'est ne pas prendre de but et en marquer un de plus". Ça a le mérite d'être clair. Mais pour Antoine Kombouaré, l'enjeu n'est pas là. "La manière importe peu, l'essentiel est de gagner", dit-il. C'est bien connu, on se souvient seulement du nom du vainqueur.

LANDREAU, LE FACTEUR X ?

"On espère ne pas aller en prolongation, comme le PSG". Rudi Garcia veut sans doute éviter d'accumuler de la fatigue avant de retrouver la course pour le titre. Le PSG, qui vise une place en C1, aussi. Mais les Parisiens pourraient également être bien inspirés d'éviter une séance de tirs au but face à Mickaël Landreau. Si Antoine Kombouaré ne veut pas "se focaliser sur un joueur", le gardien reste un spécialiste de l'exercice. Il s'est d'ailleurs échauffé mardi dernier en stoppant un penalty face à Saint-Etienne, son premier en L1 depuis son arrivée au LOSC. Sans doute un signe. Et malheureusement pour les deux équipes, quatre des sept derniers matches de Lille en Coupe de France sont allés aux tirs-aux-buts... Autre clin d'oeil, après avoir sorti son club formateur en 8e de finale (1-1 a.p., 3 t.a.b à 2), l'ancien Nantais pourrait boucler la boucle en crucifiant le PSG, où il a évolué de 2006 à 2009. Des retrouvailles qu'il aborde sereinement. "On est toujours rattrapé par des signes et des émotions exceptionnelles. Je le vis comme ça", assure le double vainqueur de l'épreuve (1999, 2001) avant de rappeler : "L'issue ne sera belle que si on soulève la Coupe." Le jour de ses 32 ans, cela pourrait être sa "dernière Coupe de France". Une finale qui semble taillée pour lui.

Eurosport - Vincent BREGEVIN et Anthony PROCUREUR

Dassier furieux pour Taiwo

Jean-Claude Dassier a annoncé que Marseille ferait appel du match de suspension à la suite des propos de Taye Taiwo sur le Paris SG en finale de Coupe de la Ligue.

«Nous faisons appel pour le principe, car tout ça est ridicule ! Je trouve que l'on aurait pu nous épargner cette sanction qui nous handicape encore. Cette histoire est effarante. Oui, il faut veiller à la bonne conduite de nos joueurs et je veux bien croire aussi que l'on ait égratigné d'une certaine manière le PSG, mais sur ce coup-là, il s'agit seulement de deux joueurs qui ont entonné une chanson potache. Et pour ça, on inflige une suspension de trois matches dont un ferme à l'un d'entre eux? Décidément, il est temps que la Fédération française se dote d'un mode de fonctionnement moderne et qu'elle s'attache aux réalités des choses», a déclaré Jean-Claude Dassier sur La Provence.

Blanc a songé à démissionner

Laurent Blanc Laurent Blanc a avoué avoir songé à la démission (Panoramic)

Laurent Blanc a indiqué ce vendredi sur le plateau du journal de 20h de TF1 qu’il avait songé à démissionner pendant l’affaire des quotas. Le sélectionneur national a avoué avoir mal vécu cette période et présenté ses excuses pour ses propos tenus lors de la réunion du 8 novembre.

par Emmanuel Quintin, le 13-05-2011

La tentation de la démission
Pour la première fois depuis un communiqué publié le 30 avril sur le site de la FFF, Laurent Blanc s’est exprimé vendredi soir sur le plateau du 20h de TF1. Le sélectionneur national, pris dans la tempête médiatique lancée par la révélation par Mediapart de l’existence d’un projet de mise en place de quotas discriminatoires à l’entrée des centres de formation fédéraux, a affirmé avoir «très mal vécu cette affaire.» «Même si j’ai reçu énormément de témoignages de soutien, l’épreuve c’est moi qui l’ait vécue. On est allé au-delà du sélectionneur, on a touché l’homme», a déclaré Laurent Blanc tout en se déclarant changé par cette affaire. «Le sélectionneur sera toujours le même car je ferai toujours mes choix en sélectionnant les meilleurs. Mais l’homme sera différent car on ne peut pas sortir indemne d’une affaire comme ça.» L’affaire a tellement touché l’ancien coach de Bordeaux qu’il a un temps songé à démissionner de son poste de sélectionneur. «Ça m’a effleuré l’esprit, oui. Car on ne devient pas sélectionneur pour ça, pour être au milieu de cette agitation. Mais démissionner n’aurait pas été la bonne solution et le moral et l’envie de continuer ont finalement repris le dessus.»

