04 mai, 2011

Al-Qaïda jure de venger Ben Laden, Obama décore les membres du commando

AFP

Le président Barack Obama s'adresse aux militaires à Fort Campbel le 6 mai 2011

Al-Qaïda a juré de poursuivre "le jihad" pour venger la mort de son chef Oussama Ben Laden, tué il y a cinq jours par un commando américain, dont les membres ont été décorés vendredi par Barack Obama qui a promis de vaincre l'organisation extrémiste.

"Le cheikh combattant (...) Abou Abdallah, Oussama Ben Mohamed Ben Laden a été tué (...) par les balles de la trahison et de l'apostasie", écrit le réseau islamiste dans un communiqué, le premier à confirmer la mort de son chef.

Dans ce texte, signé du commandement général d'Al-Qaïda et daté de mardi, la nébuleuse extrémiste, responsable des attentats du 11-Septembre qui ont fait près de 3.000 mort aux Etats-Unis, promet que "le sang" de Ben Laden "n'aura pas été versé en vain et qu'il sera une malédiction pour les Américains et leurs agents".

Al-Qaïda s'engage à "poursuivre sur la voie du jihad" tracée par son chef et assure que "les soldats de l'Islam vont poursuivre, par groupes et individuellement, et sans relâche la planification" de leur lutte.

Peu de temps après la diffusion de ce message vendredi sur des sites islamistes, la Maison Blanche a assuré être "tout à fait consciente que de tels actes peuvent être commis". "Nous sommes extrêmement vigilants quant à cette éventualité", a dit Jay Carney, le porte-parole de Barack Obama.

AFP / SITE Intelligence Group/ Archives

Photo non datée d'Oussama Ben Laden fournie par le centre américain de surveillance des sites islamistes SITE en 2010

Al-Qaïda a annoncé en outre la diffusion "prochaine" d'un enregistrement sonore de Ben Laden encourageant les révoltes dans le monde arabe, et censé avoir été enregistré une semaine avant sa mort.

Oussama Ben Laden a été tué dans la nuit de dimanche à lundi par une opération des forces spéciales américaines contre la résidence où il se cachait à Abbottabad, une ville-garnison proche d'Islamabad, au Pakistan.

Le président des Etats-Unis Barack Obama a décoré les membres du commando lors d'une rencontre à la base de Fort Campbell (Kentucky, centre-est).

"Le président a pu parler et dire son admiration et sa gratitude à nos soldats, et les saluer en personne", a indiqué un responsable américain à la suite de cette rencontre qui s'est déroulée loin des regards de la presse, afin de protéger l'anonymat du commando.

AFP

Barack Obama parle aux soldats de Fort Campbell le 6 mai 2011

Dans un discours qu'il a prononcé ensuite devant des militaires de la base, M. Obama a affirmé qu'en éliminant Ben Laden, les Etats-Unis avaient "décapité" Al-Qaïda et qu'ils viendraient à bout de l'organisation islamiste.

Mais en Afghanistan, les talibans ont assuré que la mort d'Oussama Ben Laden donnerait un "nouvel élan" au combat contre les Occidentaux, qui les ont chassés du pouvoir à Kaboul après les attentats du 11-Septembre, téléguidés par Al-Qaïda depuis ce pays.

Dans un message, leur premier à reconnaître que Ben Laden est mort, les rebelles afghans enjoignent aux pays occidentaux de "ne pas se complaire dans l'optimisme" déclenché par la disparition de Ben Laden. "Le martyre d'un martyr ouvre la voie à des centaines d'autres qui s'achemineront vers le martyre et le sacrifice", promettent-ils.

L'élimination de Ben Laden a permis aux Américains de mettre la main dans sa villa sur une importante quantité de documents (disques durs, CD-ROM...) qui constituent potentiellement une mine de renseignements.

Les Etats-Unis n'ont pas tardé à en tirer parti: le département de la Sécurité intérieure a annoncé jeudi qu'Al-Qaïda cherchait à préparer des attentats dans des trains aux Etats-Unis pour marquer le 10e anniversaire du 11-Septembre.

La journée de vendredi, jour de prière dans le monde musulman, a été marquée par plusieurs rassemblements en hommage au chef d'Al-Qaïda.

