08 avril, 2011

Côte d'Ivoire: l'ONU n'a pas projet de "couper les vivres" à Gbagbo

NEW YORK (Nations unies) - Les Nations unies refusent d'être impliquées dans toute stratégie visant à "couper les vivres" au président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, retranché dans la résidence présidentielle à Abidjan, a indiqué un haut responsable de l'ONU vendredi.

Les forces des Nations unies en Côte d'Ivoire n'ont aucun mandat pour "couper les vivres à quiconque", a indiqué le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU Alain Le Roy.

"Nous n'avons rien à voir avec cela. Que les choses soient claires. Nous ne soutenons en rien cela, et nous n'y prenons pas part", a-t-il martelé.

Les forces fidèles à Alassane Ouattara, le président ivoirien reconnu par la communauté internationale, ont évoqué l'idée d'affamer Laurent Gbagbo pour le faire sortir du palais présidentiel à Abidjan où il s'est retranché.

Interrogé sur le fait de savoir si les Nations unies allaient lui apporter des vivres, Alain Le Roy a répondu qu'aucune décision n'avait été prise. "Peut-être bien", a-t-il néanmoins précisé.

(©AFP

Syrie: vendredi sanglant à Deraa, des milliers de manifestants dans le pays

Syrian TV/AFP

Images de la TV d'Etat présentant des affrontements dans la ville de Daraa le 8 avril 2011

La ville de Deraa, épicentre de la contestation contre le régime syrien, a connu un vendredi particulièrement meurtrier, alors que des dizaine de milliers de personnes ont défilé dans d'autres cités du pays.

Les versions et les bilans diffèrent entre les militants des droits de l'Homme et les autorités.

Ammar Qourabi, président de l'Organisation nationale des droits de l'Homme, a affirmé avoir une liste de 19 personnes tuées par balles ou asphyxiées avec les grenades lacrymogènes tirées par les forces de sécurité dans cette ville à 100 km au sud de Damas.

"Des milliers de manifestants sont sortis de trois mosquées pour se rassembler sur la place devant le palais de justice. Les forces de sécurité en civil ont tiré d'abord des grenades lacrymogènes puis des balles réelles et caoutchoutées pour les disperser alors que les manifestants leur lançaient des pierres", a affirmé un militant local des droits de l'Homme.

Selon le ministère syrien de l'Intérieur, 19 policiers et membres des forces de l'ordre sont morts et 75 ont été blessés par des tirs à balles réelles de "groupes armés".

Auparavant, il avait fait état de quatre policiers et d'un chauffeur d'ambulance tués, soulignant que "les policiers et les agents de sécurité avaient reçu des consignes fermes à ne pas porter d'armes". Ils n'ont fait usage que "de grenades lacrymogènes contre des individus leur jetant des pierres et essayant de bloquer des rues avec des blocs de béton et des pneus enflammés".

Syrian TV/AFP

Images de la TV d'Etat présentant des affrontements dans la ville de Deraa le 8 avril 2011

A Homs (160 km au nord de Damas), les versions diffèrent aussi. M. Qourabi fait état de deux manifestants tués par les forces de sécurité et de trois morts à Harasta, à 12 km au nord de Damas.

En revanche, Sana parle de "centaines de blessés" à Homs, dont six membres des services de sécurité admis à l'hôpital militaire de la ville.

"Des hommes cagoulés sur des motos ont tiré de manière indiscriminée sur des citoyens et des groupes armés ont brûlé des voitures de police et tiré sur des policiers et des agents de sécurité", assure Sana.

Selon Amnesty International, six personnes ont été tuées dans les manifestation à Deraa, deux à Homs.

Dans le nord, près de 7.000 personnes ont manifesté dans des localités à majorité kurde réclamant l'abolition de la loi d'urgence et la libération de détenus, selon Radif Moustapha, président du comité kurde pour les droits de l'Homme, au lendemain d'un décret du chef de l'Etat Bachar al-Assad naturalisant des dizaines de milliers de Kurdes.

Plusieurs milliers de personnes ont également manifesté à Banias (ouest) et un millier à Tal (20 km au nord de Damas), selon Abdel Karim Rihaoui, qui dirige la Ligue syrienne de défense des droits de l'Homme.

A Douma (15 km au nord de Damas), la journée s'est déroulée dans le calme. Les comités d'habitants avaient vérifié les identités des manifestants, s'assurant qu'ils ne portaient pas d'armes, a affirmé un militant faisant état d'un accord avec les autorités pour qu'ils puissent manifester sans l'intervention des forces de sécurité.

