05 avril, 2011

Libye : Les rebelles perdent Brega

Alors que dans la nuit de lundi à mardi les insurgés étaient en passe de s'emparer une nouvelle fois de Brega dans l'est du pays, les forces du colonel Kadhafi ont forcé les insurgés à battre en retraite mardi.

Les rebelles ont été contraint de reculer face à la force de frappe des hommes de Kadhafi
Les rebelles ont été contraint de reculer face à la force de frappe des hommes de Kadhafi SIPA

Mal organisés et moins bien équipés, les insurgés libyens n'ont pas eu d'autre choix que de reculer mardi face à la puissance de feu des forces de Mouammar Kadhafi. Les troupes loyal au Guide de la Révolution ont enfoncé les lignes des rebelles et ont repoussé les insurgés d'une trentaine de kilomètre vers l'est, en plein désert. La ville pétrolière de Brega est une position stratégique que les forces de Kadhafi ont repris dans une pluie de tirs d'artillerie.

Les rebelles, très affaiblis par ce nouveau retournement de situation, contrôlent toujours plusieurs ports dans l'est du pays. Pour la première fois depuis trois semaines, un navire pétrolier se dirigeait vers le port de Marsa el-Hariga, près de Tobrouk dans l'est du pays. L'arrivé du tanker dans ce port aux mains des insurgés va permettre de remplir les caisses des rebelles en mal de liquidités.

Misrata, « priorité » de l'Otan

L'Alliance Atlantique a fait de Misrata sa « priorité numéro un », a affimé mardi un responsable militaire de l'Otan. La troisième ville de Libye, situé à 214 kilomètres à l'est de Tripoli, est depuis un mois soumise aux bombardements des forces de Mouammar Kadhafi. Dans la journée de mardi, quatre patrouilles aériennes ont été engagées dans des missions d’appui et d’interdiction aérienne dans la région.

Depuis La Sude, une ville située sur l'île de Crête, trois patrouilles conjointes composées chacune d’un Mirage 2000-5 français et d’un Mirage 2000-5 qatarien ont également réalisé des missions d’interdiction aérienne.

Le général néerlandais Mark Van Uhm, un responsable militaire de l'OTAN, a annoncé que les opérations aériennes de l'Alliance avaient permis jusqu'ici de détruire 30% des armes de Kadhafi. Pour la seule journée de lundi, les avions alliés ont mené 14 attaques contre des cibles au sol en Libye, détruisant notamment des radars, des dépôts de munitions et des véhicules blindés.

Côte d'Ivoire: juste avant la chute, Gbagbo refuse de reconnaître sa défaite

AFP

Des membres des forces pro-Ouattara se préparent le 5 avril 2011 à Abidjan pour "l'assaut final" pour faire tomber Laurent Gbagbo

Le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo refusait toujours mardi de reconnaître sa défaite malgré l'écroulement de son régime et la demande de cessez-le-feu de son armée, terrassée par des frappes de la France et de l'ONU et l'avancée des forces d'Alassane Ouattara.

Alors que la France et l'ONU exigent qu'il signe un document dans lequel il renonce au pouvoir et reconnaît son rival comme président, il a averti qu'il n'en était pas question.

"Je ne reconnais pas la victoire de Ouattara. Pourquoi voulez-vous que je signe ça ?", a-t-il lancé mardi lors d'un entretien sur la chaîne française LCI.

AFP

Le commandant Issiaka Ouattara Watao (D) des forces pro-Ouattara et ses hommes sur préparent à Abidjan pour "l'assaut final", le 5 avril 2011

Après des jours de combats à l'arme lourde qui ont fait des "dizaines de morts" à Abidjan selon l'ONU, et une sanglante crise post-électorale de quatre mois, les armes se sont quasiment tues dans la métropole ivoirienne.

"Il y a un arrêt des combats mais il y a des tirs sporadiques de la part de groupes de jeunes qui ne font pas partie" des forces belligérantes, a indiqué la mission onusienne Onuci.

Quelques tirs d'armes lourdes ont notamment retenti dans le quartier de Cocody (nord), qui abrite la résidence présidentielle.

Les habitants, dans leur immense majorité terrés chez eux, restaient suspendus à l'annonce de la fin de l'ère Gbagbo, tandis que la télévision TCI du camp Ouattara diffusait des extraits de "La chute", film sur les derniers jours d'Adolf Hitler.

"Retranché" d'après les Nations unies dans un "bunker" au sous-sol de sa résidence, autour de laquelle avaient convergé dans la matinée les combattants du président reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo s'obstinait.

"Je trouve absolument ahurissant que la vie d'un pays se joue sur un coup de poker de capitales étrangères", a-t-il lâché.

AFP

Carte de Côte d'Ivoire et plan d'Abidjan situant les attaques contre les forces pro-Gbagbo (situation mardi 05/04 à 15h00 GMT)

"Je sors d'un culte pour prier, pour que la sagesse habite les uns et les autres, pour que l'on discute", a encore déclaré ce fervent chrétien évangélique.

"Que l'on s'asseye et qu'on discute, mais on ne veut pas s'asseoir, parce qu'on compte sur les forces armées étrangères", a-t-il déploré.

"Moi, je ne suis pas un kamikaze, j'aime la vie. Ma voix n'est pas une voix de martyr, je ne cherche pas la mort mais si la mort arrive, elle arrive", a-t-il encore expliqué.

Il y a actuellement des "tractations" au sujet de Laurent Gbagbo mais "pas encore de reddition", a affirmé la présidence française à l'AFP. Même son de cloche du côté de l'ONU.

AFP

Tirs et fumées depuis le camp militaire d'Akouedo, le 4 avril 2011 à Abidjan

Selon une source proche du dossier, une autre pierre d'achoppement était la destination de M. Gbagbo: restera-t-il sur ses terres ou ce nationaliste farouche sera-t-il contraint à l'exil?

Selon le Premier ministre français François Fillon, "deux généraux proches" de M. Gbagbo étaient actuellement "en train de négocier les conditions d'une reddition".

Le président américain Barack Obama a appelé l'ex-homme fort d'Abidjan à "démissionner immédiatement", soutenant "fermement" les frappes de l'ONU et de la France lundi sur ses derniers bastions.

Ces bombardements sur l'armement lourd des forces pro-Gbagbo avaient précipité l'effondrement de son régime, après plus d'une décennie de pouvoir et huit jours d'une offensive éclair des forces pro-Ouattara, venues du Nord.

Ministre des Affaires étrangères de M. Gbagbo et proche parmi les proches, Alcide Djédjé jouait un rôle-clé dans l'épilogue en cours.

Il s'est rendu chez l'ambassadeur de France, dont la résidence jouxte celle de M. Gbagbo, pour négocier un cessez-le-feu "à la demande", selon lui, du sortant.

Le chef d'état-major de l'armée loyale à M. Gbagbo, le général Philippe Mangou, a peu après déclaré à l'AFP que ses troupes avaient "demandé au général commandant l'Onuci un cessez-le-feu". "Nous avons arrêté les combats", a-t-il ajouté.

L'ex-opposant au "père de la Nation" Félix Houphouët-Boigny, devenu président en 2000 lors d'un scrutin déjà contesté, n'a jamais reconnu sa défaite à la présidentielle du 28 novembre 2010, un vote pourtant certifié par l'ONU. Il a toujours refusé d'abdiquer ou de partir en exil.

Mais la résistance acharnée de ses troupes à Abidjan, qui comptait avant la crise environ 5 millions d'habitants, a plongé la ville dans le chaos.

Le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a fait état de "dizaines de morts" ces derniers jours dans des combats à l'arme lourde.

"La situation humanitaire s'est encore détériorée et est devenue absolument dramatique à Abidjan", pour le Bureau de coordination des Affaires humanitaires des Nations unies.

L'Union africaine a condamné les "abus" et les "violations des droits de l'Homme" et a de nouveau appelé à "la protection impérative de la population civile".

Une polémique a enfin éclaté sur les frappes de l'ONU et de la France.

Le président en exercice de l'UA, le chef de l'Etat équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, les a condamnées et la Russie a dit étudier leur "légalité".

A l'inverse, le Nigeria a soutenu cet engagement. Pour le Sénégal, autre allié majeur de M. Ouattara, l'intervention répondait à une demande de l'Afrique de l'Ouest.

Libye: un chef rebelle accuse l'Otan de "laisser mourir" les gens à Misrata

BENGHAZI (Libye) - Le chef militaire de la rébellion libyenne, le général Abdel Fattah Younés, a accusé mardi l'Otan de "laisser mourir les habitants de Misrata", une ville à l'est de Tripoli soumise à des bombardements des pro-Kadhafi depuis plus d'un mois.

"La presse internationale doit soutenir avec force le peuple de Misrata et appeler (à l'aide) l'Otan qui croit nous rendre service en bombardant ici et là alors qu'il laisse les habitants de Misrata mourir tous les jours", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Benghazi, bastion de la rébellion dans l'Est.

"Si l'Otan attend encore une semaine de plus, ce sera la fin de Misrata; nous ne trouverons plus personne là-bas", a ajouté cet ancien ministre de l'Intérieur du régime du colonel Mouammar Kadhafi qui s'est rallié à la rébellion en février.

Ces accusations interviennent quelques heures après que l'Alliance atlantique, qui a pris le commandement des opérations militaires en Libye le 31 mars, a annoncé avoir fait de la défense de Misrata sa "priorité numéro un".

Misrata, troisième ville du pays, est située à 214 km à l'est de la capitale Tripoli, bastion du régime Kadhafi. Depuis plus de 40 jours, les insurgés défendent sans relâche Misrata bombardée et assiégée par les forces loyalistes. Selon les rebelles, plus de 200 personnes ont péri dans les combats.

"L'Otan nous a déçus. L'Otan ne nous a pas fourni ce que nous voulions", a-t-il poursuivi.

Selon lui, les habitants de Misrata sont menacés "d'extermination au vrai sens du terme". "L'eau y est coupée, il n'y a plus d'électricité ou de produits alimentaires, il n'y pas plus de lait pour enfants depuis 40 jours, alors que les forces de Kadhafi bombardent tous les jours maisons, mosquées et hôpitaux à l'artillerie lourde".

"Les habitants boivent de l'eau des égouts", a-t-il encore dit.

"Si l'Otan voulait briser le blocus de la ville, il l'aurait fait depuis plusieurs jours". "Tous les jours, des civils, vieillards et enfants, meurent à Misrata. L'Otan n'a rien fait, il bombarde ici et là", a dit le responsable.

La veille, la rébellion avait demandé à nouveau l'appui de la coalition internationale pour venir à bout de l'artillerie lourde des forces du colonel Kadhafi qui bombardent la ville.