Des centaines d'islamistes ont manifesté au Caire près de l'ambassade des Etats-Unis. Les participants portaient une banderole sur laquelle figurait un portrait du chef d'Al-Qaïda avec l'inscription "Oussama Ben Laden est le symbole du jihad". Quelque 200 personnes ont également manifesté à Istanbul.

A Londres, plus d'une centaine de partisans d'Oussama Ben Laden se sont rassemblés devant l'ambassade des Etats-Unis pour protester contre la mort du chef d'Al-Qaïda. La police est intervenue pour s'interposer entre les manifestants et un groupe de militants de l'English Defence League, un mouvement d'extrême-droite qui avait organisé une contre-manifestation en faveur des Etats-Unis.

Au Pakistan, des centaines de personnes ont défilé dans la ville de Quetta (sud-ouest), pour rendre "hommage" à Ben Laden et appeler au jihad contre Washington.

Les relations entre Washington et Islamabad ont subi un net coup de froid depuis le raid contre Ben Laden, de hauts responsables américains accusant le Pakistan de double jeu, alors que le Pakistan, qui rejette ces soupçons, a prévenu que tout nouveau raid aurait des conséquences.

Le chef d'état-major Ashfaq Parvez Kayani "a dit clairement que toute nouvelle action de ce type, violant la souveraineté du Pakistan, entraînerait une révision du niveau de la coopération militaire et dans le domaine du renseignement avec les Etats-Unis", a indiqué jeudi l'état-major de l'armée pakistanaise.

L'armée pakistanaise a toutefois reconnu "ses propres insuffisances dans le renseignement sur la présence d'Oussama Ben Laden au Pakistan".

Pour l'ancien président pakistanais Pervez Musharraf, il y a deux explications possibles à la présence secrète du chef d'Al-Qaïda pendant cinq ans à Abbottabad.

"L'une est qu'il y avait des complicités au sein de nos services de renseignement. L'autre est leur incompétence et je penche fortement pour cette explication", a déclaré l'ancien président, à la radio américaine NPR. "Je ne peux pas croire qu'il y avait complicité".

Nissan va fournir le prochain taxi jaune de la ville de New York

NEW YORK - Le constructeur automobile japonais Nissan, allié du français Renault, s'est vu attribuer mardi par la ville de New York le contrat pour lui fournir ses prochains taxis, célèbres pour leur couleur jaune, aux dépends de l'américain Ford et du turc Karsan.

Le monospace NV200 sera le premier taxi construit spécialement pour la ville de New York et va devenir le taxi exclusif de la ville pendant une décennie, a commenté le maire de New York dans un communiqué.

Nissan est fier de fournir la prochaine génération de taxis à la ville de New York, à la suite d'un processus de sélection qui a duré plus de deux ans, s'est réjoui le vice-président du constructeur japonais Carlos Tavares, cité dans le communiqué.

Le Nissan NV200 est un monospace spacieux qui devrait devenir le taxi exclusif de la Grosse Pomme pour 600.000 passagers new-yorkais à partir de fin 2013.

Le contrat porte sur une flotte totale de 13.000 véhicules, dont le prix catalogue s'élève à 29.000 dollars l'unité. Ni la ville de New York ni le constructeur n'ont toutefois précisé le montant total du contrat.

Jusqu'à présent, l'américain Ford, les japonais Toyota et Nissan, ainsi que l'allemand Volkswagen se partageaient le marché des yellow cabs.

Le taxi sera produit au Mexique dans l'usine de Cuernavaca du constructeur. Il s'agira d'une version modifiée d'un véhicule utilitaire compact actuellement distribué internationalement, notamment au Japon, en Europe et en Chine.

Le communiqué précise que Nissan va également travailler avec la ville et les propriétaires de taxis sur un programme d'essai pour utiliser des véhicules électriques sans émissions de dioxyde de carbone.

Il va notamment fournir des exemplaires de la Leaf, sa voiture électrique, aux propriétaires des flottes de taxis pour qu'elles soient testées en 2012, ainsi que des stations de rechargement.

Lors d'une conférence de presse mardi, le maire de New York Michael Bloomberg a souligné que la municipalité avait amorcé ce processus d'unification des modèles de taxis de la ville pour que ce secteur puisse faire jouer son pouvoir de négociation et obtienne le véhicule de meilleure qualité au meilleur coût.

