19 avril, 2011

Manchester volé chez les Pies?


Par la Rédaction
De Football.fr

Avant de se voir refuser un penalty, Hernandez a raté la balle de match pour Manchester United contre Newcastle. (Reuters) Avant de se voir refuser un penalty, Hernandez a raté la balle de match pour Manchester United contre Newcastle. (Reuters

Que va donc trouver à dire sir Alex Ferguson après le résultat de Manchester United à Newcastle, lors du match décalé de la 33e journée de Premier League? Ce mardi, les Red Devils, sans Dimitar Berbatov, ont en effet été tenus en échec (0-0) par les Magpies alors que Chicharito Hernandez pensait bien bénéficier d'un penalty dans le temps additionnel. L'oubli de M. Probert, l'arbitre du match, permet aux Gunners de croire encore au miracle, eux qui comptent désormais 7 points de retard sur United avec un match en plus à jouer contre Tottenham. Le film du match

S'il suffisait d'enlever un joueur d'un groupe pour qu'une équipe ronronne de nouveau, ça se saurait! Ce mardi, sir Alex Ferguson a vu ses joueurs patiner à Newcastle à l'occasion d'un match de la 33e journée de Premier League. Battus 1-0 à Wembley dimanche par Manchester City en demi-finales de la FA Cup, les Red Devils espéraient rebondir contre les Magpies en championnat sans le meilleur buteur de la compétition, le Bulgare Dimitar Berbatov. Même pas présent sur la feuille de match pour ce rendez-vous qui aurait pu permettre à Manchester United de prendre 9 longueurs d'avance sur Arsenal au sommet du classement, l'international bulgare - et ses 21 réalisations outre-Manche - a vu une petite équipe de Manchester partager les points avec Newcastle.

Bien sûr, sir Alex Ferguson, le manager tout puissant des Red Devils, pourra, comme à Chelsea, se plaindre d'un arbitrage maison: M. Probert oubliait dans le temps additionnel un penalty évident sur Chicharito Hernandez. Mais la production de Manchester a tellement été insignifiante que le manager écossais ferait bien cette fois-ci de recadrer ses joueurs, plutôt que de s'attaquer à des officiels qu'il n'a pas encore réussi à abattre. Ce mardi, Manchester United n'a certainement pas forcé son talent et ce n'était pas la titularisation d'un duo composé de Rooney et Hernandez en pointe qui aurait pu remédier aux maux des Red Devils.

Giggs et Rooney en dedans

A Saint James' Park, MU n'a pas montré le visage séduisant d'une équipe qui, il y a encore trois jours, pouvait prétendre à un triplé en s'adjugeant le championnat, la FA Cup et la Ligue des champions. Transmissions imprécises, maladresses devant le but, il n'en fallait pas plus pour donner confiance à des Magpies qui avaient fait jeu égal avec leurs adversaires en première période, et qui rêvaient d'un premier succès à domicile contre eux depuis le 1er septembre 2001 (4-3). A tel point que les deux équipes se procuraient chacune deux occasions franches, pas plus, dans un premier acte équilibré. Si Chicharito Hernandez prouvait surtout sa capacité de joueur de surface en expédiant au-dessus du cadre une frappe de 20 mètres (18e), le Mexicain n'avait auparavant pas eu de chance sur une balle enlevée à bout portant par Krul, le dernier rempart des Toons (3e). Rooney dans un mauvais jour, les Mancuniens avaient tout de même la chance de voir Gutierrez contré par Smalling après une superbe chevauchée en solitaire (5e).

Légèrement plus enlevée, la seconde période n'était pas de nature à rassurer sir Alex Ferguson qui voyait même Ryan Giggs, symbole de longévité et de régularité, vendanger un centre en retrait sublime d'Evra après le relais de Chicharito (69e). En face, Newcastle, qui n'a remporté que deux de ses 12 derniers matches toutes compétitions confondues, se sentait bien orphelin d'Andy Carroll, son ancien buteur parti faire les beaux jours de Liverpool au mercato hivernal. Si Gutierrez était le joueur le plus dangereux du club du Tyne & Wear dans son couloir gauche, Lovenkrands n'était bon qu'à imposer un défi physique à Vidic qui en sortait vainqueur dans sa surface (61e). M. Probert laissait le jeu se dérouler, comme dans le temps additionnel quand la jambe de Chicharito rencontrait celle de Simpson dans l'autre zone de vérité (90e+3). Autrement plus grossière, la faute était également passée sous silence. Chose que ne devrait pas faire sir Alex Ferguson, après un nul qui laisse Arsenal à sept points derrière son équipe.

La Maison Blanche lie réforme de l'immigration et future prospérité des USA

WASHINGTON - Le président Barack Obama a rencontré mardi des responsables politiques, religieux et du monde de l'entreprise pour discuter d'une réforme de la politique d'immigration mais liée selon la Maison Blanche à la future prospérité des Etats-Unis.

Sujet très controversé, cette réforme que M. Obama appelle de ses voeux depuis sa campagne de 2007-2008 a échoué lors de ses deux premières années de mandat, quand ses alliés démocrates contrôlaient encore les deux chambres du Congrès.

L'éventualité d'une telle réforme semble s'être encore éloignée avec la prise de contrôle de la Chambre des représentants par les républicains à la suite des législatives de novembre.

Une loi qui aurait permis aux personnes arrivées illégalement sur le territoire américain dans leur enfance d'accéder sous condition à la nationalité américaine, le "DREAM act", a en outre échoué en décembre.

M. Obama, qui combat déjà les républicains sur le front budgétaire, "n'a pas l'intention de laisser le dernier vote en date sur le +DREAM act+ constituer le dernier mot sur l'immigration", a expliqué aux journalistes un conseiller municipal de Los Angeles, Eric Garcetti.

"Le président a demandé à ce groupe de s'engager à faire en sorte que le débat continue sur cette question, afin qu'elle puisse être présentée au Congrès pour être en fin de compte résolue", a souligné pour sa part l'ancien chef de la police de New York et Los Angeles, Bill Bratton.

Outre MM. Garcetti et Bratton, le groupe convié par M. Obama comptait le maire de New York Michael Bloomberg, l'ancien gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger ou encore la directrice d'exploitation de l'entreprise Facebook, Sheryl Sandberg.

Selon la Maison Blanche, il s'agissait de souligner "l'importance de remettre en état notre système d'immigration dysfonctionnel afin d'être à la hauteur de nos besoins économiques et en matière de sécurité au XXIe siècle, pour que les Etats-Unis puissent être gagnants à l'avenir".

De même source, M. Obama "reste fermement engagé" à une telle réforme: "les Etats-Unis se sont toujours enrichis grâce un flux constant de personnes pleines de talent et prêtes à travailler dur, qui ont fait (du pays) un moteur de l'économie mondiale et un phare de l'espoir dans le monde entier".

Lors de son discours sur l'état de l'Union le 25 janvier, M. Obama avait souhaité que les Etats-Unis résolvent "une fois pour toutes" le problème de l'immigration illégale, réclamant un effort consensuel en vue d'une réforme.

"Je suis prêt à travailler avec les républicains et les démocrates pour protéger nos frontières, faire respecter les lois et nous occuper des millions de travailleurs sans papiers qui vivent actuellement dans l'ombre", avait affirmé le président, qui s'est depuis déclaré candidat à sa réélection en 2012.

Sa victoire à la présidentielle de 2008 avait été en partie attribuée à la mobilisation des minorités en sa faveur. Les Américains d'origine hispanique avaient notamment voté aux deux tiers pour lui.

(©AFP /

Schwarzenegger pourrait briguer la présidence de l'Union Européenne

lepoint.fr/Schwarzenegger pourrait briguer la présidence de l'Union Européenne

Arnold Schwarzenegger, déjà passé avec succès des films d'actions hollywoodiens au siège de gouverneur de Californie, aurait des vues sur la présidence de l'Union Européenne (UE), rapportent mardi les médias américains.

Arnold Schwarzenegger, déjà passé avec succès des films d'actions hollywoodiens au siège de gouverneur de Californie, aurait des vues sur la présidence de l'Union Européenne (UE), rapportent mardi les médias américains.

A 63 ans, l'ancien "Monsieur Univers", d'origine autrichienne, s'interroge toujours sur son avenir politique et son entourage lui conseillerait de revenir en Europe pour se présenter à la présidence de l'UE, selon le magazine Newsweek.

"Dans les prochaines années, l'Union Européenne va devoir se trouver un président de plus grande envergure, quelqu'un capable d'unifier l'Europe", a déclaré au magazine Terry Tamminen, l'ancien chef de cabinet de M. Schwarzenegger.

"Les Français ne voudront pas d'un Allemand, et les Allemands ne voudront pas d'un Italien. Et s'ils choisissaient plutôt un Européen parti aux Etats-Unis, ressuscitant la vision d'un Washington ou d'un Jefferson d'une Europe nouvelle et unifiée?", a ajouté M. Tamminen, sans nommer explicitement son ancien patron.

Après deux mandats à la tête de la Californie, les rumeurs vont bon train sur l'avenir politique ou cinématographique du "Governator".

Une chose est certaine, cependant: il ne pourra pas briguer la présidence des Etats-Unis, réservée aux personnes nées sur le territoire américain... n'en déplaise au Premier ministre britannique David Cameron, qui aurait plaisanté avec M. Schwarzenegger sur le sujet lors d'une récente rencontre à Londres.

"Nous devons changer la constitution (américaine) afin que vous puissiez vous présenter (comme président). C'est ce que nous allons faire", lui aurait-il dit.

En attendant, Arnold Schwarzenegger a déjà scellé son retour sur les écrans. Début avril, il a présenté à Cannes "The Governator", un dessin animé le mettant en scène en super-héros et réalisé en collaboration avec Stan Lee, le créateur notamment de Hulk, Thor, Spiderman et autres X-Men.

Pour allonger le pénis, les extenseurs plus efficaces que n'importe quoi

AFP Pour allonger le pénis, les extenseurs plus efficaces que n'importe quoi

Pour ceux qui ont un pénis vraiment petit, ce qui est rare, les "extenseurs péniens" sont plus efficaces que les pompes, les exercices ou les injections de botox, et moins risqués que la chirurgie, selon une analyse de la littérature scientifique réalisée par des urologues italiens.

Pour ceux qui ont un pénis vraiment petit, ce qui est rare, les "extenseurs péniens" sont plus efficaces que les pompes, les exercices ou les injections de botox, et moins risqués que la chirurgie, selon une analyse de la littérature scientifique réalisée par des urologues italiens.

L'étude est publiée dans le Journal de l'Association britannique des chirurgiens en urologie.

Selon Marco Oderda et Paolo Gontero, de l'Université de Turin, on peut estimer que le pénis est normal quand il mesure, sur sa partie supérieure et de la jonction avec la peau pubo-pénienne jusqu'au méat, au moins quatre centimètres quand il est flacide et 7,5 cm en érection. Avec des variables en fonction de la taille et de la corpulence. En dessous, il s'agit de micro-pénis, ce qui est très rare.