"Les forces de Kadhafi n'arrêtent pas de bombarder aveuglément la ville et des victimes continuent de tomber. Les avions de l'Otan, dont la mission est de protéger les civils, ne survolent même pas la région", avait indiqué un porte-parole des insurgés.

Des centaines de personnes ont été évacuées dimanche de Misrata par deux navires: l'un, affrété par Médecins sans frontières, a emmené des blessés en Tunisie, l'autre, un ferry turc, vers la Turquie.

Le général rebelle a aussi affirmé que les armes en possession des insurgés n'étaient "en rien comparables avec celles (des loyalistes) qui ont des armes modernes et sophistiquées".

Il a par ailleurs démenti des dissensions au sein de la direction militaire de la rébellion. Interrogé sur des rumeurs circulant à ce sujet il a répondu: "cela n'est pas exact".

(©AFP /

Libye: le gouvernement prêt à des réformes, raid de l'Otan près de Brega

TRIPOLI (AFP)

AFP

Des rebelles libyens à bord d'un pickup, près de Brega, le 5 avril 2011

Le gouvernement libyen a annoncé être prêt à engager des réformes pour tenter de mettre fin au conflit qui déchire le pays depuis plus d'un mois et demi mais a exclu le départ du pouvoir de Mouammar Kadhafi.

Le porte-parole du gouvernement a affirmé que le régime était prêt à négocier des élections ou un référendum notamment.

"Quel système politique à appliquer dans le pays? Ceci est négociable. Nous pouvons en parler. Nous pouvons avoir tout, élections, référendum, etc.", a déclaré lundi soir Moussa Ibrahim à des journalistes qui l'interrogeaient à propos des négociations du régime avec l'Occident.

Il a toutefois précisé que "le leader est la soupape de sécurité pour le pays et pour l'unité de la population et des tribus. Nous pensons qu'il est très important pour toute transition vers un modèle démocratique et transparent". Selon lui, son pays est prêt à négocier avec les puissances occidentales mais refuse qu'elles "décident ce que le peuple libyen doit faire".

AFP

Des rebelles libyens regardent la fumée s'élever au-dessus d'une cible non identifiée, le 5 avril 2011 près de Brega

Le colonel Kadhafi a fait lundi soir une apparition en public et salué ses partisans rassemblés dans sa résidence de Bab el-Aziziya à Tripoli, cible le 20 mars d'un missile de la coalition, selon la télévision nationale libyenne. Sa dernière apparition remontait au 22 mars.

Son fils, Seif al-Islam qui a disparu de la scène depuis le début de l'intervention internationale en Libye, le 19 mars, est venu à l'hôtel hébergeant les journalistes à Tripoli où il a donné une interview à la BBC, avant de quitter discrètement les lieux.

Le Conseil national de transition (CNT), qui représente les rebelles dans leur fief à Benghazi (est), a rejeté lundi l'idée proposée, selon le New York Times, par Seif al-Islam et un de ses frères, Saadi, d'une transition vers une démocratie constitutionnelle qui prévoirait le retrait du pouvoir de leur père, estimant que Kadhafi et ses fils devaient partir.

Le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini a lui aussi estimé que Mouammar Kadhafi et sa famille devaient quitter le pouvoir et que la communauté internationale devait rester unie contre les tentatives diplomatiques du régime de s'en sortir.

AFP/Archives

Le ministre libyen des Affaires étrangères Moussa Koussa lors d'une conférence de presse, le 7 mars 2011 à Tripoli

Il se référait à la tournée du vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Abdelati Laabidi, qui s'est rendu ces deux derniers jours à Athènes, Ankara et La Valette.

Londres a aussi émis des réserves sur les démarches de Tripoli: "Nous avons toujours été clairs sur ce que devrait être la prochaine étape et les besoins d'une véritable trêve et d'une fin des violences", a déclaré un porte-parole du Premier ministre David Cameron. "Nous ne recherchons pas de stratégie de sortie pour Kadhafi".

L'ex-ministre libyen des Affaires étrangères Moussa Koussa, qui a fait défection la semaine dernière au Royaume-Uni, sera entendu "dans les prochains jours" par les enquêteurs écossais, à propos de l'attentat de Lockerbie qui avait causé la mort de 270 personnes en 1988, a déclaré lundi un porte-parole du gouvernement écossais.

"En ce qui concerne Moussa Koussa, il (nous) a dit qu'il était malade et qu'il devait aller tous les trois mois à l'hôpital Cromwell de Londres... Et nous l'avons autorisé à aller à Djerba, en Tunisie, d'abord. Il n'y pas de problème avec ça", a assuré Seif al-Islam Kadhafi dans une interview à la radio BBC 4.

Interrogé sur les secrets que Moussa Koussa dirait détenir, Seif al-Islam a répondu: "Quoi comme secrets? Les Britanniques et les Américains savent tout sur Lockerbie. Il n'y a plus de secrets".

AFP

Carte de Libye situant les combats et villes contrôlées par les insurgés ou reprises par les loyalistes

Le régime autoritaire du colonel Kadhafi est la cible depuis le 15 février d'une révolte populaire qui s'est transformée en guerre civile entre insurgés et forces loyales au dirigeant.

Sur le terrain, la bataille pour le port pétrolier de Brega (800 km à l'est de Tripoli) se poursuivait.

L'Otan a mené un raid aérien mardi contre des forces loyalistes au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi à une trentaine de km à l'est du port pétrolier de Brega où des combats pour le contrôle de cette ville font rage depuis plusieurs jours, selon un journaliste de l'AFP.

Le raid a eu lieu vers 09H00 (07H00 GMT) à une trentaine de km à l'est de Brega où il a détruit deux pick-up des forces loyalistes qui avaient effectué une incursion dans le secteur déserté.

Le raid n'a pas fait de victimes, les soldats qui se trouvaient dans les véhicules ayant réussi à s'échapper, a rapporté le journaliste de l'AFP.

Les impacts sur les véhicules ne laissent aucun doute que les véhicules ont été touchés par des frappes aériennes et non des tirs venant du sol.

Brega est située à 800 km à l'est de Tripoli.

Dans l'ouest du pays, les combats s'étaient poursuivis lundi dans le Jabal Al-Gharbi, au sud-ouest de Tripoli, et à Misrata (200 km à l'est de Tripoli), ville assiégée et bombardée depuis 40 jours par les forces pro-Kadhafi.

Abidjan: le gouvernement Gbagbo affirme contrôler palais, résidence et le camp d'Agban

ABIDJAN (AFP)

AFP

Tirs et fumées depuis le camp militaire d'Akouedo, le 4 avril 2011 à Abidjan

Les forces du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo contrôlent toujours à Abidjan le palais présidentiel, la résidence de M. Gbagbo et le camp militaire d'Agban, après les frappes de l'ONU et de la France, a affirmé mardi le porte-parole du gouvernement de M. Gbagbo.

M. Gbagbo "est étonné que la France attaque directement la Côte d'Ivoire" alors qu'"il n'a jamais fermé la porte au dialogue", notamment dans le cadre de l'Union africaine (UA), a ajouté à l'AFP le porte-parole M. Ahoua Don Mello.

Interrogé sur une possible reddition du président sortant, le porte-parole a répondu: "pour le moment, il n'en est pas là".

Les "bombardements" de l'ONU et de la France sur des cibles militaires à Abidjan ont par ailleurs fait "beaucoup de morts" car "les militaires habitent avec leurs familles dans les camps" militaires, a-t-il assuré.

Libye: Aqmi profiterait du conflit pour s'armer

Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) profite du conflit libyen pour se procurer des armes, dont des missiles sol-air, et les acheminer clandestinement vers son bastion du nord du Mali, a déclaré à Reuters un responsable des services de sécurité algériens.

Un convoi de huit pick-up parti de l'est de la Libye a traversé le Tchad et le Niger avant de gagner le nord du Mali où il a livré ces derniers jours une cargaison d'armes, a-t-il dit. Parmi ces armes figurent des lance-grenades antichar RPG-7, de fabrication russe, des fusils d'assaut Kalachnikov, des explosifs et des munitions.

Ce responsable, qui s'exprimait à condition de rester anonyme, a ajouté qu'Aqmi s'était également procuré des missiles russes sol-air «Strela», désignés par l'Otan sous le nom de Sam-7. «Nous savons que ce n'est pas le premier convoi et que cela continue», a déclaré ce responsable.

Al-Qaida infiltré parmi les insurgés?

«Plusieurs casernes ont été pillées dans la région (de l'Est libyen) avec leurs arsenaux et leurs dépôts d'armes. Les éléments d'Aqmi qui étaient présents n'auraient pas pu ne pas profiter de l'occasion.»

«Aqmi, qui maintient d'excellentes relations avec les contrebandiers qui traversent la frontière libyenne dans toutes les directions sans la moindre difficulté, leur confiera probablement la tâche d'apporter les armes», a-t-il dit.

Selon ce responsable algérien, Al-Qaida au Maghreb islamique exploite le désarroi des troupes fidèles à Mouammar Kadhafi et s'est également infiltré parmi les rebelles.

Le groupe armé islamiste a exprimé à la fin février dans un communiqué sa solidarité avec les insurgés, qui nient de leur côté tout lien avec Aqmi et dénoncent des informations fallacieuses qui servent la propagande de Mouammar Kadhafi.

Avec Reuters

Un acteur israélien très connu abattu en Cisjordanie

Un homme masqué a abattu lundi à Djénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée, un célèbre acteur et réalisateur israélien, Juliano Mer Khamis, a-t-on appris auprès des services de sécurité palestiniens.

L'acteur, âgé de 52 ans, a été tué dans sa voiture à l'intérieur du camp de réfugiés de Djénine, a-t-on précisé. Les motifs du meurtre n'ont pas été établis.

Mer Khamis était né à Nazareth d'une mère juive et d'un père arabe israélien de religion chrétienne. Il avait servi comme parachutiste dans l'armée israélienne. Il a joué dans près de trente films, notamment en 1984 dans La petite fille au tambour, une réalisation américaine, avec Diane Keaton.

Il était le directeur du Théâtre de la liberté de Djénine, le seul de ce type dans le nord de la Cisjordanie, une initiative mal perçue par certains Palestiniens.

Le Premier ministre palestinien Salam Fayyad a dénoncé le meurtre dans un communiqué. «Nous ne pouvons garder le silence devant ce crime affreux qui viole tous les principes et bafoue toutes les valeurs humaines», a-t-il dit.

Avec Reuters

Côte d'Ivoire: Le camp Ouattara annonce la prise de la résidence de Gbagbo

CRISE - L'ONU est de son côté passée à l'attaque en fin de journée ce lundi...