Le véhicule fourni par Nissan permettra de faire baisser de manière spectaculaire le coût d'utilisation (des taxis) sur toute leur durée de vie.

Alors que les prix du carburant se sont envolés depuis la fin 2010 aux Etats-Unis, le monospace de Nissan présente en effet une bien moindre consommation d'essence comparé à la berline de Ford Crown Victoria, l'un des principaux modèles actuellement utilisés par la ville, a-t-il fait valoir.

Le futur taxi sera le plus sûr, le plus confortable et le plus pratique que la ville ait jamais eu, a commenté Michael Bloomberg.

Il sera notamment équipé de coussins de sécurité (airbags) pour les passagers, de prises de rechargement pour les appareils de téléphonie mobile et d'un toit totalement vitré.

Un porte-parole de Ford joint par l'AFP a souligné que le constructeur américain, jusqu'alors le principal fournisseur de taxis de New York, entendait continuer à travailler avec la ville de New York pour la période qui court jusqu'à la fin 2013, quand le contrat exclusif avec Nissan entrera en vigueur.

Ford fournit des taxis dans tout le pays et le monospace qu'il avait présenté pour cet appel d'offre, le Transit Connect, répond déjà aux besoins des passagers dans plusieurs villes comme Boston, Orlando ou Chicago, a conclu ce porte-parole.


(©AFP /

Mort de Ben Laden: le ton monte entre Etats-Unis et Pakistan

WASHINGTON (AFP)

AFP

Des policiers pakistanais gardent les portes de la résidence où se cachait Oussama Ben Laden, le 3 mai 2011 à Abbottabad

Le Pakistan a dénoncé mardi le raid américain engagé sur son sol pour éliminer Oussama Ben Laden, deux jours après la mort du chef d'Al-Qaïda, tandis que les Etats-Unis avouaient avoir tenu leur allié à l'écart de l'opération par crainte qu'il ne donne l'alerte.

"Le Pakistan exprime sa vive préoccupation et ses réserves sur la manière dont le gouvernement américain a mené à bien cette opération sans information ni autorisation préalables du gouvernement pakistanais", a fait savoir le ministère des Affaires étrangères pakistanais.

De telles "actions unilatérales non autorisées" ne doivent pas devenir la règle", y compris pour les Etats-Unis, a martelé la diplomatie pakistanaise, estimant que de tels raids "minent la coopération et représentent parfois aussi une menace pour la paix et la sécurité internationales".

AFP

Un Pakistanais lit un journal le 3 mai 2011 à Lahore, au lendemain de l'annonce de la mort d'Oussama Ben Laden

L'élimination du chef d'Al-Qaïda tend des relations déjà difficiles entre les deux alliés.

Les Etats-Unis n'ont pas informé le Pakistan de l'opération contre Ben Laden car ce pays "aurait pu alerter" le chef d'Al-Qaïda de l'imminence du raid, a déclaré le directeur de la CIA, Leon Panetta, dans un entretien au magazine Time.

"Nous avons décidé qu'une collaboration avec les Pakistanais risquait de mettre en péril la mission", a affirmé le patron de l'agence de renseignement responsable de la longue traque de l'instigateur des attentats du 11-Septembre.

Le Pakistan est soupçonné de double-jeu dans la lutte antiterroriste. Des accusations renforcées par le fait que Ben Laden a été localisé, après des mois de traque, à Abbottabad, une ville de garnison située à 80 km à peine d'Islamabad.

Londres a "des questions" à poser au Pakistan après la mort de Ben Laden, a déclaré le Premier ministre britannique David Cameron. "Le fait que Ben Laden ait vécu dans une grande maison dans un quartier résidentiel montre qu'il devait avoir un réseau de soutien au Pakistan".

AFP

Carte de localisation et description de l'assaut lancé par les Etats-Unis contre Ben Laden

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a jugé que la position du Pakistan manquait "de clarté", soulignant avoir "un peu de mal à imaginer que la présence d'une personne comme Ben Laden (...) ait pu passer complètement inaperçue".

Le président pakistanais Asif Ali Zardari a rejeté ces soupçons dans une tribune publiée par le Washington Post, affirmant que l'élimination de Ben Laden était le résultat "d'une décennie de coopération et de partenariat entre les Etats-Unis et le Pakistan".