Cependant, selon le professeur Paolo Gontero, "un nombre croissant de patients viennent voir l'urologue pour un problème de pénis court" alors que, de fait, "la longueur est normale chez la plupart, qui ont tendance à surestimer la dimension normale d'un phallus".

Nombre d'entre eux souffrent de dismorphophobie : ils n'aiment pas tout ou partie de leur corps et pourraient consulter un thérapeute pour gagner en estime physique d'eux-mêmes, notent les chercheurs. Dans un groupe à qui on avait montré un graphique établissant comment chacun se situait par rapport à d'autres, 70% ont abandonné l'idée d'une chirurgie, selon une étude.

Les chercheurs ont trouvé dans la littérature scientifique 10 études sur le sujet, dont la moitié portaient sur des techniques chirurgicales réalisées sur 121 hommes. Les méthodes non-invasives avaient été testées sur 109 sujets. Les âges des hommes concernés variaient de 24 à 56 ans.

Les procédures chirurgicales telles que la dissection du ligament suspenseur, qui entraînent une augmentation de la longueur de 1,3 à 2,5 cm, peuvent être dangereuses et présentent un niveau "inacceptablement élevé de complications", selon l'étude.

Parmi les méthodes non-invasives, testées sur 109 sujets, les "extenseurs de pénis" basés sur le principe de la traction paraissent les plus efficaces et sont en général bien tolérés. Ils sont invisibles sous les vêtements et peuvent être portés dans la journée.

Une étude montre un allongement moyen de 1,8 cm après utilisation au moins six heures par jour pendant quatre mois, une autre un allongement de 2,3 cm du pénis au repos et de 1,7 cm du pénis en érection après utilisation au moins quatre heures par jour pendant six mois. Des résultats confirmés par une troisième étude.

Une "pompe à pénis", qui aspire le pénis et le tend, n'est pas apparue efficace au bout de six mois, "même si elle a procuré une espèce de satisfaction psychologique à certains", indiquent les chercheurs.

Des anneaux étirables ou rigides autour de la base du pénis et du scrotum (bourses) "peuvent augmenter la taille du pénis et maintenir les érections chez des hommes anxieux", qui bénéficiaient parallèlement d'un traitement médicamenteux. Mais seulement deux cas ont été évalués.

Quant aux exercices d'allongement du pénis, très vantés sur l'internet, il n'y a aucune preuve qu'ils sont efficaces.

Les chercheurs relèvent que toutes ces techniques n'accroissent pas la circonférence du pénis mais ne la diminuent pas non plus.

Coupe de France : Lille premier qualifié pour la finale

+ Nice - Lille 0-2 à revivre ICI

Pour la première fois depuis 1955, Lille va disputer une finale de Coupe de France grâce à sa victoire à Nice dans un stade du Ray à guichets fermés, acquise en 2 minutes au tournant de la mi-temps (0-2) grâce à son duo Hazard-Gervinho.

Malgré ses quatre points perdus lors des deux dernières journées de L1, Lille a ainsi fait affiché les qualités d'un vrai leader, avec lequel Nice, au prix d'un gros pressing en milieu de terrain, n'a rivalisé qu'une grosse demi-heure.

Le LOSC a offert un jeu moins fluide que lors de sa démonstration de janvier en match retour de championnat (0-2), mais s'est montré toujours aussi impressionnant dans ses accélérations offensives.

Le premier but d'Hazard en était la parfaite illustration. A peine entré en jeu suite à sortie sur blessure de Balmont, vraisemblablement un claquage à la cuisse droite, le stratège international belge débloquait la situation avec une frappe ciblée du droit au sortir d'un une-deux avec Obraniak redescendu d'un cran dans le dispositif nordiste (0-1, 44e).

Poussé impitoyablement par les Nordistes vers la sortie sans passer par la case Stade de France, le capitaine et futur retraité gardien niçois Letizi ne pouvait pas grand chose sur cette frappe déviée par Pejcinovic.

Le portier azuréen était tout aussi démuni juste à la reprise lorsque Obraniak et Cabaye combinaient avec Gervinho qui profitait d'une remontée anarchique de la défense adverse pour doubler la marque d'une frappe puissante (0-2, 46e).

Loin des doutes supposés après ses contre-performances face à Monaco (0-1) et les Girondins (1-1), le LOSC venait de faire plier en deux minutes un GYM invaincu jusqu'alors depuis huit rencontres toutes compétitions confondues.

L'entraîneur azuréen Eric Roy tentait son va-tout en lançant deux renforts offensifs, Ben Saada et Ljuboja, à la place de Bellion et Sablé, cherchant à bousculer le scénario, comme cela avait été le cas, notamment devant Lyon rattrapé récemment sur le fil (2-2).

Son équipe était à deux doigts de se relancer: mais le centre de Traoré repris de la tête par Mouloungui s'écrasait sur le poteau (56e), puis le boulet du meilleur réalisateur niçois passait à côté (64e), avant que Landreau ne se charge de dégager des deux poings la tentative de Ben Saada (81e).

Une charge de Debuchy sur Mouloungui dans la surface aurait peut-être méritée un petit quelque chose (83)...

Mais Lille dégageait une force tranquille dans sa capacité à tenir le résultat comme dans son aptitude à réagir, qui le propulse légitiment en finale, la première depuis sa victoire sur Bordeaux en 1955 (5-2). Toujours en piste pour le doublé, les Dogues affronteront le 14 mai le vainqueur de l'autre demi-finale entre Paris et Angers qui se jouera mercredi soir à Angers (20h45).

A Nice (Stade du Ray): Lille bat Nice 2- 0 (mi-temps: 1-0)

Temps: doux

Terrain: bon

Eclairage: bon

Spectateurs: 17 135

Arbitre: M. Fautrel

Buts: : Hazard (44e), Gervinho (46e)

Avertissements:

Nice: Mounier (62e), Digard (63e), Ben Saada (90e+3)

Lille: Dumont (88e), Béria (90e+2)

Nice: Létizi (cap) - D. Diakité, Civelli, Pejcinovic, Clerc - Ab.Traoré, Digard (Palun, 89e), Sablé (Ljuboja, 77e), Mounier - Bellion (Ben Saada, 46e), Mouloungui. Entraîneur: Eric Roy

Lille: Landreau - Debuchy, Rami, Chedjou, Béria - Balmont (Hazard, 36e), Mavuba (cap), Cabaye - Obraniak (Dumont, 77e), De Melo (Sow, 87e), Gervinho. Entraîneur: Rudi Garcia

Les réactions

Lionel Letizi (gardien de but de Nice): "C'est dommage de finir comme ça (il prend sa retraite à la fin de la saison et a peut-être joué son dernier match, ndlr). Lille mérite sa victoire. Ca ne s'est pas joué à grand-chose. Ils ont une occasion à la fin de la première mi-temps, une au début de la deuxième et ils les mettent au fond. C'est comme ça. Je suis content de ma carrière."

Rio Mavuba (milieu de terrain et capitaine de Lille): "C'est énorme. On a fait un gros match ce soir. On savait que ça allait être chaud, que les Niçois nous attendaient. On a fait le match qu'il fallait même si à la fin on aurait pu se mettre à l'abri. On aimerait gagner un titre cette saison, c'était l'objectif du club. C'est énorme pour les supporteurs lillois, ça fait longtemps qu'ils attendaient ça. Ce match a été difficile, les Niçois ont joué avec leurs armes, ils ont procédé en contre. On a bien su garder le ballon et on a mis des buts quand il fallait."

Mickaël Landreau (gardien de but de Lille): "C'est une satisfaction d'aller au Stade de France, de vivre ça avec les supporteurs de Lille car ils attendaient ça. Le plus dur commence car c'est nouveau, il y a plein de choses à gérer et il va falloir surtout penser au match."

Syrie: le régime fait des concessions mais reste ferme face aux manifestants

DAMAS (AFP)

SANA/AFP

Photo, publiée par l'agence syrienne Sana le 19 avril 2011, de funérailles à Homs, où des manifestants ont été tués

Le gouvernement syrien a annoncé mardi une série de mesures censées desserrer son emprise sécuritaire sur le pays, approuvant notamment une projet de loi pour la levée de l'état d'urgence, tout en avertissant qu'il ne tolèrerait aucune nouvelle manifestation contre le régime.

Dans une apparente tentative d'apaiser le mouvement de contestation qui s'amplifie à travers le pays et quelques heures après de nouveaux morts lors de la dispersion d'un sit-in, le cabinet a également approuvé l'abolition de la Haute cour de sûreté de l'Etat, une juridiction d'exception, et la réglementation du droit de manifester.

Le Parlement doit tenir une séance extraordinaire du 2 au 6 mai pour ratifier ces projets de loi visant à "libéraliser le régime", a indiqué un responsable syrien à l'AFP.

Ces annonces surviennent quelques heures après que les forces de sécurité ont réprimé une manifestation de plusieurs millier de personnes à Homs (centre), tuant au moins quatre personnes selon un militant des droits de l'Homme.

AFP

Le président syrien Bachar al-Assad à la télévision d'Etat le 16 avril 2011

Samedi, le président Bachar al-Assad avait promis d'abroger "dans une semaine maximum" la loi d'urgence, qui réduit fortement les libertés publiques depuis 1963.

Cette abrogation était l'une des principales revendications du mouvement de contestation déclenché le 15 mars dans la foulée des révoltes arabes.

Mais l'avocat et militant des droits de l'Homme Haytham al-Maleh a minimisé les mesures annoncées. Selon lui, la levée de l'état d'urgence "passe par un décret présidentiel en vertu de l'article 101 de la Constitution, ou par une décision du Parlement".

"La levée de l'état d'urgence ne nécessite pas de loi", a souligné l'avocat, affirmant que ce qui doit être aboli ou amendé est la loi d'urgence" elle-même.

Quelques heures avant l'annonce de ces mesures, le ministère de l'Intérieur avait prévenu qu'il n'accepterait aucune nouvelle manifestation, "sous n'importe quel slogan".

En dépit de la mise en garde du ministère, une centaine d'étudiants ont observé mardi un sit-in pendant un quart d'heure à l'Université de Damas, appelant à la fin de l'"effusion de sang", selon un militant.

AFP

Carte de Syrie situant les villes où de nombreux rassemblements ont lieu pour réclamer la chute du régime de Bachar al-Assad

A Banias, plus de 2.000 personnes ont manifesté pour protester contre les propos des autorités qui avaient accusé lundi soir des "groupes salafistes" de mener une "rébellion armée" à Banias et à Homs, selon des témoins.

Le cheikh Anas al-Ayroute, une des figures du mouvement de contestation à Banias, s'est exprimé devant la foule réunie sur une des places de la ville. Joint au téléphone par l'AFP il a affirmé que les manifestations à Banias "vont se poursuivre pour réclamer la liberté".

Dans un communiqué signé des "habitants de Banias", ces derniers ont dénoncé "un nouveau mensonge" des autorités. "Nous sommes sortis dans la rue pour réclamer un Etat civil moderne où règne la justice et la dignité (..) et des citoyens de toutes les confessions y ont participé".