Dernière info (0h35): Les forces fidèles à Alassane Ouattara ont pris la résidence du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, a annoncé lundi Patrick Achi, porte-parole du gouvernement Ouattara. Il a dit ignorer si Gbagbo s'y trouvait ou non au moment des faits.

Le camp Gbagbo entre deux feux. Alors que les forces pro-Ouattara ont lancé lundi une attaque contre les troupes pro-Gbagbo à Abidjan, l’ONU a elle aussi pris la décision de passer à l’offensive. En fin de journée, deux hélicoptères de l'ONU ont tiré quatre missiles sur la base militaire d'Akouédo, qui abrite trois bataillons de l'armée ivoirienne fidèle à Laurent Gbagbo, selon des témoins.

>> Revivez les événements de lundi par ici

Impliquée dans l’opération, la France a autorisé lundi ses unités présentes en Côte d'Ivoire à intervenir aux côtés de la force de l'ONU dans le pays (Onuci) pour neutraliser des armes lourdes de l'armée du président sortant Laurent Gbagbo utilisées contre des populations civiles.

Dans un communiqué, l'Elysée indique que cette intervention répond à une requête du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui a sollicité l'aide de la France dans une lettre à Nicolas Sarkozy. «Le président de la République a répondu positivement à cette demande et autorisé les forces françaises, agissant conformément au mandat que leur a donné le Conseil de sécurité, à participer aux opérations conduites par l'Onuci en vue de la protection des civils», lit-on dans le communiqué.

150 soldats français en plus

L'Elysée publie le texte des lettres échangées entre Ban Ki-moon et Nicolas Sarkozy, le secrétaire général de l'ONU déclarant qu'il était «urgent» de lancer des opérations pour mettre hors d'état de nuire des armes lourdes utilisées contre la population civile et l'Onuci qui lui vient en aide.

Auparavant dans la journée à Paris, l'état-major des armées avait annoncé l'envoi de 150 soldats supplémentaires en Côte d'Ivoire pour protéger les civils, portant à quelque 1.650 hommes l'effectif de son dispositif Licorne sur place. Venus du Gabon, les 150 hommes envoyés en renfort s'ajoutent aux 300 militaires déployés ce week-end.

Deux Français enlevés

Par ailleurs, le ministère des Affaires étrangères français a confirmé lundi l'enlèvement de plusieurs personnes à Abidjan, dont deux ressortissants français (un Béninois et un Malaisien se trouveraient également parmi les personnes kidnappées, selon l’AFP). Selon Europe 1, cinq personnes ont été kidnappées dans l'après-midi dans le quartier d'affaires d'Abidjan «lors d'une attaque des forces de défense fidèles» au président sortant Laurent Gbagbo.

«Nous confirmons l'enlèvement par des hommes armés de plusieurs personnes dont deux ressortissants français», a dit à Reuters un porte-parole du Quai d'Orsay. «Nous sommes mobilisés et notre ambassade met en place tout en oeuvre pour retrouver les personnes enlevées», a-t-il ajouté.

N. Be., avec Reuters

Côte d'Ivoire: Barack Obama presse Laurent Gbagbo de se retirer

WASHINGTON - Le président américain Barack Obama a exhorté lundi le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo à respecter la volonté de ses compatriotes et à "cesser de revendiquer la présidence", a indiqué la Maison Blanche.

M. Obama a réitéré l'appel déjà lancé par les Etats-Unis en direction de M. Gbagbo, au cours d'une conversation téléphonique qu'il a eue avec son homologue gabonais Ali Bongo Ondimba.

Les deux hommes ont exprimé leur préoccupation quant aux violences en cours en Côte d'Ivoire et parlé de la nécessité de mettre fin à la crise "le plus vite possible", a souligné la Maison Blanche dans un communiqué.

"Le président Obama a réitéré sa conviction que l'ancien président Gbagbo doit respecter la volonté du peuple ivoirien et cesser de revendiquer la présidence", a encore expliqué la présidence américaine.

Barack Obama a également remercié M. Bongo "pour le rôle important que le Gabon joue au sein du Conseil de sécurité des Nations unies", a enfin souligné la Maison Blanche.

Plus de quatre mois après le début d'une crise post-électorale qui a dégénéré en quasi-guerre civile, les forces de l'ONU et de la France ont frappé lundi à Abidjan les derniers bastions de Laurent Gbagbo, dont son palais et sa résidence, le jour où les combattants d'Alassane Ouattara, le président reconnu par la communauté internationale, engageaient une offensive pour en finir avec son régime.

(©AFP /

Mali : Enfin, le pouvoir du pagne à la tête du gouvernement !

Après le Sénégal avec Mame Diop, le Mali vient de franchir un pas politique décisif en nommant, pour la première fois, une femme à la tête du gouvernement. Même si le président Amadou Toumani Touré prend cette décision à une année de la fin constitutionnelle de son bail à la tête de l’Etat, il vaut mieux tard que jamais. Surtout dans un Mali où les femmes constituent, à l’instar de nombreux pays africains, le groupe social numériquement majoritaire et devraient, par conséquent, être plus présentes dans les sphères de prise de décision.

Ce n’est que justice que de voir Mariam Kaïdama Sidibé promue comme Premier ministre du pays de Sogolon Djata, la mère de Soundiata Kéïta. Sa promotion à ce haut poste de responsabilité ne devrait surprendre personne, puisqu’elle connaît les rouages du gouvernement pour y avoir servi à plusieurs reprises.

Ministre du Plan et de la Coopération internationale dans l’équipe de Soumana Sacko d’août 1991 à juin 1992, elle a cumulé par la suite le deuxième portefeuille avec ceux de l’Agriculture et de l’Environnement avant d’être appelée à des fonctions internationales. Elle a ainsi occupé, sept années durant, les fonctions de Secrétaire exécutive du Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (Cilss) dont le siège est à Ouagadougou, au Burkina Faso. De retour dans son Mali natal, elle occupait, depuis 2003, le prestigieux poste de présidente du conseil d’administration de la Société nationale des tabacs et allumettes du Mali (Sonatam).

Pour cette presque-sexagénaire, c’est un nouveau défi que de conduire les destinées du gouvernement malien à cette période critique de fin de mandat du charismatique Amadou Toumani Touré. Ce grand homme d’Etat, qui doit bientôt passer définitivement la main, ne montre-t-il là qu’il est utile et sage de recourir à l’expertise d’une femme pour conduire le processus en toute tendresse et en toute sérénité ?

Bark Biiga

Fasozine

Crash d’un avion de l’ONU : Un Burkinabè à bord de l’appareil ?

Au moins 16 personnes ont trouvé la mort dans un accident d’avion de l’Onu, ce lundi 4 avril 2011 à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo. L’appareil faisait la liaison entre Kisangani, à l’Est du pays et la capitale. Selon certaines sources, un Burkinabè était à bord de l’avion qui transportait 30 passagers.

L’accident se serait produit à 13 heures (heure locale) à l’atterrissage de l’avion alors que des pluies torrentielles s’abattaient sur Kinshasa à ce moment-là. L’avion s’est brisé en plusieurs morceaux sur la piste d’atterrissage. C’est le premier crash impliquant un avion de l’ONU en RDC depuis le début de la mission en 1999.

D’après des témoins, l’avion a raté son atterrissage, probablement déséquilibré par une bourrasque. L’appareil appartient à la mission des Nations unies en RDC (Monusco). Des sources ont indiqué à Fasozine.com qu’un Burkinabè -un militaire- était à bord de l’avion. Une information que nous nous attelons à vérifier.

Fasozine

Rencontre Blaise Compaoré- Monde de l’éducation : « Vivement que de telles initiatives se multiplient

Les concertations initiées par le président du Faso avec les différentes couches sociales du pays se poursuivent. Ce lundi, c’était le tour du monde de l’éducation de se rendre au Palais présidentiel de Kossyam. D’abord les représentants de parents d’élèves, les responsables et fondateurs d’établissements ainsi que les représentants de syndicats d’enseignants du secondaire et du supérieur ont livré leur lecture de la situation de crise que traverse leur domaine. Puis ce fut le tour des représentants d’élèves et d’étudiants de s’entretenir avec le chef de l’Etat.

L’occasion était belle pour égrener les difficultés vécues au quotidien. Une première et le sens de l’écoute du chef de l’écoute a marqué plus d’un. Aux deux groupes, promesse a été faite d’organiser une autre rencontre pour discuter plus en profondeur afin d’apporter des solutions idoines aux préoccupations soulevées.

La satisfaction se lisait sur le visage des hôtes du chef de l’Etat. Satisfaction d’avoir pu exposer ses préoccupations au premier responsable du pays. Surtout que personne n’a été coupé dans son élan de rendre compte des réalités de la base qu’il est venu représenter. Tous entendent participer à la résolution franche de la crise qui traverse le monde éducatif burkinabè. Pour y arriver et de façon durable, l’éducation civique doit être revue dans les établissements scolaires et secondaires selon Zakaria Sambèbgo, représentant des fondateur d’établissements privés du Burkina.

Elèves, étudiants, parents et enseignants ; tous souhaitent que l’année 2010-2011 se termine dans la paix et la sérénité. « Il convient donc d’examiner avec bienveillance les revendications des élèves, des étudiants et des enseignants », a souligné le représentant de l’Union nationale des parents d’élèves du secondaire et du supérieur qui a lancé le cri de cœur « que plus jamais aucun élève, aucun écolier, aucun étudiant ne tombe sous les balles des forces de l’ordre ».

Du côté des syndicats d’enseignants, l’initiative a également été saluée. Les problèmes résulteraient d’un déficit de communication entre les acteurs, à entendre Saïdou Ouédraogo, représentant des associations actives en éducation de base. « Nous avons le sentiment qu’on ne communique qu’à postériori », a-t-il précisé avant de souhaiter une institutionnalisation de ces rencontres pour permettre d’appréhender les problèmes et les résoudre à priori.

Du côté du Syndicat national des enseignants africains du Burkina (SNEA-B), le discours était direct et « nous avons senti que le président avait besoin d’entendre les hommes du terrain. Que l’on lui dise franchement certaines choses » a précisé son secrétaire général, Séma Blégnè. Le ras le bol des populations, le sentiment de frustration des scolaires, des étudiants et des enseignants a aussi été soulevé par SNEA-B. Même séduite par la méthode Compaoré, l’ANEB reste dans la logique de la lutte.