Des excuses officielles
Au-delà de son ressenti sur cette affaire, le champion du monde 1998 est revenu sur la fameuse réunion du 8 novembre à la DTN et la non moins fameuse notion de quotas évoquée ce jour-là. «Il y a beaucoup de colère vis-à-vis de moi pour avoir tenu des propos qui, sortis de leur contexte, ont pu créer un amalgame blessant pour des gens que je connais bien et des gens que je ne connais pas du tout. Je m’excuse auprès d’eux», a-t-il indiqué. Désormais, le sélectionneur national veut se tourner vers l’avenir et poursuivre la reconstruction de l’équipe de France, entamée avec succès l’été dernier. «J’ai été engagé pour qualifier l’équipe de France à l’Euro 2012. Il faut aller jusqu’au bout de ce défi.»

Pas de rancoeur vis à vis des anciens de 98
Un peu plus tôt dans la journée, Laurent Blanc s'était également confié à L'Equipe et au Parisien. Deux entretiens à paraître samedi dans lesquels le sélectionneur national revient sur les critiques formulées à son encontre par d'autres champions du monde 1998, au premier rang desquels Lilian Thuram, qui n'avait pas été tendre avec son ancien partenaire de la défense en Bleu. «Lilian, je le connais bien. On s'est expliqué de vive voix. Je lui ai dit que je comprenais que les propos que j'avais tenus pouvaient le blesser. C'est un garçon très sensible. A la fin de la conversation, il a compris tout le respect que j'ai pour lui. En ce qui me concerne, je ne change pas d'avis sur lui. J'espère que de son côté, c'est la même chose», a expliqué Laurent Blanc dans Le Parisien avant d'élargir son propos, dans L'Equipe, à tous les anciens de 1998.

Pour l'ancien libéro, cette affaire des quotas et les critiques des uns et des autres «laissera des traces. Mais il ne faut surtout pas que les prises de position des uns et des autres effacent tout ce qu'on a vécu. On serait des imbéciles, cela signifierait que tout était superficiel. Ce n'est pas le cas. Ce qu'on a vécu est ancré en nous, ce n'est pas du jetable, de l'effaçable. C'est pour ça que j'ai téléphoné à Pat' (Vieira) et à Lilian (Thuram), pour éclaircir les choses. A la fin de l'entretien, j'ai rappelé le respect que l'on a les uns pour les autres. C'est toujours le cas. Ce n'est pas du pipeau ou un effet de communication. Je me mets aussi à leur place : mes propos ont été maladroits et blessants.»

Mairie de Boulmiougou : « Il aurait fallu balayer toute l’équipe »

Dans le village de Zongo comme au quartier Rimkiéta, la suspension du maire, Séraphine Ouédraogo, est accueillie avec « soulagement ». Mais à écouter tous ceux que nous avons pu rencontrer, cette mesure intervenue le vendredi 6 mai 2011 laisse comme un goût d’inachevé. Selon eux, en effet, il aurait fallu tout balayer.

Mairie de Boulmiougou, mardi 10 mai 2011. Sous le coup de 16 heures. Celui qui assure désormais l’intérim à la tête du conseil municipal reste enfermé dans son bureau de premier adjoint au maire. Au grand dam de la petite équipe de journalistes conviés à la tournée « d’information ». Las d’attendre le départ, pourtant annoncé pour 15 heures, un confrère finit par lâcher, dépité : « On croyait qu’il y aurait la rupture, mais on se rend compte que c’est la continuité ».

Fait-il seulement allusion au manque de ponctualité ou, en habitué de la maison, l’homme de presse, malgré la suspension de Séraphine, ne croit pas, ici, à un réel changement dans la conduite des affaires de l’arrondissement ?

Dans le village de Zongo, et au quartier Rimkièta, localités aux noms évocateurs, à tort ou à raison, de gestion scabreuse de parcelles, les résidents ne s’embarrassent pas de circonlocutions pour exprimer leur scepticisme.