A Homs, troisième ville du pays, les manifestants rassemblés pour un sit-in toute la nuit de lundi à mardi ont appelé au départ de M. Assad.

Les autorités ont affirmé que cinq officiers de l'armée et trois enfants avaient été tués ces dernières 24 heures par des "groupes criminels armés" dans la région de Homs.

Mardi, la presse officielle a aussi accusé Washington d'être "derrière" les manifestations. "A tous ceux qui parient (sur la chute du régime), nous disons: +ne pariez pas car vous serez perdants+", a lancé le quotidien As-Saoura.

Les Etats-Unis ont réclamé mardi la fin des violences contre les manifestants en Syrie.

"Le gouvernement doit engager d'urgence des réformes plus importantes, et cesser d'utiliser la violence contre des manifestants pacifiques", a déclaré Mark Toner, porte-parole de la diplomatie américaine. "Nous avons entendu beaucoup de mots et vu peu d'action" de la part du président Assad.

A Londres, le ministre des Affaires étrangères a appelé "les forces de sécurité syriennes à faire preuve d'un maximum de retenue", estimant que "la décision aujourd'hui pour la levée de la loi d'urgence est un pas dans la bonne direction", tout en appelant les autorités syriennes à "faire plus".

Appel à témoins de l’ambassadeur de France à Abidjan

republicoftogo.comAppel à témoins de l’ambassadeur de France à Abidjan

L’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, Jean-Marc Simon, lance un appel à témoins pour permettre de retrouver 4 ressortissants étrangers enlevés il y a deux semaines à l’hôtel Novotel d’Abidjan.
Parmi ces personnes figure Stephane Frantz Di Rippel (photo), ancien directeur général de l’hôtel Mercure-Sarakawa de Lomé au Togo.
Toute information peut-être

Raul Castro succède à son frère Fidel à la tête du PC cubain

LA HAVANE (AFP)

AFP

Fidel (G) et Raul Castro devant le congrès du Parti communiste cubain à La Havane le 19 avril 2011

Le président cubain Raul Castro a été désigné premier secrétaire du Parti communiste de Cuba (PCC), succédant à son frère Fidel qui dirigeait le parti unique depuis sa fondation en 1965, a annoncé mardi un responsable du parti lors de la cérémonie de clôture de son congrès.

Le nouveau comité central du PCC élu lundi soir a par ailleurs désigné José Ramon Machado, 80 ans, comme deuxième secrétaire du PCC, poste auquel il succède à Raul Castro qui était le n°2 du parti depuis 1965.

Le nouveau bureau politique du PCC compte 15 membres, contre 19 auparavant, dont trois nouveaux. Parmi les nouveaux, figure l'étoile montante du "raulisme", Marino Murillo, 50 ans, superviseur du programme de réformes économiques et sociales, qui va sans doute désormais incarner l'espoir des partisans des réformes.

Avec un vaste plan de réformes économiques mais une direction pratiquement inchangée du Parti communiste, Cuba est désormais au pied du mur: la route est tracée, il reste à voir si le lourd modèle étatique cubain saura s'engager sur la voie du renouveau.

"Il est temps de mettre fin à la mentalité de l'inertie", a martelé Raul Castro en présentant les 313 réformes économiques adoptées par le 6e congrès du PCC) qui s'est achevé mardi après trois jours de travaux.

Mais en succédant à son frère Fidel à la tête du PCC, Raul Castro s'est aussi donné "pour ultime tâche" d'éviter "un retour du capitalisme à Cuba", en s'entourant d'un bureau politique renouvelant la veille garde castriste.

"Défendre et renforcer le socialisme" tout en "développant l'économie du pays": l'ambitieux double objectif pourrait se transformer en quadrature du cercle pour les autorités en l'absence de toute innovation politique.

AFP

Le petit fils de Raul Castro, Raul Rodriguez Castro, salue son grand-oncle Fidel, le 19 avril 2011 à La Havane sur cette photo diffusée sur le site www.cubadebate.cu

Pourtant, certaines réformes vont bouleverser la vie quotidienne des Cubains: vendre ou acheter une voiture ou un appartement, recevoir un crédit bancaire, ou décupler les surfaces cultivées pour les paysans.

Les petits travailleurs indépendants vont pouvoir continuer à se multiplier et les agriculteurs vont être appelés à se libérer un peu plus du joug de la commercialisation forcée par l'Etat.

Ces ouvertures parfois spectaculaires vers une économie de marché retiendront l'attention des médias, mais la réussite du plan de réformes dépendra surtout des mesures de fond adoptées par le congrès, insistait récemment l'économiste cubain Pavel Vidal.

Création de coopératives pour créer un tissu de PME, plus large autonomie commerciale et administrative des entreprises d'Etat, mise en place de nouvelles dispositions pour les investisseurs étrangers, dégraissage dans la bureaucratie: la liste est longue des réformes lourdes à mettre en place.

"On tend à faire croire qu'avec contrôle, prévision et discipline, on va régler les problèmes. Mais si on essaye de perfectionner ce qui n'a jamais fonctionné depuis des décennies, alors on va droit dans le mur", estimait Pavel Vidal.

Or, "dans l'actualisation du modèle économique, la planification primera, prenant en compte les tendances du marché", affirme en écho le congrès, en soulignant que "seul le socialisme est capable de vaincre les difficultés et préserver les conquêtes de la révolution".

"Simplement, j'exigerai que se réalise ce que j'ai ordonné ou initié en accord avec les organismes supérieurs", lui a indirectement répondu Raul Castro en haussant le ton pour dénoncer "l'immobilisme et le dogmatisme" des institutions cubaines.

Patient et minutieux, infatigable organisateur des structures de décision cubaines, le général Raul Castro a souligné que les évolutions de l'économie cubaines se feraient "avec rythme, mais sans précipitation".

Climat/USA: la Cour suprême pas convaincue de son rôle de gendarme

WASHINGTON - Les juges de la Cour suprême se sont montrés peu convaincus par l'idée qu'ils puissent réguler, au nom de la "nuisance publique", les émissions de gaz à effet de serre des compagnies énergétiques dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Depuis 2004 huit Etats, ainsi que la ville de New York, ont demandé, et obtenu en appel, à cinq grands producteurs d'électricité aux Etats-Unis de limiter leurs rejets de gaz à effets de serre parce que ceux-ci participent au réchauffement de la planète.

Le jugement de la plus haute juridiction des Etats-Unis est attendu d'ici fin juin.

Ces producteurs d'électricité, dont American Electric Power Company et Tennessee Valley Authority, sont accusés par les Etats de rejeter à eux seuls 10% du total des émissions américaines.

Lors de l'audience mardi, les juges sont apparus dubitatifs quant à leur capacité à légiférer en la matière. Estimant que l'affaire relève de "la séparation des pouvoirs", ils ont rappelé que l'Agence américaine de l'environnement (EPA) voire le Congrès étaient les mieux placés pour imposer des limites de pollution.

"L'injonction que vous cherchez à obtenir, à savoir l'imposition de limites d'émissions, me semble être du ressort de l'EPA", a contesté la juge progressiste Ruth Ginsburg. "C'est comme demander à un juge d'être un super EPA", a-t-elle poursuivi, notant que l'agence gouvernementale travaillait à un projet de régulation des émissions.

"Nous ne savons pas ce que le Congrès va faire", a pour sa part objecté le juge conservateur Samuel Alito. De fait, depuis près de deux ans, les Républicains du Congrès ont tout fait pour empêcher l'agence fédérale de mettre en place des régulations des émissions de gaz à effet de serre.

"Il se peut qu'il y ait conflit avec ce que l'agence (EPA) fera", a renchéri Mme Ginsburg. "Il se peut aussi que cela n'arrive jamais...", a ironisé l'avocate des Etats, Barbara Underwood.

Au delà, l'avocate des huit Etats (Connecticut, New York, Californie, Iowa, New Jersey, Rhode Island, Vermont et Wisconsin) a mis en avant "l'autorité fondamentale des Etats à protéger leurs terres et leurs citoyens" au nom de la "nuisance publique".

"Comment un simple juge peut-il décider de ce qui est raisonnable et économiquement viable ?", lorsqu'il s'agit de contraindre une centrale au charbon à faire appel à de nouvelles technologies pour rendre sa combustion propre, s'est encore inquiété le juge Alito.

Les juges se sont également interrogés sur la portée de telles régulations. Faut-il limiter les poursuites "aux pollueurs les plus importants ou s'appliquent-elles à n'importe qui ?", a demandé la juge nommée par Barack Obama, Elena Kagan.

"Dans ce dossier, les sociétés produisent ensemble 650 millions de tonnes par an" d'émissions polluantes, a argumenté Mme Underwood.

"C'est parce que vous les considérez tous en bloc. Supposons que vous preniez en compte" les flatulences de "toutes les vaches du pays ensemble, est-ce que vous engageriez des poursuites contre tous les fermiers (...), vache par vache ?", a demandé le juge ultra-conservateur Antonin Scalia, ne réprimant pas cette comparaison scatologique.

(©AFP /

Situation nationale : Faut-il dissoudre l’armée burkinabè ?

Dans cet article, Diogène Traoré revient sur les malheureux événements des militaires avec force détails. Il fait un diagnostic sans complaisance de notre armée et s’interroge sur l’éventualité de sa dissolution. L’auteur arrive à la conclusion que notre armée qui devrait œuvrer à garantir la souveraineté du Burkina, assurer la défense du territoire, garantir la sécurité intérieure et l’unité nationale est malheureusement inadaptée au corps social et qu’il faut se donner les moyens de la reformer en profondeur. Diogène Traoré lance enfin « un appel à tous les Hommes justes, ceux-là à cause desquels « Dieu aurait épargné Sodome et Gomorrhe », de ne pas se laisser vaincre par la peur et de travailler à créer une nouvelle espérance pour le Burkina Faso ».

Jeudi 14 avril, 21heures, les éléments du Régiment de la Sécurité Présidentielle (RSP) ont pris des armes, pour des questions de primes, et semé la terreur, la peur et la désolation dans la ville de Ouagadougou. Très vite par un effet de domino, les éléments basés au « Conseil », les soldats du Camp Guillaume et ceux du Camp Sangoulé Lamizana prennent le relai, soumettant notre capitale à une psychose digne d’un autre âge. Toute la nuit ces militaires jouent de la mitraillette et des armes lourdes. Avec des engins motorisés, ils investissent les artères de la ville terrifiant de manière lâche des populations civiles qu’ils sont sensés protéger. Par les médias, on apprend que le Président du Faso s’est retiré à Ziniaré avant de revenir reprendre ses activités le vendredi 15, matin.

Si très rapidement le RSP a pu contenir ses hommes en leur faisant réintégrer les armes, au milieu de la nuit, les soldats des autres camps au contraire se déchainèrent. Les tirs continuent la journée du vendredi 15, empêchant les citoyens de vaquer à leurs occupations. Des soldats en Rambo agressent lâchement les populations civiles pillent les commerces, retirent des véhicules et frappent des passants de leurs ceinturons.