La méthode Compaoré semble également avoir séduit les élèves et étudiants. Mohamed Ali Kiemdé, SG front d’initiative pour un climat universitaire apaisé mesure l’honneur et le privilège d’être reçu par le président du Faso à sa juste valeur. « Nous sommes déjà soulagés d’avoir pu nous exprimer devant le Président du Faso pendant quatre heures de temps », se réjouit-il. Quatre heure au cours desquelles élèves et étudiants ont détaillé au chef de l’Etat les réalités qu’ils vivent au quotidien dans les écoles et campus universitaires. Naturellement les mots « vérité et justice pour Justin Zongo » ainsi que ses camarades tombés sous les balles des forces de l’ordre ont été répétés par quasiment tous les intervenants.

Tout comme les enseignants et parents d‘élèves, les élèves et étudiants ont souhaité que de telles initiatives se multiplient. « Pourquoi ne pas institutionnaliser une rencontre annuelle entre le chef de l’Etat et le monde scolaire et universitaire ? », a lancé Mohamed Ali Kiemdé. Le président a pris bonne note des problèmes posés et rendez-vous a été pris pour une prochaine fois pour une synthèse. « Nous espérons que nos préoccupations seront prises en compte », affirme Mahamadou Fayama,président de l’ANEB Ouaga. Néanmoins « nous restons dans la logique de la lutte », ajoute-t-il.

Moussa Diallo

Lefaso.net

COTE D’IVOIRE : Les dernières heures d’un anti-démocrate

La guerre en Côte d’Ivoire connaît un tournant. En décidant enfin d’appliquer la Résolution 1975 du Conseil de sécurité, l’ONUCI et la France entrent de plain-pied dans la guerre de restauration du droit en Côte d’Ivoire. Le conflit a complètement changé de visage. Laurent Gbagbo n’affronte plus seulement les forces pro-Ouattara. Il doit aussi se défendre contre l’ONUCI et la Licorne qu’il ne cessait de provoquer et de harceler. Une mission quasi impossible pour le président sortant qui vit ses dernières heures de chef d’Etat.

Lui qui a osé opérer un coup d’Etat électoral au nez et à la barbe de la communauté internationale qui a parrainé le scrutin de bout en bout. Les Forces armées républicaines de Côte d’Ivoire, en tout cas, qui sont reparties à l’assaut des troupes de Laurent Gbagbo ce lundi, ont tiré leçon de leur offensive-éclair de la semaine dernière. Au cours de cette offensive, elles se sont heurtées à une farouche résistance du dernier carré du président Gbagbo.

Le président sortant, qui a signé un pacte avec la mort, a décidé de ne pas céder d’un iota le pouvoir dont le monde entier lui conteste la légitimité parce que démocratiquement battu lors du scrutin de novembre 2010. Advienne donc que pourra, Laurent Gbagbo s’est préparé psychologiquement à mourir au pouvoir. Une stratégie du pire qui ne tient plus compte des millions d’Ivoiriens qui, pendant dix ans, ont attendu les élections de novembre 2010 comme une libération, la fin de leur calvaire. Les politiciens du clan Gbagbo en ont décidé autrement et, si dès le début de cette bataille d’Abidjan, Laurent Gbagbo peut être considéré comme "un cabri mort", il en va autrement pour Alassane Dramane Ouattara.

Ce dernier, depuis que la chienlit s’est installée entre les deux camps, joue sa crédibilité, son autorité et son avenir politique. Alassane Dramane Ouattara, à son corps défendant, a été contraint par son adversaire à récupérer le pouvoir par la force. La communauté internationale qui a pourtant reconnu sa victoire n’avait pas voulu aller plus loin dans son soutien. L’entêtement du président sortant l’a finalement fait sortir de sa réserve. La bataille d’Abidjan sera la mère des batailles pour les forces républicaines, elles qui avaient promis de ne pas verser le sang de leurs frères d’armes. Mais avaient-elles vraiment le choix face à un président qui faisait tout pour les entraîner sur le terrain de la violence ? Les organisations africaines, en particulier l’UA (Union africaine), n’ont pas encore levé le petit doigt.

Une fois de plus, ce sont les Occidentaux qui feront la décision dans cette crise. En 2002, ce sont les Français qui ont sauvé Laurent Gbabgo. Presque dix ans après, ce sont encore eux qui l’aideront à partir malgré lui. L’UA doit apprendre à agir, car c’est la seule façon d’apprendre à ne pas se tromper. Son attitude dans la gestion de cette crise l’a confinée à l’inaction, à la non-assistance à peuple en danger. On s’en souviendra longtemps. Aussi bien sur le dossier ivoirien que sur le dossier lybien, l’organisation panafricaine aura perdu toute crédibilité. Tout comme la CEDEAO qui n’est pas allée au-delà de ses bonnes intentions. Laurent Gbagbo paye le prix de son entêtement qui, malheureusement, aura coûté trop cher à la Côte d’Ivoire en termes de vies humaines et de retard économique notamment.

"Le Pays"

SYNDICATS DE L’EDUCATION NATIONALE : “Nous avons dit les mille vérités au président du Faso"

Le président du Faso, Blaise Compaoré, a rencontré successivement, le 4 avril 2011 au palais de Kosyam, les représentants des fondateurs des établissements scolaires, des parents d’élèves, des syndicats de l’éducation nationale et de l’alphabétisation, de l’enseignement secondaire et supérieur et les représentants des structures syndicales et associatives des étudiants et élèves. Au cours des deux rencontres, les représentants des différentes structures ont soumis au chef de l’Etat leurs préoccupations que ce dernier a promis d’examiner dans les tout prochains jours.

Le président du Faso, Blaise Compaoré, poursuit ses concertations en vue de recenser les préoccupations des différentes couches sociales et y apporter des solutions afin d’instaurer un climat de paix et de sérénité dans le pays. En effet, après avoir reçu le corps judiciaire et les militaires tous rangs confondus la semaine dernière, il a décidé de rencontrer le 4 avril 2011 les représentants des syndicats de l’éducation nationale et de l’alphabétisation, ceux de l’enseignement secondaire et supérieur, les représentants des parents d’élèves, les fondateurs des établissements scolaires et les représentants des structures syndicales et associatives des élèves et étudiants. Au cours des échanges, chacun des représentants a soumis au président du Faso les préoccupations de sa structure.

Un dialogue direct et franc

"Nous avons eu un dialogue direct et franc avec le président et nous nous sommes rendu compte qu’il avait envie d’entendre les hommes de terrain pour qu’on lui dise franchement certaines choses", a indiqué le porte-parole des syndicats de l’éducation nationale et de l’alphabétisation, Blégné Sema, à l’issue de la rencontre. Il s’est dit touché par le sens d’écoute du chef de l’Etat et surtout son humilité à reconnaître qu’il n’est pas toujours vérifié que l’information lui parvienne dans toute sa candeur. "A travers notre intervention, je pense que le président du Faso a pu toucher du doigt les problèmes que traversent le monde enseignant et le milieu scolaire", a-t-il soutenu. Selon M. Sema, les syndicats ont déploré les violations répétées des espaces scolaires, les violations des franchises universitaires durant la décennie.

Aussi, ils souhaitent que plus jamais ce type de comportement ne puisse être observé dans le milieu scolaire. Il a affirmé que les syndicats ont traduit au président du Faso le ras-le-bol des populations, le sentiment de frustration que les élèves, les encadreurs et l’ensemble du peuple ressentent lorsqu’à chaque fois qu’ il y a des exactions, la réaction attendue des autorités ne répond toujours pas à l’attente des citoyens. "Nous avons fustigé l’impunité sans ambages. Nous avons dit les mille vérités au président du Faso qui, sincèrement, est resté à l’écoute et n’a coupé personne dans son élan de rendre compte des impressions de la base", a-t-il confié. Il a laissé entendre que le président du Faso a pris l’engagement d’analyser tout ce qui a été dit et leur a donné rendez-vous pour ce mois d’avril pour répondre aux préoccupations qui lui ont été soumises.

Pour M. Sema, les syndicats de l’éducation nationale sont engagés à sauver l’année scolaire car ce n’est un plaisir pour personne de voir les élèves subir une année blanche. Il a confié qu’ils ont passé au peigne fin toutes les difficultés que vit le milieu enseignant et par delà, l’ensemble des travailleurs. "Nous avons insisté sur la vie chère. Lorsque vous prenez une famille nucléaire au Burkina Faso, le minimum c’est cinq personnes. Combien coûtent un litre d’huile et un sac de riz ? Nous avons rappelé au président du Faso que nous aurions souhaité que notre descente musclée dans les rues en 2008 soit un vieux et mauvais souvenir. Mais malheureusement, ce n’est pas le cas. Il y a une telle flambée des prix que le citoyen ne peut plus tenir. Le panier de la ménagère n’a connu aucune amélioration. Le peuple a faim", a-t-il martelé. Selon M. Blégné, le président du Faso a montré un sens extrême d’écoute et d’engagement à porter un regard sur les difficultés que connaît le monde des travailleurs.

Le président de l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB) section de Ouagadougou, Mahamadou Fayama, a, pour sa part, soutenu que cette rencontre avec le président du Faso est une première. "Nous avons profité de l’occasion pour poser les problèmes que les étudiants vivent au quotidien. Ces problèmes sont d’abord académiques et ensuite relatifs à la liberté.

Vérité et justice pour Justin Zongo

C’est ainsi que nous avons demandé vérité et justice pour Justin Zongo", a-t-il souligné. Mais pour lui, cette justice doit s’étendre à tous ceux qui ont été tués à la suite des manifestations, car ces morts ont tout naturellement allongé la liste des dossiers de crime de sang dans notre pays. Il a révélé que rendez-vous leur a été donné pour une prochaine rencontre de synthèse et ils espèrent que leurs préoccupations seront prises en compte afin d’améliorer les conditions de vie et d’études des étudiants et des élèves. Selon l’étudiant Fayama, la question de la Police spéciale des universités sur les campus a été abordée et l’ANEB a demandé que cette police s’en aille. Il a confirmé la reprise des cours à l’université de Ouagadougou en soutenant que ce ne sont pas les étudiants qui ont refusé d’aller à l’école mais ce sont les autorités qui ont décidé de fermer les établissements. Donc, il était de leur devoir, a-t-il estimé, de les rouvrir. Pour finir, le président de l’ANEB a invité ses camarades à participer massivement à la marche du 8 avril prochain contre la vie chère.