La Syrie est le théâtre depuis la mi-mars d'un mouvement de contestation sans précédent du régime de Bachar al-Assad.

Plus d'une centaine de personnes --171 selon Amnesty-- ont été tuées dans la répression des manifestations et des dizaines arrêtées à travers le pays, selon des organisations de défense des droits de l'Homme.

Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a "condamné le meurtre de manifestants par les forces de sécurité syriennes", appelant le gouvernement syrien à respecter la liberté d'expression et à des réformes politiques "sans délai".

Le président du comité de défense des droits de l'Homme en Syrie, Aktham Nayssé, a appelé sur la chaîne Al-Jazira à "un dialogue avec les autorités". L'opposant et écrivain Ahmad al Hajj Ali a déclaré: "Le peuple ne demande pas seulement de manger à sa faim, mais aussi de participer" à la vie politique.

Négociations de la dernière chance pour éviter la paralysie à Washington

WASHINGTON (AFP)

AFP

Barack Obama et son vice-président Joe Biden à Washington le 7 avril 2011

Des négociations de dernière minute se tenaient vendredi à Washington pour tenter de trouver un accord entre républicains et démocrates sur les dépenses de l'Etat, et éviter ainsi la fermeture des services fédéraux vendredi à minuit (04H00 GMT samedi).

Après plusieurs réunions de négociations à la Maison Blanche, le président Barack Obama, le chef de la majorité démocrate Harry Reid et le président républicain de la Chambre des représentants John Boehner, se sont séparés une nouvelle fois jeudi soir sans résultat. Les négociations ont continué entre les conseillers des deux bords pendant une grande partie de la nuit.

Mais vendredi matin, l'impasse demeurait et aucun accord n'était encore conclu quant à un budget couvrant la fin de l'exercice 2011, jusqu'au 30 septembre.

Signe de la gravité de la situation, la Maison Blanche a annoncé jeudi soir que le président Obama annulait un voyage prévu vendredi dans l'Indiana (nord).

Faute de loi de finance pour le solde de l'exercice, les services non essentiels de l'administration seront paralysés à partir de vendredi à minuit (samedi 04H00 GMT), synonyme d'une suspension de 800.000 employés fédéraux. Les touristes seront refoulés aux portes des parcs nationaux, les visas ne seront pas délivrés et les feuilles d'impôt pas traitées.

AFP

Le chef démocrate de la majorité au Sénat, Harry Reid (au micro) et le président de la Chambre, John Boehner, à Washington le 7 avril 2011

Vendredi matin, "le président a parlé séparément" à MM. Boehner et Reid, a indiqué dans un communiqué le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney. "Les discussions entre les leaders et la Maison Blanche continuent afin de parvenir à un accord sur le budget", a ajouté M. Carney.

Selon les démocrates, le seul obstacle qui empêche désormais la conclusion d'un accord entre les deux parties est une mesure controversée introduite par les républicains dans le projet de loi de finances supprimant des fonds pour le planning familial, l'avortement, la santé des femmes.

"Je suis inquiet et contrarié que cette administration puisse fermer à cause de mesures de protection sociale que l'on veut retirer", a dit M. Reid, ajoutant que les démocrates ne l'accepteraient pas.

Devant le Sénat, M. Reid a accusé les ultra-conservateurs du "tea party" d'être responsables de la situation en raison de la pression qu'ils exercent sur les dirigeants républicains. "Le tea party (...) essaie de mettre en avant son programme social extrême, des questions qui n'ont rien à voir avec le financement du gouvernement", a-t-il dit.

Toutefois, il a affirmé qu'il avait "espoir" de parvenir à un accord dans la journée.

De son côté, le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, a estimé vendredi dans une brève allocution: "nous sommes proches d'un accord sur les mesures politiques". M. Boehner n'en a pas dit plus sur les mesures "idéologiques" dénoncées par les démocrates, des texte législatifs purement politiques appelés "riders".

En revanche, il a insisté sur la nécessité selon lui de procéder à de "réelles réductions budgétaires". "Il n'y a qu'une raison pour laquelle nous n'avons pas encore d'accord, c'est la question des dépenses", a-t-il dit.

"Un projet de loi qui ne prend pas en compte de réelles réductions budgétaires aura un impact sur la croissance de l'emploi", a-t-il averti.

