marianne2.fr Aliocha a assisté à la projection d'un documentaire sur les «artisans du changement»। Elle évoque un film, bientôt diffusé su Ushuaia TV, qui raconte la vie de populations pauvres au Burkina Faso, au Sénégal et au Pérou। Trois histoires et trois miracles d'intelligence, estime Aliocha।
Un cocktail était organisé par l’un des sponsors, mais j’arrive trop tard. Au moins me suis-je épargnée les mondanités. Mais je meurs de soif après ma balade au pas de gymnastique. Celui qui m’a invitée est un avocat d’affaires, comme on dit. C’est surtout un ami. Et comme tous mes amis, un poisson volant. Un juriste du business qui s’intéresse vraiment à la planète, aux autres, à l’avenir, le sien et celui de ses enfants. Un garçon qui lit Le Petit prince entre deux analyses de la réglementation de l’Autorité des marchés financiers. C’est ça, qui le rend intelligent. Il a su conserver la grâce de l’enfance.
L’optimisme, cette capitulation...
Heureusement Nicolas Hulot prend la parole. Il ramène tout ce cirque à quelque données simples : à chaque fois que le Sud emprunte un dollar au Nord, il en rend treize. Je vous balance l’information comme ça, je ne l’ai pas vérifiée, ni creusée, ça nous fera un sujet de discussion. S’il y a une erreur, elle est de mon fait. Et puis, il cite quelqu’un dont j’ai oublié le nom. A qui il se confiait un soir de déprime. « J’envie votre optimisme », lui disait-il. Et l’autre de répondre : « Le pessimiste pense que tout est foutu, l’optimiste que tout va bien. Les deux capitulent et s’en remettent au destin. Je ne suis ni l’un, ni l’autre.» Merci Monsieur Hulot. Me voici tout à coup ragaillardie. Lui au moins, il est dans le thème.
Nous avons enfin le droit de regarder le film. Vous pourrez le visionner sur Ushuaia TV mercredi prochain à 20h50. En attendant, voici la bande annonce. Je vous le recommande. En ces temps de grisaille morale, c’est une leçon non pas d’espoir, c’est chiant l’espoir, passif et niais, en tout cas tel qu’on l’entend aujourd’hui, mais d’intelligence, la vraie, pas celle des financiers dévoyés qui gagnent des milliards en baisant les autres et en bousillant le monde, celle des gens qui ont compris qu’on pouvait mettre en place des systèmes gagnants pour tous, planète comprise. Que c’était pas compliqué, qu’il suffisait de changer le point de départ du raisonnement, ce n’est plus « tout pour moi », mais « tout pour nous ».
D’abord celle de la voute nubienne. Nous sommes au Burkina Faso. Là-bas, les plus pauvres ne peuvent plus construire de maisons. Vous savez pourquoi ? Parce qu’on n’a pas les matériaux. La
Ensuite, il y a l’histoire du lait au Sénégal. Les Peuls élèvent des troupeaux, mais jusqu’à très récemment, ils jetaient le lait, faute de pouvoir le vendre. Et le Sénégal importait son lait. Cette absurdité, un homme, Bagoré Bathily, a eu le courage de ne pas s’y résoudre. Il a créé une laiterie sous forme de coopérative et le lait a cessé de se perdre. C’est là.
Enfin, nous allons au Pérou. Pendant des années, les plus pauvres des pauvres, 100 000 personnes, recueillaient et triaient les poubelles des riches, la nuit, en se cachant. Une femme, Albina Ruiz, a décidé qu’il fallait que ça cesse. Elle a mobilisé les politiques en leur montrant la somme d’électeurs potentiels que représentaient ces gens, sensibilisé les entreprises en pleine mode du développement durable, convaincu surtout les « recycleurs » qu’il pouvaient travailler de jour, être rémunérés, et fiers de leur travail.
Et je songeais à mes financiers asséchés, qui sans doute à cette heure avaient rejoint leurs appartements justement dans ce 7ème arrondissement protégé de tout, et même de la vie. Un jour ou l’autre, ils iront mettre leurs sales pattes dans tout ça, et ils pourriront tout, comme ils l’ont déjà fait avec le micro-crédit. A moins bien sûr que l’on finisse pas comprendre, nous tous et eux compris, que l’éthique est la forme souveraine de l’intelligence. La crise des subprimes nous a bien mis sur la voie, me semble-t-il.
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