Selon le porte-parole des fondateurs des établissements scolaires, Zakalia A. K. Sampebgo, le président du Faso les a conviés afin qu’ils puissent voir dans quelle mesure ils peuvent participer à la résolution de la crise. Ainsi, les fondateurs des établissements scolaires, a-t-il relevé, feront en sorte que l’éducation civique soit revue, car l’incivisme des élèves est dû au fait que cette discipline n’est plus beaucoup enseignée dans les établissements. Le porte-parole des parents d’élèves, Nougtara P. Paul, a, quant à lui, soutenu que leur souhait est de voir l’année scolaire se terminer dans le calme. Pour ce faire, il sied d’examiner avec diligence les revendications des étudiants, des élèves et des enseignants, a-t-il indiqué avant d’ajouter que le cri du coeur des parents d’élèves qui a été transmis au chef de l’Etat est qu’aucun élève ou étudiant ne tombe encore sous des balles assassines des forces de l’ordre. Il a demandé à ce qu’il y ait la sérénité afin que l’année scolaire puisse s’achever. Notons afin que les ministres de l’Education nationale et de l’alphabétisation, Marie Odile Bonkoungou, de l’Enseignement secondaire et supérieur, Joseph Paré, et de la Justice, garde des Sceaux, Jérôme Traoré, ont assisté à la rencontre.


Quelques responsables du monde éducatif livrent leurs impressions après la rencontre.

- Mohamed Ali Dendé, secrétaire général du Front d’initiative pour un climat universitaire apaisé (FICUA)

Nous avons été reçus par le président du Faso sur nos difficultés au campus et dans les écoles de toutes les régions du pays. Le président a été satisfait de la rencontre car nous avons laissé parler notre coeur. Nous avons détaillé ce que nous vivons au quotidien au campus en parlant de la revalorisation du label des étudiants à travers l’amélioration des allocations (FONER et bourse), la réadaptation du calendrier universitaire. Parlant du FONER, il faut retenir que la dernière tranche que les étudiants ont reçue date de juillet 2010 et ce jusqu’à nos jours. Ces questions ont été évoquées avec le président qui a tout de suite perçu leur pertinence et leur sensibilité. Ce qui est également revenu, c’est justice et vérité pour notre camarade Justin Zongo et le président dit avoir bien compris notre requête. Cependant, vu que nous sommes dans un Etat de droit, il nous a parlé des contraintes judiciaires. Mais ce qui est encore bien, c’est que nous avons demandé l’institutionnalisation d’une telle rencontre et il a approuvé. C’est ainsi qu’une autre rencontre est prévue dans les tout prochains jours pour apporter des réponses concrètes à nos préoccupations.

- Alfred Dabou, représentant de l’AESO : "Justice pour Justin Zongo"

A cette rencontre avec le président du Faso, nous lui avons parlé de la mort de Justin Zongo et de tous les autres camarades tués. Nous avons profité demander que justice soit rendue dans toutes ces affaires. Pour la première fois que le président nous reçoit, nous lui avons parlé des problèmes que nous vivons au sein des établissements secondaires et à l’université. Il a vraiment été à notre écoute et a promis de nous rencontrer prochainement.

- Adama Congo, secrétaire général de l’Association des élèves du secondaire de Ouagadougou (AESO)

"La reprise des cours dépendra de la célérité dans le traitement de l’affaire Justin Zongo" Dans nos échanges avec le président du Faso, nous avons constaté qu’il était étonné de ne pas être au courant de certaines situations que nous vivons. A cela, nous pouvons dire que le problème vient de la base. Pour ce qui est de la reprise des cours tout dépendra de la volonté des autorités à accélérer le traitement du dossier de notre camarade Justin Zongo. Car si nous perdons patience, nous ne savons pas ce qui adviendra. Nous en appelons à la sagesse des autorités. Nous appelons egalement à la reprise sereine des cours.

- Moumouni Derra, président de l’UGEB : "Nous souffrons d’insécurité sociale"

Nous avons échangé avec le président du Faso sur la situation nationale. De ces échanges, on ne pouvait s’attendre à mieux. Des engagements ont été pris par le chef de l’Etat dont nous attendons la réalisation. Nous avons réitéré notre position sur l’affaire Justin Zongo afin que vérité et justice soient faites. Les conditions de vie des élèves et étudiants ont été soulevées et de l’avis du président, des mesures seront prises dans ce sens. Cependant, je recommande la vigilance aux élèves et étudiants et les interpelle pour la grande marche-meeting du 8 avril 2011 contre la vie chère, la fraude, l’impunité, l’injustice et pour les libertés démocratiques. Nos problèmes sont d’ordre social, académique et pédagogique. Si aujourd’hui les élèves et étudiants sont dans l’insécurité, c’est en fait une insécurité sociale et non une insécurité physique comme on veut le faire croire en mettant en place une police spéciale dans les différentes universités, ce qui ne se justifie pas.

- Saïdou Ouédraogo, secrétaire exécutif du Cadre de concertation des ONG et associations actives en éducation de base (CCEB) : "La situation actuelle résulte d’un déficit de communication"

Pour notre part, nous avons dit que la situation actuelle résulte d’un déficit de communication. On a le sentiment qu’on ne communique qu’à posteriori. A cet effet, nous avons souhaité qu’il y ait anticipation pour évoquer les problèmes avant qu’ils se posent. Aussi, nous avons demandé plus de rigueur afin que les responsabilités soient situées à chaque fois qu’il y a un problème. Nous voulons donner une collégialité à notre démarche pour que certains ne soient pas mis en avant et d’autres en retrait. Car, s’il y a des acquis, tout le monde va en profiter. On a eu une écoute attentive et promesse a été faite de se rencontrer à nouveau pour mettre en oeuvre les différentes propositions qui seront faites.

- Cheick Souleymane Adam Konfé, président du Conseil supérieur des écoles franco-arabe (CSEF)

"Eviter à tout prix d’une année blanche" Nous avons abordé avec le président toutes les préoccupations des différentes écoles de notre pays. Nous avons souhaité que ce qui arrive au monde éducatif actuellement trouve une solution pour une reprise sereine des cours. Car nous devons à tout prix éviter une année blanche pour un meilleur devenir de nos enfants. Le président nous a bien écoutés et a promis de nous rencontrer pour des solutions concrètes.

Dabadi ZOUMBARA

Le Pays

IB, l’homme invisible d’Abidjan

Un serpent de mer agite les eaux troubles ivoiriennes depuis longtemps : Ibrahim Coulibaly, dit I.B. Militaire, rebelle, condamné, disparu... Il semble de retour, comme « général » du Commando invisible d’Abidjan.

Il est un acteur militaro-politique ivoirien qui a des airs de serpent de mer. Douze ans après être apparu au grand jour, le sulfureux Ibrahim « I.B. » Coulibaly sort à nouveau la tête de l’eau. Entre temps, le sergent-chef est miraculeusement devenu général. Il pilote aujourd’hui le « Commando invisible » qui contrôle l’essentiel de la très symbolique commune d’Abobo, à Abidjan. Hier « périmé » et condamné par la justice, il a de nouveau le vent en poupe.

Un homme venu du Nord

Ibrahim Coulibaly est né en 1964 à Bouaké, capitale informelle des rébellions nordistes ivoiriennes. C’est au cours des années 80 qu’il s’engage dans l’armée. En 1990, il est affecté à la garde rapprochée du dernier Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny : Alassane Dramane Ouattara. I.B. niera longtemps rouler pour « ADO », privilégiant son indépendance militaire à toute allégeance au sérail politique qui l’a tant déçu. Mais son patronyme « nordique » (aussi répandu au Burkina Faso qu’en Côte d’Ivoire) et son statut de garde du corps proche des enfants de madame Ouattara lui vaudront définitivement une étiquette de « ouattariste ».

En 1999, la question de l’ivoirité commence à empoisonner la présidence d’Henri Konan Bédié. Mais c’est une réforme de la Constitution qui finit de diviser la population. La Côte d’Ivoire expérimente alors les putschs. Une mutinerie militaire se mue en coup d’Etat « de Noël ». Ibrahim Coulibaly –que ses hommes appellent « le major »– est en première ligne. Pour gagner en crédibilité, les jeunes putschistes décident de remettre le pouvoir entre les mains du vénérable Robert Guéï. Plus tard, I.B. se dira désappointé par le vieux général enivré par un pouvoir qu’il n’avait pourtant pas cherché. Suspecté de velléités de mutinerie en juillet 2000, le sergent-chef Coulibaly est affecté à l’ambassade de Côte d’Ivoire au Canada.

Base arrière au Burkina

Le serpent de mer replonge. En octobre 2000, c’est avec du recul qu’il observe la chute du général Guéï et l’élection calamiteuse de Laurent Gbagbo. Son nom est pourtant cité dans l’improbable « complot de la Mercedes noire », qui aurait dû déstabiliser le régime dans la nuit du 7 au 8 septembre 2001. Au fil des mois, c’est surtout à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, qu’un nouveau coup de force se prépare. Dans une villa du quartier Somgandé, l’adjudant Tuo Fozié paraît mener les opérations. Mais le « tôlier » Coulibaly veille depuis la zone excentrée de Wayalguin. Le 19 septembre 2002, les rebelles Zaga Zaga, Watao ou encore Shérif Ousmane fondent sur Abidjan ; cependant, I.B. reste à Ouaga, chaperonné par des autorités burkinabè bienveillantes. Il a appris de la précipitation du rebelle centrafricain Bozizé qui s’épuise à force d’incursions stériles depuis le Tchad. Bozizé deviendra pourtant président…

I.B., lui, se compare au commandant afghan Massoud. Il se considère comme un membre éminent de l’élite militaire ivoirienne, son grade modeste n’étant qu’une nouvelle preuve des brimades imposées aux Ivoiriens du Nord. Sa fausse modestie cache mal son ambition : descendre un jour le boulevard Giscard-d’Estaing comme le général de Gaulle fut accueilli en libérateur sur les Champs-Elysées.

Il attend son heure. Il écoute son idole –parrain ?– Blaise Compaoré qu’il qualifie de « grand président d’un trop petit pays ». Depuis des restaurants ouagalais, pas toujours discret, I.B. instruit, par téléphone satellitaire, le politicien en herbe Guillaume Soro, toute nouvelle façade du rebelle Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI).

Condamnation en France

Les rebelles ne prennent pas Abidjan. La Côte d’Ivoire se fissure durablement. Si I.B. jouit, à l’origine, d’une réelle popularité dans le milieu rebelle, les absents ont toujours tort. Au fil des mois, Soro impose sa cravate aux treillis dépareillés, à mesure que les chefs de guerre s’embourgeoisent. Le Burkinabè d’adoption rumine ses cicatrices. Le colosse a des fourmis dans les jambes. Avec une rapidité déconcertante qui ne le déconcerte pas, il obtient un visa pour la France. Le piège se referme : en août 2003, I.B. est arrêté à Paris pour tentative de coup d’Etat. Convaincu que Coulibaly a enrôlé d’anciens légionnaires français, le juge Jean-Louis Bruguière expérimente pour la première fois la toute nouvelle loi française contre le mercenariat.