Dans la nuit du vendredi 15 avril, le Camp de Kamboinsé et le Camp 718 route de Pô entrent dans la danse. Deuxième nuit consécutivement, ils pillent et frappent, traumatisant et semant la psychose. Même les étudiants font l’objet de leur brigandage, retirant téléphone, ordinateur portable au prétexte que ce sont des enfants de riche. Mais ce sont des lâches, car ils n’avaient pas d’ennemis en face et c’est facile de faire ce qu’ils ont fait quand on tient une arme face à un civil innocent.

Ils prennent d’assaut des hôtels et investissent des concessions, arrêtent des femmes dans la rue et organisent des viols systématiques et collectifs.

Samedi 16 avril, l’on a pu avoir la mesure des dégâts. Plusieurs centaines de magasins et de supermarchés pillés totalement ajoutés aux stations d’essence. Un niveau de destruction jamais égalé dans ce pays. Il est difficile d’en décrire l’ampleur. Ce sont des centaines de commerçants ruinés, des milliers de perte d’emplois, des centaines de millions de manque à gagner en matière fiscale, des milliards de perte pour des citoyens. La cohésion et la paix sociale dégradées, l’économie détruite dans certains de ses pans, le tissu social désemparé et un pays déprécié dans son image, perturbant ses relations extérieures, baissant sa côte touristique, hypothéquant ses perspectives.

Les services d’urgences de l’hôpital Yalgado et des autres centres hospitaliers n’ont pas désemplis. En plus de leur honneur perdu, plusieurs femmes ont été sexuellement mutilées. Comment notre société pourra laver cette honte un jour ?

Le Président Sankara, héros national, Président du Faso, chef d’Etat de 1983 à 1987 disait « qu’un militaire sans formation politique est un criminel en puissance ». Et c’est cette image que notre armée nous a donnée au cours des mois de mars et d’avril 2011, prenant les armes contre des décisions de justice ou pour des primes, s’attaquant à des populations civiles désemparées.

Des militaires burkinabè qui ont fait ça à des Burkinabè. Une opération savamment planifiée quand on y regarde de très près : acte 1, prendre en otage le commandement et saccager leur bureaux et lieux d’habitation pour les neutraliser. Acte 2, récupérer armes et munitions dans les arsenaux pendant que les véhicules des civiles étaient réquisitionnés. Acte 3, exécuter froidement l’opération BARAKOUBA sur la ville de Ouagadougou. Quelle tristesse pour tout le corps social burkinabè !

Pourtant on aurait tort de croire qu’il s’agit d’une simple question passagère d’état d’âme d’un corps, frustré par un régime. Le problème de fond à mon sens, si cela tient en partie à la gouvernance est plus profond et se pose en terme d’équilibre ou de déséquilibre entre une société et son armée. Il ya eu certainement beaucoup de légèreté, de négligence et de manque de rigueur et de professionnalisme au niveau de la hiérarchie.

Le vendredi 14, furent remplacés le Chef d’Etat major général des armées et le Chef de corps du Régiment de la Sécurité Présidentielle (RSP), puis le samedi 15, furent limogés les chefs d’Etat major de l’armée de terre, de l’armée de l’air et de la gendarmerie.

Cependant on aurait tort aussi de croire qu’il s’agit seulement d’une simple question de commandement. Et il ne faut pas minimiser l’ampleur du drame. Rien ne saurait nous faire admettre ni justifier le fait de ces « hordes de bêtes sauvages », massacrant les populations civiles hébétées, semant la désolation dans la ville. De cette armée, nous n’en voulons pas.

Totalisant environ 12 000 hommes dont 5 % d’officiers, 40 % de sous-officiers et 55 % de militaires du rang, les effectifs de l’armée nationale sont répartis de la manière suivante : terre (7 800), gendarmerie (3 000), air (600), sapeurs pompiers (600). En 2007, le budget de la défense était de 4,78% environ du budget national.

On ne peut pas dire de notre armée qu’elle soit pléthorique, mais elle est mal orientée, mal adaptée à son époque et désœuvrée ; c’est une armée de prestige et de parade, un luxe pour l’économie du Burkina Faso.

I. A quoi sert notre armée ?

1.1. A garantir la souveraineté du Burkina ?

C’est une première perspective que l’on peut lui concéder, quoique la notion même de souveraineté a totalement évolué dans les relations internationales, réduisant les armées nationales à la gestion de la sécurité domestique, frontalière et celle des institutions. Les espaces sur lesquelles une souveraineté nationale est exclusive sont de plus en plus réduits, réduisant par conséquent le rôle des armées de petits pays comme le Burkina Faso

1.2. A la défense du territoire ?

C’est certainement son rôle, quoiqu’elle ne peut à elle seule, garantir la défense du territoire en cas d’agression. L’Histoire nous apprend que les plus grandes victoires et les plus grands hauts faits de guerre sont imputables aux peuples organisés pour se défendre ou à des armées de conscrits, mais pas à des armées professionnelles. 12.000 hommes ne sauraient à eux seuls défendre la quiétude de 15 millions de personnes face à une agression d’envergure. Ce rôle est à relativiser.

1.3. A la garantie de la sécurité intérieure ?

Il faut adapter l’armée nationale aux exigences de sécurité intérieure. Cela est souhaitable et pertinent. L’armée de par son existence doit garantir la seule puissance légitime de l’Etat dans le rôle de garant de la paix, de l’ordre, de la stabilité et de la sécurité.

1.4. A la garantie de l’unité nationale ?

De par son existence, l’armée doit veiller à ce qu’aucune force ne soit capable de prétention séparatiste, ou n’ose porter atteinte à l’unité du territoire.

II. Les forces et les faiblesses de notre armée

L’armée nationale a été créée le 3 août 1960 par la loi N°74-60/AN à la veille de l’accession du pays à l’indépendance. Elle s’est constituée à partir des anciens militaires issus de l’armée coloniale française. Le transfert de commandement s’est effectué le 1er novembre 1961, date anniversaire de notre armée

Les forces armées nationales comprennent un état-major général des armées, trois armées (terre, air, gendarmerie), des services centraux et des commandements rattachés.

Au niveau territorial, l’organisation de l’armée divise le territoire national :
• 3 régions militaires et de gendarmerie,
• 2 régions aériennes.

Les régions militaires et de gendarmerie ont les limites et les chefs lieux de commandement (Ouagadougou, Bobo Dioulasso et Kaya) en commun. Les deux régions aériennes ont pour chefs lieux respectifs Ouagadougou et Bobo Dioulasso.

2.1. Un corps homogène discipliné avec des aptitudes réelles pour le développement

Les forces armées, dans le contexte d’une institution stable et disciplinée, ont su développer une importante expertise en ingénierie, mécanique, architecture, médecine, génie civile, bâtiments et travaux publics, etc. Cette expertise, développée en partie par les appuis de la coopération internationale, est cependant sous utilisée au sein de l’armée et très peu exploitée par les stratégies de développement du pays.

2.2. Un système d’organisation efficient capable d’actions efficaces

Un corps d’armée procède a priori d’une démarche de qualité en matière d’organisation, de discipline et de travail. C’est le meilleur ordre d’organisation et d’exécution.

Dans le contexte du Burkina Faso où l’Etat est naissant et la Nation inexistante, l’armée de par la force de sa cohésion, de la discipline dont elle recèle et de sa capacité à mettre en action, de manière simultanée, ordonnée et disciplinée une masse humaine de travail, pourrait être, pour peu que cela soit envisagé, un outil d’organisation et de développement surtout dans les domaines de haute intensité de main d’œuvre.

2.3. De grandes faiblesses évidentes, notamment :

- Les orientations de ses dépenses budgétaires et sa construction institutionnelle ; avec ses académies, ses centres de formation, ses écoles de prestiges, etc.…c’est l’une des plus belles institutions publiques de formation, malheureusement pour des personnes dont la contribution au développement est mineure. Ces « hérauts » sortis des écoles de guerre qui rivalisent en galons et qui fêtent leurs étoiles de généraux sont des investissements humains nuls pour notre économie, si des stratégies ne sont pas menées pour exploiter leur potentiel et compétences civiles dans les divers domaines.

- Le déséquilibre par rapport au corps social : avec son mode d’organisation et sa discipline et les armes, l’armée devient une force sociale et politique, dès lors qu’en face d’elle, le peuple, à 80% analphabète ne peut mettre en branle des mécanismes civils. Au Burkina Faso, l’armée est la principale force sociale, ce qui fausse le jeu démocratique. Car l’armée plane toujours sur la tête des politiques comme l’épée de Damoclès. On connaissait ses capacités en coup d’Etat, on ignorait totalement son visage monstrueux et moyenâgeux qu’elle vient de nous faire découvrir ces mois de février, mars et avril 2011.

- c’est une nomenclature de parade ; C’est une nomenclature, dans le sens le plus strict qui veut que ce soit un corps de privilégiés dominant l’ordre social. Elle est de parade, car c’est ce qu’elle sait faire de mieux au Burkina Faso : beaux uniformes, beaux défilés ! Il est temps qu’elle donne une autre image et qu’elle agisse autrement.

III. Que faire de notre armée !

Cinquante années après sa création, l’armée joue un rôle majeur au Burkina Faso. Institution a priori garante de l’unité nationale, de l’ordre, de la paix et de la souveraineté nationale, elle a aussi marquée profondément de ses empreintes, la vie politique nationale.

Avec le temps, les charges et les responsabilités assumées, les forces armées sont devenues l’une des plus grandes institutions de l’Etat. Les coûts et dépenses militaires ont donc pris du volume, dans un contexte de rareté de moyens et ressources d’un pays pauvre. Mais les réflexions sur son devenir n’ont pas suivi, condamnant l’Etat à mimer et à développer une armée dont personne ne se souciait encore du rôle social.

L’armée nationale est une institution utile, mais qu’il faut adapter impérativement aux besoins et contexte de la société. Son étude prospective se doit d’envisager son rôle et sa place au sein de la société, avec pour objectifs :
- de lui attribuer des missions spécifiques claires, notamment en matière de formation et d’éducation, de santé, de protection de l’environnement, etc.
- d’utiliser l’expertise militaire dans les stratégies, projets et programmes de développement.
- d’adapter l’institution au corps social global.

Cinq axes essentiels sont fondamentaux à cela.

1. Développer les corps de métiers civils

Les forces armées développent divers secteurs de métiers très utiles au développement. Il s’agit des services de santé, de la sécurité civile, des bâtiments et travaux publics, de la formation académique entre autres. Il faut développer les corps militaires porteurs de ces métiers civils. Il ya d’abord le corps des sapeurs pompiers.