Washington semblait vouloir éviter une dégradation des relations avec Islamabad, alors même que le Congrès réfléchit à la suppression de l'aide financière américaine massive à cet allié difficile.

"Nous travaillons très dur à ces relations, ce sont des relations importantes et compliquées", a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche Jay Carney.

L'aide au Pakistan "est à la fois dans l'intérêt à long terme du Pakistan et dans l'intérêt national de la sécurité des Etats-Unis", a insisté le porte-parole du département d'Etat, Mark Toner.

AFP

Le président Barack Obama s'exprime lors d'une cérémonie à la Maison Blanche le 3 mai 2011

Plus de vingt-quatre heures après la mort de "Geronimo", nom de code d'Oussama ben Laden lors du raid américain, les détails sur l'opération de 40 minutes continuaient à filtrer.

Ben Laden n'était pas armé lorsqu'il a été tué, a affirmé le porte-parole de la Maison Blanche.

Pendant l'attaque, "il existait une inquiétude sur le fait que Ben Laden s'opposerait à l'opération de capture et, en effet, il a résisté (...) Ben Laden a été tué par balle. Il n'était pas armé", a déclaré M. Carney lors d'un point de presse.

Depuis l'annonce de l'opération, les détails sur les circonstances de la mort d'Oussama Ben Laden ont fluctué.

Lundi, le principal conseiller du président Barack Obama pour l'antiterrorisme, John Brennan, avait indiqué que Ben Laden s'était servi de sa femme comme bouclier humain. Mais M. Carney a précisé mardi que cette femme avait reçu une balle dans la jambe, mais n'avait pas été tuée.

AFP

Des Pakistanais prient pour Oussama Ben Laden à Karachi le 3 mai 2011

Alors que certains disent douter de la réalité de la mort de Ben Laden, la Maison Blanche continue à hésiter à publier des photos du corps.

"Je serai franc, la publication des photos d'Oussama ben Laden après cette fusillade est sensible, et nous évaluons la nécessité de le faire", a déclaré M. Carney. La question est de savoir si une telle publication "sert ou dessert nos intérêts, pas seulement ici mais dans le monde entier", a-t-il expliqué. "On peut dire que c'est une photo atroce".

Craignant des représailles de cellules d'Al-Qaïda, la communauté internationale était sur le qui-vive. Les Etats-Unis ont lancé un bulletin d'alerte à leurs forces de l'ordre, tandis que l'ambassade et les consulats américains au Pakistan ont été fermés au public "jusqu'à nouvel ordre".

L'Espagne a entrepris de renforcer la sécurité de ses ambassades dans plusieurs pays sensibles, dont le Pakistan et l'Afghanistan.

Les talibans pakistanais alliés à Al-Qaïda, qui mènent une campagne d'attentats sanglante dans le pays depuis plus de trois ans, ont juré de venger Ben Laden et la sécurité a été considérablement renforcée dès lundi à Islamabad, comme dans les zones sensibles de plusieurs villes.

Des centaines de personnes ont participé à Karachi (sud du Pakistan) à des prières spéciales pour Ben Laden, à l'initiative d'une organisation charitable figurant sur la liste américaine des groupes terroristes.

Au Soudan, un millier de manifestants se sont rassemblés à Khartoum, où Oussama ben Laden a vécu dans les années 1990, saluant dans le chef d'Al-Qaïda un "martyr" et scandant des slogans anti-américains.

En Egypte, Ahmad al-Tayeb, grand imam d'Al-Azhar, la plus haute institution de l'islam sunnite, a estimé que la mort d'Oussama ben Laden ne mettrait pas fin au terrorisme, qui trouve selon lui sa source dans la politique d'Israël.

A propos du Proche-Orient, les Etats-Unis ont jugé que la condamnation par le mouvement palestinien Hamas du raid américain était "scandaleuse".

Le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, avait condamné lundi le raid américain, y voyant "la poursuite de la politique d'oppression américaine fondée sur l'effusion du sang des Arabes et des musulmans".

A Guantanamo, les détenus de la "guerre contre le terrorisme" ont appris la mort d'Oussama ben Laden "au même moment et de la même manière que le reste du monde" et la nouvelle n'a pas provoqué de perturbation dans la prison, a-t-on appris auprès du Pentagone.