Relâché sous caution en septembre, et bien que sous contrôle judiciaire, le serpent de mer replonge…

Les mouvements rebelles ivoiriens se muent lentement en « Forces nouvelles ». Les relations entre les partisans de I.B. et les pro-Soro se dégradent. En juin 2007, on attribue à Coulibaly l’attentat contre un Guillaume Soro devenu Premier ministre de Laurent Gbagbo, à l’issue des accords de Ouagadougou. Alors que le serpent de mer est aperçu au Bénin, on l’accuse d’avoir fomenté une nouvelle tentative de putsch, le 27 décembre 2007. Un mandat d’arrêt international est lancé contre lui. On le dit réfugié en France. Pourtant, lorsque s’ouvre, à Paris, le procès concernant la tentative de coup d’Etat de 2003, I.B. est absent. Dans une interview accordée à une agence de presse, il affirme se trouver en Belgique…

Le 4 juin 2008, Coulibaly est jugé coupable de « direction ou organisation d’un groupe destiné à la pratique du mercenariat ». Par contumace, il est condamné à quatre ans d’incarcération. Comme lui, l’avocat ivoirien Mamadou Diomandé et l’ancien policier français Paul Léonelli écopent de prison ; ferme dans un premier temps, avec sursis après appel. Le serpent de mer a de nouveau disparu dans les eaux troubles de la crise ivoirienne…

Le chef du Commando invisible

A l’issue du cafouillage post-électoral de décembre 2010, un mystérieux Commando invisible commence à distribuer des tracts réclamant le départ de Laurent Gbagbo. Le groupe se présente comme « une élite aguerrie au maniement et aux techniques militaires de pointe ». Le 27 février, le voile tombe : dans un communiqué diffusé sur Internet, le « commando » affirme être dirigé « par le GENERAL Ibrahim Coulibaly, dit IB ». Les majuscules du mot général ne laissent aucun doute sur les ambitions réaffirmées de Coulibaly…

Pour se donner des airs plus respectables, et même si l’imbrication des mouvements reste confuse, le Commando finit par revendiquer le nom Forces de défense et de sécurité impartiales (FDSI). Il rassemble des éléments des Forces nouvelles –comme le mythique commandant de zone Zackaria Koné–, des vétérans des forces spéciales ivoiriennes et des chasseurs traditionnels, toujours très craints en Côte d’Ivoire. Des correspondants parisiens d’Alassane Ouattara orchestreraient la communication du groupe. Une photographie montre Ibrahim Coulibaly avec un bâton de commandement, en train de transmettre des ordres à des hommes en treillis. Pour ne pas commettre deux fois la même erreur, on aime le dire à Abidjan…

Le Comte de Monte Cristo ivoirien croit manifestement tenir sa revanche. « L’invisible » du Commando est désormais visible, même si le site à sa gloire ne semble plus opérationnel. Si I.B. n’a pas réuni autour de lui toute l’opposition armée, il semble, à nouveau, avoir le vent en poupe. Et son armement laisse supposer des soutiens conséquents…

Ibrahim Coulibaly est un conquérant frustré de n’avoir jamais joui très longtemps de ses conquêtes. Sa carrière est celle d’un pistolero qui navigue de fusillades en traversée du désert. Pour les uns, I.B. est celui qui a introduit la violence militaire dans un Etat qui n’avait jamais connu de putschs. Pour les autres, il est le militant désintéressé qui s’est « toujours offert en sacrifice ». Pour les uns, il est la pièce maîtresse de complots militaires ivoiriens, aboutis ou non. Pour les autres, il est tantôt la marionnette d’un Compaoré qui se garde pourtant de l’envoyer au front, tantôt l’épouvantail d’un Ouattara pourtant impuissant.

Les aficionados d’I.B. le vénèrent aujourd’hui comme le messie. Mais les Ivoiriens sont fatigués des hommes providentiels au parfum de Nativité. Après le « Père Noël » Robert Guéï et le « Christ de Mama » –Laurent Gbagbo–, n’en jetez plus…

Damien Glez
http://www.slateafrique.com

Colonies: feu vert à 942 logements à Jérusalem-Est

AFP

Des Israéliens marchent dans le quartier de Gilo, dans Jérusalem-Est, le 4 avril 2011

La municipalité israélienne de Jérusalem a approuvé lundi un projet de construction de 942 nouveaux logements dans le quartier de colonisation juive de Gilo, dans Jérusalem-Est occupée et annexée, a indiqué à l'AFP un conseiller municipal.

"La commission de planification urbaine a comme prévu approuvé le projet de construction de 942 logements dans le quartier de Gilo", a déclaré le conseiller municipal Elish Peleg, du parti Likoud (droite, au pouvoir).

M. Peleg a précisé que ce feu vert "constitue seulement la première des six étapes administratives" nécessaires avant le début des constructions.

Le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, a "fermement condamné" la décision de la municipalité de Jérusalem qui, à ses yeux, "prouve une nouvelle fois qu'Israël a choisi les colonies plutôt que la paix".

M. Erakat a exhorté le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Union européenne, Russie et ONU), qui doit se réunir bientôt à Berlin, à faire pression pour qu'Israël respecte le droit international.

Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a donné son feu vert à un plan de développement de quatre colonies en Cisjordanie ce qui va permettre la construction de nouveaux logements, a annoncé lundi la radio publique.

Cette décision, qui concerne les colonies de Nofim, d'Eshkolot, de Hemda et de Rotem, va légaliser des projets de construction de logements déjà entrepris sans autorisation, a indiqué dans un communiqué le mouvement anti-colonisation la Paix Maintenant.

Le gouvernement israélien avait donné le 13 mars son feu vert à la construction de 400 à 500 logements dans des colonies de Cisjordanie au lendemain du meurtre de cinq membres d'une famille de colons israéliens, dont trois enfants, dans une implantation de cette région.

Le processus de paix israélo-palestinien, au point mort, achoppe sur la poursuite de la colonisation israélienne à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.

Les pourparlers de paix directs entre les deux parties ont brièvement repris début septembre 2010 avant de s'interrompre presque aussitôt à la suite de l'expiration d'un moratoire israélien de dix mois sur la colonisation en Cisjordanie.

Les dirigeants palestiniens réclament un arrêt complet de la construction en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est avant de reprendre les négociations, ce que le gouvernement de Benjamin Netanyahu refuse.

burkina faso Les démarches entreprises par le chef de l’Etat ? : « Des manœuvres dilatoires. Nous connaissons l’homme »

Un point de presse a été organisé par le chef de file de l’opposition burkinabè, le 4 avril 2011, dans la salle de rencontres de cette institution. L’actualité nationale était au menu de ces retrouvailles avec un nombre imposant de partis. Et les principaux animateurs n’ont pas fait mystère de leur grande méfiance pour les différentes négociations entamées par le président du Faso, Blaise Compaoré. A les écouter, le problème réside ailleurs. Foi de Me Bénéwendé S. Sankara et de ses camarades de l’opposition, les institutions seraient déliquescentes et il faudra un remède de cheval qui commence par de sérieuses réformes et le départ du chef de l’Etat.

La tradition a été une fois de plus respectée. Le réquisitoire dressé par le chef de file de l’opposition burkinabè était bien féroce.

L’actualité nationale chaude et délétère du moment encourageait bien à cette attitude et la longueur de la déclaration liminaire lue par Me Bénéwendé S. Sankara était symptomatique de la gravité des charges qu’ils ont fait peser sur les dirigeants de la IVe République.

Beaucoup en ont pris pour leur grade, notamment sur le dossier de l’élève Justin Zongo. D’abord, le procureur chargé du dossier, lui « qui s’est visiblement disqualifié pour la fonction en se faisant le pivot éhonté du travestissement de la vérité tel un juge acquis si cher à ce régime ».

Ensuite, le ministre de la Santé, Seydou Bouda, est passé à la casserole. Originaire de la région (Boulkiemdé) « et n’ayant vu là que l’occasion rêvée pour faire montre de son zèle à mieux servir son maître s’est précipité sur les lieux pour orchestrer la pitoyable et insultante mise en scène de cette mystérieuse souche de méningite ».

Enfin, le locataire du palais de Kosyam a été épinglé. « Monsieur Blaise Compaoré, dont le discours conforte que les institutions sont en déliquescence et qu’il faudra des réformes courageuses qui devraient permettre son exclusion définitive du jeu politique national dont la gestion du pays n’a apporté que assassinats et malheurs ».

« Nous avons toujours condamné les exactions »

Pendant le point de presse, un reproche est revenu de façon récurrente. Celui de n’avoir pas condamné les actes de destructions commises par les croquants durant leurs sorties nocturnes dans les villes du Burkina.

Point de vue balayé d’un revers de main par les hôtes du jour, qui ont insisté sur le fait qu’à chacune de leur déclaration sur la situation nationale, ils ont condamné énergiquement les actes commis.

Et de ramener ceux qui partagent l’avis contraire à un extrait de la déclaration du jour dans laquelle il est précisé ce qui suit : « …Les partis politiques de l’opposition proclament leur solidarité avec les manifestants dont ils comprennent la lutte légitime pour la vérité et la justice. Ils condamnent avec fermeté les excès et les sévices commis par les hommes de tenue, déplorent et condamnent les actes ayant entraîné des pertes en vie humaine que rien ne saurait justifier, en particulier celles d’enfants aux mains nues… ».

Comment les membres de l’opposition burkinabè apprécient-ils les différentes rencontres organisées par le chef de l’Etat pour résorber la crise, suite à la sortie des élèves, des étudiants et des militaires.

Visiblement pas d’un très bon œil. Foi de la déclaration liminaire qu’ils ont cosignée, il s’agit là d’une tentative de gagner du temps et de reprendre la main, comme on le dit. Et de prévenir les leaders d’opinion qui participent à ces rencontres.

« L’opinion publique respecte ces personnalités et ces leaders d’opinion. Cependant, elle voudrait leur rappeler le sort réservé au rapport du Collège de Sages, une fois la crise née du drame de Sapouy passée ».

Et à écouter Norbert Tiendrébéogo, l’opposition ne demande nullement à être associée à ces rencontres. « Nous connaissons l’homme et sa méthode. Il a fallu que les militaires sortent, kalach en main, pour qu’il cherche à comprendre.

Pendant dix jours, les élèves et étudiants ont manifesté ici et Blaise Compaoré n’a pas daigné lever le petit doigt », a-t-il fait constater. Comme pour montrer que les combats continuent côté opposant, le chef de file a donné rendez-vous, le 8 avril 2009, pour les manifestations organisées contre la vie chère.