Il faut multiplier ses effectifs, multiplier leurs casernes et augmenter de manière substantielle, le nombre de véhicules et l’ensemble de ses moyens logistiques. Il y a ensuite le corps du génie militaire. Ce corps doit être structurellement développé et se voir confier des travaux de routes et de voiries sur tout le territoire, surtout en milieu rural ou le besoin de développement des infrastructures fait face à l’absence d’entreprises qualifiées. Il ya aussi les services de santé des forces armées. Le secteur de la santé est l’une des plus grandes faiblesses de notre Gouvernance. La santé est inaccessible, inefficace, insuffisante et coûteuse. Nous devons multiplier les effectifs du service de santé des forces armées, créer des dispensaires et hôpitaux militaires et les positionner à l’échelle du territoire de sorte à compenser et compléter le dispositif national de santé. Avec leur sens de l’ordre et de la discipline, les services militaires de santé peuvent mieux porter certaines préoccupations que les services civiles. Il y a enfin le secteur de la formation. Aujourd’hui, les forces armées ont autant de docteurs ès …que les universités. Pourquoi pas une ou des universités des forces armées dans des localités données où les spécialistes des forces armées pourront apporter une contribution en matière de formation supérieure ?

2. Restreindre les corps de métiers d’armes :

Il faut envisager cette restriction sous trois angles :
- Démanteler l’armée de terre en la ramenant de 7.800 éléments, à environ 2.500 et la professionnaliser dans la protection des institutions. Conserver un Etat major d’officiers devenant un « think tank » sur les questions de défense du territoire et de stratégies militaires.
- Recycler et reverser à la gendarmerie, à la police, au corps des eaux et forêts et aux gardes pénitentiaires, plus de 4.000 éléments, et verser le reste dans les corps de métiers civils ;
- Supprimer des unités spécifiques comme les Groupements Blindés ; combien de blindés un pays comme le Burkina Faso doit-il posséder pour gagner une guerre de blindés ? Il est donc inutile d’en posséder.

3. Recycler certaines unités spécifiques :

Certaines unités spécifiques doivent être recyclées pour être utiles et adaptées. C’est d’abord l’armée de l’air. Elle peut et doit développer des services de transport civil et de désenclavement de nos localités. Créer des aéroports secondaires dans les endroits les plus reculés du pays et exploiter les services en fonction des données sociales et économiques.

L’armée de l’air peut aussi développer un service gouvernemental d’aviation civile pour appuyer les actions de développement.

4. Développer la gendarmerie comme élément essentiel des forces armées et accroitre ses capacités en matière de renseignement et de sécurité sur l’ensemble du territoire.

5. Revoir le positionnement stratégique des postes militaires : Il faut amener les casernes militaires hors de nos villes. Transformer le Camp Guillaume, le Camp Sangoulé Lamizana, le Camp 718 en lycées et en universités. Il y a dans ces infrastructures, suffisamment de salles de cours, de travaux dirigés, etc. Aucune caserne des forces armées en dehors de la gendarmerie ne doit être à moins de 100 kilomètres des villes. Et aucun militaire ne doit déambuler en ville sans autorisation et il doit être interdit à un militaire d’être en tenue en ville, sauf en mission commandée.

Il est temps de se donner une nouvelle vision et de construire une nouvelle armée, bâtie sur des objectifs adaptés à la société, une armée intégrée aux préoccupations sociétales. Il est temps d’arrêter cette logique de construction d’une grande armée, anachronique par rapport au contexte de notre société et totalement dépassée en référence au contexte mondial actuel.

Il est temps d’arrêter des recrutements systématiques de soldats et de les transformer en « chiens de guerre dressés à tuer sans état d’âme qui finiront par retourner leurs armes contre les populations qu’ils sont sensés défendre ». Il est temps d’arrêter cette chasse à l’Homme, cette chasse aux hommes politiques, cette chasse aux partis d’opposition. Ceux qui s’en sont pris aux sièges de l’UNIR/PS et du FFS sont des sots.

Je salue la réaction prompte du Président du Faso. Mais il se trompe s’il croit qu’il s’agit d’une simple question de commandement. Il doit comprendre que son armée est inadaptée au corps social et se donner les moyens de la reformer en profondeur. Il doit aussi revoir les institutions et les fondements du pouvoir de son régime.

Je suis étonné par le silence des partis politiques qui frise la culpabilité et parfois complicité. Je suis sidéré par le silence des institutions et associations de défense des droits humains, ces gardiens du temple de la vertu et de la citoyenneté. Le MBDHP, le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), la section nationale de la RADDOH, le Ministère de la promotion des droits humains.

Je voudrais lancer un appel à tous les Hommes justes, ceux-là à cause desquels « Dieu aurait épargné Sodome et Gomorrhe », de ne pas se laisser vaincre par la peur et de travailler à créer une nouvelle espérance pour le Burkina Faso.

Comme le dit l’Evangile de Saint Matthieu "Relevez-vous et n’ayez pas peur" (17.7) et je dirais : construisons ensemble une nouvelle espérance pour notre pays.

Diogène TRAORE
diogène.traore@gmail.com

Côte d’Ivoire-Burkina : Le professeur Abdou Touré comme ambassadeur de Côte d’Ivoire à Ouagadougou.

Ce n’est pas la plus prestigieuse des ambassades, ni la plus « géopolitique » ; mais c’est la plus significative. Les relations diplomatiques entre Yamoussoukro (compte tenu de la situation à Abidjan, il est probable que l’installation du gouvernement ivoirien, toujours annoncée, va y être accélérée) et Ouagadougou influent sur la vie politique et économique « intérieure » des deux pays.

Les Burkinabè de Côte d’Ivoire étaient environ 4 millions au début du XXIème siècle ; et si les Ivoiriens installés au Burkina Faso sont considérablement moins nombreux (on les estime à environ 5.000), nul ne peut nier l’étroite connexion qui existe entre les deux pays. Connexion économique et sociale qui leur commande d’être dans les meilleures relations diplomatiques possibles ; le possible ayant été, parfois, impossible. Mais même dans l’affrontement (on l’a vu au temps de Gbagbo), les relations ivoiro-burkinabè ne sauraient être banalisées.

Laurent Gbagbo avait nommé à Ouaga, en 2001, son vieil ami de vingt ans Richard Kodjo. Docteur d’Etat en médecine, chirurgien-obstétricien tout juste quinquagénaire (il est né le 16 mars 1949 à Grand Lahou, sur la côte, à l’Ouest du fleuve Bandama), Kodjo avait été agréé comme ambassadeur (avec attribution pour le Niger) le mercredi 27 juillet 2001, tout juste un an avant l’assassinat, à Ouaga, de Balla Keïta, personnalité politique ivoirienne majeure des années « Houphouët », un pro-Ouattara qui avait basculé dans le camp de Robert Gueï (dont il voulait faire le « général De Gaulle » de la Côte d’Ivoire), après avoir servi Henri Konan Bédié. L’assassinat de Balla, jamais officiellement élucidé, avait été pour moi le premier signe d’une volonté de donner une ampleur sous-régionale à la crise politique ivoirienne (cf. LDD Côte d’Ivoire 030/Mercredi 7 août 2002) ; quelques semaines plus tard se dérouleront les événements du 18-19 septembre 2002 qui vont « gâter » la relation - déjà bien détériorée - entre Blaise Compaoré et Laurent Gbagbo et, surtout, entre les Burkinabè et les Ivoiriens. « A l’époque, dira Kodjo, on a vite fait d’attribuer les tensions qui régnaient à Abidjan à la xénophobie des Ivoiriens envers les Burkinabè. A Ouagadougou, ma priorité absolue était de ne pas verser dans la surenchère, en évitant notamment la chasse à l’Ivoirien que l’on pressentait dans certains quartiers ». Pas de surenchère à Ouaga ; mais à Abidjan, et en Côte d’Ivoire, la chasse aux « porteurs de boubou » va être organisée (le « Rapport sur les violations des droits humains à l’encontre des Burkinabè en Côte d’Ivoire » a été publié par le Burkina Faso dès mars 2003 - cf. LDD Burkina Faso 025/Vendredi 23 mai 2003).

C’est en pleine « crise ivoiro-ivoirienne » post-électorale, dès le 13 décembre 2010, que Kodjo a fait partie de la « fournée » des ambassadeurs ivoiriens limogés par Alassane Ouatttara. Il a été remplacé par Abdou Touré dont l’agrément a été accordé lors du dernier conseil des ministres burkinabè (mercredi 13 avril 2011). Pas plus que Kodjo, Touré n’est un diplomate de carrière. C’est lui aussi un universitaire, professeur de sociologie, et tout autant proche de Ouattara que Kodjo l’a été de Gbagbo. Dès l’accession de Ouattara à la primature, en 1990, Touré se retrouvera dans les coulisses du pouvoir, conseiller technique du ministre de l’Education nationale, Vamoussa Bamba.

Touré se présente alors, dans les années 1990, comme sociologue, chercheur, membre du Synares, le syndicat des enseignants du supérieur qui a été en pointe dans la contestation du régime de Félix Houphouët-Boigny et sera le relais syndical (et la pépinière) du FPI, le parti de Gbagbo quand le multipartisme sera officiellement reconnu. Il y a tout juste 21 ans, le 28 avril 1990 (dix jours après la nomination de Ouattara comme président du « Comité interministériel chargé de l’élaboration et de la mise en application du programme de stabilisation et de relance économique »), Touré s’était fait remarqué lors d’un passage à la télévision nationale. Il y avait reconnu « le bien-fondé des révoltes des jeunes » mais avait blâmé le mode d’action : « la violence verbale et la casse » ; il recommandait « aux jeunes de hiérarchiser leurs doléances en privilégiant la reprise sans conditions des cours », demandait « au pouvoir de dialoguer avec les jeunes et de tenir compte de leurs revendications » et souhaitait que son syndicat, le Synares, « abandonne son attitude paternaliste pour faire confiance aux étudiants ».

Au cours de la décennie 1980, Touré a été un auteur prolixe : il a trois ouvrages de sociologie à son actif, publiés en 1981 (« La civilisation quotidienne en Côte d’Ivoire. Procès d’occidentalisation »), 1985 (« Les petits métiers à Abidjan. L’imagination au secours de la conjoncture ») et 1990 (« Sacrifices dans la ville. Le citadin chez le devin en Côte d’Ivoire »). Au sein du PDCI, il rejoindra très vite les rangs des « rénovateurs » animés par Djeny Kobina et quand celui-ci créera le RDR, le 27 septembre 1994, il en deviendra un des responsables politiques. Secrétaire national du parti de Ouattara (qui en a pris la présidence le 1er août 1999), Touré va se faire le chantre de son leader, « symbole de la force et de la puissance. Non pas d’une force maléfique, mais d’une force positive et d’une puissance constructive ».

Membre du cabinet du président du RDR, Touré va être chargé par Ouattara du travail de synthèse et de mise en forme qui donnera naissance au projet de société du RDR intitulé : « Vivre ensemble ». Fin 2008, il rédigera un petit ouvrage (126 pages) aux éditions Sépia intitulé : « Alassane Dramane Ouattara. Destin et liberté ». Dans cet ouvrage, il s’attache plus à l’individu (et notamment à son éducation) qu’à l’homme politique. « Il n’est pas exagéré de dire qu’Alassane est l’humilité faite homme […] Tous ceux qui l’approchent, touchent du doigt un homme humble dans ses moindres faits et gestes, jusque dans le timbre de la voix… qui traduisent le respect de l’autre transmis par le père et la mère et soutenus par les bénédictions ».

