03 février, 2011

Côte d’Ivoire : rassemblement anti-Blaise Compaoré à Abidjan






afrik.com
A l’invitation de Charles Blé Goudé, le leader de la jeunesse patriotique et ministre de Laurent Gbagbo, de milliers de jeunes patriotes ont été convoyés depuis samedi matin, via des bus de la Sotra, place de la République à Abidjan-plateau. Ils se sont réunis pour manifester contre l’arrivée à Abidjan du Président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, dimanche, désigné avec quatre autres chefs d’Etat en tant que membre du panel de l’Union africain chargé de résoudre la crise post-électorale. Ce grand rassemblement à la mythique place de la République, qui se tient en ce moment même, est perçu pour le camp Gbagbo comme une "arme" de lutte pour "sauver la dignité africaine". Le président burkinabè devrait séjourner en Côte d’Ivoire jusqu’à jeudi.

La pression internationale s'intensifie sur Moubarak, au 11e jour de révolte

LE CAIRE (AFP)

AFP

Des dizaines de milliers de manifestants prient place Tahrir, le 4 février 2011 au Caire

Les pressions internationales en faveur de changements politiques en Egypte se sont intensifié vendredi, journée marquée par de nouvelles manifestations massives dans tout le pays contre le président Hosni Moubarak.

La Maison Blanche a affirmé que la révolte populaire, lancée le 25 janvier, ne s'arrêterait pas sans réformes "concrètes", rejetant l'argument du président Moubarak selon lequel son départ immédiat plongerait le pays dans le chaos.

Peu avant, le Premier ministre égyptien a exclu néanmoins toute passation de pouvoir entre le raïs égyptien et son vice-président, Omar Souleimane, comme le souhaiteraient les Etats-Unis, selon le New York Times.

"J'exclus que la proposition de transfert soit acceptée", a déclaré Ahmad Chafic lors d'un entretien avec la chaîne Al-Arabiya.

Alors que des centaines de milliers d'Egyptiens sont descendus dans les rues pour ce "vendredi du départ", les dirigeants des 27 pays de l'Union européenne ont demandé de leur côté que la transition démocratique commence "maintenant".

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Un tank de l'armée égyptienne sur le pont du 6 Octobre, au Caire, le 4 février 2011

Ils ont menacé à demi-mot de revoir leur aide économique à l'Egypte si les violations des libertés publiques se poursuivaient, dans une déclaration commune adoptée lors d'un sommet à Bruxelles.

Le ministre français de la Défense Alain Juppé a souhaité, lui, que l'Egypte puisse organiser "des élections libres le plus rapidement possible".

L'opposant égyptien et Prix Nobel de la Paix Mohamed ElBaradei a indiqué à la chaîne Al-Jazira qu'il n'avait "pas d'objection" à se porter candidat si le peuple lui demandait. "Ma première priorité actuellement est une transition vers un régime démocratique en Egypte", a-t-il dit.

Dans la soirée, place Tahrir (Libération) dans le centre du Caire, plus de 10.000 personnes étaient rassemblées et des manifestants préparaient leur tente pour y passer une nouvelle nuit.

Sur une banderole géante, ils avaient affiché leurs revendications, qui incluent le départ de Hosni Moubarak, la dissolution du Parlement et la mise en place d'un gouvernement de transition.

Certains chantaient dans une ambiance festive, d'autres scandaient des slogans réclamant le départ du président égyptien: "Vas-t-en, vas-t-en".

Dans la matinée, la place, épicentre de la contestation, était noire de monde. La mobilisation s'est déroulée dans le calme contrairement à mercredi et jeudi, où de violents affrontements entre pro et anti-Moubarak avaient fait huit morts et 915 blessés selon le ministère de la Santé.

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Un manifestant tient un drapeau égyptien avec un slogan anti-Moubarak, le 4 février 2011 place Tahrir, au Caire

Pour éviter de tels incidents, l'armée avait déployé vendredi des dizaines de véhicules pour créer une zone tampon.

Nombreux étaient ceux à avoir également répondu à l'appel à la mobilisation en province, notamment à Alexandrie et Menoufiya (nord), à Mahalla et Mansoura (delta du Nil), à Suez (est), à Assiout (centre) et Louxor (sud).

Le mouvement de contestation avait appelé à une mobilisation générale et espérait réunir un million de personnes dans le pays, au 11e jour d'une révolte qui a fait au moins 300 morts selon un bilan de l'ONU non confirmé par d'autres sources. Le ministère de la Santé a fait état de 5.000 blessés depuis le 28 janvier.

Star diplomatique du monde arabe, le chef de la Ligue arabe Amr Moussa, très populaire dans son pays, s'est rendu sur la place Tahrir pour aider à "l'apaisement", selon son bureau. Il n'a pas exclu de se présenter à la succession de M. Moubarak, qui a dit ne pas vouloir briguer un sixième mandat après 30 ans au pouvoir.

Le ministre de la Défense, Mohamed Hussein Tantaoui, est également allé dans la matinée sur la place pour évaluer la situation, la première visite d'un haut responsable du régime depuis le début de la contestation.

"L'homme vous a dit qu'il n'allait pas se représenter", a-t-il lancé à la foule à propos de M. Moubarak.

"Si nous arrêtons (le mouvement), la vengeance va être terrifiante", a réagi un manifestant, Khaled Abdallah.

Dans une interview à la chaîne de télévision américaine ABC, M. Moubarak a dit qu'il "en avait assez d'être président" mais qu'il ne pouvait quitter son poste "de peur que le pays ne sombre dans le chaos", a rapporté la journaliste Christiane Amanpour.

Le guide suprême des Frères musulmans, principale force d'opposition, Mohammed Badie, a déclaré être prêt au dialogue avec le vice-président Omar Souleimane, mais uniquement après le départ de M. Moubarak. Et il s'est dit favorable à une "période transitoire que dirigera le vice-président".

De son côté, le guide suprême d'Iran, Ali Khamenei, dont le pays est en froid avec Le Caire en raison de son traité de paix avec Israël, a appelé à un régime islamique en Egypte.

Alors que des dizaines de journalistes étrangers ont été battus, interpellés ou intimidés mercredi et jeudi, la chaîne qatarie Al-Jazira a annoncé que son bureau du Caire avait été saccagé par des inconnus et la France a indiqué être sans nouvelles de trois reporters et d'un chercheur.

Les médias polonais et finlandais ont rapatrié leurs équipes d'Egypte.

Le ministère égyptien de l'Information a indiqué que les affirmations selon lesquelles les autorités égyptiennes téléguidaient les attaques contre les journalistes étrangers étaient "fausses", qualifiant d'"inacceptables" ces violences.