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

Culture Éblouissante rétrospective de Shafic Abboud, un conteur en peinture

« Fenêtre sur le parc Montsouris ». (DR)
« Fenêtre sur le parc Montsouris ». (DR)
Événement Une file interminable s'aligne devant l'entrée de l'IMA, comme jamais, en 23 ans d'existence, l'institut n'en a vu pour l'art moderne. Claude Lemand, commissaire de l'exposition, a lancé l'invitation à grande échelle pour honorer Shafic Abboud, l'une des figures majeures de l'art contemporain libanais.


Pour cette occasion, Lemand a rassemblé des œuvres de collections privées en provenance de pays divers, arabes et européens, ainsi qu'un choix d'œuvres de l'atelier de l'artiste, de toutes ses périodes (1948-2003).
«Je suis heureux et fier d'avoir pu tenir la double promesse que je lui avais faite quelques semaines avant sa mort: publier sa première monographie (en 2006) et organiser sa première rétrospective», dit Lemand.
L'expo est répartie sur deux étages, avec près de 190 peintures de différents formats qui captent le regard dans un éblouissement de couleurs et de lumière. Une véritable jubilation anime les toiles de Shafic Abboud; elle traduit son amour de la peinture, «cette infinie jouissance à l'idée de peindre», comme il disait. «Je vais à mon atelier avec un grand désir. J'entre et regarde avec la délectation de l'amoureux ainsi que les frayeurs», écrit-il dans ses cahiers (1982-85). Cette infinie jouissance s'étale sur ses toiles, se partage, éclabousse les murs de la galerie dans un grand éclat de rire, que les tableaux soient grands, traduisant «la gesticulation, la danse, la participation du corps du peintre tout entier», ou petits, comme ces temperas sur bois ou sur carton qui racontent les inspirations du peintre, ses rêveries d'enfance ou sa nostalgie du Liban (Snaniyé, 1982).
Dans le catalogue accompagnant la rétrospective, Christine Abboud, la fille du peintre, retrace la riche biographie de son père que l'on voit, cigarette à la main, dans son atelier de Montsouris ou de Mhaidsé, en interrogation constante face à la toile encore nue ou inachevée, entre ses tubes de peinture et les boîtes à images de son enfance peuplant sa mémoire d'artiste. Ne disait-il pas lui-même (Carnets): «La couleur, je n'y échapperai pas, c'est une fatalité, c'est ma nature; mes yeux ont dû être à jamais éblouis.» Et d'ajouter: «Le choc de deux couleurs provoque la lumière. (C'est ce qui me) fait peindre.» Et Abboud ne s'arrête «que lorsque la couleur et la lumière coïncident»... jusqu'à son retour à la terre des origines, pour y être enterré selon son souhait, en avril 2004.
Né à Mhaïdsé, en 1926, imprégné dans son enfance par les récits de sa grand-mère, la conteuse du village, par les coutumes et la culture populaire du Mont-Liban, il va emporter avec lui, à Paris, les couleurs, les odeurs et la sensibilité de sa montagne. Son atelier de Montsouris est le laboratoire où se développe sa nouvelle inspiration parisienne. Il pose sur ses toiles des touches de lumière captées de son Mont-Liban natal, y accrochant les variations du jour et des saisons, telles qu'elles se reflétaient entre les feuillages des arbres, par la fenêtre de son atelier de Mhaidsé. Il y traduit aussi l'intimité d'une chambre, ou encore les tissus chatoyants de Simone, une amie disparue. Il tente de capter la nuit ou de réveiller, dans un grand coup de pinceau doré, le souvenir des cafés de Beyrouth engloutis par la mer. En 1953, à Paris, Shafic Abboud est le premier artiste arabe à réaliser des livres de peintre, en eaux-fortes pour Le Bouna et en sérigraphies pour La Souris. Il est aussi le premier et seul artiste arabe à participer, en 1959, à la Première biennale de Paris.
De la peinture figurative d'inspiration libanaise à la peinture abstraite liée à ses fréquentations parisiennes, il aura fallu cinq ans (1950-55). Puis de nombreuses années pour parvenir à une œuvre plus personnelle, mélange d'influences que Claude Lemand qualifie de «transfigurative», «à la fois ancienne et moderne, païenne et sacrée.» Harmonie de couleurs et déconstruction. Abboud dit avoir beaucoup appris de Roger Bissière, de Bonnard aussi. En 1979, dans un entretien sur France Culture, il se confiait: «Je me vois retourner petit à petit à ce que je faisais spontanément, sans aucune science. Peut-être qu'au cours des années, on retrouve l'enfance de plus en plus. On retourne à une expression plus spontanée, plus directe, tout en cachant une science certaine. Avant, elle était inconsciente. Actuellement, j'ai conscience, j'ai envie de devenir conteur. Un conteur avec le langage de la peinture.»

Pour ceux qui souhaitent voir et écouter les merveilleuses histoires en couleurs de Shafic Abboud, rendez-vous sur les sites suivants : http ://www.abboud-retrospectives.org/, www.artaujourdhui.info, www.imarabe.org

Washington redoute qu’el-Qaëda profite du chaos au Yémen

Un Yéménite manifestant contre le régime tout en mâchant du khat. Khaled Abdullah/Reuters
Un Yéménite manifestant contre le régime tout en mâchant du khat. Khaled Abdullah/Reuters
Troubles Dix-sept manifestants hostiles au président Ali Abdallah Saleh ont été tués par balles hier à Taëz, au Yémen, où la Maison-Blanche craint qu'el-Qaëda ne profite d'un « vide politique ».


Dix-sept manifestants ont été tués par balle hier à Taëz, au sud de Sanaa, dans une poussée de violence ajoutant aux difficultés du président yéménite Ali Abdallah Saleh qui semble avoir perdu le soutien d'un allié de poids, les États-Unis. Outre les 17 tués, au moins 86 personnes ont été blessées, ont indiqué Sadok Choujaa, un médecin qui dirige un hôpital de campagne soignant les protestataires, et des sources médicales.
L'incident s'est produit alors que les manifestants effectuaient une marche sur le siège du gouverneur de province. Ils ont pu atteindre le siège et entrer dans la cour du bâtiment. Mais ils ont été accueillis par des salves de tirs des forces de l'ordre et d'hommes armés dont certains étaient postés sur des toits, ce qui a alourdi le bilan des victimes, selon les protestataires. Des blindés ont ensuite été déployés autour du siège du gouverneur, et le calme a été rétabli à Taëz avec le retour des manifestants sur leur lieu de sit-in.
Le gouverneur, Hammoud al-Soufi, a fait état d'un bilan de 3 morts et 8 blessés, affirmant sur la télévision d'État que des hommes armés se trouvaient parmi les manifestants. Une enquête sera ouverte sur les incidents, a-t-il dit.
À Sanaa, des militaires ralliés à l'opposition ont empêché sans violence quelque 200 policiers de s'approcher de la place du Changement, près de l'université, où campent les contestataires depuis le 21 février. En début de soirée, des dizaines de personnes ont convergé de différents quartiers de Sanaa vers la place du Changement, pour exprimer leur solidarité avec les protestataires à Taëz et Hodeida, sur la mer Rouge, selon des témoins.
À Hodeida, des manifestants ont observé hier soir un sit-in devant le siège du gouvernorat après des accrochages avec les forces de sécurité, qui ont fait quelque 300 blessés, dont 4 par balles et 26 par des jets de pierres, les autres ayant été indisposés par du gaz lacrymogène, selon des protestataires. Les heurts avaient débuté dimanche lorsque des dizaines de milliers de manifestants avaient commencé à marcher sur le palais républicain de cette ville de 400 000 habitants, aux cris de « À bas le régime », selon des témoins.
Ce regain de violences intervient après des indications sur un changement de position de l'administration américaine à l'égard du chef de l'État yéménite qui était considéré comme un allié dans la lutte contre le réseau el-Qaëda. Le New York Times, citant des responsables américains et yéménites, a écrit dimanche que des responsables américains ont indiqué à leurs alliés yéménites que la position de M. Saleh était intenable, compte tenu de l'important mouvement de contestation et qu'il devrait quitter son poste. Des négociations portant sur le départ du président yéménites ont débuté il y a plus d'une semaine, rapporte le quotidien. Il s'agirait de proposer à M. Saleh de remettre le pouvoir à un gouvernement provisoire jusqu'à la tenue de nouvelles élections. Ce principe en soi « n'est pas l'objet de contestation », a déclaré au journal un responsable yéménite. Cela ne remet pas en cause la position de Washington concernant les opérations américaines de contre-terrorisme au Yémen, relève le New York Times.
Hier, la Maison-Blanche a dit son inquiétude de voir el-Qaëda profiter d'un « vide politique » au Yémen et a exhorté les Yéménites au dialogue pour assurer une transition pacifique du pouvoir.
Dans ce contexte, les monarchies arabes du Golfe ont proposé leur médiation entre l'opposition et le pouvoir au Yémen, tout en restant vagues sur le sort du président yéménite, à l'occasion d'une réunion de leurs chefs de diplomatie.
(Source : AFP)

Libye: visite surprise de David Cameron sur une base militaire en Italie

Le Premier ministre britannique David Cameron a effectué une visite surprise lundi sur une base italienne où sont stationnés des appareils de la Royal Air Force qui participent à l'opération internationale en Libye, a constaté une journaliste de l'AFP.
M. Cameron, dont c'était la première visite de ce genre depuis le début des opérations en Libye, a annoncé lors de son déplacement sur la base de Gioia del Colle (sud) un renforcement des moyens aériens aériens britanniques engagés dans cette opération, avec le déploiement dans "les prochains jours" de quatre avions supplémentaires.
"Ce qui signifie que nous aurons au total dix Typhoon (avions de combat) pour participer à la zone d'exclusion aérienne" instaurée par la coalition dans le ciel libyen "et douze avions d'attaques au sol Tornado" mobilisés, a précisé le chef du gouvernement britannique aux journalistes qui l'accompagnaient.
Durant cette courte visite, M. Cameron devait partager une tasse de thé avec quelques pilotes, inspecter leurs appareils et écouter un compte-rendu des opérations.
Les pilotes de la RAF ont été déployés sur la base de Gioia del Colle au lendemain du déclenchement de l'intervention internationale en Libye le 19 mars, et ont effectué plus de 70 sorties depuis cette date, selon les chiffres officiels.