Autant elles ont laissé éclater leur joie à l’annonce de la suspension pour trois mois du maire de Boulmiougou, Séraphine W. Solange Ouédraogo, autant elles ont une tête d’enterrement face à la nomination du premier adjoint au maire, Johanny Ouédraogo, au poste d’intérimaire. « La décision du ministère de l’Administration territoriale est une très bonne chose », se réjouit un étudiant en fin de cycle qui a souhaité garder l’anonymat.

A l’ombre d’une maison en banco, le bouc bien taillé, il tue son temps en sirotant du thé en compagnie d’autres jeunes du voisinage. Installé dans le village de Zongo depuis 2005 dans l’espoir d’obtenir une parcelle, le jeune homme n’en est toujours pas bénéficiaire. La raison ?

Cette « pratique mafieuse » qui, à l’en croire, a pignon sur rue au sein des commissions d’attribution : « Nous avons reçu nos numéros en juin passé. Les résidents du lot d’en face ont reçu les leurs bien avant. Mais là-bas, alors que l’opération d’attribution était suspendue, des agents municipaux venaient nuitamment attribuer des parcelles à des non-résidents ».

Mme le maire suspendue, pour autant notre étudiant ne se fait pas d’illusions : « Rien ne va changer. Celui qui a remplacé la dame fait partie du système. Tout le monde le sait bien. Il eût fallu les balayer tous ».

Plus loin, alors que la fourgonnette de reportage peine à avancer sur un sentier lacéré de rigoles, un groupe de personnes, devinant sans doute l’objet de notre présence dans le bled, s’avance vers le véhicule. « Observatère Paalga » (1), lance l’un d’entre eux. Briquetier, Abdoul Kaboré voit en la décision du ministère un simple coup de bluff : « Ce n’est pas clair. Si le gouvernement voulait réellement clarifier le problème des lotissements, il devrait chasser aussi tous les adjoints au maire. Oust ! ».

Pour Idrissa Zongo, employé de commerce, ça devrait être la totale : « Même les membres des commissions devraient être balayés. Ce sont eux les champions des doubles attributions. Nous sommes installés ici depuis plus de dix ans. Mais chaque jour, on voit des gens venir fixer des plaques sur nos parcelles sous prétexte qu’ils en sont attributaires ». La barbichette bien lissée, une bosse de piété bien en évidence sur le front, il menace : « Ils se sont enrichis sur notre dos. Nous allons déclencher la lutte des classes ».

A Rimkiéta, le sentiment d’injustice est tout aussi palpable. Mais ici, certains résidents réels, faute de se faire entendre par les autorités municipales, préconisent l’action directe contre les attributions qu’ils jugent illicites : « Tous les dimanches, de grosses voitures sillonnent la zone non lotie. Mais on a décidé que tant que nous n’aurons pas tous nos parcelles, personne d’autre ne viendra poser une brique », nous assure Noufou Guiro.

Présent jeudi dernier à une rencontre à la mairie et au cours de laquelle le conseil municipal a « pris l’engagement de satisfaire tout le monde », il reste cependant en butte à tous les doutes. Pas même l’arrivée de l’équipe intérimaire ne pourra l’en défaire : « Ils sont tous les mêmes ».

Pourtant, au cours de sa tournée le mardi 10 mai dernier, qui l’a conduit successivement à Sondgo puis à Zongo, le nouveau maître à bord, Johanny Ouédraogo, a proclamé à l’envi son engagement de rompre avec le passé. « Désormais, plus rien ne sera comme avant. Il n’y aura plus d’irrégularités dans les opérations de lotissement à Boulmiougou ».

Un passé dont l’intérimaire se lave les mains, et chargeant, par la même occasion, son prédécesseur de tous les péchés de Boulmiougou : « Ni le deuxième adjoint ni moi n’étions au courant des pratiques du maire. Elle est actuellement entendue par les inspecteurs du ministère de l’Administration territoriale.

C’est au cours des rencontres avec les populations que nous apprenons certaines choses » (Lire interview). Et le deuxième adjoint, Hamidou Ouédraogo, de surenchérir : « Même sur le nombre de parcelles dégagées ou attribuées, nous ne savions rien ».

Jointe au téléphone, Séraphine Ouédraogo a préféré ne pas s’exprimer pour le moment, se réservant de le faire après les enquêtes de la commission technique qui l’a effectivement entendue mardi dernier.

Alain Saint Robespierre

- (1) L’Observateur Paalga, prononcé à la moaga