C’est sans doute une facette non négligeable de Ouattara (Gbagbo dirait, à coup sûr, son « côté mossi ») ; ce n’est pas la plus intéressante chez le président de la République de Côte d’Ivoire dont l’extrême « civilité » ne doit pas cacher qu’il est aussi un homme d’actions (le pluriel signifiant que ce n’est pas, pour autant, un « homme d’action », un « activiste » façon Gbagbo) : pour l’avoir observé sur le terrain, jour après jour, du 28 novembre 1988 au 21 mars 1994, je sais que l’important pour lui est de se donner les moyens de sa politique ; et celle-ci ne manque jamais d’être « raisonnablement ambitieuse » si je puis me permettre cet oxymore. Le jeudi 21 juin 1990, ADO m’avait accordé son premier entretien en tant que président du Comité interministériel. J’avais écrit alors : « Sûr de lui et dominateur. Il y a quelques années, on aurait, sans doute, employé ce qualificatif historique pour parler d’Alassane Ouattara, gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest et en charge actuellement de la mise en œuvre du plan de stabilisation ivoirien. Mais la tranquille assurance qu’il affiche, alliée à une capacité naturelle au commandement, si elles peuvent agacer, n’entament pas pour autant l’extrême gentillesse de cet homme. Ni même sa disponibilité ». C’est, plus que cet homme-là, son programme du « Vivre ensemble » que Touré va représenter à Ouagadougou.

Dans la capitale burkinabè, le départ de Gbagbo et l’accession à la présidence de Ouattara sont deux événements majeurs. Politiquement et socialement. ADO sait ce que son pays et son combat doivent aux Burkinabè qui ont payé le prix fort au cours de la dernière décennie. C’est dire que « le pays des hommes intègres » est dans l’attente et dans l’espérance. Et que ni l’une ni l’autre ne devront être déçues. Il faut que Touré le sache.

Jean-Pierre BEJOT
La Dépêche Diplomatique

Portrait à venir d’un premier ministre burkinabè en pompier de service chargé d’éteindre l’incendie qui ravage la présidence du Faso.

Luc Adolphe TIAO et Tertius ZONGOIl n’a pas démérité. Et il n’a pas failli non plus. Mais c’est un job sans avenir où on joue les fusibles quand les politiques n’ont plus les moyens de leurs ambitions. Exit donc Tertius Zongo et son gouvernement moins d’un mois après que le premier ministre ait prononcé devant l’Assemblée nationale la traditionnelle déclaration de politique générale au cours de laquelle il avait affirmé que « l’échec n’est pas une option » (cf. LDD Burkina Faso 0244/Vendredi 18 mars 2011).

Zongo avait une ambition : « Bâtir, ensemble, un Burkina émergent ». Je l’avais dit alors : « les Burkinabè veulent bien bosser dur - et Zongo ne manque jamais de rendre hommage à cette détermination et cette constance dans l’effort - mais ils veulent aussi que ce boulot soit payé à tous, et pas seulement aux « promoteurs » ; et à son juste prix ».

Fallait-il aller trop vite, trop loin ? C’est en tout cas avec cet ordre de mission que Blaise Compaoré avait fait revenir Zongo de Washington, où il était ambassadeur, pour lui confier le gouvernement. « L’homme qu’il fallait à la place qu’il fallait » m’avait-il dit au sujet de Zongo avant sa nomination (cf. LDD Burkina Faso 0124/Lundi 7 mai 2007). C’était aussi une évidence pour moi dès lors que j’affirmais que le Burkina Faso devait se préparer à « passer à une nouvelle étape de son développement économique et social ».

Il est vrai que la physionomie du Burkina Faso avait changé du tout au tout et que la perspective d’une résolution de la « crise ivoiro-ivoirienne » laissait penser que la croissance pouvait être boostée dès lors que des infrastructures économiques étaient en place. Avec « les hommes qu’il fallait à la place qu’il fallait ». Trop vite, trop loin. Si la « modernité » du Burkina Faso était dans les têtes (internet oblige), elle n’était pas visible dans le quotidien des Burkinabè. Et puis, surtout, la classe politique est traversée de courants parfois contraires et ne manque pas d’apprentis sorciers, y compris dans les rangs du pouvoir.

Déjà, fin 2006, à la veille de la tenue à Ouagadougou des sommets de la Cédéao et de l’UEMOA, les policiers et les militaires burkinabè s’étaient joyeusement massacrés dans les rues de la capitale obligeant au report de ces manifestations sous-régionales. « Il n’y a aucune raison d’extrapoler » m’avait expliqué Jean de Dieu Somda, alors ministre délégué à la Coopération régionale, s’efforçant de me démontrer que c’était le résultat d’un week-end « trop arrosé » (cf. LDD Burkina Faso 0119/Mardi 26 décembre 2006).

Six mois plus tard, Zongo était nommé à la primature, Blaise Compaoré allait fêter le vingtième anniversaire de son accession au pouvoir (15 octobre 1987) et on s’acheminait, tranquillement, vers le cinquantenaire de l’indépendance dont la célébration a préoccupé le gouvernement tout au long de l’année 2010. Ah, j’oubliais : il y a eu aussi la présidentielle du 21 novembre 2010 ; mais, finalement, les Burkinabè ont aussi fait l’impasse sur cet « événement » qui n’en était pas un. On me le disait alors à Ouaga et ailleurs au Burkina Faso : les Burkinabè sont reconnaissants à Blaise de les avoir amenés là où ils se trouvent actuellement même si, eux, ont fait la route à pied ; c’était bien, mais il faudrait sans doute passer à autre chose tout en se posant la question de ce que pouvait être cet « autre chose ». C’était donc Blaise par défaut.

A Ouaga, la présidentielle ivoirienne a occulté la présidentielle burkinabè dont on savait qu’elle serait sans surprises. Mais quand le second tour ne se déroule pas dans les urnes, il y a de fortes chances qu’on se retrouve dans la rue ; plus encore quand les politiques (y compris ceux de l’opposition) sont à côté de la plaque. A Tunis, Ben Ali est tombé parce qu’un policier d’un bled de province a été assez « con » pour confisquer sans raison l’étal d’un vendeur des rues. Et les commentateurs se sont gaussés quand les manifestants ont choisi le mot d’ordre de « dignité ». C’est pourtant bien de cela qu’il s’agit. En politique, comme en économie, tout se joue toujours à la marge ; reste à savoir, socialement, où elle se situe.

En 1987, il était évident que le Burkina Faso avait été au-delà de la limite acceptable. Blaise avait appelé cela la « rectification » ; un mot juste. D’autant mieux que cette « rectification » conduira à la « démocratisation » et que les Burkinabè y trouveront un avantage social. Reste la marge. Entre le Ouaga de la « révolution » et le Ouaga de la « rectification », le dialogue était possible. Entre le Ouaga de la « démocratisation » et le Ouaga 2000 de la « corruption » (ce qui peut s’apparenter à une corruption ostensible : 4 x 4 et berlines de luxe, villas monumentales, commerces et restaurants pour « riches », etc.), le dialogue devient plus difficile quand les « hommes intègres » prônent la rigueur pour ceux qui sont nés dedans et n’en sont pas sortis depuis.

Globalement, le Burkina Faso des « grands équilibres » et des « grands chantiers », de la « stabilité politique » et de la « diplomatie active » peut bien se porter ; à la marge les Burkinabè s’exaspèrent. Et comme la vie politique et sociale ne leur permet plus d’exprimer leur exaspération, nécessairement il faut bien que le couvercle saute à un moment où à un autre. Il a sauté le 20 février 2011 à la suite de la mort, pour des « causes controversées », de Justin L. Zongo, élève du lycée privé Kaboré Gesta de Koudougou. Tabassage pour les uns, maladie pour les autres. Tertius Zongo, dans sa déclaration de politique générale avait dit ce qu’il fallait dire quand on est premier ministre : « Nous devons également réfléchir aux problèmes de fond dont ces événements ne sont que les révélateurs. Ils concernent aussi bien le fonctionnement des services de l’Etat, y compris ceux du maintien de l’ordre, que les relations entre les citoyens et le système judiciaire, le développement politique et économique de notre pays, l’offre d’opportunités éducatives et d’emplois pour notre jeunesse, notre conception de la liberté et le comportement citoyen pour la préserver et l’approfondir ».

Mais les mots sont parfois insuffisants pour guérir les maux dont souffrent les populations. Depuis la mort du jeune Zongo, le Burkina Faso est confronté à des situations de crise dont l’ampleur ne cesse de s’accentuer. Les manifestations des lycéens et des étudiants ont conduit, finalement, à la mutinerie des camps militaires, y compris celui du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) qui se trouve dans l’enceinte même du palais présidentiel, à Kosyam. Ce qui ne manque pas d’étonner, le président du Faso ayant reçu tous les « corps habillés » qui avaient pris de multiples engagements et formulés plus encore de promesses et d’excuses. Le ras-le-bol social prend donc des allures de coup de force et certains laissent penser que tout cela pourrait déboucher sur un coup d’Etat.

Les chefs militaires sont dégagés en touche ; ce qui est la moindre des choses. Le gouvernement est viré, premier ministre en tête, ce qui laisse penser qu’il a fauté ; et même s’il n’a pas fauté, faut bien un fusible puisque, dans cette affaire, Blaise est le seul élu du peuple et qu’il tient de l’élection au suffrage universel sa légitimité. Hier, Sidwaya écrivait que Compaoré est « devenu médiateur direct entre son Etat et son peuple », faisant référence bien sûr à l’agacement du « peuple » confronté aux multiples « médiations » que le président du Faso n’a cessé de conduire depuis un bon bout de temps, partout en Afrique de l’Ouest. Cela tombe bien : le nouveau premier ministre, Beyon Luc Adolphe Tiao, mettait la dernière main à son ouvrage intitulé : « Les médiations de Blaise Compaoré. Construire la paix par la sagesse africaine ». Exercice en vraie grandeur. Le voilà promu pompier chargé d’éteindre l’incendie qui ravage la présidence du Faso. On ne peut que lui souhaiter de réussir.

Jean-Pierre BEJOT
La Dépêche Diplomatique

Libye: les rebelles à Misrata pour l'intervention de troupes occidentales au sol

MISRATA (Libye) - Un responsable des rebelles qui contrôlent Misrata, ville libyenne assiégée depuis des semaines par les forces loyales au colonel Kadhafi, a indiqué mardi qu'ils demandaient formellement l'intervention de troupes occidentales au sol pour assurer leur protection.

Nouri Abdallah Abdoullati a indiqué à la presse que les rebelles demandaient l'envoi de soldats français et britanniques sur la base de principes "humanitaires".

"S'ils ne viennent pas, nous allons mourir", a-t-il déclaré.