Ahmadinejad veut que l’ONU empêche les interventions au Moyen-Orient

Iran Une sévère mise en cause de Téhéran par les monarchies du Golfe a provoqué une réponse cinglante de l'Iran, qui les a accusées d'être à la solde des États-Unis.
Réunis à Riyad dans la nuit de dimanche à lundi, les ministres des Affaires étrangères du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont accusé Téhéran de « fomenter des complots visant la sécurité nationale » des six pays membres de cette organisation. Le CCG regroupe l'Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, Oman, Qatar et le Koweït. Dans un communiqué au ton extrêmement dur, les pays du CCG ont accusé l'Iran de « semer la sédition et la dissension confessionnelle entre leurs citoyens » et de « porter atteinte à la souveraineté » de leurs États. Ils ont demandé à l'Iran de « cesser ces politiques hostiles et de respecter les règles de bon voisinage (...) dans le but de préserver la sécurité et la stabilité de cette région importante pour le monde entier ».
Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a réagi hier en fustigeant la position du CCG. « Nous n'accordons aucune valeur juridique à cette déclaration (...) adoptée sous la pression des États-Unis et de leurs alliés », a-t-il rétorqué. « L'intervention des États-Unis et celle de leurs alliés dans la région vise à sauver le capitalisme et le régime sioniste, qui est sur le point de s'effondrer », a-t-il affirmé. « Il est hideux d'envoyer des troupes (dans un pays étranger), retirez-les », a-t-il lancé aux dirigeants saoudiens et émiratis, tout en appelant les monarchies arabes à coopérer avec l'Iran plutôt qu'avec les pays occidentaux. « Nous sommes voisins et nous devons vivre ensemble », a-t-il dit. M. Ahmadinejad a, en outre, demandé à l'ONU d'intervenir pour « empêcher » les interventions américaines et européennes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, a rapporté le site de la présidence. M. Ahmadinejad a appelé au téléphone le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, pour demander à l'ONU d'aider à régler les problèmes des pays de la région « dans l'entente et par le dialogue », selon la même source. La République islamique d'Iran est prête à jouer « un rôle actif » pour régler les problèmes actuels de la région, a-t-il ajouté. M. Ahmadinejad a, par ailleurs, démenti que l'Iran ait eu un réseau d'espionnage au Koweït, assurant : « Cette affirmation n'a aucun sens. »
Parallèlement, un influent député iranien a vivement dénoncé les monarchies arabes du Golfe, jugeant qu'elles devraient « reconsidérer leur position » plutôt que d'émettre des commentaires « émotionnels ». Ces pays « essayent de montrer l'Iran du doigt au lieu de prendre les mesures appropriées pour répondre aux demandes de leurs peuples », a affirmé Kazem Jalali, porte-parole de la commission parlementaire des Affaires étrangères, cité par l'agence officielle IRNA.
(Source : AFP)

Laïcité: Guéant attise la polémique, Copé présente "26 propositions"

AFP
Claude Guéant le 31 mars 2011 à Paris
Claude Guéant le 31 mars 2011 à Paris Patrick Kovarik AFP/Archives

A la veille de son débat controversé sur la laïcité le patron de l'UMP Jean-François Copé a dévoilé lundi "26 propositions" avant que Claude Guéant ne suscite une nouvelle polémique en déclarant que l'augmentation du nombre de fidèles musulmans posait "problème".

En 1905, l'année de la loi sur la séparation des Eglises et de l'Etat, "il y avait très peu de musulmans en France", a déclaré le ministre de l'Intérieur en marge d'un déplacement à Nantes (Loire-Atlantique).

Et d'ajouter: "aujourd'hui, on estime qu'il y a à peu près 5 ou 6 millions de musulmans en France" et "c'est vrai que l'accroissement du nombre des fidèles de cette religion, un certain nombre de comportements, posent problème".

"Je dirais tout simplement qu'il n'y a aucune raison pour que la République accorde à une religion particulière plus de droits qu'elle n'en a accordés en 1905 à des religions qui étaient anciennement ancrées dans notre pays", a ajouté Claude Guéant, en indiquant qu'"il est clair que les prières dans les rues choquent un certain nombre de concitoyens."

Ces propos qualifiés "d'irresponsables" par le Conseil régional du culte musulman d'Ile-de-France/Centre (CRCM) ont soulevé un tollé à gauche. Harlem Désir, numéro deux du PS, a dénoncé les "guéanteries contre la République". Pour le député écologiste Noël Mamère, Claude Guéant parle "le Le Pen comme M. Jourdain faisait de la prose", tandis qu'Eva Joly (Europe Ecologie-Les Verts) accuse la droite de mener "une campagne islamophobe".

SOS-Racisme va porter plainte contre le ministre de l'Intérieur, a annoncé lundi soir à l'AFP le président de l'association Dominique Sopo. Une décision "irrévocable", a dit M. Sopo, qui a fustigé des "propos qui stigmatisent une population en raison de son origine".

Avant cette nouvelle controverse, le patron de l'UMP Jean-François Copé avait dévoilé les "26 propositions" de son parti, lesquelles "ne visent en aucun cas à remettre en cause la loi de 1905". Certaines sont "d'application rapide" et d'autres "par voie législative" après 2012.

Sur l'épineuse question des prières de rue, M. Copé a précisé que Claude Guéant a souhaité annoncer lui-même "dans les prochains jours" "un certain nombre de dispositions (...) immédiates".

L'une des propositions phares de l'UMP vise à "plus de transparence financière" en contraignant par la loi les fonds étrangers à "transiter par une fondation nationale pour la construction des lieux de culte", chaque culte créant "sa propre fondation", une idée de l'ex-premier ministre Dominique de Villepin. Idem pour la collecte des fidèles qui se fera par "le biais d'une association".

L'UMP propose de faciliter l'achat de terrains et édifices religieux en assortissant les baux emphytéotiques (jusqu'à 99 ans) d'une "option d'achat" et en développant le "recours aux garanties d'emprunt" données par les collectivités locales.

Le parti a aussi repris l'idée de François Baroin d'"un recueil exhaustif" des textes (lois, règlements et circulaires) et jurisprudences, d'ici fin juin, qui pourrait "après 2012" être complété par voie législative par un "code de la laïcité et de la liberté religieuse".

L'UMP propose de légiférer pour interdire de récuser un agent du service public, par exemple un médecin hospitalier et dans les entreprises "d'intégrer au règlement intérieur" un encadrement du "port de tenues et signes religieux" et des pratiques religieuses (prière, restauration collective ...).

Enfin, l'UMP veut "encourager les maires à développer les carrés confessionnels" dans les cimetières.

A court terme, une résolution parlementaire déposée en mai ou juin pour un vote "avant l'été", réaffirmera "l'attachement aux principes républicains et spécialement à ceux de laïcité et de liberté de conscience".

RDC: 32 morts dans l'accident d'un avion de l'ONU à Kinshasa

KINSHASA (RDCongo) (AFP)

AFP/Archives

Un C130 de l'ONU en plein chargement sur le tarmac de la base d'Entebbe en RDC, le 28 juillet 2003

Trente deux personnes, selon l'ONU, ont péri lundi à Kinshasa dans l'accident d'un avion de la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (Monusco), le premier crash impliquant un appareil de l'organisation dans ce pays depuis le début de sa mission en 1999.

Une seule personne sur 33 a survécu, selon l'ONU, s'exprimant depuis son siège de New-York.

"Nous sommes désormais en mesure de confirmer qu'une seule personne a survécu sur les 33 qui se trouvaient à bord de l'avion de la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (Monusco) qui s'est écrasé aujourd'hui", a déclaré devant la presse le porte-parole de l'ONU Farhan Haq.

Sur place, une source aéroportuaire avait auparavant fait état de "26 morts et six blessés graves".

Initialement, un journaliste de l'AFP sur place avait compté seize cadavres.

L'accident s'est produit peu après 14H00 locales (13H00 GMT), lorsque le pilote a tenté de se poser sur la piste d'atterrissage, alors qu'une forte pluie s'abattait sur la capitale congolaise, selon le journaliste de l'AFP.

Crash d'un avion de l'ONU le 4 avril 2011

L'avion, de type Fokker 100 immatriculé UN 834 et assurant la liaison Goma (province du Nord-Kivu,est)-Kinshasa, via Kisangani, chef-lieu de la Province orientale (nord-est), s'est brisé en plusieurs morceaux, a-t-on constaté.

Une source aéroportuaire qui se trouvait "à dix mètres" des débris, a affirmé à l'AFP avoir vu passer sur des civières "trois ou quatre survivants", sur un total de 29 passagers et trois membres d'équipage, soit 32 personnes.

Les secouristes et les pompiers s'évertuaient "à découper les chaises pour sortir les gens qui sont coincés dessus", selon une source aéroportuaire sous couvert d'anonymat.

"C'est un accident qui s'est produit à cause de la pluie", a-t-elle expliqué.

"L'avion s'est complètement disloqué. Une partie de la cabine a roulé dans le vide sur 800 mètres", provoquant un incendie, a-t-elle détaillé.

"Six à huit personnes ont été projetées hors de l'avion quand il s'est brisé en deux", a poursuivi cette source, soulignant que les pompiers sont parvenus à vite maîtriser les flammes, aidés par la pluie.

Un périmètre de sécurité a été établi sur le site du drame, où les secouristes continuaient de dégager les derniers corps. Cet accident a crée un décalage sur les horaires d'atterrissages et de décollages des autres avions, sans toutefois perturber totalement le trafic, selon la source aéroportuaire.

Les blessés ont été acheminés à l'hôpital Biamba Marie Mutombo (qui appartient à Mutombo Dikembe, une ex-star américaine d'origine congolaise de la NBA) dans la commune de Masina, situé à une quinzaine de minutes de l'aéroport de Kinshasa.

Les Etats-Unis ont présenté leurs condoléances après l'accident.

"Nous sommes profondément attristés (...) Nous adressons nos condoléances les plus sincères aux familles des victimes", a déclaré Mark Toner, un porte-parole de la diplomatie américaine.

Il s'agit du premier accident impliquant un avion de l'ONU en RDC depuis le début de sa mission en 1999, où l'organisation dispose d'une flotte de plus d'une dizaine d'appareils généralement en bon état, qui effectuent des liaisons locales.

La Monusco assure le transport de son personnel à travers le pays, ainsi que de journalistes et de membres d'ONG locales et internationales.

Les accidents d'avion sont fréquents en RDC, et toutes les compagnies aériennes congolaises - une cinquantaine identifiées - figurent sur la liste noire de l'Union européenne, qui leur a interdit son espace aérien.

Le mauvais entretien des appareils souvent anciens, leur surcharge s'agissant surtout des avions de transport de fret, l'absence de contrôle, le non respect des règles de sécurité et aussi les mauvaises conditions météo sont souvent la cause de ces accidents.

L'ONU dispose en RDC, vaste pays d'Afrique centrale, cinq fois grand comme la France, de l'une des ses plus importantes missions de paix dans le monde.