A l'inverse, M. Reid a annoncé qu'un accord était intervenu sur un chiffre concernant les réductions budgétaires pour 2011, soit 38 milliards de dollars par rapport au niveau de dépenses actuel. Initialement, les républicains souhaitaient 61 milliards de dollars de réductions budgétaires, et les démocrates en avaient consenti 33.

bur-emp/cel

AFP

Le dôme du Capitole à Washington le 6 avril 2011

Un gel de l'administration américaine pour cause de bras de fer budgétaire pourrait mettre à mal la croissance économique des Etats-Unis si la paralysie se prolongeait plus de trois semaines, estiment les économistes interrogés jeudi.

Une fermeture de quelques jours ne devrait pas affecter à long terme l'économie américaine tempère Gus Faucher, spécialiste en macroéconomie chez Moody's Analytics. "Si cela dure quelques jours, une semaine ou moins, je pense qu'il n'y aura guère d'effets sur l'économie", a-t-il indiqué.

Mais trois semaines de chômage technique, comme cela est arrivé fin 1995 début 1996, impliquerait que près de 800.000 employés ne soient pas payés, ce qui correspond à environ 2 milliards de dollars par semaine, entraînant autant de réductions dans les dépenses des ménages.

Selon Nomura Securities, le gel administratif de 1995 intervenu sous le président Bill Clinton avait réduit la croissance trimestrielle du PIB de 0,09 à 0,17 point de pourcentage par semaine de fermeture des services gouvernementaux.

C'est dans la capitale fédérale, à Washington, qui emploie le plus de fonctionnaires fédéraux, que les conséquences d'un gel seront les plus visibles. Quelque 13,7% des travailleurs de la région sont employés par le gouvernement fédéral, contre 2% au niveau national.

Les milliers de sous-traitants risquent également d'encaisser le choc comme dans la banlieue de Washington, où le comté de Fairfax est celui qui reçoit le plus de contrats gouvernementaux, notamment militaires et de sécurité.

"De façon générale, on est parvenu à éviter la grande récession grâce au soutien des contrats du gouvernement", a reconnu un responsable du comté, Pat Herrity. "Mais cela pourrait changer (...). je connais des entreprises qui ont suspendu leurs embauches", a-t-il ajouté.

Fusillade sur un sous-marin nucléaire britannique: un mort, un blessé

LONDRES (AFP)

AFP/Archives

L'Astute au large des côte de l'Ecosse, le 20 novembre 2009

Un officier de la Royal Navy a été tué et un autre grièvement blessé vendredi par un marin lors d'une fusillade à bord d'un sous-marin nucléaire britannique amarré à Southampton (sud de l'Angleterre), ont annoncé les autorités, écartant l'hypothèse d'un acte terroriste.

Le marin, soupçonné d'avoir ouvert le feu avec son arme de service, a été arrêté et incarcéré par la police, appelée sur les lieux peu après midi.

"Le membre d'équipage hospitalisé avec des blessures graves se trouve dans un état stable", a précisé la police lors d'une conférence de presse en fin de journée.

"La sécurité du sous-marin n'a pas été affectée par cet incident qui n'est pas lié au terrorisme", ont assuré les forces de l'ordre.

Celles-ci vont entendre la trentaine de personnes qui se trouvaient à bord au moment des faits pour éclaircir les circonstances de cette altercation. Celle-ci se serait apparemment produite au moment de la relève d'une sentinelle.

D'après les premiers éléments disponibles, des hommes d'équipage seraient intervenus pour neutraliser le tireur et l'aurait remis à la police.

Plusieurs représentants de la municipalité, dont le maire, effectuaient une visite à bord au moment de l'incident, mais ils sont sains et saufs.

Le ministre de la Défense Liam Fox s'est dit "profondément attristé" par "le décès d'un membre de la Royal Navy".

Le sous-marin avait accosté à Southampton pour cinq jours, après avoir passé plusieurs semaines en mer. Il devait accueillir à son bord des scouts, ainsi que des écoliers et des collégiens des environs pendant cette halte.

L'Astute, le plus récent des sous-marins britanniques à propulsion nucléaire, avait déjà fait parler de lui fin octobre quand il s'était échoué sur les côtes écossaises avant d'être remis à flot au bout d'une dizaine d'heures. Il avait été ensuite endommagé lors de son remorquage.

Cet épisode avait coûté son poste au commandant du sous-marin.

Entré en service en août, ce bâtiment de 100 mètres de long, surnommé par la Royal Navy le "chasseur-tueur", peut tirer des torpilles Spearfish, ainsi que des missiles Tomahawk d'une portée de 2.000 kilomètres.