Les rebelles à Misrata n'ont pas de contact direct avec les forces de la coalition, et M. Abdoullati a indiqué que leur requête avait été envoyée la semaine dernière sous forme de lettre via le Conseil national de transition, organe politique représentatif de la rébellion et basé à Benghazi. Mais ils n'ont pas encore obtenu de réponse, a-t-il ajouté.

"Nous n'avons accepté (jusqu'à présent) la présence d'aucun soldat étranger dans notre pays, mais désormais, nous sommes confrontés aux crimes de Kadhafi et nous demandons sur la base de principes humanitaires et islamiques que quelqu'un vienne et fasse cesser la tuerie".

Il souligne que le Coran stipule qu'en cas d'impossibilité pour des musulmans d'apporter leur aide, il est acceptable d'être aidé par des chrétiens.

"Auparavant, nous demandions qu'il n'y ait aucune interférence étrangère, mais c'était avant que Kadhafi utilise des roquettes Grad et des avions". "Désormais, il s'agit d'une situation de vie ou de mort", a-t-il ajouté.

"Même si 400.000 personnes meurent, et 100.000 vivent, ce sera une victoire", a-t-il poursuivi, insistant sur le caractère "urgent" de la situation.

Cet appel intervient à l'issue de plusieurs jours de combats intensifs. Mardi, les forces loyalistes ont contre-attaqué, prenant pour cible des ambulances et les environs immédiats de l'hôpital, selon un photographe de l'AFP.

Des avions de l'Otan ont survolé la ville mais l'Alliance atlantique a affirmé être limitée dans sa capacité à défendre les civils du fait de l'utilisation de boucliers humains par les forces pro-Kadhafi, alors que de nombreux habitants s'interrogent sur ce que fait l'Otan pour les protéger.

Des combats de rue se déroulent dans différents quartiers de la ville, entre les rebelles et les forces pro-kadhafi qui font usage de roquettes Grad et de tireurs embusqués.

La troisième ville de Libye, qui compte environ 500.000 habitants, est assiégée depuis près de deux mois, et la nourriture, l'eau, les médicaments et les carburant viennent à manquer.

Dans les quartiers les plus sécurisés, des queues se forment devant des stations essence, et il faut parfois plus de sept heures d'attente pour pouvoir s'approvisionner.

Au moins 4.000 travailleurs étrangers sont actuellement bloqués dans la ville dans des conditions désastreuses selon l'Organisation internationale des migrations (OIM).

Un ferry grec affrété par le Qatar était prêt à embarquer mardi plus de 1.000 personnes, des femmes et enfants libyens blessés, et des travailleurs africains, notamment nigériens et tchadiens, selon un journaliste de l'AFP. Ils seront emmenés à Benghazi, fief de la rébellion.

Dans le port, des rangées d'Africains patientent pour partir, sous la surveillance d'hommes armés de bâtons et de fouets, a constaté un journaliste de l'AFP.

Un troisième bateau de l'OIM devrait arriver dans les prochains jours à Misrata pour évacuer un millier de migrants supplémentaires.

A l'entrée du port, une dizaine de véhicules de libyens tentaient de partir mais un responsable du Croissant rouge leur a interdit l'accès au bateau.

Quelque 200 enfants se sont rassemblés dans la ville avec des drapeaux et des feuilles où sont imprimés des slogans tels que "ONU, aidez-nous".

rmb-phil/al-cnp/asl

(©AFP /

Burkina Faso : Luc Adolphe Tiao, nouveau Premier ministre

Conseiller de presse et techniques de l’information, Luc Adolphe Tiao, qui était précédemment ambassadeur du Burkina Faso en France et ancien président du Conseil supérieur de la communication, a été nommé Premier ministre ce 18 avril 2011, en remplacement de Tertius Zongo. Voici son parcours académique et professionnel par le site petiteacademie.gov.bf

« Luc Adolphe Tiao, a fait ses études supérieures :
- au Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information(CESTI) de l’Université de Dakar de 1977 à 1980, où il obtient le diplôme supérieur de journalisme de l’université de Dakar.
- à l’Ecole Supérieure de Droit de l’université de Ouagadougou de 1980/1982.

- au département de communication de l’université de Montréal au Canada ; études de 3ème cycle en sciences de la communication et de l’information ; il obtient le Masters es sciences de la communication de l’université de Montréal (1985/1987)
- au Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques de Paris, où il en sort avec le diplôme de 3ème cycle d’études diplomatiques supérieures (1992/1993)
- à l’université de paris II en France en 1996, pour une thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication avec pour thème « le système médiatique au Burkina Faso : les obstacles au développement de la presse écrite dans un contexte démocratique africain ».

Sur le plan professionnel Luc Adolphe Tiao a occupé les emplois suivants :
- Directeur des journaux à la Direction Générale de la presse écrite (février 1984/juin 1985)
- Directeur Général des éditions Sidwaya (octobre 1987/août 1990)
- Secrétaire Général du Ministère de la Communication et de la culture (août 1990/août 1992)
- Attaché de presse à l’Ambassade du Burkina à Paris (novembre 1992/août 1996)
- Conseiller chargé de missions au département de la communication du Premier Ministère (août 1996/mai 2001)
- Président du Conseil supérieur de l’information à partir du 30 mai 2001 jusqu’à sa nomination au poste d’ambassadeur du Burkina en France.

Sur le plan culturel il a été Président du comité d’organisation de la 12ème édition du FESPACO (septembre 1990/mars 1991) et de la semaine nationale de la culture Bobo 92 (septembre 1991/mai 1992). Par ailleurs il a fait valoir son expertise en matière de communication au profit de nombreux ONG et services publics : FAO, CSI, commission nationale de la décentralisation, comité d’organisation de la décentralisation de la coupe d’Afrique des Nations 1998. Luc Adolphe Tiao est membre fondateur ou membre de plusieurs organisations associatives nationales et internationales (MBDHP, Association des journalistes du Burkina, comité nationale des scouts, Association de développement Terre- école).

Il a procédé à de nombreuses publications sur les politiques et stratégies de l’information et de la communication sur les processus de transition démocratique en Afrique au sud du Sahara. Luc Adolphe Tiao est marié et père de quatre enfants. »

(Source : petiteacademie.gov.bf)

Fasozine


burkina faso Cimetière de sorciers Gan : Tombeaux à ciel ouvert

Les Gan sont une ethnie minoritaire de la région du Sud-ouest du Burkina. Au nom d’une tradition séculaire, des membres de cette communauté ne bénéficient pas, à la mort, d’inhumation. Les corps sont alors jetés dans des caveaux à ciel ouvert. Au sein de cette communauté, on ne croit pas à la mort naturelle. Chaque décès nécessite l’interrogation du défunt pour chercher les causes de sa disparition. La pratique consiste à questionner le défunt pour lui faire révéler sa vraie nature, lui arracher des aveux l’établissant sorcier ou non. C’est la réponse du mort qui détermine la sépulture qu’il mérite. Celui qui avoue avoir été sorcier est jeté dans une fosse semblable à un puits. Conséquence, il existe dans chaque village Gan un cimetière de sorciers, à la périphérie du village.

Mardi 5 avril 2011. Il est 18 heures. Au bout de 5 heures de trajet, nous venons de vaincre la longue distance séparant la commune rurale de Loropéni de la capitale burkinabè, Ouagadougou. Depuis les rives des Balé jusqu’à notre destination, un vent frais et humide souffle sur nos visages. Au revoir la canicule de la capitale. La nature est belle. Une végétation luxuriante et verdoyante y pousse. Le climat est clément. Le soleil reste absent presque tout au long de la traversée.

A notre arrivée, le guide Koffi Farma nous reçoit au carrefour, route de Banfora à la sortie ouest de la ville. L’atmosphère est détendue. Après la prise de contact, nous sommes conduits à une auberge, à proximité de la mairie, où nous trouvons difficilement des couchettes. Malgré sa renommée (à cause des ruines), Loropéni ne dispose d’aucune infrastructure hôtelière et de loisir moderne digne de sa réputation. La nuit, la ville baigne dans une obscurité totale. Sans oublier l’absence quasi totale d’ouvrages d’assainissement.

Le lendemain, mercredi 6 avril, nous embarquons pour le village d’Obiré, présenté comme épicentre des traditions Gan.

Il est situé à 8 km environ à l’Ouest de Loropéni. La piste rurale qui relie les deux localités offre un confort relatif. Nous sommes enfin au village. Un groupe de gamins se détachent de leurs mamans et forme derrière nous, une escorte. Comme s’ils nous connaissaient, deux d’entre eux me prennent la main. Saisis d’une sorte d’euphorie, les bambins sautillent à notre suite, jusqu’au palais, puis se dispersent dans la cour royale. Notre guide nous installe sur un banc sous l’arbre à palabre. C’est là que se tiennent les audiences. Quelques minutes d’attente, et le roi sort de sa résidence. Toute l’assistance se lève pour l’accueillir. Nous le saluons à distance. La coutume interdit de ne jamais saisir la main du roi. Nous introduisons le sujet de notre reportage : "Nous voulons visiter le sanctuaire des rois Gan et découvrir les potentialités touristiques et culturelles de votre peuple".

Le roi se réjouit de la pertinence du thème. Il nous autorise alors à visiter les sites. Mais en réalité, notre intention était de découvrir le cimetière des sorciers. Nous ne pouvions pas aborder directement et clairement ce sujet dans l’immédiat.

L’enfer sur terre

Il faut malicieusement l’évoquer au moment des échanges. Nous saisissons le moment opportun pour glisser la question. De cette manière, nous obtenons l’accord du roi à visiter le lieu. A part l’éminent professeur, Jean Baptiste Kientéga qui y a été une fois dans le cadre de ses recherches, personne dans le village n’ose s’aventurer ouvertement sur le site. Le cimetière des sorciers Gan est isolé du village. Il est à environ 3 km des habitations. L’accès est difficile. Nous y parvenons par des pistes enchevêtrées dans la brousse.

Comme dans tout cimetière, le visiteur est inéluctablement frappé par le calme en ces lieux. Si bien qu’on entend difficilement le gazouillement des oiseaux de diverses essences. Nous débouchons sur un champ d’anacarde. Après avoir contourné la plantation, nous montons sur une colline, à quelques encablures de là. Déjà, une odeur nauséabonde et répugnante embaume l’air. Nous prenons ça comme indice de la proximité du cimetière et commençons à chercher du regard les tombes. Peine perdue. Notre guide, Koffi Farma, poursuit sa route, nous conduisant au sommet de la colline.

Notre surprise est totale, face au spectacle. Presqu’un enfer sur terre. Un terrain couvert d’alvéoles. En guise de tombes, le cimetière est constitué d’une multitude de puits ouverts çà et là, le tout évoquant un site d’orpaillage. A l’intérieur des trous, très peu profonds, des corps en décomposition, des ossements humains laissés à l’abandon. C’est ici, explique le guide, que les Gan jettent les cadavres des sorciers. L’homme, natif lui-même du village, nous assure que la coutume est respectée depuis la nuit des temps.

Les Gan sont majoritairement enracinés dans la tradition. Les coutumes exigent que les défunts soient interrogés avant d’être inhumés. Quand un membre de la communauté meurt, quatre personnes transportent le corps sur un brancard. Un thaumaturge fait des incantations sur le cadavre, sous l’œil vigilant des sages du village, installés à une distance respectable. Le rite se déroule en présence des proches du défunt. Le thaumaturge peut demander au cadavre par exemple d’aller saluer les vieux, s’il n’est pas sorcier. S’il n’obéit pas aux ordres, c’est un aveu de culpabilité : il est sorcier. Alors, le brancard bascule, les brancardiers titubent et sont entraînés loin des sages. Quand le défunt n’a rien à se reprocher, les brancardiers avancent et se prosternent le corps sur la tête devant les anciens.

Il n’y aurait, selon notre informateur, que les seuls initiés pour percer les secrets de la cérémonie. L’épreuve de questionnement est répétée au cimetière. Le défunt est de nouveau interrogé pour écarter tout risque d’erreur. La manœuvre consiste également à permettre à l’infortuné de désigner librement le trou où il désire reposer désormais, la science du thaumaturge ayant révélé qu’il y a des sorciers qui ne cohabitent pas. Conformément aux prescriptions des traditions, les membres de la communauté ne célèbrent pas les funérailles des sorciers. Et quel que soit le rang social d’un sorcier, à sa mort, on le jette comme un animal dans une fosse. La plupart des villages Gan dispose de ce type de cimetière.

A l’évidence, la pratique ne manque de désorienter les esprits cartésiens.

Même si la question est rarement abordée, voire contestée au sein de la communauté, ont peut déceler dans certains propos ou attitudes que des victimes innocentes gisent en ces lieux sans une sépulture décente. Selon le Kan Iya (Roi Gan), des problèmes familiaux non résolus peuvent valoir ce sort peu enviable à une personne à son décès. Tabou oblige, nous n’avons pas trouvé d’habitant désireux d’aborder le sujet. Mais une chose est certaine, confie le guide, aucune famille ne souhaite avoir un proche dans ce cimetière. C’est une honte pour les ascendants descendants.

Malheureusement, personne n’ose s’exposer aux représailles en s’élevant contre la coutume, bien que néfaste pour la communauté. Pas même le premier responsable de la communauté. Selon la croyance, l’inhumation d’un sorcier chasse la pluie. Si bien que, même quand par mégarde, l’on accorde des égards à un présumé sorcier non dépisté lors du rituel funéraire, il faut impérativement exhumer le cadavre et jeter ses restes au cimetière des sorciers, procédé qui s’accompagne de sacrifices de réparation, lesquels sont censés calmer la colère des dieux.

L’histoire du militaire sorcier

Les défenseurs de la coutume sont formels : Il n’y a pas de favoritisme dans l’application d’une coutume séculaire. L’histoire que l’on conte à propos de cet homme en serait la preuve. Un militaire meurt un jour et la population décide d’appliquer les règles de la coutume. Elle se heurte à une farouche opposition des enfants du défunt. Les proches du militaire parviennent donc à le faire enterrer.

La saison des pluies arrive et la communauté fait le constat qu’aucune goutte d’eau ne tombe sur le village, bien que la saison soit bien avancée. Face à cette situation, les villageois consultent les fétiches et la sentence tombe : il faut exhumer le corps du militaire qui était, en réalité, fautif. Les villageois entreprennent alors des démarches en vue de déterrer le militaire et renvoyer ses restes au cimetière des sorciers. Les fils de l’homme de tenue s’y opposent catégoriquement, ce qui embrase le climat déjà délétère.

L’administration est vite alertée et des gendarmes sont dépêchés dans le village pour rétablir l’ordre et apaiser les esprits. Après s’être informés sur les raisons du conflit, et devant les certitudes des habitants que seule l’infraction commise par les parents du militaire a pu retenir la pluie, les pandores autorisent alors l’exhumation des restes du militaire. Sur ce, les villageois recommandent à leurs hôtes de retourner tranquillement d’où ils sont venus et de laisser les ancêtres agir.

Les gendarmes désirant, non seulement voir la suite, mais conduire leur mission à son terme, demeurent dans le village, non sans l’envie de prendre à défaut les populations, au cas où la pluie ne tomberait pas. Quelle ne fut pas leur surprise, lorsque la pluie se mit à tomber à grosses gouttes sur le village, à peine la dépouille du militaire parvenue au cimetière qui lui est destiné."Nos visiteurs ont eu beaucoup de peines à retourner chez eux", assure le Roi Gan, ravi de servir l’histoire du militaire sorcier, tel un certificat de pertinence et d’authenticité.

Reste que le modernisme s’incruste progressivement dans la vie des Gan. Les pratiques sont soumises aux bouleversements sociaux. Le village compte des fonctionnaires parmi ses enfants, sans compter la scolarisation des enfants.

A cela s’ajoute l’influence des religions étrangères et les conflits de génération qui viennent troubler l’ordre préétabli. Le désir de changement est perceptible, même chez le roi gan qui déclare : "Mon souhait est de trouver une solution, de façon à ne plus jeter les corps des sorciers dans des trous. Mais comme ce n’est pas nous qui avons institué la coutume, il faut communiquer pour progressivement changer les comportements. En ce sens, il faut communiquer avec les ancêtres afin qu’ils montrent la voie à suivre pour lever cette disposition et laisser enterrer nos morts sans problème", suggère-t-il. Et de regretter : "Ce n’est pas agréable de voir jeter le corps d’un proche avec lequel on a vécu".

Dur, très dur de rompre avec la tradition

Malgré ses scrupules, le premier responsable de la communauté gan, demeure convaincu qu’il est difficile de briser les liens établis avec les ancêtres. Ses propos laissent clairement entendre que nul ne saurait renier les alliances scellées depuis fort longtemps et réglementant la vie de la communauté.

Les exemples ne manquent pas pour étayer l’irréversibilité de ces lois : "Un parent sorcier était mort. J’ai interrogé le défunt pour lui demander s’il acceptait qu’on fasse un sacrifice de bœufs à sa place pour lever le sort, afin de pouvoir l’inhumer. Le cadavre a refusé". L’alibi brandi ici est que les « méchants », se reconnaissant comme tels, refusent de cohabiter avec les personnes justes. Mais bizarrement, la famille royale ne subit pas les turpitudes de cette pratique. Comme le dicton le dit chez nous, « qui ose accuser la mère du chef de sorcellerie ?". Sorcier ou pas sorcier, aucun membre de la famille n’est interrogé publiquement à sa mort. Mieux, cette famille a son lieu d’enterrement. S’il s’avère qu’un sorcier est identifié, un collège de sages composé du chef de garde des tombes du roi et un autre chef du clan se penchent discrètement sur la question. Les discussions se mènent à huis clos. Rien ne filtre à l’issue des échanges. A eux de réparer dans le secret des dieux la faute commise. En tous les cas, la personne est inhumée au cimetière familial.

Querelle sur la dépouille d’une fille protestante

Tout naturellement, les remous sociaux sont fréquents, surtout avec les oppositions souvent manifestées par les fidèles des religions étrangères. On évoque le cas d’une fille protestante dont la mort a suscité des frictions à Gaoua. Une fois la fille morte, sa dépouille fut transférée au village. Comme elle était de la famille royale, ses parents avaient réclamé son corps en vue de l’ensevelir au cimetière familial, chose que les chrétiens désapprouvèrent. Les deux camps s’affrontent et en viennent même aux mains. Les protestants parviennent à passer outre la tradition et à inhumer la jeune fille, laissant un calme précaire dans le village.

Quelques jours après l’enterrement, les villageois procèdent à l’exhumation de la dépouille et l’envoyèrent finalement au cimetière familial. Ruminant leur impuissance, ses coreligionnaires finirent par s’accommoder du "sacrilège". "Ce n’est pas le corps qui compte, mais la foi de la personne", se console encore le pasteur de l’église local, Philippe Farma. Pasteur qui a remplacé son prédécesseur, chassé du village à cause de ce problème. "En tout cas c’était chaud. Mais Dieu merci, ça s’est calmé", se réjouit-il.

Le directeur de l’école affecté depuis 1984 dans ce village n’a jamais rêvé un instant faire un tour dans le cimetière des sorciers. Pourtant son domicile est situé à moins de deux kilomètres des lieux. Il indique en avoir entendu parler à maintes reprises, mais l’idée de s’aventurer dans ce cimetière n’a jamais effleuré son esprit. Le maire adjoint de Loropéni, Siébou Wèltè Hien, affirme avoir par hasard vu les « tombes », au cours d’une randonnée de chasse, à son enfance.

Depuis lors, il ne s’est plus rendu là-bas, quoiqu’il ne cache pas une pointe de satisfaction de voir ce peuple résolument déterminé à conserver ses traditions. Le préfet de cette circonscription rurale, Brahima Koné, confie avoir eu vent de l’existence de ce cimetière atypique. "Comme on parle déjà de sorcier, je ne suis jamais allé le visiter", se défend-il, laconique.

Pourquoi jeter des cadavres ?

Pour sa part, Prosper Banonzaola Somé, conservateur du musée de Gaoua où sont gardés des monuments traditionnels, dit ne pas disposer, à l’heure actuelle, des symboles de tombes de sorciers Gan dans sa galerie. Il ne perd pas espoir qu’un jour, des représentations de ces coutumes gan soient représentées dans le musée. Prosper Somé va régulièrement sur le site. Selon lui, la peur et éventuellement les interdits, empêchent les villageois de se rendre dans ce cimetière.

On raconte qu’il y avait beaucoup de malfaiteurs dans le milieu Gan. Il fallait donc trouver un remède à ce mal. C’est ainsi que les aïeux ont estimé judicieux de ne pas enterrer les sorciers. Cette pratique a, pour ainsi dire, été instaurée pour décourager les éventuels malfaiteurs. C’était une façon d’amener des gens à se repentir et à renoncer à leurs mauvaises conduites. La pratique était censée débarrasser la société de ses déchets, mais hélas, regrette le roi Gan, "il n’y a toujours pas de changement au sein de la population. Les sorciers résistent toujours". Face à ce constat amer, les garants de la tradition se retrouvent entre le marteau et l’enclume. Ils sont contraints de perpétuer une pratique de plus en plus décriée.

Autrefois, ça se passait sans aucune objection. De nos jours, les choses évoluent et nombreux sont ceux qui aspirent au changement.

D’autres angoisses torturent l’esprit du chef. Celles liées notamment à la criminalité grandissante. "Des individus malhonnêtes peuvent tuer quelqu’un et jeter son corps dans nos grottes. Dans ce cas, on peut nous accuser facilement du crime commis", s’indigne-t-il.

En attendant le feu vert des ancêtres pour mettre fin à la pratique, les trous ouverts continuent de recevoir des cadavres de vrais ou de supposés sorciers.

Ouamtinga Michel ILBOUDO (omichel20@gmail.com)

Sidwaya